Chapitre 13

Lilween : Tu es « bien » installée ?

Maman est partie tout à l'heure à l'hôpital. Je n'ai pas pu l'accompagner. Papa vient seulement de rentrer, il n'a pas pu rester très longtemps avec elle. Ils devraient l'emmener dans peu de temps en salle d'opération. Avec mon père, on peut lire dans nos regards que nous ne sommes pas du tout rassurés. Je ne sais pas si maman pourra répondre à mon message, mais j'ai tout de même essayé. Nous pourrons aller lui rendre visite seulement demain. Je sens bien que le temps va tourner au ralenti. Mon téléphone vibre et le message s'affiche .

Maman : J'ai connu mieux à vrai dire, mais pour l'instant il n'y a personne d'autre dans la chambre. Je vais pouvoir me reposer un peu. Il faut que j'aille me relaver la tête à la Bétadine aussi.

Lilween : Ils t'emmènent quand ?

Maman : Dans trois heures normalement.

Mes doigts restent en suspens au-dessus de l'écran. Je voudrais pouvoir être à ses côtés pour la soutenir. J'observe mon père pianoter sur son téléphone. Ils doivent être en train de se parler. Les traits du visage de papa paraissent plus fatigués que d'habitude. Plusieurs fois, ces derniers jours, je l'ai entendu se lever très tôt. Il ne dort déjà pas beaucoup en temps général, mais la situation n'a rien arrangé. Il ne nous reste plus qu'à être fort et se soutenir les uns les autres.

*

Les heures ont passées, la nuit aussi et ça a été une vraie torture. Papa a appelé à plusieurs reprises l'hôpital pour avoir des nouvelles. Ils nous ont dit que l'opération s'était bien passée, mais qu'ils attendaient qu'elle se réveille pour nous en dire plus. Il reste maintenant quelques minutes avant que les heures de visites ne soient ouvertes. Je ne sais pas quoi faire de mes bras, ni de mes pieds. J'ai envie de rentrer et de vérifier par mes propres yeux que maman va bien. Je n'ai pas reçu de message de sa part. Peut-être que son téléphone n'est plus chargé. Ou peut-être qu'elle est trop fatiguée pour pouvoir bouger. Ça serait totalement compréhensible.

Je ne tiens plus en place, quant à mon père, il fume beaucoup, bien plus qu'il ne le faudrait. Pour passer le temps et ne pas m'angoisser plus, je reste les yeux sur mon téléphone et essaie de souffler. Les images défilent sous mon doigt. Je fouille dans mes messages et aperçois le prénom« Loïc ». Celui-ci ne me parle que très peu. Un froid s'est installé, et je ne saurais pas dire depuis quand exactement. Cette situation devient extrêmement désagréable. Le moment où j'ai le plus besoin de lui, il disparaît petit à petit. Suis-je vraiment importante pour lui ? C'est une question que je finirai par lui poser si les choses ne changent pas entre nous.

Je lève brusquement la tête lorsque les portes du bâtiment s'ouvrent. Je fais signe à mon père et nous rentrons. Il se lève du banc et se précipite vers l'entrée. Nous marchons rapidement jusqu'à l'accueil. Une infirmière nous indique qu'elle est bien réveillée et que nous pouvons aller la voir dans cinq minutes le temps qu'ils terminent de vérifier ses agrafes et de changer son pansement. Nous nous dirigeons vers sa chambre sans un bruit. En traversant ce long couloir, j'aperçois dans les nombreuses chambres, les patients dormir ou bien encore en train de regarder la télévision. C'est très calme.

Lorsque nous arrivons devant la chambre de maman, la porte est encore fermée. Quelques secondes plus tard, deux aides-soignants sortent de la chambre avec un petit chariot de matériel médical. Nous entrons doucement. Une boule au ventre se forme et le stress monte d'un cran. Papa ne s'arrête pas en voyant maman, contrairement à moi. Je crois que mes poumons ne souhaitent plus fonctionner. Elle est allongée dans ce lit, avec des draps blancs. Papa l'embrasse doucement.

- Tu vas bien ? Lui demande papa.

Un petit son sort de sa bouche. Elle regarde dans ma direction et me sourit en me tendant la main. Sur sa tête, il se trouve une sorte de bonnet blanc. Elle paraît plutôt en forme malgré ce qu'elle vient de traverser. Elle ne porte pas de maquillage aujourd'hui. Elle en reste toutefois très belle.

- Ça va maman ?

Je lui parle tout doucement. Elle me répond comme à mon père, un simple petit oui. Nous sommes assis de chaque côté de son lit avec mon père. Le fauteuil n'est pas très confortable, mais peu importe. Je caresse la main de ma mère avec gentillesse.  

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