Chapitre 26
On est jeudi pourtant il y a un chapitre, parce qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire et que j'ai envie de vous faire un petit cadeau :)
Bonne lecture !
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Nathan – Saint exorciste
Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Le week-end passa sans la moindre manifestation de la nécromancienne ou du démon, ce qui alourdit plus encore la présence d'une épée de Damoclès sur nos têtes. Si Donna et Dylan avaient décidé de sécher leurs cours du lundi trente-et-un octobre pour rester chez moi, Michaël n'avait en revanche pas d'autre choix que d'aller travailler, fait qui me noua le ventre tout le dimanche soir. J'étais tellement tendu que ma mâchoire resta crispée toute la soirée sans que personne ne parvienne à me rassurer. Mes amis n'étaient pas tranquilles non plus car il leur semblait évident que nous étions en plein calme avant la tempête. Si rien n'était arrivé ce week-end, tout se passerait le lendemain.
Ce soir-là, je fis une mise au point avec mes camarades pour donner mes consignes. Puisque Michaël ne pourrait pas rester ici, Aprilia serait chargée de le surveiller tandis que Donna et Dylan resteraient à l'appartement. Yannick irait rejoindre nos confrères pour pouvoir m'avertir en cas de problème. Savoir où chacun serait me tranquillisa un peu, sentiment qui s'intensifia lorsque Michaël reçut un texto.
— Finalement je vais rester ici demain, me dit-il. Un collègue de ma mère et ami de la famille accepte de me couvrir pour le boulot.
— C'est pas bien de mentir, se moqua gentiment Donna.
— C'est exceptionnel, se justifia tout de même Michaël. Crois-moi, j'aurais préféré aller bosser.
— Alors qu'est-ce que je fais, moi ? questionna Aprilia.
— Tu te débrouilles pour rester dans l'ombre, lui répétai-je.
La chienne coucha les oreilles en signe de déception. Ce n'était jamais agréable de d'attendre, mais parfois c'était la meilleure chose à faire. Tous les pions de la partie n'avaient pas fait leur entrée en jeu, bouger tous au hasard était trop risqué.
L'alarme de mon four sonna pour nous rappeler que l'heure du dîner était arrivée. Nous passâmes à table pour déguster l'excellent poulet sur lit de pommes de terre et carottes cuisiné par Dylan et son commis Donna. Ce soir-là, comme si souvent durant une période de grande inquiétude, nos nerfs mis à mal lâchèrent et nous rîmes à nous en couper parfois le souffle. C'était la première fois de ma vie que je pouvais m'imprégner d'autant de bonne humeur et de convivialité, et je découvris mes amis comme je ne les avais jamais vus. J'adorais ça, à tel point qu'à cet instant je me fis la promesse de donner jusqu'à mon âme pour les protéger du danger.
Allongé dans mon lit, mon ordinateur portable sur mon torse et Michaël couché contre moi, je faisais le tour des cimetières de la ville pour savoir d'où viendrait l'armée de morts que je redoutais. Le plus proche d'ici était Terre-Cabade, suivi par celui de Rapas du côté des Arènes, sur l'autre rive de la Garonne. Malgré tout, cela représentait un sacré bout de chemin, surtout à pied, et surtout pour des morts-vivants.
— T'as l'air contrarié, remarqua Michaël en caressant mon torse nu.
— Je pensais qu'il y avait plus de cimetières que ça vers le centre-ville.
— T'as regardé les nécropoles ?
Mais bien sûr ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant, sérieux ?
— C'est pas bête, lâchai-je en tapant ma recherche sur le net.
Je tombais sur plusieurs sites qu'il me fallut visiter pour recouper les informations :
— Y'avait une nécropole Place des Carmes, une à Terre-Cabade et une troisième entre le Capitole et la basilique Saint-Sernin.
— Juste à côté, quoi, commenta mon amant. À ton avis, combien de personnes sont mortes à Toulouse en deux mille ans ?
— Beaucoup.
— Le bon côté des choses c'est que les squelettes, ça pue pas.
Le commentaire de Michaël m'arracha un sourire qui retomba pourtant vite. Mon expression devait être une porte ouverte sur mon inquiétude car mon compagnon se rapprocha de moi et m'offrit un premier baiser suave, puis un second langoureux, de quoi vider mon esprit de tous ses doutes pour le remplir d'une seule envie.
— T'as encore des préservatifs ? demanda Michaël dans un souffle.
— Assez pour ce soir, répondis-je avant de l'embrasser à nouveau.
Il se laissa aller, puis il brisa le contact :
— Après tout ça, on se fera dépister ?
Tous les sous-entendus de sa question firent bondir mon cœur de joie et je ne pus retenir le sourire approbateur qui releva mes lèvres.
— On ira ensemble, lui promis-je.
À cet instant, je n'avais pas envie de douter de ma survie ou de la sienne, je voulais seulement profiter de notre désir d'être tous les deux.
Je fermai l'écran de mon ordinateur et le posai par terre, puis je retrouvais les bras de Michaël avec le désir brûlant de l'entendre crier mon nom.
Il faisait encore nuit lorsque j'ouvris les yeux. Pas étonnant car mon réveil affichait six heures du matin. Michaël était profondément endormi à côté de moi, le visage peint d'une expression sereine réconfortante. Mais au-delà de lui, de notre chambre, il y avait le Mal.
Je repoussai mes draps avant de me lever avec précaution pour ne pas troubler le sommeil de mon compagnon. Après avoir passé mon pantalon de pyjama, je descendis au salon où je m'allumai une cigarette en devinant l'ombre menaçante qui alourdissait le ciel de Toulouse et l'engloutirait bientôt. Tit me rejoignit sans dire un mot et fut vite imité par Aprilia.
— Vous le sentez ? demandai-je.
— Oï.
— Ça colle à la peau, c'est désagréable, répondit la chienne.
Je soufflai un voile de fumée qui flotta devant mon visage avant de se disperser. Oui, ça collait à la peau comme une sensation horripilante. Ce qu'on ressentait, c'était l'ouverture du passage entre notre monde et l'autre, le début d'une période située entre deux années, entre deux réalités ; la plus grande fissure entre les univers.
— Aprilia, l'interpelai-je. Si tu restes sous forme humaine tu pourras bouger plus librement aujourd'hui. Si les autres veulent sortir cet aprèm assure-toi qu'ils aillent dans un endroit très fréquenté et qu'ils rentrent avant la tombée de la nuit.
— D'accord. Mais je n'aime pas être sur deux pattes, je suis moins rapide et mon équilibre n'est pas optimal.
— Qlibre estoï bnon ser dé lapa, la contredit Tit.
Aprilia lui adressa un regard torve :
— C'est normal, toi t'es au ras du sol...
— Stupidoï suka !
Le molosse accueillit l'insulte par un grognement mécontent. Qu'est-ce que ça aurait été si ces deux-là s'étaient détestés ?
Mon parquet à moitié carbonisé craqua juste avant que des bruits de pas ne se fassent entendre dans mon dos. Je sentis alors les bras de Michaël glisser autour de ma taille tandis qu'il déposait un baiser sur ma nuque.
— Tu n'arrives plus à dormir ? m'enquis-je.
— Non. L'habitude de me lever pour le boulot, expliqua-t-il.
Il n'ajouta rien mais je sentis son étreinte se resserrer et la chaleur de son corps dans mon dos augmenter. Il resta là sans parler, la tête blottie au creux de mes omoplates, ses doigts allant et venant sur les méplats de mon torse. Une fois ma cigarette terminée, j'écrasai le mégot dans un cendrier avant de me tourner face à Michaël pour l'attirer contre moi et plonger son visage dans mon cou. Mes doigts se perdirent dans ses cheveux blonds quand je fermai les yeux pour apprécier ce moment hors du temps.
— Est-ce que tu as peur ? chuchota mon amant.
— Je commence, avouai-je.
— Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider vraiment ?
— Rester en vie.
Ma réponse me fit certainement autant mal qu'à Michaël, pourtant c'était tout ce que je souhaitais : que mes amis survivent pour pouvoir construire ou reconstruire leur bonheur. J'avais moins peur de mourir que de savoir mes proches malheureux. Le combat que je mènerai ce soir serait avant tout pour eux, pour ces jeunes dont les convictions et la bonté de cœur ne connaissaient aucune limite.
— Tu veux aller te recoucher ? m'enquis-je afin d'alléger l'atmosphère.
— Je veux rester avec toi.
— On petit-déj' alors ? demandai-je en m'écartant un peu de lui pour le regarder dans les yeux.
— Oï !
— C'est pas à toi que je parlais, Tit, le rabrouai-je.
— Ça me va si on petit-déj' tous, intervint Michaël avant que le grognon domovoï ne me balance quelque chose en pleine tête.
— Nathan, ton téléphone a vibré, m'informa Aprilia.
— Ça doit être un texto, je vais aller voir.
Michaël quitta mon étreinte d'un geste qui me prouva son envie d'y rester. Je l'abandonnais pourtant dans le salon avant de rejoindre ma chambre où se trouvait mon téléphone posé sur ma table de nuit. C'était bien un message ; il venait d'Adid et me demandait si nous pouvions nous voir ce matin. Il avait des informations à propos de la nécromancienne.
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