● 098
Durant l'entretien, il avait été neutre dans sa façon d'être, donc je n'avais pas pu me faire une idée sur ce que ça allait pouvoir donner par la suite, comme Nouredy, avait pu me dire à plusieurs reprises, ce n'était pas parce qu'ils se connaissaient tous les deux, que ça voulait forcément dire que j'allais être pris, loin de là.
Après, je l'avais tout de même bien senti, au vu de ce que Nouredy, avait pu me dire quelques heures avant d'aller à l'entretien. Ça peut paraître bête, mais étant donné qu'il avait accepté une deuxième fois de me prendre en entretien, alors que je l'avais amnése une première fois, ça m'avait conforté dans l'idée que je m'étais faite.
Eux, ils choisissent les gens, en se basant sur leur personnalité, leur caractère, et un peu, leur savoir aussi, mais autrement, ils ne s'intéressent pas vraiment au reste, donc Nouredy, avait su mettre en avant comme il fallait mes qualités, mais également mes défauts. Ça avait été l'un des avantages que j'avais pu avoir par rapport aux autres.
Nouredy, était devenu dingue de cette obtention d'emploi. Il s'était donné à deux mille pourcent afin que j'obtienne cette place, contrairement à moi, qui n'en avait eu rien à faire. En sah, depuis la première fois où il avait parlé de moi au patron, il n'avait pas lâché l'affaire, mais il ne m'en avait jamais parlé de ça.
Quand ils se voyaient en dehors du lieu de travail, Nouredy, ne parlait que de moi. Il ne perdait jamais une occasion de me glisser dans les discussions qu'il entamait avec lui. J'ai eu cette chance de le connaître, par le biais de Kamilia, et je ne regrette absolument pas, même si auparavant, j'avais pu dire le contraire par énervement.
Ce qui m'avait laissé penser que ça allait sûrement être favorable, c'est le fait, que le patron, il savait à quoi s'attendre avec moi, par rapport au fait que je suis un gars très je-m'en-foutiste, et surtout que durant ces années, je n'avais rien fait à part être en baraude continuelle, et que même en sachant ça, il avait voulu creuser un peu plus.
En attendant, il ne s'était pas encore prononcé sur ça, même si au fond de moi, j'avais eu une petite idée, donc c'est pour cette raison que j'avais décidé d'en parler à Ines. Sûrement que j'allais me prendre un fackin mur, en m'avançant sur mes propos, mais j'avais tout de même préféré la mettre au courant des choses, si jamais.
Même si je venais à me prendre un mur par rapport à ça, je savais que ça n'allait pas me faire mal, parce qu'en soit, peu importe qu'elle allait être la réponse, j'allais être satisfait dans les deux cas. C'était une préparation ça, tout de même. Il avait fallu que je me mette à réfléchir très sérieusement à, où j'allais pouvoir confier Zaher.
Ce n'était plus possible de le laisser à Lylia, parce qu'elle était arrivée à une période où les choses qu'elle faisait lui paraissaient un peu plus difficile qu'auparavant, donc je ne voulais plus lui laisser, parce que je ne voulais pas qu'il arrive quelque chose à mon fils. J'allais m'en vouloir, mais à mort s'il se passait heja, vraiment.
C'était bien pour quelques heures, quand elle devait me dépanner sur la minute, mais du coup, il fallait que je réfléchisse à autre chose, c'est pour cette raison que j'avais voulu en parler à Ines, de tout ça, comme ça, on allait pouvoir y réfléchir ensemble. C'était devenu quelque chose d'impératif, et j'allais faire mon nécessaire pour.
J'étais parti récupérer Zaher, chez Lylia, et j'étais rentré me poser avec mon fils. Sincèrement, j'aimais être avec lui, il me faisait énormément de bien, mais à cette période, j'avais ressenti le besoin d'être seul, mais malheureusement, c'était compliqué, parce que j'étais constamment en compagnie de quelqu'un, contre ma volonté.
Et encore, ça va, à cette période, j'avais su être un peu plus réfléchi qu'auparavant, parce qu'il m'était souvent arrivé de délaisser Zaher, des jours où j'étais de charge pour le garder, parce que je voulais être seul, dans l'immédiat. J'avais souvent été sans pitié par rapport à ça, mais alhamdulillah, j'ai su corriger toutes ces choses.
Quand je dis délaisser, je vois plus la chose dans le sens de, quand j'étais de garde, je ne lui portais pas tellement d'attention, je le laissais de côté, mais toujours de façon à pouvoir voir ce qu'il faisait. Je le surveillais, je lui donnais à manger, je le lavais, je le changeais, mais ça s'arrêtait là. Je faisais le strict minimum, voilà, je dirais plus ça, comme ça.
Zaher, à l'époque, il n'a jamais manqué de rien. Que ce soit au niveau matériel ou encore même l'amour qu'on lui portait, même si moi, je suis énormément perdu sur ça. J'ai souvent été sans pitié, mais il n'a jamais été maltraité ou quoi que ce soit. Il a toujours été entouré de personnes qui avaient de l'amour à donner alhamdulillah.
L'avantage que j'avais eu, quand j'étais avec Zaher, c'est que je ne consommais absolument rien, pas même un joint, même si j'allais finir par le faire une fois seul, au moins ça m'évitait d'être tenté, et donc de consommer en une journée, la réserve que je m'étais faite pour un mois. J'avais pris mon mal en patience en restant sobre.
La journée m'avait paru interminable, tellement que c'était la galère. J'avais attendu Ines, sous une nervosité affolante. Dès qu'elle était arrivée, je ne l'avais pas stoppé d'un coup pour lui parler de telle ou telle chose. Je l'avais laissé s'occuper de Zaher, et surtout, j'avais attendu qu'il soit endormi pour pouvoir lui parler.
Il fallait qu'ensemble, on trouve une solution, peu importe si j'allais être accepté pour ce boulot parce qu'au-delà de ça, moi, ça me bloquait des journées entières à la casa avec Zaher, et je ne pouvais donc rien faire. Je ne pouvais pas tout le temps l'emmener avec moi, donc il fallait qu'on trouve une solution à ça.
- Ines : Bon finalement, elle a pu le garder ?
- Moi : Ouais, mais il va falloir que ça change.
- Ines : Je ne vois pas d'autre solution que la crèche.
- Moi : Bwah, ça me prend déjà le crâne. Je n'ai pas envie qu'il soit là-bas.
- Ines : Tu veux qu'il aille où alors ?
- Moi : Je ne sais pas. Ça te fait rien toi, de savoir qu'il va être confié à des gens qu'on ne connaît pas ?
- Ines : Il y a de l'appréhension, mais bon, ce sont des personnes qui ont travaillé pour en arriver là. Ils s'y connaissent, donc calme.
- Moi : Je n'en ai rien à faire. Je ne les connais pas et je ne sais pas quelles sont leurs réelles intentions.
- Ines : Si ça commence comme ça, je ne sais pas quoi faire alors, parce que pour le coup, il n'y a que ça.
- Moi : Si je te parle de ça, c'est parce que ce matin, j'ai eu un entretien. Ça ne veut pas dire que ça va aboutir à quelque chose, j'aurai une réponse dans les jours à venir in shâ Allah, mais même si la réponse est négative, il faut qu'on trouve une solution, mais ça va être compliqué, parce que je n'ai pas envie de le confier à n'importe qui.
- Ines : Ok, je m'en suis un peu douté ce matin. Je suis farhana pour toi, même si ça n'aboutit à rien au final, au moins tu commences à aller de l'avant et à prendre des initiatives.
- Moi : C'est plus Nouredy, qui a tout fait. Je n'y suis pour rien.
- Ines : C'est pareil. Tu es quelqu'un de très compliquer, donc déjà le fait que tu aie accepté, c'est énorme.
- Moi : Ça fait plusieurs mois déjà que ça traîne, mais Nouredy, n'a pas lâché, donc voilà, c'est passer.
- Ines : Pour pouvoir avoir une bonne discussion avec toi, qui puisse aboutir sur quelque chose de bon, il faut vraiment avoir les bons mots, et il y en a très peu qui les ont, donc c'est vraiment bien, si Nouredy, a réussi à te faire changer d'avis.
- Moi : Encore ce matin, avant l'entretien, je n'étais pas trop chaud pour y aller, mais quand ça devient trop, il faut tout faire pour que les choses changent.
- Ines : Ça a pris du temps, mais je vois que tu commences à prendre conscience des choses, et j'aime beaucoup. Tu ne le remarques peut-être pas, mais moi, je le vois. Tu ne t'y prends pas de la meilleure des façons, mais ça me va comme ça.
- Moi : Je ne sais pas quoi en penser, mais la seule chose que tu as à retenir, c'est que c'est pour vous que je fais tout ça, autrement, je ne ferais rien pour changer les choses.
- Ines : Pense à toi aussi. C'est bien que tu veuilles changer les choses, pour les petits, Lylia et moi-même, afin qu'on soit bien tous ensemble, mais change les choses, pour toi aussi. Rien que le fait d'arrêter de toucher à la drogue, fait le pour toi, pour ta santé. Tu vois où je veux en venir ?
- Moi : Non, parce que comme j'ai déjà dit. Ce serait que moi, je n'arrêterai rien, même si je me rends compte que tout ça, ça me rend plus malheureux qu'autre chose. J'essaye de faire des efforts, mais c'est pour vous.
- Ines : Bon, très bien. Je ne forcerai pas sur ça alors. En tout cas, j'espère que tu auras une réponse favorable.
- Moi : Ouais, on verra, mais en attendant le problème reste le même. Où est-ce que Zaher ira ?
- Ines : Dès demain, j'irai voir deux trois choses, mais renseigne toi de ton côté aussi. Au pire, ce sera la crèche.
Il y a tellement des gens malintentionnés, que je n'acceptais pas le fait de devoir le laisser à quelqu'un, même si c'est une crèche, que c'est surveiller et que les personnes qui y travaillent sont former pour ça, c'est tout de même haar. Des assistantes violentes, c'est très connu, donc ça me freinait. Il n'avait que deux ans.
Moi, pour le coup, je ne connaissais absolument personne à qui j'aurai pu le confier. Mes khey, des meufs, des shiteux, ce n'était absolument pas dans mes connaissances que j'aurai pu trouver quelqu'un. C'était assez compliqué, c'est pour cette raison que j'avais espéré, que Ines, elle trouve quelqu'un de très proche d'elle.
Suite à ça, c'était rester au même point, mais je ne mettais pas non plus retourner les pensées avec ça, loin de là. Je m'étais posé avec elle, et dès que Nouredy m'avait envoyé un message, j'étais aussitôt parti les rejoindre, chez le frère. Je m'étais installé avec eux, puis par la suite, j'étais parti me poser à l'écart, avec Nouredy.
- Nouredy : Alors qu'est-ce que ça dit ?
- Moi : C'est à toi de me le dire.
- Nouredy : C'est-à-dire ?
- Moi : Allez, avoue qu'il t'a parlé.
- Nouredy : Sah ? Même pas. Peut-être qu'il ne m'en parlera pas. Moi, j'ai fait mon maximum pour toi, et je ne le regrette pas, même si j'ai pu dire le contraire tout à l'heure, ça avait dépassé mes pensées, et très sincèrement, je regrette ce que j'ai pu dire. En attendant, j'espère que ça le fera de plus en plus, plus le temps passera, in shâ Allah.
- Moi : Je ne sais pas ce que ça donnera par la suite, comme tu as dit, à présent, ça ne te concerne plus et la décision revient à lui, mais peu importe ce que ça donnera, je te remercie. J'avance d'un air je-m'en-foutiste, tout ce qui est du ressenti et tout le blabla, je le montre très peu voire pas, mais je me dois de te remercier, parce que tu te bouges pour moi, alors que rien ne t'y oblige, et ça c'est beau.
- Nouredy : Je le fais parce que j'ai envie de le faire, tout ce que je fais, c'est avec le gelb. Si au fond de moi, je ne ressens pas l'envie de faire telle ou telle chose, je ne me gênerai pas pour le dire, donc crois-moi, tout ce que je fais, c'est voulu et c'est fait avec de bons sentiments.
- Moi : C'est beau. Ne change rien, ne change surtout pas mon frère, tu es terrible.
- Nouredy : Tu l'es aussi, tu ne t'en rends pas compte, mais tu l'es également. On n'a pas le même parcours, on n'a pas eu la même vie, mais à des moments, je me retrouve en toi. Tu es quelqu'un de généreux et de très respectueux, peu importe ce que les gens pourront penser. Il faut vraiment bien te connaître pour le comprendre ça. Tu as tes qualités et tes défauts, peut-être plus de défauts que de qualités, mais tes belles qualités l'emporte sur tous tes défauts. On ne peut pas être parfait, mais on peut changer des choses dans notre vie, afin de devenir meilleur.
- Moi : Je ne sais pas quoi dire, mais je te remercie pour ces belles paroles, qui sortent de loin.
- Nouredy : Tu es un gars, qui m'a touché en plein gelb, par ton parcours, par ce que tu as vécu et ce que tu continues de vivre. Je ne sais pas tout de toi, et par moment, quand j'y pense, je me dis que c'est peut-être mieux comme ça, parce que je ne sais pas comment je réagirai aux choses dont tu n'as pas voulu me parler la première fois. Si tu ne veux pas en parler, pas même à tes frères de longue date, c'est que ça doit être de sales choses, donc il m'arrive d'y penser et de me dire que c'est tant mieux que je ne le sache pas, mais malgré toutes ces choses et malgré ce que tu as pu faire, tu es une personne très touchante.
- Moi : Tu sais, j'ai pris des mauvais chemins, j'ai fait des sales choses qui m'ont fait devenir ce que je suis aujourd'hui, j'ai touché à des choses dont je n'aurai jamais dû, ce qui a engendré des choses dont je ne m'attendais pas. Je l'ai cherché tout ça, que ce soit tous ces bourbiers dans lesquels j'ai été, et beaucoup d'autres choses dont je n'ai jamais parlé, ou encore ces enfants que je n'aurai jamais cru avoir un jour, parce que je m'étais toujours dit que ça n'était pas pour moi ça, ou même ma santé qui a fini par me faire passer un message, ou alors, le pire, la perte de mon frère, dans des circonstances dégueulasses, ou de mon fils, et de tous ceux qui ont partagés un petit bout de ma vie. J'en ai vécu des choses, mais je m'estime heureux malgré tout, d'avoir cette vie, parce que je ne suis pas à plaindre non plus. Je pense à tous ceux qui vivent l'injustice au quotidien, je pense à la famille d'Iraq et aux pays voisins qui vivent la guerre, et je me dis alhamdulillah. Certes, j'ai vécu et je vis des choses qui sont dures, mais il y en a, ils vivent des choses bien plus difficiles et surtout plus horribles que ça.
- Nouredy : C'est très humble ce que tu viens de dire. Après, certes, il y en a qui vivent la guerre, l'injustice quotidienne et tout plein d'autres choses, un peu partout dans les quatre coins du globe, mais ce n'est pas pour autant qu'on n'a pas le droit d'être triste, touché, affaibli ou éprouvé par les épreuves qu'Allah, nous met sur notre chemin. Même une personne lambda, qui a une vie posée, avec sa petite routine quotidienne, métro-boulot-dodo, elle a le droit d'être affaibli par les épreuves. Se plaindre à outrance, comme si c'était la guerre qu'on vivait, je suis d'accord avec toi, c'est ridicule, mais être touché par des choses, c'est humain. Perdre un frère de même sang, dans des circonstances horribles, ça reste un cauchemar quotidien, et même si tu as une petite vie posée dans ton 19ème, comparé à d'autres, tu as le droit d'être éprouvé et triste. Chaque personne est touchée par quelque chose à un moment, il y en a, c'est par rapport à des choses plus dures, mais en soit, tout le monde l'est et tout le monde a le droit de l'être.
- Moi : Oui, je le sais bien. Je suis triste et touché par toutes ces choses, ça m'affaiblit énormément, et ça me ramène des pensées vraiment trop noires, mais à côté de ça, je pense au fait qu'il y en a qui sont beaucoup plus à plaindre. C'est le mieux qu'il y ait à faire, je pense.
Quand je lui avais parlé de ça, je ne disais pas ça dans le sens «Nous n'avons pas le droit d'être éprouvés par les épreuves» loin de là. J'ai été éprouvé, et je le suis encore à ce jour, par rapport à pas mal de choses, et comme j'ai déjà dit, des choses dont je n'ai jamais parlé aussi. On l'est tous à un moment, mais il faut s'estimer heureux.
Une personne dans son petit studio du 6ème de Paris, qui a perdu son frère, sa femme et qui a eu un grave accident, qui lui a coûté une jambe et la vue, sera toujours moins à plaindre, qu'un petit Iraqi, orphelin, qui a connu la guerre dès son plus jeune âge. C'est comme ça, c'est normal et c'est de ça que je lui avais parlé ce jour-là.
On s'était étalé sur le sujet durant un bon moment, et c'est ça que j'aime avec lui, le fait qu'on se perd toujours dans des sujets de discussions très forts, sans vraiment le vouloir. Qu'on partage nos nombreux points de vues, même s'il nous arrive de ne pas être d'accord sur certaines choses, c'est ça qui est full bien au final.
Whatever, finalement, on était revenu à notre sujet initial. Il avait voulu savoir comment s'était passé l'entretien, mais surtout, comment j'avais ressenti la chose. Il m'avait senti très confiant, mais il m'avait dit de calma chwiya, parce que soit disant, ce qu'il avait dit à Nouredy, n'allait sûrement pas refléter son choix final..
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