Chapitre 23
Nathan – Saint exorciste
Chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Je me figeai net en voyant Michaël devant moi dans ma chambre.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je.
Il ne répondit pas. Son visage d'ange sans aucune expression me détailla dans les moindres détails jusqu'à ce qu'une lueur d'envie passe dans ses yeux bleu-vert. Il avança vers moi toujours sans un mot, faisant monter la température de mon corps à chacun de ses pas. Sans que je m'y sois préparé, ses lèvres s'emparèrent des miennes en un baiser qui m'embrasa aussitôt.
Je me délectai du contact avant d'utiliser le peu de raison dont je disposai encore pour le repousser doucement. Il avait dit ne pas vouloir se confesser à moi.
— Pourquoi ? soufflai-je.
Il enleva son tee-shirt puis m'embrassa de nouveau en se collant à moi, frottant ses hanches contre les miennes. La réaction de mon corps fut quasiment immédiate et je constatai avec plaisir que celle du sien fut aussi rapide. Je posai mes mains sur ses fesses et le plaquai contre moi pour savourer la chaleur de son entrejambe sur la mienne.
Merde, qu'est-ce que j'étais en train de faire ? C'était mauvais, très mauvais. Mais le pire était que je n'avais pas du tout envie de le repousser. Je doutais même en être capable tant j'avais envie de lui.
Tandis que ma langue se glissait dans sa bouche fiévreuse, j'enlevai la ceinture de Michaël et déboutonnai son pantalon avant de le guider jusqu'au lit où je l'allongeai. J'en profitai pour le déshabiller en totalité avant d'ôter ma serviette et de me glisser entre ses jambes pour retrouver le chemin de sa bouche. Je savourai ses lèvres comme le plus délicieux des nectars, puis j'explorai son cou solide, ses pectoraux dessinés et les méplats de son torse sublime que ma langue s'appliqua à lécher avec soin.
Les yeux rivés sur le visage de Michaël, je guettai la moindre de ses expressions. Celle qu'il m'offrait à cet instant me fit perdre la tête.
Je voulais plus de lui. Tellement plus.
J'attrapai dans ma table de nuit le fond d'un tube de lubrifiant et mon dernier préservatif. Je m'enduisis les doigts avec le liquide avant d'en glisser un en Michaël. Passé la crispation naturelle de son corps, je fus libre d'aller et venir lentement, puis de glisser un autre doigt, et un autre, habituant mon compagnon jusqu'à ce qu'il soit prêt à me recevoir.
Je passai le préservatif que je lubrifiai avant de me positionner entre les jambes de Michaël et de rentrer avec douceur en lui. Il se mordit la lèvre inférieure tout en retenant un gémissement discret. Je me penchai un peu en avant, essoufflé mais terriblement bien en lui.
— Ça va ? soupirai-je.
Il hocha la tête. Je bougeai d'un mouvement long et lent, toujours à l'affût de ses réactions. Michaël s'humecta les lèvres de manière sulfureuse. Je me penchai encore et l'embrassai à pleine bouche en donnant un coup de reins plus appuyé qui lui arracha un gémissement étouffé par notre baiser. Michaël brisa le contact.
— Plus fort, réclama-t-il d'une voix chevrotante en noyant ses mains dans mes cheveux.
Sa supplique formulée au creux de mon oreille marqua le départ de la course effrénée de mon bassin et le début de ses cris de contentement.
— Encore, Nathan, souffla-t-il. Plus fort.
Je raffermis mes appuis avant de me donner à fond. Les doigts de Michaël plaqués sur mes fesses me griffèrent tandis que des feulements rauques nous échappaient.
— Hm, je viens.
Mon partenaire gémit à peine ces mots qu'un orgasme le fit légèrement s'arcbouter alors qu'il se répandait sur les reliefs de son torse. La vision érotique me fit atteindre les limites de ma propre endurance. Je penchai la tête en arrière et frissonnai entre les jambes de Michaël lorsque je vins à mon tour.
Hors d'haleine et transpirant, j'attendis un instant supplémentaire avant de me retirer avec précaution. Je me débarrassai de ma protection puis je m'allongeai à côté de mon partenaire. Mais lorsque je le pris dans mes bras pour le serrer contre moi, des sanglots discrets lui échappèrent.
Alerté, je me redressai sur mon avant-bras et l'obligeai à me regarder en emprisonnant son menton entre mes doigts.
— Qu'est-ce qu'il y a ? paniquai-je. Je t'ai fait mal ?
— J'ai dit non, renifla-t-il. Il a pas écouté. J'avais promis... J'avais promis...
La peur de comprendre contracta violemment mon ventre.
Non, pas ça. Seigneur, pas ça.
— Michaël..., commençai-je d'une voix blanche. Est-ce que tu étais consentant ?
Il secoua la tête de droite à gauche.
— C'était Sytry...
Il se tordit soudain de douleur entre mes bras, le démon n'appréciant pas son honnêteté et je crois que ce fut la première fois de ma vie que je ressentis cette haine viscérale qui conduit au meurtre. Mon aura maléfique m'échappa tant qu'elle coupa le souffle à Michaël et qu'elle calma le démon pendant qu'à mon poignet droit, mon bracelet vibrait de joie.
Sytry allait payer. Et il allait payer cher. Mais pour ça, je ne devais pas l'inquiéter, ne rien laisser paraître. Je pris sur moi comme jamais pour tempérer ma hargne. Je me levai, passai ma serviette à ma taille avant d'aider Michaël à se redresser puis de l'amener à ma salle de bain.
— Prends une douche, conseillai-je. Une longue douche.
— Nathan...
— Ça va t'aider un peu à faire partir la sensation, repris-je sans le laisser parler. Frotte bien. Une fois que tu auras fini, rhabille-toi et pars tout de suite.
— Nathan, tenta-t-il encore.
— Fais-le, intimai-je en fermant la porte.
Je ne voulais rien entendre, ma haine me rendait sourd à tout sauf à mon envie de vengeance. Je descendis à ma réserve dans laquelle je pénétrai avant d'en refermer l'entrée. Je devais exorciser Sytry. Je devais le faire ce soir sans faute. On n'avait pas trouvé Cerbère et c'était tant mieux. En voyant revenir son émissaire sans le gardien de l'Enfer, Satan se chargerait lui-même de faire regretter à Sytry jusqu'à son existence.
Mais comment faire pour Michaël ? Renvoyer Sytry n'effacerait pas toutes ses souffrances. Je devais bien avoir quelque chose en réserve pour l'aider.
Je me mis à fouiller frénétiquement chacune de mes étagères à la recherche d'une idée lumineuse mais je ne trouvai que des objets sans intérêt ! La rage monta jusqu'à exploser. D'un mouvement de bras rageur je balayai tout le contenu d'une étagère en hurlant. Le visage ruisselant de larmes, vidé et honteux, je me laissai glisser le long du mur pour m'asseoir parterre. Je me pris la tête entre les mains lorsque mon regard tomba sur le coffret contenant les flacons de digitaline appartenant à Virginie, la sorcière-fleuriste. Une idée me vint alors.
Avec ça, je le mettrai définitivement à l'abri.
**
Donna – Étudiante en vadrouille
Une envie subite de sociabilité m'avait poussée à inviter Amélie et Sadia à une petite promenade en plein cœur de Toulouse après les cours. En les attendant, j'étais passée chez Nathan pour prendre de ses nouvelles et de celles d'Aprilia. Cette dernière m'informa que mon exorciste n'était pas là. Déçue, je m'apprêtai à repartir lorsque la chienne de l'Enfer me demanda la permission de se joindre à l'expédition. La solitude lui pesait, elle avait besoin d'air. Je n'eus pas le cœur de le lui refuser, alors je l'embarquai et la traînai dans les rues de la ville où nous marchâmes au rythme de son pas boiteux.
Je profitai d'être seule avec elle pour lui poser des questions sur la vie qu'elle menait en bas avant son arrivée, sur la raison pour laquelle elle pouvait prendre forme humaine et celle qui l'avait poussée à se battre avec des haches. Elle m'expliqua alors que c'était l'arme favorite de son espèce. Cette information amena une autre question, d'ordre plus technique :
— Et tes haches, tu les ranges où quand tu es comme ça ?
— Sur mes reins, répondit-elle en s'arrêtant.
Je me penchai alors et vis deux haches discrètement tatouées sous son pelage ras.
— Quand je prends forme humaine, je n'ai plus qu'à les matérialiser comme je le fais avec mes vêtements.
Un pagne et un bandeau, des vêtements ? C'était mieux que rien, mais ça faisait quand même tache dans le paysage vestimentaire de 2016. Surtout au mois de mars.
Le molosse et moi reprîmes notre route. Nous rejoignîmes mes deux amies vers la basilique Saint Sernin. Les voir côte à côte me fascinait toujours tant elles étaient le contraire l'une de l'autre. Sadia, grande Black avec des cheveux noirs super longs à ma gauche et Amélie, grande Blanche avec des cheveux blond platine super courts de l'autre, la première en bottes cavalières, l'autre en rangers. Et moi j'étais la petite pâlotte en baskets, brune, pas spécialement jolie qui n'avait que sa bonne humeur et sa super chance pour la sauver de la banalité.
Rah, chienne de vie.
Mes amies me saluèrent d'un signe de main. Une fois à leur hauteur, je les pris dans mes bras pour un gros câlin général. Habituées à mes élans d'affection, elles se laissèrent faire et ça fit chaud à mon petit cœur.
Je les libérai enfin et leur présentai Aprilia.
— Ça fait bizarre les yeux rouges, commenta Amélie en la caressant.
Ah... J'avais pas pensé qu'elles remarqueraient ça. En même temps, c'était flagrant, je m'en serais doutée si j'avais réfléchi deux secondes.
— Les yeux rouges sont dus à une absence de pigmentation, expliqua Sadia. C'est généralement causé par une maladie.
— C'est peut-être génétique, avançai-je lorsqu'un groupe de jeunes dans le dos de mes camarades attira mon attention.
Je les connaissais, eux, non ?
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