Chapitre 23

Michaël - Le petit archange


La surprise empêcha Nathan de protester contre mon intrusion. Quand il retrouva assez de présence d'esprit pour me demander de sortir, j'étais déjà planté devant lui, mon regard déterminé ancré dans le sien.

- Tu as assez fait semblant que je n'existais pas, amorçai-je.

- Ce n'est pas le bon moment pour cette discussion, répliqua Nathan.

- Ça ne le sera jamais, ce qui en fait le moment idéal.

- Michaël...

- Je me souviens quand tu as dit que tu m'aimais, débitai-je sans le laisser parler.

Ma confession peignit sur son visage une expression mêlée d'amour et de peur. Il parut perdu un instant, avant de reprendre le dessus. Il s'entêtait et ça m'énervait.

- Sors d'ici, intima-t-il.

Il voulut m'attraper par le bras comme la dernière fois mais je n'avais pas l'intention d'abandonner si facilement. Je saisis ses poignets, déclenchant par la même occasion le flux bleuté ; la blessure de Nathan n'était pas tout à fait résorbée. Le pouvoir divin se répandit dans nos veines, remplaçant aussitôt notre énervement par l'envie de l'autre.

- Ne me repousse pas, le suppliai-je.

Je ne voulais pas être rejeté. Je voulais être aimé.

Poussé par l'énergie vivifiante qui nous inondait, je plaquai mes hanches contre celles de Nathan. Sa réaction à mon contact me donna une audace que je ne me connaissais pas :

- Si tu ne veux pas de moi, pourquoi je t'excite ?

Mon trouble rendit ma voix plus fragile que je ne l'aurais voulu. Nathan ne dit rien mais ses pupilles étaient tellement dilatées que le moindre reflet s'y détachait comme une étoile dans la nuit. J'étais incapable de le lâcher des yeux tant j'avais envie de lui.

Quand le flux bleuté s'arrêta une fois Nathan guéri, ma prise sur ses poignets se raffermit par peur qu'il m'échappe.

Un seul frottement de plus contre sa virilité me fit bander comme un malade. Mon pantalon ne m'avait jamais paru aussi étroit. Je rapprochai mon visage du sien, la langue au bord de mes lèvres entrouvertes. Son souffle frôla ma joue.

- Tu ne voulais pas, laissa-t-il échapper, blessé.

Mon regard tomba sur sa bouche. Sa voix réduite à un murmure grave brisa les dernières bribes de ma raison.

- J'ai été con.

Je glissais ma langue dans sa bouche faisant rugir un désir bestial dans mon ventre. Les bras de Nathan m'échappèrent de mon plein gré. Ses mains descendirent à mon pantalon pendant que je léchais sa langue brûlante. Elles caressèrent le renflement du tissu, attisant mon impatience. J'enlevai ma ceinture et ouvrit ma braguette. Les doigts de Nathan effleurèrent mon sous-vêtement tendu. J'attrapai sa main et la guidai jusqu'à mon boxer où elle caressa mon érection au gré de mon déhanchement, m'arrachant un gémissement approbateur étouffé par notre baiser.

Je sentis à regret Nathan me relâcher quand il posa les mains au bas de mes reins en feu. Il m'ôta mon tee-shirt, m'obligeant à m'éloigner de lui une seconde. Puis nos torses nus s'attirèrent tels des aimants. J'ondulai contre lui sans retenue, savourant autant notre baiser enflammé que le frottement de nos sexes dans la chaleur de notre envie. Lorsqu'il fit descendre mon pantalon et caressa mes fesses, je perdis tout sens des réalités.

La réaction de mes parents, ma place dans la société, le regard de mes amis... Tout me semblait lointain. Si loin que j'étais persuadé, à cet instant, que rien ne pourrait m'atteindre, me blesser, juste parce que j'avais envie d'aimer jusqu'à la déraison.

Mes doigts suivirent les lignes de ses abdominaux contractés jusqu'à l'élastique de son pantalon de pyjama sous le lequel ils passèrent pour caresser sa virilité. Nathan relâcha mes lèvres et m'embrassa dans le cou. Ses soupirs dans le creux de mon oreille firent vaciller ma conscience. Je voulais qu'il soit à moi. Entièrement, totalement et rien qu'à moi. Je voulais laisser ma passion me dévorer si c'était là le seul moyen de le posséder.

Et que Dieu aille au Diable s'il n'était pas d'accord.

**

Nathan - Saint exorciste
Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem


Le souffle affolé de Michaël après l'orgasme caressa ma peau quand je me penchais sur lui pour lui offrir un baiser fiévreux. Tout mon corps brûlait encore de notre étreinte endiablée. Je libérai mon amant afin de le laisser se réinstaller. J'en fis de même, m'allongeant sur le flanc pour pouvoir l'admirer à loisir. L'amour lui allait à merveille. Michaël attrapa ma main dans laquelle il enfouit son visage le temps d'une profonde respiration.

- Je ne veux plus être invisible, confessa-t-il d'une voix basse et posée. Je veux que tu me regardes.

- Si je suis obligé de détourner les yeux c'est parce que sinon je ne vois que toi.

Ma réponse, formulée sur le même ton, dessina un sourire splendide sur ses lèvres. Je les caressai avec mon pouce au moment où elles ôtèrent leur habit de joie.

- Qu'est-ce qu'il y a ? m'inquiétai-je.

- C'est que... Ce que tu as réveillé en moi... J'arriverai pas à le gérer si tu me laisses tomber maintenant, avoua Michaël d'un timbre chevrotant. J'ai jamais été moi, pas comme ça, et je sais que l'assumer créera une fracture avec mes parents. Je sais qu'ils ne voudront plus de moi dans leur vie...

Submergé par l'émotion, Michaël ferma les yeux et inspira profondément pour contenir ses larmes. Malgré tout, lorsqu'il me fixa à nouveau, son regard était trop brillant.

- T'imagines pas à quel point j'ai besoin de toi, Nathan, alors ne m'abandonne pas.

Son aveu me redonna ce courage et cet espoir qui m'avaient tenu loin de lui si longtemps. Au contraire de David, Michaël ne faisait pas partie de ma vie uniquement pour m'aider ; j'avais aussi ma part de sécurité à apporter au plus bel archange des Cieux. Ma main glissa sur la nuque de mon partenaire pour l'attirer dans mes bras. Là, il se blottit contre moi et je sus, pour la première fois depuis longtemps, que j'étais heureux.

- Je ne te laisserai jamais tomber, lui promis-je.

J'en serais incapable car la force de mes sentiments combattus me rendait à présent prêt à affronter tous les obstacles sur ma route. Sur notre route. Je ne voulais plus avancer seul non plus, pas depuis que je pouvais à nouveau goûter à la chaleur humaine.

Je me laissais aller à mes pensées en caressant les courts cheveux blonds de Michaël. Le vide en moi disparut dès cet instant où je me sentis complet, ravivant ma foi et mon pouvoir qui inonda ma main droite d'une envoûtante lumière bleutée. Petit à petit, la respiration de Michaël comme la mienne ralentit, et la sérénité de la chambre nous poussa dans les brumes du sommeil.


Je fus réveillé en sursaut par une sensation d'oppression qui comprima ma cage thoracique. M'extirper de mon état de semi-conscience ne me demanda qu'une fraction de seconde tant le sentiment était fort. Mon cœur battait la chamade pour alimenter mes muscles en oxygène dans l'optique d'échapper à un danger. L'adrénaline dans mon organisme me poussa à me lever sans faire de bruit. Je passai mon bas de pyjama avant d'entrebâiller légèrement la porte afin d'écouter ce qu'il se passait. Les murs suintaient le vice et le silence dissimulait une menace.

Il y avait quelque chose.

- Qu'est-ce qui se passe ? chuchota la voix de Michaël dans mon dos.

- On a de la visite, répondis-je sur le même ton. Ne sors surtout pas de la chambre.

Je passai dans le couloir et fermai la porte derrière moi. Je vis celle d'Aprilia s'ouvrir sans bruit, puis ses yeux rouges percèrent la pénombre. Je portai mon index à mes lèvres pour lui intimer de se faire discrète, après quoi je me dirigeais à pas de loup vers la sortie du couloir donnant sur l'escalier, puis sur le salon. Je m'accroupis contre le mur et, avec précaution, me penchais pour voir ce qu'il se passait en contrebas.

La nécromancienne était là.

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