Chapitre 12

Dylan – Embarqué malgré lui dans l'aventure.
Enfin, presque.

Donna semblait furieuse lorsqu'elle monta dans ma voiture, aussi pris-je soin de ne surtout pas parler durant le trajet qui nous amena jusqu'à chez moi.

Quentin et Lucas, mes deux colocs, nous saluèrent lorsque nous rentrâmes mais ma copine coupa court à la conversation ce qui, entre nous, m'allait bien puisque j'étais aussi curieux qu'elle de regarder les vidéos que nous avions ramenées. Une fois dans ma chambre, j'allumai mon ordinateur avant de les transférer dessus pendant que Donna se changeait pour la nuit. Quand elle me rejoignit, nous nous mîmes au visionnage et la seule chose que je pouvais dire, c'était que j'étais heureux de ne pas être de nature peureuse car les créatures qui défilaient sur les enregistrements étaient toutes très peu engageantes. Mais le pire, c'était qu'elles étaient toutes réelles et ça, c'était franchement flippant.

— Tu crois que Nathan savait qu'il était filmé ? demandai-je après la dixième vidéo.

— Je ne sais pas, répondit Donna d'une voix blanche. Et je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça.

— C'est peut-être comme dans le « Caméléon », quand le Centre filmait Jarod : pour le tester et voir comment il réagissait seul face à ce genre de situations.

— Sauf que Nathan n'avait pas de Sydney pour le soutenir. Il était tout seul, et il ne faisait pas face à des problèmes de logique mais à des monstres qui voulaient le tuer.

Je trouvais déjà ça malsain dans cette série des années 90 que Donna m'avait fait découvrir récemment, mais là c'était pire. Cette histoire était incroyable. Même avec des preuves sous les yeux, j'avais du mal à croire qu'un gamin puisse tuer des êtres infernaux grâce à un pouvoir inexpliqué libéré par ses mains. Pas étonnant que son Ordre ait eu les pétoches. Mais de là à le tester pendant quatre ans, à lui coller le nom lourd de sens d'Iscariote et à l'isoler, il y avait un gouffre. Leurs grandes idées leur avait fait oublier que Nathan était avant un tout un gamin qui avait besoin d'affection et de repères, d'autant plus vu sa situation particulière. C'était un miracle qu'il ne soit pas devenu taré vu les nuits cauchemardesques qu'il avait passées.

Alors que je lançai une nouvelle vidéo, je sentis Donna poser sa tête contre mon épaule. Je compris pourquoi en regardant l'heure :

— Tu devrais aller te coucher, Donna, tu as cours demain et c'est déjà une heure du matin.

On a cours, rectifia-t-elle.

— Je vais sécher.

Elle me dévisagea, interloquée.

— Vu mon assiduité et mes notes, je pense que personne ne dira rien si je loupe un jour, argumentai-je. Puis contrairement à toi, j'ai un boulot assuré une fois mon diplôme en poche.

Donna fit la moue :

— Ça sert d'avoir des parents dans le milieu...

Je me tournai vers elle et lui caressai la joue.

— Toi tu n'auras pas besoin de piston pour être embauchée, ton talent t'ouvrira toutes les portes.

Touchée, elle noua ses bras à mon cou et me chuchota un « je t'aime » brûlant qui me fit frissonner de la tête aux pieds. Je l'attrapai par la taille et la fit s'asseoir à cheval sur moi. Sa chemise de nuit remonta en haut de ses cuisses, m'offrant la délicieuse vision de leur chair ferme. La température de mon corps grimpa en flèche quand elle m'embrassa à pleine bouche. Mes doigts effleurèrent sa peau douce jusqu'au tissu fin de sa culotte. Ils glissèrent dessous mais Donna posa ses mains sur les miennes pour les ramener sur ses cuisses tout en brisant le contact de nos lèvres.

— Je suis désolée, murmura-t-elle. Je crois que je ne suis pas encore prête.

Je saisis ses hanches afin de la coller contre mon torse. Mon cœur impatient tambourinait dans ma poitrine et résonnait dans la sienne.

— Puisque tu me l'as demandé, je vais être honnête avec toi, mon cœur. Je comprends que tu veuilles prendre ton temps et que tu appréhendes, mais parce que je t'aime j'ai envie de toi. J'ai furieusement envie de toi, confessai-je d'une voix sucrée.

Son cœur doubla de cadence, dépassant même le mien dans cette course effrénée.

— On a toujours peur la première fois, repris-je. Pour toutes les premières fois, dans tous les domaines. Le seul moyen pour ne plus avoir peur c'est de faire en sorte que cette première fois soit derrière nous. Et pour ça, il faut prendre le risque de se lancer.

— Mais si je te déçois ? demanda-t-elle du bout des lèvres.

Cette fois, je l'obligeai à se reculer pour la regarder dans les yeux.

— C'est ça qui t'inquiète ?

Elle opina de la tête.

— J'ai peur que tu me compares aux autres et que tu me trouves moins bien qu'elles. J'ai vraiment peur de te décevoir.

— Tu ne me décevras pas, parce que je t'aime. Et même si ce n'est pas top la première fois, on recommencera, on apprendra à se connaître et tu verras que ça finira par être juste génial. Est-ce que... Est-ce qu'au moins tu as envie de moi ?

— Oui.

— Y'a que cette appréhension qui te freine, alors ?

Elle hocha la tête.

— Dans ce cas tu es la seule à pouvoir débloquer la situation. Je suis sûr que tu en es capable.

Donna caressa mes lèvres du bout des doigts, m'offrant une expression fragile sublime car totalement honnête. Je savais qu'elle ne faisait pas semblant et je trouvais ça merveilleux. Je la trouvais merveilleuse.

Je déposai un baiser chaste au creux de son épaule.

— Tu devrais aller te coucher, lui conseillai-je.

— Oui.

Elle prit mon visage en coupe et m'embrassa.

— Merci, chuchota-t-elle.

Nos regards s'attardèrent l'un sur l'autre avant que Donna se lève et aille se glisser sous les draps.

J'éteignis la lumière principale et n'éclairai qu'une lampe de bureau pour pouvoir travailler sans la gêner. Je branchai ensuite mon casque avant de me mettre au travail. J'en avais pour toute la nuit.

Je ne levai la tête de mon écran qu'à l'instant où le réveil de Donna sonna au matin. J'enlevai mon casque pour soulager mes oreilles et me frottai les yeux tandis que ma petite-amie me rejoignait.

— Ça va ? s'enquit-elle.

— Ouais. J'ai réussi à regarder toutes les vidéos et à augmenter la qualité du son pour qu'on puisse entendre quand les types parlent doucement.

— Tu as trouvé quelque chose ?

— Je ne sais pas ce que vaut la majorité des infos mais il y en a au moins une d'importante. Écoute.

Elle mit le casque que je lui tendis puis écouta attentivement la séquence que je lançai. C'était une simple phrase dite sur un ton anodin, mais elle me semblait lourde de conséquence. À en juger par l'air effaré de Donna, elle pensait comme moi.

— Il faut le dire à Nathan, décida-t-elle en enlevant mon casque.

— Tu veux l'appeler ?

— Non. Mieux vaut ne rien dire au téléphone et je pense qu'il vaut mieux qu'il l'entende. Ça te dérange de passer chez lui aujourd'hui ?

Un long silence s'installa, le temps pour moi de bien comprendre ce qu'elle était en train de me demander.

— Moi ? Chez lui ? Tout seul ? T'es sérieuse ?

— Il ne va rien te faire, tu n'as pas l'air d'être son genre.

— Son genre ? répétai-je avant de me souvenir que Nathan était gay. Non, je parle pas de ça. Tu me demandes d'aller chez lui, de lui dire qu'on a récupéré de manière illégale des vidéos concernant des années de sa vie qu'il n'a peut-être pas envie de revivre et que je les ai toutes regardées ? Tu crois franchement qu'il ne va pas mal le prendre ?

— Vu l'info que tu vas lui amener, je pense qu'il se dira que c'est un mal pour un bien, m'assura-t-elle en attrapant son téléphone portable. Je t'envoie son numéro. Appelle-le avant de passer chez lui.

Elle ne me laissa pas l'occasion de répondre. Un texto arriva sur mon téléphone. Je vérifiai son contenu puis enregistrai le numéro dans mon répertoire avant d'aller préparer le petit déjeuner pendant que ma copine se douchait.

Pourquoi ça tombait sur moi ?

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