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J'allais pouvoir revoir Hûsin, mais pas que, j'avais aussi d'autres frérots qui étaient enfermés depuis plus ou moins longtemps. Ça n'allait que me faire du bien, voir des anciennes têtes et leur donner de la force, parce que je le savais et je sais ce que c'est d'être enfermé, même si, ma peine a été moins lourde que la leur, indéniablement.

Ma priorité avait été Hûsin, malgré tout, parce que contrairement aux autres, j'avais un lien avec lui qui était très fort. C'était et c'est un des rares que je considère vraiment, malgré toutes ces années passées loin de lui. Ce que je ressens pour lui, ça n'a pas changé depuis tout ce temps, voire, c'est même bien plus fort qu'auparavant.

Je n'oublie absolument rien, et même si, parfois je me force à essayer d'oublier certaines choses, en fait, c'est impossible. J'ai fini par me faire une raison, je n'arriverai jamais à oublier tout ce que j'ai pu vivre. Il m'arrive de me faire croire que j'ai réussi à oublier telle ou telle chose, ark tfou, c'est que pour me rassurer. Je n'y arrive pas.

C'est tout juste affolant d'être tapé par de multiples images, qui viennent et reviennent sans cesse en tête. Il n'y a pas un jour, où je ne pense pas à quelque chose du passé, j'ai toujours des pensées sur le passée, mais en soit, avec le temps, j'ai réussi à me calmer sur ça, et à présent, c'est seulement par période que je me mets à vriller.

Quoi qu'il en soit, à cette période-là, j'avais commencé à ressentir un certain apaisement. Je ne savais absolument pas d'où s'était venu, mais j'étais très apaisé, calme, léger, limite, absent de tout, voire stone, alors que j'étais tout à fait sobre. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça, enfin du moins, de manière naturelle.

Il y avait une nouvelle routine qui s'était installée. Ines et moi, on partait au travail le matin, et c'était la personne qui finissait le boulot avant, qui allait chercher Zaher, autrement, c'était Lylia, pour les rares fois, car finalement, on avait placé Zaher en crèche, parce qu'on avait trouvé aucune autre alternative, donc ça s'était fait ainsi.

Le soir et plus particulièrement la nuit, je restais avec mes frérots, et beaucoup plus Nouredy, Heusny, Yazid, Wissam et Alseyn. J'avais créé un beau lien avec eux, j'avais eu l'impression de les connaître depuis toujours, tellement qu'on était à l'aise ensemble. Je n'aurai jamais pensé être en contact avec de telles personnes.

Les fréquentations, ça a vraiment un très gros impact sur notre façon d'être et toutes ces choses-là. Je n'ai pas souvent eu de très bonnes fréquentations, à vrai dire, plus de la moitié ont été très mauvaises, et c'est eux qui m'ont fait devenir l'homme que je suis actuellement, parce qu'on s'est tous mutuellement détruit entre nous.

Mais, je n'en ai pas eu que des mauvaises, loin de là. J'en ai eu des très belles aussi, avec qui je n'ai pas perdu le contact depuis tout ce temps, et malgré que je ne les écoutais pas forcément quand ils essayaient de me résonner sur beaucoup de choses, ils ont tout de même été là pour moi, et ils ont tous tenté à un moment, de m'aider.

C'est eux, qui, quand la balance penchait trop d'un côté, venaient rééquilibrer le tout afin que je ne tombe pas plus bas que je ne l'étais déjà. Sans ces gens-là, je n'ose même pas imaginer la personne que j'aurai été, parce que je n'aurai jamais fait le nécessaire pour changer les choses, si on ne m'avait pas poussé et bassiné avec ça.

Et tous les frérots que j'avais connus, dont Nouredy, après avoir vu Kamilia en parloir, en font partie. Ils m'ont beaucoup aidé, à me sentir mieux, à relativiser sur pas mal de choses, même si en soit, rien ne pourra me faire oublier toutes ces choses-là, et personne ne pourra faire changer la personne que je suis et que j'ai toujours été.

Durant cette période-là, je m'étais senti vraiment bien, apaisé et farhan, et au final c'était un chwiya par ces fréquentations-là. Ils étaient doux, gentils, compréhensifs, et à l'écoute, puis on partageait de très bons moments ensemble, à lire et écouter du Quran, à prier, à aller à la Mosquée et à s'entretenir avec d'autre gens de la ummah.

En m'occupant les pensées avec beaucoup de choses, mais surtout avec de belles choses, comme le Quran, par exemple, ils me faisaient oublier le reste, l'espace de quelques heures, au moins, mais c'était déjà ça, et au final, ça apportait quelque chose de positif, comparer à la drogue qui me détruisait complètement de l'intérieur.

Certes, ça me faisait oublier l'espace de quelque temps, mais quand je n'y touchais plus durant un certain temps, toutes les choses me tapaient dessus d'un coup, donc au final, il n'y avait absolument rien de bénéfique à ça, en plus du fait qu'elle me faisait du mal, au vu des crises cardiaques et des problèmes de santé que j'ai finis par avoir.

Contrairement à la religion, qui elle, finalement, arrivait à m'apaiser. Oui, je ressentais toujours cette sensation assez bizarre quand j'étais proche de tout ça, mais malgré tout, je ressentais aussi tout ce bien qui me restait coller à la peau après ça. C'est vraiment à l'intérieur, je ressentais des choses que je n'avais jamais ressenti, soubhan'Allah.

Le temps passait et je ressentais toujours autant de bien autour de moi, même si, indéniablement, il m'arrivait d'avoir des baisses de moral, où j'avais envie d'être seul, à consommer comme un malade, malheureusement. C'était des choses dont j'arrivais à me passer, un peu plus avec le temps, mais ça avait tendance à me revenir dans la face.

Je poursuivais ma routine calmement. Quelques jours après la petite altercation que j'avais eue avec Ines, concernant les armes que j'avais cachées chez elle, j'avais décidé de m'en débarrasser. J'avais réfléchi à pas mal de choses, surtout celle de retourner voir tous les shiteux du 78, pour leur donner, mais finalement, je n'avais pas voulu ça.

Je les appréciais ces gens, malgré tout, mais ils étaient d'une très grande tentation, pour moi. Quand je les voyais, ils m'incitaient toujours à rester avec eux, à consommer et pas qu'un peu, donc j'étais sûr que si je retournais les voir, j'allais forcément vriller, étant donné que j'avais eu une petite baisse à ce moment-là, donc j'avais amnése.

J'avais laissé de côté cette mauvaise idée de retourner les voir, et je m'étais finalement penché sur Kalvin. Je savais qu'il était encore plus ou moins dans ce milieu, malgré ce qu'il avait essayé de me faire croire, donc j'avais eu l'idée de tout lui remettre, et après, c'était lui, qui allait décider de ce qu'il allait en faire de toutes ces choses-là.

Kalvin ça faisait un bon moment que je ne l'avais pas revu, on s'était énormément éloigné. La dernière fois qu'on s'était vu, on s'était dit qu'on resterait en contact, et même qu'on essayerait d'aller revoir Abdel, pour voir comment il allait, mais finalement, une fois qu'on s'était quitté, on ne s'était pas réellement recontacté.

En fait, les jours qui avaient suivis, on s'était envoyé énormément de messages pour pas grand-chose au final. C'était surtout pour faire zahma, je pense, parce qu'en soit, on avait rien eu de spécial à se dire, puis petit à petit, ça s'était stoppé. C'était un bon gars, un peu bizarre par moment, mais c'est ce milieu qui nous rend comme ça.

Je l'avais donc prévenu que j'allais passer le voir sur Paris, un soir, après le boulot. Je ne lui avais pas dit, c'était pour quoi, comme ça, il n'allait pas me dire non wela heja comme ça. Du coup, un soir, dès que j'avais fini, j'étais aussitôt retourné chez Ines, prendre les sacs, et j'étais directement reparti pour retrouver Kalvin, chez lui.

Dès que j'étais arrivé, il n'avait pas été comme d'habitude, même si, c'est vrai que ça faisait un moment qu'on ne s'était pas vu. Il avait eu l'air stressé, limite, dérangé, il n'osait pas vraiment me répondre, il disait le strict minimum, voire même, par moment, je devais le reprendre plusieurs fois avant qu'il me donne une réponse.

Je m'étais installé avec lui, on avait parlé de plein de choses, mais je le sentais toujours ailleurs, et ça commençait à me rendre dingue. Par la suite, je lui avais expliqué ce que je comptais faire avec les armes, donc il avait accepté de les récupérer, car lui après il allait faire son nécessaire, pour les donner à ceux qu'il côtoyait encore.

J'étais resté un bon moment, mais petit à petit, ça commençait à m'énerver, parce qu'il faisait vraiment aucun effort. Je déteste ce genre de personne, et c'est paradoxal, puisque j'ai tendance à l'être également, mais là, je n'en pouvais plus. C'est très simple, ces gens-là, je les squeeze sans réfléchir, donc je comptais repartir.

Je lui avais fait comprendre que j'allais repartir, parce que nos échanges étaient tout bonnement inutiles. C'est le genre de choses qui me met sur les nerfs, donc je m'étais préparé, je m'étais levé même, prêt à y aller, et puis finalement, à ce moment-là, il s'était comme réveillé, et il m'avait demandé de me rasseoir en face.

- Kalvin : Assieds-toi, j'ai dois te prévenir de quelque chose.
- Moi : Ya shit, je le savais qu'il y avait quelque chose. T'es coincé depuis que je suis arrivé.
- Kalvin : Ouais. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, et il s'en est passé des choses depuis.
- Moi : Par rapport à quoi ?
- Kalvin : Par rapport à des gens qu'on a côtoyés
- Moi : Des gars du milieu ?
- Kalvin : Forcément, les connaissances qu'on a en commun ne viennent que de ce milieu.
- Moi : Ok, bah dit les choses alors. J'attends.
- Kalvin : On a coupé le contact très vif la dernière fois, on ne s'est plus recontacté, et suite à ce qu'il s'était passé, je n'avais pas su comment agir, s'il fallait que je t'appelle pour te prévenir ou s'il fallait que je laisse tout ça se tasser.
- Moi : Par rapport à Hocine, Krim et les autres ?
- Kalvin : Non. Bon, quand on s'est quitté l'autre jour, on était resté un peu en contact ensemble, et je ne sais pas si tu l'avais remarqué ou pas, mais à un moment, ça s'était stoppé, du jour au lendemain, on avait arrêté de se répondre. Quand j'avais décidé d'arrêter de te répondre, c'est parce que j'avais appris des choses qui m'ont brusqué, et je ne me voyais pas continuer à te parler, alors que je savais certaines choses, que je n'ai pas osé te dire.
- Moi : Donc, tu as appris des choses qui me concernent, et vu que tu ne savais pas comment me les dire, tu m'as zappé. C'est ça ?
- Kalvin : Ça te concerne, sans vraiment te concerner, enfin ce n'est pas le sujet, la première chose que j'ai apprise, concerne une personne qu'on a côtoyée durant pas mal d'années.
- Moi : Durant pas mal d'années ? La seule personne qui me vient en tête, c'est Abdel, c'est le seul qu'on connaît depuis les débuts.
- Kalvin : C'est de lui que je parle.
- Moi : Vu comment tu es depuis que je suis arrivé, c'est qu'il a dû lui arriver du sale.
- Kalvin : Je ne sais absolument pas comment tu vas le prendre, mais il est décédé il y a quelques semaines.
- Moi : Je suis brusqué, je ne m'attendais absolument pas à ce que tu m'annonces ça. Je voyais plus, du style, une crise cardiaque ou heja comme ça, mais je n'avais pas envisagé cette chose-là.
- Kalvin : Ok très bien, donc tu es quand même choqué toi aussi ?
- Moi : Pas spécialement choqué, parce qu'on y passera tous, c'est comme ça, mais ça me brusque et ça me peine un peu quand même.
- Kalvin : Je comprends ton ressenti, j'ai été dans le même état en l'apprenant, et c'est suite à ça que j'ai très rapidement coupé le contact avec toi.
- Moi : C'est ça que je n'arrive pas à comprendre par contre, je ne comprends pas la raison qui t'a poussé à le garder pour toi. On a quand même partagé pas mal d'années ensemble, dans ce milieu, malgré les coups bas, donc la moindre des choses, ça aurait été que tu me préviennes.
- Kalvin : J'ai été perturbé par tout ça, et je n'ai pas su comment t'aborder pour te prévenir.
- Moi : Permet-moi de me poser des questions par rapport à ça, mais bon, je vais passer au-dessus de ça. Tu sais quelle en est la cause ?
- Kalvin : D'après ce qu'on m'a dit, c'est par overdose, mais je ne sais pas, je trouve ça louche au vu de tout ce qu'il s'est passé cette dernière année, notamment ces derniers mois.
- Moi : C'est fort possible, mais après, je suis de ton avis. Il y avait tellement de morfales autour de lui, qui attendaient juste qu'une chose, qu'il cane, pour obtenir certaines choses, que ça ne m'étonnerait même pas qu'ils aient profité de lui et qu'ils lui aient fait des choses, bon après, je parle peu, je n'y étais pas donc khlass.
- Kalvin : C'est exactement ce que je pense, mais je n'en sais pas plus. On est venu me prévenir de son décès, on m'a dit que c'était une overdose, et après m'avoir dit ça, ces personnes sont devenus muettes.
- Moi : Il a été mis sous terre où, et qui est-ce qui t'a prévenu de son décès ? Parce que depuis tout à l'heure, tu dis «Ces personnes» Mais ça ne me dit pas, c'est qui.
- Kalvin : Il a été mis à l'intercommunal de Tremblay, normalement, après je ne sais pas si ce qu'ils m'ont dit, c'est vrai.
- Moi : Tu es trop bizarre là, pourquoi tu esquives ce que je te dis depuis tout à l'heure. Qui sont ces gens qui t'ont prévenu de tout ça ?
- Kalvin : Ce sont des gens du milieu, qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ?
- Moi : Je veux des prénoms, ça ne me suffit pas que tu dises ça.
- Kalvin : J'étais censé ne pas te dire ça.
- Moi : Ah, t'es comme ça, vraiment ?
- Kalvin : Non, mais juste, ça t'apporterait quoi de le savoir ?
- Moi : Je trouve ça louche que tu ne veuilles pas me le dire, c'est forcément qu'il y a quelque chose derrière ça, donc je veux des prénoms.
- Kalvin : Tu ne te dis pas, que peut-être, ça engendrera des problèmes si je te le dis.
- Moi : Qu'est-ce qu'il y a ? T'es sur écoute ?
- Kalvin : Non.
- Moi : Bah alors ? Qui sera au courant, si là, maintenant, tu me dis qui sont ces gens ?
- Kalvin : Je ne te le dirais pas, parce que ça me mettrait dans la merde, donc si tu veux savoir, tu as qu'à recontacter les gars.
- Moi : T'es drôle toi ! Recontacter lequel précisément ?
- Kalvin : Voit ça avec Ferhat, moi, j'essaye de rester discret, donc je ne dirai rien.
- Moi : Ce qui ne me plaît pas, c'est que tu fais la petite mouille là. Tu as khaff de quoi ? Sah, en fait, tu ne me dis pas tout. Je suis sûr qu'il y a une écoute, c'est pour ça que tu ne veux rien dire.
- Kalvin : Il y a aucune écoute. Il y a que toi et moi là, c'est juste que je n'ai pas envie que ça engendre des problèmes. La seule chose que je pourrai te dire, c'est de faire attention à toi.
- Moi : Alors il y a bien quelque chose avec ces gens-là, parce qu'en sah, il est où le rapport avec ces gens et moi ? Pourquoi je dois faire attention ?
- Kalvin : Parce que ce milieu est rempli de morfales.
- Moi : T'es bizarre toi. Si je dois faire attention, toi aussi, tu te dois de faire attention à toi, étant donné qu'on est dans la même position, voire, toi, tu es dans une position bien plus délicate que la mienne, étant donné que tu es un gars qui se laisse énormément faire, tu es une proie facile, donc je ne vois vraiment pas où tu veux en venir.

Ça m'avait fait monter en pression, parce qu'il avait vraiment été bizarre. Il m'avait fait comprendre que ça ne me concernait pas, donc en l'occurrence, ça ne servait à rien que je fasse du forcing parce que ce n'était pas ça qui allait le pousser à me dire qui c'était. Je n'avais vraiment pas apprécié la façon dont il s'était comporté avec moi.

Forcément, ça m'avait donné envie de savoir. Ces personnes, qui l'avaient prévenu du décès de Abdel, ça devait être des gens avec qui j'avais eu des bourbiers, c'était indéniable, vu la façon dont il s'était braqué. Petit à petit, il avait commencé à me sortir des choses, mais ça n'était toujours pas ce que j'avais eu envie d'entendre.

La chose qui m'avait vraiment paru bizarre, c'est le fait, qu'il m'avait dit, de faire attention à moi. Je n'avais absolument pas compris sur le moment, quel était le lien entre ces personnes et moi. Je n'avais vraiment eu aucune idée de qui ça avait pu être. Franchement, sur le moment, son comportement, il m'avait déçu.

Je suis allergique aux gens qui commencent à parler, peu importe de quoi, mais qui ne finissent pas ce qu'ils ont commencé. Ah sahbi, j'attends la suite, mais surtout la fin. Il m'avait complètement retourné le crâne à ce moment-là, j'avais commencé à penser à plein de choses, mais surtout à plein de personnes de ce milieu-là.

Le gars, il avait eu l'air d'en savoir plus que moi, alors qu'en soit, depuis toutes ces années, c'était moi qui avais été le plus proche d'Abdel, contrairement à lui. Il m'avait mis sous pression, et plus il m'avait tenu tête, à ne pas vouloir me dire le fond de tout ça, plus je m'étais mis en tête que c'était quelque chose me concernant.

J'avais commencé à me poser pas mal de question par rapport à toutes ces choses, parce que ça faisait un moment que j'essayais de me retirer de tout ça, et que j'avais coupé les liens avec la plupart des gens de ce milieu, même si j'échangeais encore des messages, avec quelques-uns. Il avait vraiment joué le tarba avec moi ce jour-là.

C'était un bon gars Kalvin, incompréhensible par moment, mais on l'est tous finalement, et là, je n'avais pas compris ce qu'il lui avait pris. Il m'avait laissé dans le trouble total, surtout que ça confirmait toujours plus, le fait, que j'avais un lien avec ces gens. J'avais continué à faire du forcing pour savoir, je ne lâche jamais l'affaire ya shit..

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