Chapitre 2 : L'envol
Nous nous trouvions à une bonne dizaine de mètres du sol lorsque j'ouvris les yeux. L'air frais pénétra dans mes poumons avec force. Vu du ciel, le monde est bien différent, je redécouvrais tout l'environnement. Un flot de sensations nouvelles m'envahit, l'air avait un goût différent, des milliers de nuances de couleurs jusque-là inconnues m'atteignirent de plein fouet.
C'était grisant. Ce regard sur le monde était incroyable. Tous les sens s'émerveillaient.
Soliane décrivit des cercles au-dessus de la clairière. Je me penchai légèrement pour voir le sol, puis regardai tout autour de moi.
D'en bas, le sol a une mine bien grise. Ici, nous nous libérons de chaque entrave.
Nous sommes totalement libres.
« Comment vas-tu petit dragonnier ? »
La voix inquiète de Soliane résonna dans ma tête.
« Je crois que jamais je ne m'étais senti aussi bien. Nil, merci. »
Le nom relais semblait légitime à cet instant précis. Un poids s'ôtait de nos épaules et des émotions qui ne m'appartenaient pas m'envahirent. C'étaient celles de Nil. Il devait également sentir les miennes. À ce moment précis, le poids de mon ignorance s'envolait avec nous. Plus rien n'existait. Faisant entrer beaucoup d'air dans mes poumons, je me redressai et doucement, sans me presser, retirai les mains de son pic dorsal. J'écartai les bras, le vent s'engouffrant dans mes vêtements et emporta avec lui les craintes qu'il me restait Je savais maintenant, la peur de la chute ne me tenait plus. Il ne me ne laisserait jamais tomber.
C'est à ce moment précis que je me fis une promesse qui allait certainement m'accompagner toute ma vie. Personne ne ferra de mal à ce dragon tant que je serai en vie.
« Je t'en prie, Lassa. »
Et là-haut dans le ciel j'hurlai d'un cri de joie :
- Allons-y Soliane !
Poussant un rugissement, Soliane battit une fois des ailes, nous propulsant encore plus haut dans le ciel. Nous partions en direction de Liehle, La guilde des dragonniers. Esprit liés, corps légers, et libres
Nous volions. Je ne m'étais jamais senti aussi bien, aussi vivant. Le vent était notre allié. Comment un dragon pouvait-il se résoudre à atterrir alors que voler était si merveilleux ? Aucun de nous ne parlait mais nous gardions le lien télépathique ouvert ressentant uniquement les émotions de l'autre. C'était nouveau et fascinant, mais très naturel. L'océan s'étendait au nord. Voir Soliane s'amuser avec un oiseau marin était très amusant. Il était un dragon c'est vrai, mais nous avions seulement quinze ans. Nous avions bien le droit de nous amuser.
J'avais perdu la notion du temps lorsque Soliane m'interpella.
« Faisons une pause, la nuit tombe. Nous arriverons à la guilde demain dans la matinée. Il faut qu'on prépare une démonstration. »
« Une démonstration ? » demandais-je intrigué.
C'était le retour du garçon perdu.
« Pour que les maîtres, nos futurs maîtres voient de quel bois on est fait, car c'est eux qui au bout des mois formation nous prendrons en charge pour trois ans. C'est donc à eux que revient la question de notre intégration. Mais nous avons un adversaire important. » Dit-il avec agacement.
- Qui ?
« Le temps. La nouvelle vague de formation a déjà commencé depuis une vingtaine de jour. Et en plus nous ne sommes que des enfants, nous n'avons que 15 ans. Les plus jeunes jusque-là à y être entrée étaient une fille et son dragon qui avait 17 ans révolus. Et c'était il y'a longtemps. Si nous ne voulons pas attendre la prochaine session de formation l'an prochain, il faudra être excellent. » dit-il en négociant la descente.
Descendant de son dos, nous nous faisions face.
- Est-ce que tu sais ce que font les autres apprentis, habituellement ?
« Des démonstrations de confiance il me semble. Ils peuvent coller leur front, le dragonnier peut monter sur son partenaire. Les apprentis les plus âgés font peut-être des démonstrations magiques, mais ça m'étonnerait. »
Mon cerveau me hurlait que la magie n'existait pas mais je le fis taire. J'avais autre chose en tête.
- Pourquoi faire une démonstration magique si elle met uniquement en scène les dragonniers ? Et puis à quoi ça sert ? Tous les duos sont formés, tu l'as dit, demandai-je.
« La guilde des dragonniers est principalement faites pour entraîner les dragonniers. Et oui, tous les duos doivent être formé, mais c'est eux qui décident de quand. »
- Mais je ne comprends pas s'ils nous forment à être un duo, pourquoi privilégier l'entrainement des dragonniers ? Ne risquent-ils pas de briser des duos ?
« Je suis d'accord avec toi. C'est à mes yeux, la plus grande faille du système. Certains dragonniers ayant peur de leur dragon peuvent laisser ce fossé grandir et le duo se casse. Les conséquences sont souvent tragiques. Mais on ne peut rien y faire. Les dragons sont plus libres à la guilde des dragons ensuite, où les dragonniers suivent aussi une formation. L'équilibre y est mieux établi. »
- J'ai compris. J'ai peut-être une idée pour demain.
« J'en ai une aussi, je t'écoute »
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Après avoir longuement discuter avec Soliane, nous avions décidé de combiner nos deux idées. Le soleil était déjà couché, lorsqu'après des essais concluants, Soliane e surprit par une question on ne peut plus banal.
« As-tu faim petit dragonnier ? Je n'ai pas pensé à m'arrêter. »
- Pas du tout à vrai dire.
J'étais juste épuisé. Allongé dans l'herbe, le sommeil me tendait déjà les bras. Si Soliane insistait pour que je mange le fruit de l'arbre sous lequel nous étions, je n'en avais aucune envie. Seul le sommeil m'attirait. Pour ne pas avoir froid, Je m'allongeais contre le flanc chaud de mon compagnon, la tête collée contre sa patte avant. Il me recouvrit d'une de ses grandes ailes membraneuses, m'offrant un cocon chaud. J'étais en sécurité.
« Bonne nuit Nil. »
Je m'endormi avant même d'entendre sa réponse.
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Un garçon de quatre ans courait dans la nuit en appelant da mère. La maison était en flammes et le feu se propageait dans l'herbe sèche.
- Cours Jolan !
- Maman !
- Éloigne-toi ! Laëlle, emmène ton frère !
Le petit garçon s'était moi. Une fille d'une quinzaine d'années prit le petit garçon par la main pour le tirer dans le sens opposé. Le feu se rapprochait des enfants mais le petit garçon tirait sur le bras de cette fille. Il tirait dans le sens opposé à leur direction pour forcer cette fille à se retourner. Mais elle continuait d'avancer.
La dame nous regardait nous éloigner quand un homme la rejoignit. Le petit garçon tirait deux fois plus fort sur la main de la fille. Elle s'arrêta, s'agenouilla pour être à sa hauteur et le prit par les épaules.
- Écoute microbe, papa et maman savent très bien ce qu'ils font et tu le sais aussi bien que moi. La seule chose qu'on peut faire c'est de s'éloigner de l'incendie et laisser les parents attendre les pompiers.
Elle expliquait ça d'une voix calme alors qu'on pouvait lire la peur dans ces mouvements. Mais dans ses yeux, la détermination seule se lisait.
- Laëlle, j'ai peur.
Des larmes apparurent au coin des yeux du petit garçon.
- Je sais Jolan, moi aussi j'ai peur. Le feu fait toujours peur mais maintenant viens. Petit homme, courage on y va.
Malgré la pénombre, on pouvait discerner ses yeux mouillés par les larmes qu'elle essayait de contenir. Éclatant en sanglots, le petit garçon se jeta à son cou. Elle se releva tout en le portant dans ses bras. Puis elle se mit à courir pour mettre de la distance entre eux et la maison. Puis tout doucement elle disait :
- Ne pleure pas petit homme. Ne pleure pas.
Puis derrière eux, une explosion.
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Je me réveillai en sursaut, le cœur battant à tout rompre, la respiration sifflante, transpirant. Alors que j'essayais de me calmer, les genoux contre ma poitrine, une vague de calme m'atteignit. Soliane avait retiré son aile et m'avait transmis une vague d'apaisement, comme il m'avait expliqué la veille.
« Ce n'étais qu'un rêve petit dragonnier. »
- Je ne sais pas. Je dirais plutôt une sorte de souvenir. Je devais avoir quatre ou cinq ans. J'ai vu ma sœur, elle s'appelle Laëlle. Il faisait nuit, je ne peux pas vraiment la décrire. Elle me portait dans ses bras pour m'éloigner de l'incendie. Et puis, il y'a eu une explosion et nos parents étaient tout proche de la maison.
C'est avec un débit de parole très rapide que le rêve fut raconté.
« Je te crois petit dragonnier, mais les rêves reflètent parfois une étrange réalité. Essaye de ne pas trop y penser, une longue journée nous attends. On trouvera bien une explication plus tard. »
- Soliane, j'ai l'impression que c'est moi qui ai déclenché l'incendie, que j'en étais l'origine. Tu penses que c'est possible ?
« Je n'en sais rien. Mais un bambin ne peut pas en être le seul coupable. »
J'ignorai quoi répondre et regardais mes mains comme si elles pouvaient me donner la réponse. Nous restions là, sans un bruit à laisser les premiers rayons du soleil nous réchauffer. Il était temps d'y aller.
- Je suis prêt.
Nil s'envola. Le vol ne dura pas longtemps, deux heures suffirent à rallier la guilde. Nil se posa en bas de la colline et nous finîmes le chemin à pieds. La porte de la Guilde des dragonniers se dressait face à nous, immense et rouge. Ornée du sol au plafond de gravure, une attira mon regard. Un dragon recouvert de feuille d'or, chevauché par un personnage peint en blanc.
- Regarde Soliane il te ressemble.
« C'est normal, l'histoire du dragon d'or au cavalier blanc, est retracée sur cette porte. C'est notre histoire, il en revient à chacun de s'en souvenir.»
- Tu n'avais pas parlé d'un duo d'or et d'argent hier ?
« Blanc ou d'argent, d'or ou brillant, ces deux personnages sont des légendes avec toutes les variations qui les suivent. La réalité est cachée quelque part au croisement des différents récits. »
- C'est impressionnant.
« Es-tu prêt ? »
- Non alors allons-y.
C'est Soliane qui ouvrit la porte, jamais un humain ne pourrait l'ouvrir. Un grand hall à ciel ouvert s'étendait devant nous et un immense dragon bleu nuit atterri en son centre. Un homme descendit du dos de cette immense créature.
Grand, des cheveux noirs rassemblés en un chignon serré, des yeux bleu nuit, il s'approcha d'un pas rapide.
- Bonjour, je suis maître Anol, cavalier d'Uriah. Je suis le maître de garde aujourd'hui. Qui es-tu ? Et que veux-tu ? Demande-t-il poliment.
- Bonjour, moi c'est Jolan et mon dragon se nomme Soliane. Nous venons de nous trouver, et souhaiterions suivre la formation.
- Mais petit, les formations ont déjà commencé depuis deux semaines. Le mieux c'est que tu rentres chez toi et reviens plutôt l'an prochain au début du mois de Hana.
Ça y'est je commençais à paniquer.
« Soliane, que fait-on ? »
« Respire petit dragonnier, tout va bien se passer, je viens de discuter avec son dragon. Maître Anol est un homme juste, il l'écoutera. »
Maître Anol s'était retourné pour faire face à son dragon.
- Tu as préparé ta démonstration ? De quoi as-tu besoin ?
Je regardais Soliane étonné. Il avait annoncé le contenu de notre démonstration au dragon bleu. Mon compagnon m'encouragea d'un signe de tête, il ne manquait plus qu'une chose.
- Un foulard assez long pour cacher les yeux d'un dragon.
- D'accord, J'ai contacté notre maitre couturier, il te prépare ton foulard. Tu reconnais les maitres à notre ceinture blanche, les apprentis en ont une noire. Bien suis-moi maintenant.
Nous suivîmes maitre Anol dans un dédale de couloir. Nous traversons une cour intérieure pour rejoindre une zone d'entrainement circulaire avec des gradins. Trois anneaux étaient suspension dans l'air, c'était parfait pour nous. Deux personnes étaient déjà installées. Je posai mon sac dans un coin indiqué par le maître. Un petit garçon habillé d'une tunique grise est venu apporter un foulard gris. Maitre Anol prit le foulard des mains du garçonnet et me le tendit. Je remerciai le garçon qui s'enfuit en courant. Maitre Anol me tendit le foulard, les sourcils froncés.
« Ai-je fait une bêtise ? »
« Non petit dragonnier, je ne crois pas. »
Je tenais l'écharpe à la main et le stade se remplissait petit à petit. Être là au milieu d'un stade qui se remplit donne envie de disparaitre. Maitre Anol vint poser sa main sur mon épaule en se voulant rassurant. Mais voir les apprentis et les maitres arrivés pointant du doigt Soliane ou murmurant faisant encore monter la pression. Je finis par fermer les yeux. De plus en plus de bruits emplissait la zone, de plus en plus de monde s'installait dans les gradins. C'était l'heure, j'ouvris les yeux. Maître Anol
-Tout va bien se passer. Ne t'inquiète pas.
- Merci.
« On y va ensemble petit dragonnier. Tu n'es pas seul. »
" Heureusement, sinon je serai déjà tombé dans les pommes. »
« Les pommes ? Qu'est-ce que c'est ? »
« Aucunes idées. »
Je regardais maître Anol monter dans un des gradins tandis que derrière moi, quelqu'un m'interpella. Dans une tribune plus élégante que toutes les autres, faite en pierre blanche finement sculptée, un homme c'était levé.
- Jolan, dragonnier de Soliane, vous êtes venus dans l'espoir de suivre la formation des dragonniers. Quel âge avez-vous ?
- Nous avons 15 ans.
- La formation de cette année a déjà commencé et vous êtes trop jeune. Mais il parait que vous avez préparé une démonstration. Et bien allons y tant que vous êtes là, tout le monde s'est déplacé, allez-y donc.
Il avait l'air extrêmement septique, pressé même que ce soit fini. Faisons vite alors. Je me retournai et montai immédiatement sur le dos de Soliane et sans écouter les murmures de l'assemblée, bandai les yeux de mon dragon.
« Tu es prêt Nil ? »
« Plus que jamais, petit dragonnier. N'ai pas peur. Je te fais entièrement confiance. »
« Moi aussi, mon grand. Alors on décolle. »
Soliane étend ses ailes et nous nous envolons. Mais mon compagnon étant aveugle, je devais être ses yeux. Il m'avait appris la veille à transmettre es images. C'était donc avec une grande concentration que je l'informais de notre position en permanence avec le but en plus de traverser les anneaux.
Si nous retrouvions les sensations de la veille, un mot en plus résonnait dans mon esprit. Était-ce ça être un dragonnier ? Nous passions entre les cerceaux puis Soliane piqua vers le sol. Nous nous rapprochions du sol, rapidement, trop rapidement.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
« Fais-moi confiance. Transmets-moi juste les images et ne ferme surtout pas les yeux. », répondit-il simplement.
Plus facile à dire qu'à faire, mais je m'efforçais à garder les yeux ouverts. Il savait ce qu'il faisait. Il ouvrit ses ailes d'un coup pour négocier un virage, et sans un mouvement de cou de Soliane, je serai tombé. Il continua de tourner pour perdre de la vitesse, tandis que je m'accrochais du mieux que je pouvais. Lorsqu'il se posa au sol, c'est le silence qui nous accueilli.
- Merci pour ta démonstration. Tu peux te retirer, nous allons réfléchir.
Sa voix ne traduisit aucune émotion.
Nous sommes sortis de l'arène, alors que j'étais toujours sur le dos de mon dragon. Maitre Anol nous attendait.
- Suis-moi.
Descendu du dos de Soliane, nous le suivions sans rien dire. Aucune réaction. Soliane avait été parfait. Mais pouvais-je en dire autant. Et si nous avions échoué ? Nous n'avions nulle part où aller. Nous suivions nôtre guide jusqu'à une chambre avec un lit et une paillasse, juste assez grande pour un dragon.
- Je vais aller vous chercher à manger.
- Merci beaucoup.
En réalité, je n'en pensais pas un mot. Soliane s'allongea sur la paillasse. Je me dépêchai de l'enserrer avec mes bras. Mettant mon visage au creux de son cou, j'ignore quoi dire.
- Je te demande pardon.
Il me répondit d'une voix très sérieuse.
« Écoutes-moi bien Jolan. Rien n'est terminé. Ils n'ont pas encore rendu leur décision. Tu n'as pas à t'excuser. Tu as été génial. »
Je n'arrivais plus à réfléchir, tout était flou. La sensation d'échec me collait à la peau.
« Lassa, il faut absolument que tu dormes. Tu as fourni un effort mental énorme. Bien plus important que ce que tu ne penses. Mets-toi sous mon aile, comme ça personne ne te dérangera, et mon bouclier mental empêchera quiconque de te contacter. Je te garderai de quoi manger. »
« Merci, mais je n'ai pas faim. »
Je m'allongeais sur la paillasse en boule contre sa patte avant, et à peine avais-je fermé les yeux que la fatigue m'envahit.
« Dors petit dragonnier, je veille sur toi. » Dit-il en me transmettant une vague d'apaisement qui finit de m'endormir.
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Un garçonnet de trois ans allongé à même le sol, une femme au visage flou, m'empêchant de discerner précisément ses traits, entre dans la chambre.
- Chéri que dessines-tu ? Demanda-t-elle.
-Un dragon maman !
Le garçonnet retourna son dessin pour montrer à celle qui devait être sa mère, un dragon jaune. Ce petit garçon avec ces cheveux gris c'était moi. Mais pourquoi mes yeux étaient-ils verts ? Ma mère croisait ses bras dans l'encadrement de la porte.
- Mon chéri penses-tu que les dragons existent ?
- Oui maman ! Des bleus, des verts, un doré... Il est beau celui-là hein ? On l'accrochera sur le mur ?
- Oui mon chéri, mais demain. Là il faut dormir, petite canaille, ta grande sœur dort déjà.
Elle me prit dans ses bras et me porte jusqu'à mon lit et me m'y borda. En remontant la couverture étoilée, elle me tendit une peluche en forme d'oiseaux de feu. Puis elle se met à chanter :
Jolan mal oïl molie
Ji Soliane mald bil ale nuegea abiol
Mi fente sleice aneo
Yu habs ya tome
Fe altung
Fe will yun dre
Ir wer yu
Crealle wor yu wu
Yun drealmi it ni wo yum
Mut nopt fe drea um crealla
Yi lim mi fente sleice im peci
Juste avant de m'endormir, je lui demande :
- Et toi maman, penses-tu que les dragons existent ?
- Oui mon chéri, j'y crois dur comme fer. Dors maintenant. Je veille sur toi.
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J'ouvris les yeux, un voile doré me recouvrait entièrement. Je repris doucement mes esprits et me rappelant que cette membrane n'était que l'aile de mon compagnon. Je la repoussai doucement. Soliane tourna sa tête triangulaire vers moi.
« Bien dormi petit dragonnier ? En tout cas longtemps, quatre heures c'est long pour une sieste. Mais au moins tu as meilleure mine maintenant. »
- Et les idées plus claires aussi. Quoiqu'il faut que je t'explique un rêve.
Je pris un fruit bleu, un peu allongé, dans la corbeille. Il avait un goût de pain trempé dans du miel, c'est excellent. Je narrais alors mon rêve à Soliane.
« Je te répondrais bien comme pour ton premier rêve, même si cela m'intrigue de plus en plus. Deux fois, deux rêves, mais ne t'en inquiète pas d'accord ? Nous trouverons bien ce que cela signifie. Et fini ton fruit, j'entends des pas dans le couloir. »
Effectivement des pas se firent entendre. La porte de la chambre s'ouvrit, laissant entrer une femme à la peau mate, et au cheveux ondulé, blonds vénitiens, lui tombant jusqu'en bas du dos. Elle portait une chemise jaune et une ceinture blanche lui entourait le torse.
- Je suis maître Anila, dragonnière de Salkia. Je suis chargé de te conduire jusqu'en salle du conseil, où les membres veulent te poser certaines questions. Suis-moi.
Je pris mon sac et sans dire un mot, la suivis, Soliane sur les talons, jusqu'à la salle du conseil. Elle s'arrêta devant pour m'indiquer :
- Tu reconnaîtras les membres du conseil à leur bandeau blanc sur le front en plus la ceinture blanche des maîtres. Le maître du conseil porte un bandeau doré. Tous les maîtres dragonniers assisteront à ton interrogatoire car c'est eux qui à la fin des 6six mois de formation, se voient assigner la tâche de choisir un apprenti, duquel ils seront responsables pour trois ans. Donc, s'ils t'acceptent l'un d'eux sera ton maître.
Des questions ?
Je secoue la tête en guise de réponse.
- Très bien. Alors on y va.
Nous entrons à la suite de maitre Anila. La pièce était en forme d'arc de cercle, avec des tribunes où les maîtres étaient installés. Et sur une tribune centrale, plus prestigieuse, se trouve les vingt membres du conseil. Nous nous plaçâmes au centre de la pièce tandis que maitre Anila rejoignit ses collègues. Le chef du conseil portait une chemise rouge sombre. Il n'était pas grand, et il avait des cheveux blancs rassemblés en un chignon serré et une courte barbe. Il se leva et prit la parole :
- Bienvenue Jolan et Soliane. Je suis maître Hûto dragonnier de Thir et chef du conseil et de la guilde. Jolan, je vais te poser des questions auquelles tu devras répondre instinctivement et sans mentir, évidemment. Es-tu prêt ?
- Oui.
- Depuis combien de temps connais-tu ton dragon ?
- Depuis hier.
-Comment êtes-vous venu aussi vite ?
- En volant.
-Comment étais-tu ?
- Libre.
- Un mot ?
- Dragon.
- Libre ou dragon ?
- les deux ensembles.
- Qui es-tu ?
- Un dragonnier.
- Un dragon et son dragonnier se disputent, qui a raison ?
- Aucun des deux.
- Quelle est la solution à leur conflit ?
- Celle qu'ils trouveront ensemble.
- Qu'est-ce qui vous lie ?
- Rien, nous sommes la même personne.
- Comment ton dragon se dirigeait-il tout à l'heure ?
- Je lui transmettais les positions par télépathie.
- Pourquoi es-tu venu ici ?
- Pour avoir un avenir.
- Aimes-tu réellement ton dragon ?
Son ton est septique. Nil baissa la tête. Le maitre de la guilde l'avait heurté, je le sentais. Je lâchais un hoquet outré. Qu'est-ce qu'il croyait ?
« Non tu es la plus belle chose qui m'arrive Nil. »
Je défiais le chef de la guilde du regard et sans répondre à cette question, me retourna. Une main de chaque côté de la tête de Nil, je plongeai mon regard dans le sien. J'avais conscience que je tournais alors le dos au conseil et je m'en foutais. Mon unique but était que Nil relève la tête.
« Nil, mon cœur t'appartient. Tu rempli mon âme à chaque instant. Jamais, ne te laisse toucher par ça. Jamais je ne laisserai quelqu'un te blesser, je t'en fais la promesse. »
Le lien se renforçait et il put lire dans mes émotions comme dans un livre ouvert.
« Liés pour toujours. »
Bien décidé à tenir ma promesse, je fis face au conseil, plus sérieux que jamais. Devant Nil, comme pour le protéger, je repris la parole.
- Je lui fais confiance, je l'aime et je lui donnerai ma vie. Personne ne lui fera du mal. Ni par des actions ni par des mots. Et je me dresserais contre quiconque le fera souffrir. Même le chef de la guilde.
Personne ne fait souffrir Nil. Personne.
Le chef du conseil me jeta un regard assassin tandis ce que derrière lui, des murmures couraient. D'ailleurs bon nombre de maîtres et de membres du conseil souriaient. Je ne compris vraiment pas ce qui les faisaient sourire. Nous nous affrontons du regard, les yeux gris orage du maitre semblaient lancer des éclairs. Mais je ne lâchais pas. Puis il semblait frappé par quelque chose. Quelque chose le surpris. L'étonnement à peine visible fut vite passé. Le maître du conseil desserra la mâchoire et posa l'ultime question.
- Ton bien le plus précieux ?
- Sa vie.
Des chuchotements parcouraient l'assemblée.
Puis il se rassis, sourit et dit :
- Merci de tes réponses Jolan. Le conseil va délibérer. Attends donc à l'extérieur.
Nous sortîmes de la pièce. À peine le porte fut-elle refermée que lui sautais au cou.
« Les dés sont jetés maintenant mon grand. »
Le lien se suffit. Nous nous comprenions sans rien devoir ajouter. Soliane s'assit contre le mur, et je me laissai tomber en tailleur, m'appuyant sur lui et les minutes passèrent lentement. Mon cœur s'emballait un peu, mais sa présence rendait l'attente était supportable.
« Tout va bien se passer, tu verras. »
« Tout va bien se passer. » Répétais-je pour me rassurer.
Les minutes s'écoulaient longues et silencieuses. Aucun de nous ne parlait, même si nous avions pleins de choses à nous dire. Rien n'était pire que d'attendre sans rien faire. J'avais besoin de m'occuper les mains. Sans précipitations et en silence, les seuls objets que je possédais furent sortis de la sacoche grise. Mais aucun des objets ne pouvaient être source d'occupation.
En repensant à mon rêve, je demeurais persuadé que le cause de l'incendie c'était moi. Et si je fus surpris à mon arrivée, cela n'enlevait rien au fait que cet environnement était familier. La télépathie n'avait pas été un problème non plus, l'existence de la magie presque naturelle. Je regardais mes mains avec attentions, une idée se frayant doucement un chemin dans le complexe de mon esprit.
Concentrant mon attention sur le bout de mes doigts, je fis le vide. Le bout de chaque phalanges parus soudain bien froid. Ils devraient être chaud. Il faut une source de chaleur. En fermant. Les yeux, toujours concentré, quel ne fut pas ma surprise lorsque le contour de ma main apparue nette dans mon esprit et toujours aussi froide. Petit à petit, de manière naturelle, j'inspirais plus profondément et je sentais l'air s'échauffer dans mes poumons. En essayant de visualiser ma cage thoracique, elle s'illumina d'elle-même traçant un chemin qui reliait mes poumons à l'extrémité de mon majeur et de mon pouce droit. Petit à petit, avec une grande concentration, la chaleur fut acheminée jusqu'au deux doigts. La chaleur s'accumulait de plus en plus. Je n'entendis pas Soliane me dire de respirer à ce moment. Il fallait évacuer la chaleur, elle commençait à me brûler. J'ouvris les yeux et le geste. Le plus simple qui m'apparut fut de claquer des doigts. Et sous nos yeux, une étincelle apparue.
Je regardais Soliane abasourdis. Cela avait duré moins d'une seconde mais nous l'avions vu tout les deux. Je venais de faire de la magie. Le mot sonnait étrangement doux à mes oreilles, familier.
- Tu as vu ça ! m'écriais-je ne me relevant.
« Bien sûr que j'ai vu ! Comment tu as fait ? »
- Je ne sais pas vraiment, c'est juste venu naturellement. J'avais les doigts froids, quand on respire l'air est réchauffé, on amène la chaleur, on se frotte les doigts et voilà !
Alors que je fermai les yeux, prêt à réessayer, le porte s'ouvrit laissant apparaitre maitre Anila. Soliane se leva, ma main se posa sur son encolure et nous entrâmes de nouveau dans la salle du conseil. On reparlera de l'étincelle plus tard.
De retour au centre de la pièce, le maitre du conseil se leva.
- Jolan, dragonnier de Soliane, le conseil a délibéré. Malgré votre jeune âge, vous êtes reçus et commencerez votre période de formation dès demain dans le groupe jaune, dirigé par maitre Anila. Tâchez de rattraper votre retard. Vous pouvez disposer.
Je me suis incliné devant le conseil et nous sommes sortis de la salle, guidé par maitre Anila, notre maitre de formation.
« Nous avons réussi mon grand ! »
« Oui petit dragonnier. Bienvenu chez nous. »
Même si nous étions en train de nous engager sur un chemin difficile, tout ira bien. Nous sommes ensemble, nous allons commencer notre formation et nous avons trouvé un refuge, un point d'encrage. Alors oui, Soliane n'aurait rien pu dire de plus vrai : nous avions poussé les portes de la maison.
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