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La situation avait été assez pesante et gênante, parce que comme à son habitude, Nouredy avait plus que forcé et il était venu au parking avec moi. J'avais essayé de faire abstraction de sa forte présence tout en restant concentré sur moi-même, mais j'avouerai que ça avait été compliqué par rapport à sa manière d'être et de faire les choses.
J'avais attendu qu'il prenne la parole, puisque j'étais resté sur ma position et le fait de ne rien lui dire sur toutes les interrogations que j'avais eu vis-à-vis de lui et ce qu'il s'était passé durant les dernières semaines. J'avais estimé que ça avait été sans importance ou que ça avait été préférable qu'il dise les choses franchement et de lui-même.
Lorsque ma patience avait atteint sa limite, je m'étais installé dans ma gova pour repartir, mais sur ce moment-là, il avait vu et compris que j'avais perdu patience, donc il avait aussitôt pris la parole sur ce qu'il l'avait tracassé, enfin de ce que j'avais pensé. J'avais cru en savoir davantage, mais finalement, il n'y avait pas eu de grands échanges.
Il n'en avait pas trop dit, mais ça m'avait suffi à comprendre le fait qu'il voulait que l'on se voie sur un jour de repos pour se dire des choses que chacun avait sûrement eu envie d'entendre. Brièvement, je lui avais fait comprendre qu'il fallait que je rentre pour mon petit et que lui aille à son poste, du coup, il était reparti et j'avais pris la route.
Ces échanges lèges m'avaient laissé indifférents et de ce fait, j'étais rapidement passé à autre chose. Il n'y avait rien eu de spécialement bon à retenir, donc je m'étais un peu forcé à le mettre sous amnése et poursuivre ma petite vie entre enfants, travail, sport et les frérots avec qui je reprenais doucement contact après ces années froissées.
La routine s'était rapidement installée et ça avait été assez plaisant à vivre. J'avais apprécié être dans la garde de nuit, parce que ça m'avait permis d'être loin de ce cadre familial entre enfants et femmes qui avait été extrêmement pesant, car même après deux ans et quelques, j'avais encore eu du mal sur ce fort rôle de «Chef de famille» ay.
Je dirais plus que j'avais eu du mal avec ce rôle de chef de ma propre famille, car je ne me serai jamais imaginé ça un jour. Je n'aurai jamais pensé avoir ne serait-ce qu'un enfant, donc par moment ça avait été compliqué et j'avais souvent ressenti ce fort besoin d'être loin de tout ça et pouvoir juste souffler lège le temps de quelques heures.
Le travail de nuit avait été une vraie échappatoire sur ce qu'il en avait été de ce cadre familial et pour les journées, ça avait été le sommeil et le sport en plus des frérots, donc ça avait été que du bon pour moi. J'avais vraiment profité de cette ambiance relax pour toujours plus me rapprocher des frérots et partager des choses avec eux tous.
Tout était allé très vite sur ces trois ans et tous ces enchaînements de bourbiers avaient franchement facilité l'éloignement avec mes frères alors durant ces dernières semaines, j'avais profité des heures où j'avais juste eu à faire du sport et dormir pour voir mes sah qui étaient en pause et Karim qui avait été dans une phase vraiment dure.
Karim est mon frère, celui à qui j'avais rendu visite quelques semaines avant et qui avait été vraiment très souriant malgré les maladies. Il avait été atteint du VHC, un virus qui charge les cellules du foie et par manque de vigilance qui peut se transformer en cancer et ça avait été un vrai coup dur pour tous, parce qu'il avait été touché par ça.
Ça avait été très brusque pour lui en tant que malade et pour nous en tant que frère même si ça avait été à des mesures différentes pour tous, mais le plus terrible avait été la deuxième annonce sur cette maladie par laquelle il avait été atteint. Le cancer du foie l'avait sonné et la maladie de Charcot l'avait achevé. Ça avait été vraiment dur.
Charcot est une maladie neurologique qui touche tous les muscles du corps. Ça atteint la motricité de tous les membres ainsi que l'éloquence, mais également la respiration et encore bien d'autres choses qui entraînent le décès sous les deux ans et demi voire trois ans après le diagnostic et Karim avait été dans une période vraiment lourde.
Dès que l'on m'avait informé des évolutions de ses maladies et que je m'étais décidé à le revoir, je ne l'avais plus lâché. Entre le travail et les enfants ça avait été compliqué de le voir souvent, mais malgré ça, j'étais resté en contact avec lui et je lui avais bien demandé à ce qu'il me donne fréquemment des nouvelles sur sa santé très fragile.
C'est seulement quelques jours après qu'il s'était décidé à me dire clairement les choses et après nos échanges très chargés, j'avais compris que tout était devenu très difficile pour lui et que ses maladies avaient atteint un stade qui le faisait souffrir jusqu'à l'insoutenable. Jusque-là, il ne l'avait jamais dit à personne, mais moi, j'avais forcé.
Lorsque l'on avait parlé de certaines choses et que j'avais cherché à en savoir davantage sur ses deux maladies et son état de santé, il était devenu assez froid et il avait plus cherché à savoir ce qui m'était arrivé sur ces dernières années, mais je lui avais expliqué qu'on allait chacun devoir se dire les choses ou sinon ça resterait dans le flou.
Nous étions très proches avant que les bourbiers nous rattrapent et nous éloignent, donc ça avait été pour cette raison que chacun de nous avait eu envie de savoir certaines choses pour se resituer. Pour ma part, seule sa santé m'avait préoccupé et j'avais cherché à savoir des choses en rapport avec ça et absolument rien d'autre, normal.
J'avais fait une sale erreur de l'avoir laissé alors qu'il avait souvent demandé après moi parmi tous les frères qui avaient été là durant toutes ces années pour le soutenir dans cette épreuve très endurante et je m'en étais voulu. Le jour où j'avais véritablement pris conscience de son état dégradé, je m'étais salement questionné sur tout ça.
Je m'étais énormément questionné et sous ce sale goût amer que tout ça m'avait laissé, j'avais pris la décision de l'assister et quitte à y laisser ma vie familiale sur le côté. J'avais remplacé le sommeil et le sport de la journée par des visites à l'hôpital, mais ça avait été réfléchi et voulu, mais au plus profond de moi. Le frérot m'avait touché.
Une énième routine s'était progressivement installée et un nouveau chemin s'était quotidiennement répété. Les seules fois où je m'étais rendu chez moi, ça avait été pour déposer/récupérer Zaher avant de faire les lessives et me rafraîchir tout en soufflant une bonne heure, mais autrement à midi, j'étais à l'hôpital et jusqu'à seize heures.
Les premiers temps, j'avais été assez gêné à ses côtés, parce que j'avais souvent repensé à toutes ces années où je l'avais laissé, mais après quelques jours de partage à se dire des choses très fortes, je ne m'étais plus vraiment soucié de ça et j'avais vraiment profité de lui et de l'instant présent. Les choses avaient été véritablement fortes.
À cette période, il y en avait eu que pour Karim et à tel point que j'en avais littéralement oublié Zaher et Junayd, mais également tous mes autres frérots y compris Nouredy que j'avais mis amnése peu de temps avant et d'ailleurs le weekend qui avait suivi nos échanges lèges sur le parking, il avait cherché à ce que l'on se revoie tranquille.
Ce jour-là, j'avais laissé les petits à Lylia et j'avais rejoint Karim pour l'après-midi et jusqu'au début de soirée, afin d'être toujours plus près de lui et sur ces heures, Nouredy avait demandé à ce que l'on se voie, donc je ne lui avais pas refusé ça, mais je lui avais demandé de se déplacer, parce que j'avais été aux côtés de Karim pour la journée.
Lorsque Nouredy était arrivé, j'avais laissé mon frère pour revenir juste après et je l'avais rejoint dans sa gova. Je m'étais posé pour entendre ce qu'il avait eu à me dire, puis lorsqu'il s'était mis à parler, je l'avais aussitôt stoppé, parce que je n'avais pas pensé à ça quand il m'avait dit qu'il voulait me voir en solo pour me dire certaines choses.
J'avais stoppé ce début de discussion, parce que le premier mot avait déjà été trop loin et forcément, ça avait demandé plus que quelques minutes d'échanges pour comprendre véritablement les choses, donc je lui avais dit de venir chez moi le soir-même, parce que ça n'avait pas été le bon moment pour ça, puisque Karim m'avait attendu.
Dès que l'on s'était mis d'accord sur ça, il était reparti et j'étais retourné dans la chambre jusqu'à que l'on me dise de repartir. Une fois de retour chez moi, j'avais pris Zaher et je m'étais posé lège avec lui pour reprendre de la force, parce que depuis, je l'avais énormément délaissé et ça s'était ressenti sur sa façon d'être avec moi, salement.
J'avais forcé et je m'étais collé à lui comme je ne l'avais jamais fait, parce qu'il m'avait touché un peu. J'avais été brusqué par son comportement et j'avais voulu lui faire comprendre que j'étais toujours là pour lui, et même si, j'étais occupé avec d'autres. J'avais bien profité avec lui et lorsque Nouredy était arrivé, j'avais laissé mon petit à Lylia.
Je m'étais posé au salon avec Nouredy et comme à mon habitude, j'avais attendu qu'il parle. Ça avait été assez rapide, parce qu'il avait aussitôt engagé la discussion et ça avait été préférable au vu de ces sales pensées qui m'avaient donné des céphalées. Je n'aurai absolument pas accepté ce suspens très lourd qu'il me laissait à chaque fois.
Les échanges que l'on avait eus quelques heures avant ou du moins les quelques mots lèges qu'il avait pu sortir avant que je le coupe avaient suffi à me faire comprendre beaucoup de choses et depuis, ça avait été le désordre dans mes pensées et j'avais eu énormément de questions sans réponses. J'avais attendu qu'il dise enfin les choses.
- Nouredy : Je ne savais pas comment te le dire, mais je me suis marié à Kamilia la semaine dernière.
- Moi : Ouais, j'avais cru le comprendre tout à l'heure.
- Nouredy : Je ne sais pas ce que tu en penses au fond de toi, mais je tiens à te dire que ta présence a manqué parmi tous les autres et j'aurais aimé que tu sois là.
- Moi : Tu ne m'as pas invité, donc tes mots ne me font absolument rien, parce qu'ils ne reflètent pas ce que tu ressens véritablement par rapport à tout ça sinon tu aurais agi autrement.
- Nouredy : Je le pense réellement, donc ne dit pas des choses comme ça. En fait, je ne t'en veux même pas sur le fait que tu réagisses comme ça, parce que tu ne dois pas vraiment comprendre pourquoi je ne t'ai pas invité ou du moins informé de ça.
- Moi : Bien sûr que je le comprends. Il y a quelques semaines, je t'avais recalé et j'avais demandé à ce que l'on garde nos distances et aussi, il y avait eu l'altercation au PC, donc c'était évident que ça se passe comme ça entre toi et moi pour ton mariage.
- Nouredy : J'aurai voulu que ça se passe autrement et que tu sois présent pour Kamilia et moi, parce que tu représentes beaucoup pour nous deux et bien plus que tu ne l'imagines, mais ce sont tes choix qui ont fait que ça s'est passé comme ça.
- Moi : Je ne reviendrais pas sur tout ce que j'ai pu te dire ou te faire, parce que ça a été réfléchi et voulu.
- Nouredy : Je t'assure que jusqu'à la dernière seconde avant de prendre l'avion pour l'Algérie, j'avais pensé à toi et à te dire «Emir, rejoint nous au pays pour notre mariage et on verra le reste une fois de retour à Paris in shâ Allah», mais j'avais aussitôt repensé à tout ce que tu m'avais dit et le fait que tu ne voulais pas me revoir pour le moment. Ça m'avait clairement refroidit.
- Moi : Je ne sais pas ce que tu ressens véritablement au fond de toi par rapport à tout ce que l'on a vécu et tout ce que j'ai pu te dire de sale depuis que l'on se connaît, mais j'aimerais que tu retiennes le fait que ça n'a jamais été mon intention de te faire du mal. J'ai toujours été comme ça et je ne changerai pas ou du moins sur ça.
- Nouredy : Forcément, ça me fait quelque chose, parce que j'en ai fait des belles choses pour ton bien et j'aurais voulu que ça se poursuive encore et encore, parce que tu es une personne touchante pour qui j'ai envie d'être présent, mais tes idées un peu décalées et tes choix trop osés ont fait que tout s'est arrêté.
- Moi : Honnêtement, ça rend fou et ça donne envie de tout lâcher quand tu te donnes à fond pour que les choses évolues positivement et que la seule chose que les gens retiennent c'est tout le sale que tu as pu faire, donc on n'a pas à m'en vouloir sur mes façons de réagir.
- Nouredy : Qui est-ce qui te rappelle toutes ces choses ?
- Moi : Ils sont pas mal à me mettre au plus bas en me rappelant toutes ces sales choses, mais si je t'en fais part aujourd'hui, c'est surtout parce que tu en fais partie.
- Nouredy : Vraiment ?
- Moi : À ce jour, j'éprouve de la haine pour toi, parce que tu as toujours eu cette manie de me descendre au plus bas en me rappelant toutes ces choses.
- Nouredy : J'aimerai que tu me dises quoi, parce que je ne vois pas.
- Moi : C'est ta manière de faire et tu fonctionnes comme ça depuis le premier jour, donc ce doit être la raison pour laquelle tu n'as jamais fait attention à ça.
- Nouredy : C'est fort possible et c'est pour cette raison que je voudrais que tu me donnes des exemples pour que je me resitue dans tout ça et que je puisse admettre mes erreurs.
- Moi : Lorsque j'étais contre tes idées ou que je retombais un peu par rapport à certaines choses, tu étais constamment obligé de me rappeler tout ce que j'ai pu faire de sale, parce que soit disant ça nous dose et nous incite toujours plus au changement positif, mais en fait ça nous incite juste à faire tout le contraire.
- Nouredy : J'essaye de me souvenir, mais je ne me rappelle pas du tout de ça.
- Moi : Tu l'as toujours eu cette fâcheuse façon de faire et pour tout, donc il ne faut pas que tu cherches plus loin, parce qu'il n'y a pas particulièrement d'exemple à tout ce que je suis en train de te dire.
- Nouredy : J'essaye juste de comprendre les choses.
- Moi : Je ne veux pas que tu te prennes la tête avec ça, mais je veux juste que tu comprennes bien que c'est à partir de ça que j'ai demandé à avoir une certaine distance entre toi et moi, parce que tellement tu avais été lourd, j'avais été à peu de te mettre dans le mal avec moi.
- Nouredy : Au lieu de prendre cette décision, tu aurais dû m'en faire part et ça se serait sûrement passé autrement.
- Moi : J'ai essayé à plusieurs reprises, mais tu as la même particularité que moi... Tu es buté.
- Nouredy : J'admets le fait que je suis une personne qui force énormément avec les gens que j'apprécie et c'est souvent ce qui amène des tensions, mais le fait d'être mauvais à descendre et mettre des pointes sur les manquements des gens, je m'en étais jamais rendu compte et ça me gêne énormément, parce que je ne veux pas paraître comme ça.
- Moi : Je n'ai jamais dit que tu étais quelqu'un de mauvais et bien au contraire. Tu as fait énormément de belles choses pour moi et je ne cracherai jamais sur ça, mais il y a des choses que je n'apprécie pas chez toi et tout comme toi envers moi d'ailleurs et c'est peut-être pour cette raison que ça a claqué entre nous.
- Nouredy : Je ne sais pas trop quoi dire par rapport à ça, mais je voudrais savoir si tu es toujours autant en haine sur moi ?
- Moi : Il y a énormément de choses que j'ai reçues comme des coups et qui m'ont déçu venant de toi, mais je te prends même avec tes petits défauts qui font ta particularité, parce que malgré que ça me met souvent sur les nerfs, tu restes un frère de fou pour moi et ça ne changera pas.
- Nouredy : On se rejoint sur ça alors. J'ai autant de défauts que toi.
- Moi : On est tous bourré d'erreurs et d'imperfections, mais je pense que j'ai tout niqué moi.
- Nouredy : Après ce que tu as pu me dire, je pourrais seulement te dire : Laisse le mauvais de côté, puis avance avec tous les efforts que tu as déjà accomplis et ça te donnera toujours plus de force pour en fournir davantage.
Avant que Nouredy engage la discussion, j'avais ressenti de la haine envers-lui et suite à nos premiers échanges et aux ressentis dont il m'avait fait part, je m'étais adouci et j'avais laissé les choses se faire doucement. Petit à petit, on avait réussi à mettre des mots sur nos pensées et ça avait plus ou moins calmé les choses entre nous deux.
J'avais toujours fui le problème en mettant une vraie distance entre nous tout en gardant les choses pour moi, mais ce soir-là, je lui avais fait part de mes nombreux ressentis, parce qu'il avait été dans le flou. Il avait fallu que je casse cette confusion pour qu'il comprenne ce que je lui reprochais depuis et après, on allait essayer de repartir..
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