● 093

Le lendemain, j'avais passé toute la matinée posé tranquillement à la casa et dans l'après-midi, j'étais parti chercher Zyam, à la cité. J'essayais toujours d'éviter le quartier, donc c'était lui qui m'avait rejoint juste à côté. Ça faisait un bon moment qu'on ne s'était pas revu donc on s'était posé dans la gova pour discuter ensemble d'un peu de tout.

C'est trop un malade ce mec. J'avais énormément de rancœur envers lui, et dès qu'il était monté dans ma gova, j'avais eu du mal à me lâcher avec lui, comme on pouvait être l'un envers l'autre avant cette embrouille, mais ses réactions, elles me faisaient tellement dahak, qu'au final, la rancœur, elle avait fini par se masquer légèrement.

Zyam, c'est vraiment mon opposé. Il n'a aucune honte ni aucune gêne à exprimer ses sentiments, il peut lâcher des bombes à tous moment. Il est sans cesse en train de rappeler aux gens qu'il aime, combien ils sont importants pour lui et tout ce qu'il pourrait faire pour eux par amour. C'est tout le contraire de moi, finalement.

Dès qu'il s'était installé, on s'était tout de même passer le salam, puis j'avais arrêté de le calculer durant un bon moment. J'avais repris la route afin de me garer dans un endroit un peu plus calme, puis une fois garé, il y avait eu un blanc durant quelques minutes, où chacun de nous avait été sur son portable sans se calculer.

Le plus gêné entre lui et moi, ça avait été lui, indéniablement. Moi, je n'avais pas été gêné de la situation, elle m'avait même fait dahak. Il était tout gêné, ça se ressentait énormément, il ne savait pas tellement quoi faire, s'il devait engager la discussion ou au contraire, ne rien dire et me laisser faire. C'était assez dahka à le voir.

- Moi : Détend-toi frérot, tu as l'air stressé.
- Zyam : Tu me mets en pression, ye zeh. Tu ne dis rien depuis tout à l'heure, c'est stressant.
- Moi : Tu me fais dahak.
- Zyam : T'es toujours en haine contre moi ?
- Moi : Je n'oublie rien. J'ai encore de la rancœur envers toi, mais quand je te vois comme ça, wAllah, tu me fais de la peine frérot.
- Zyam : Tu te fous de moi là ?
- Moi : Non, je t'assure. Ça se voit que tu n'es pas bien.
- Zyam : Je pense que je n'ai rien à rajouter, ça se voit dans ma façon d'être. Je ne suis vraiment pas bien, depuis ce qu'il s'est passé, je me retourne le crâne.
- Moi : Il ne faut pas, ça ne sert à rien. Tu me connais quand même depuis ? J'ai juste besoin d'être seul, de prendre du recul sur la chose et de peser le pour et le contre dans ces moments-là. Ce serait quelqu'un d'autre, je n'en aurai rien à faire, je ne m'attache à personne, mais toi, c'est différent.
- Zyam : Ça me fait plaisir de l'entendre. Je commençais à me poser des questions sur tes ressentis, parce que moi, je t'ai toujours dit ce que ressentais de notre relation de frère à frère que l'on a depuis des années, mais toi tu ne l'as jamais fait, donc je commençais à douter.
- Moi : Je n'ai pas besoin de trop parler. On a eu des embrouilles qui nous ont légèrement éloignés, mais évidemment que je serai toujours là pour toi, et à n'importe quel moment. Je pense que ça, ça reste une preuve.
- Zyam : Une preuve de quoi ?
- Moi : Arrête frère. Je ne te dirais pas ce que tu veux entendre, au fond de toi, tu le sais très bien, donc je n'ai pas besoin de le dire.
- Zyam : C'est fou que tu n'arrives pas à poser des mots sur tes sentiments. On arrivera jamais à te faire cracher ne serait-ce qu'un mot sale enflure.
- Moi : Rien du tout. Bon sinon, ça avance de ton côté depuis ?
- Zyam : Oui, mais j'avoue que j'ai ralenti la cadence sur les dernières choses qui reste à faire.
- Moi : Pourquoi, tu ne te sens pas prêt finalement ?
- Zyam : Non. Je suis toujours aussi prêt et conscient de ce que je m'apprête à faire, mais j'ai ralenti parce qu'on était en embrouille, et je ne me vois pas me marier sans que tu sois là.
- Moi : Mais non, frère, tu n'aurais pas dû ralentir. Tu crois vraiment que je raterai ça ?
- Zyam : Je ne sais pas. Tu as des réactions qui sont par moment, incompréhensibles, j'ai parfois du mal à te suivre tellement que t'es un mystère comme gars, donc j'avais pensé que tu m'avais zappé, mais là, je vais speedé et in shâ Allah ça arrivera prochainement.
- Moi : Je suis autant incompréhensible que ça comme gars ? Je ne sais pas vraiment comment le prendre, vous êtes plusieurs à me le dire.
- Zyam : On ne sait jamais comment se comporter avec toi, d'une minute à l'autre ça peut changer. Tu as des réactions qui sont très incompréhensibles par moment, c'est maladroit, mais ça se voit que tu ne le fais pas exprès. C'est ta façon d'être et c'est cet Emir, qu'on kiffe, mais il faut toujours qu'on se prépare à ce que tu vas faire ou dire.
- Moi : Ah quel dommage ! Prenez-moi comme je suis alors, parce que je ne changerai pas. Déjà, ce n'est pas voulu d'être comme ça.
- Zyam : Guette comment tu montes en pression quand on pointe des traits de ta personnalité.
- Moi : Non, je suis très bien là. Hassoul, je vais repartir là dans quelques jours.
- Zyam : Tu vas au pays ?
- Moi : En Algérie et après je verrai pour le reste in shâ Allah.
- Zyam : Tu pars avec un khey ?
- Moi : Non, j'y vais avec le petit. J'ai préféré partir parce que je vais claquer sinon.
- Zyam : Tu as raison. En même temps, tu as vécu pas mal de choses ces derniers mois, notamment le décès de ton fils, donc c'est normal que tu sois en pression comme ça et que tu as envie de vriller.
- Moi : Ouais c'est clair, j'en ai plein le crâne, là. Je vais faire redescendre la pression et puis de toute façon à mon retour, on se reverra in shâ Allah et on parlera plus posément de tout ça. On n'a pas encore eu l'occasion de se poser et de parler de nos projets respectifs.
- Zyam : C'est vrai qu'on s'est énormément perdu de vue depuis, on en parlait il y a pas longtemps avec Houssam. Depuis que tu as su que tu allais être père, mais que nous, on ne le savait pas encore, tu faisais énormément d'aller et retour pour voir Ines, c'est depuis ce moment-là qu'on s'est lâché chwiya.
- Moi : Quand j'étais encore chez la mama, on pouvait se voir tous les jours, j'avais juste à descendre, là c'est différent, mais in shâ Allah à mon retour, on va se revoir avec Houssam, et on parlera tous ensemble.
- Zyam : Ça nous ferait plaisir. On a envie de savoir ce que tu deviens, si tu es toujours au même stade ou si tu as décidé de te prendre en main.
- Moi : On aura l'occasion de parler de tout ça in shâ Allah.
- Zyam : Au fait, je voulais savoir, tu le vis bien quand même le fait qu'on a tout fait cesser au squatte ?
- Moi : Ça ne m'avait pas gêné plus que ça en fait, parce que vers la fin, j'y étais plus vraiment. J'avais trouvé un autre endroit avec d'autres gars et j'avais délaissé le squatte depuis un petit moment pour mieux me concentrer sur le reste, donc ça ne m'a rien fait.
- Zyam : Tu es un mahboul toi. Si je comprends bien, tu as trouvé un autre moyen de t'enfoncer toujours plus dans cette khra ?
- Moi : Je parle peu, je vous expliquerai tout quand je reviendrai in shâ Allah.
- Zyam : Ok très bien. Je ne te brusque pas alors.
- Moi : J'aimerai parler d'autre chose aussi. Ça fait un moment que j'y pense, mais j'ai toujours reporté la chose. J'aimerai bien faire le nécessaire pour aller voir Hûsin.
- Zyam : J'y pensais il y a pas longtemps en plus. J'ai envie d'y retourner donc je m'étais dit que ça serait bien qu'on voit pour y aller.
- Moi : Oui, mais moi, je n'ai pas encore eu de permis de visite, c'est pour ça que j'aimerais bien le faire avant de partir en Algérie.
- Zyam : Ah oui, bah ça va les démarches, elles sont rapides à faire. On peut même faire ça lyoum.
- Moi : C'est sûr que l'on va faire ça lyoum, dès demain, je serai occupé.
- Zyam : On va faire ça, mais tu vas avoir besoin de certains papiers comme par exemple, photocopie du livret de famille, donc au pire, je te conseille de rassembler tous les papiers dont tu vas avoir besoin et après tu l'enverras. Même si tu l'envoies demain mahlich, au moins ce sera envoyé avant que tu partes.
- Moi : Ah ouais la galère. J'aurai dû t'appeler hier, j'étais de passage à la casa. Zeh, je vais devoir y retourner du coup.
- Zyam : Ah oui, c'est vrai. C'est tendu entre vous, j'avais oublié. Tu n'as pas le choix, tu vas avoir besoin de tout ça.

Dès qu'il m'avait dit ça, la pression, elle était aussitôt remontée. J'avais regretté de ne pas l'avoir appelé au sbah, ça m'aurait évité d'y retourner, mais je n'avais pas eu le choix. Finalement, j'étais retourné à la cité avec Zyam et j'étais directement remonté à mon bloc. J'allais tout récupérer ce jour-là, ça allait être mieux.

Je ne m'étais pas pris la tête. J'étais monté au bloc, j'avais toqué, je n'avais même pas fait attention à qui avait ouvert la porte, j'avais tracé jusqu'au placard et j'avais sorti ce dont j'avais besoin. J'avais fait des scans des papiers et j'en avais profité pour aller sur le net afin de photocopier les formulaires que j'avais eu besoin.

Dès que tout avait été fait, j'avais tout rangé. Je n'avais pas pu éviter les regards insistants de Nina et la mama. J'étais dans le salon et elles étaient posées juste à côté, la situation avait été assez bizarre. Elles ne faisaient que de me regarder, enfin, du moins, je sentais leurs regards sur moi, et moi, je résistais pour ne pas lever les yeux.

Nina, elle était beaucoup moins gênée par rapport à la mama, parce que notre relation était bien plus différente. Avec la mama, notre relation, et bien, il y en avait plus, tout ce que j'avais pu faire et les réactions qu'elle avait eues envers moi avait cassé nos liens, donc il n'y avait plus rien, contrairement à Nina, où il restait un certain dialogue.

Du coup Nina, elle n'hésitait jamais, lorsqu'elle avait l'occasion de pouvoir me parler, de le faire. Que ce soit en appel, par message ou même lorsqu'elle m'apercevait de loin. Elle cherchait toujours un moyen de se rapprocher de moi et de me parler. Elle avait raison après tout, elle ne lâchait jamais, jusqu'à avoir un signe de ma part.

- Nina : Mon gelb, il va claquer. Tu ne peux même pas imaginer ce que je ressens, rien que je te vois là.
- Moi : Ah ouais ? Ce serait un peu con par contre.
- Nina : C'est moi, je me sens conne de réagir comme ça alors que tu en as strictement rien à faire.
- Moi : Bah pourquoi t'es comme ça aussi ? Ressaisis-toi.
- Nina : Parce que ça me fait plaisir. Ça fait un moment déjà que je demande à te voir, tu me manques énormément et la seule chose que je voulais, c'était de te revoir, de te prendre dans mes bras et de te parler.
- Moi : Je ne sais vraiment pas quoi dire Nina. J'ai vraiment un gros blocage et c'est assez compliqué pour moi.
- Nina : Un blocage par rapport à quoi ? Sur ce qu'il s'était passé avec yemma et ba par rapport à tes enfants ou sur ce qu'il s'était passé avec Massinissa et les autres ?
- Moi : Il y a un peu de tout, en fait. Déjà pour commencer, toutes les crasses que l'on s'était fait à l'ancienne par rapport aux gars, le fait que tu ne m'écoutais pas, que tu allais à l'encontre de ce que je te disais alors que je cherchais simplement à te protéger, c'est toutes ces petites choses-là qui ont fait que j'ai été déçu de toi et c'est pour cette raison que je me suis éloigné de toi, et après en effet les derniers événements par rapport au fait que je sois père, ça a forcé le tout.
- Nina : C'est pour ça que j'aimerais qu'on se revoie rien que nous deux pour qu'on puisse en parler. On n'a jamais eu l'occasion de s'exprimer par rapport à tout ça, quand on cherchait à s'expliquer ça partait toujours en conflit. Malheureusement, tu refuses à chaque fois maintenant.
- Moi : J'ai un énorme blocage, j'essaye de prendre sur moi, mais ça reste très compliqué. Quand je suis déçu de quelqu'un, je le reste, ça peut changer à un moment selon la situation ou la personne, mais généralement, la rancœur, elle reste.
- Nina : Selon la personne ? Je suis ta petite sœur, ça ne pourrait pas être le déclencheur ça du coup ? On a chacun nos torts par rapport à toutes ces choses donc je pense qu'on devrait chacun y mettre du sien et mettre les choses au clair une bonne fois pour toute, parce que cette situation, elle m'affecte énormément, tu n'es plus là pour le voir, mais ça a changé énormément de choses dans mon quotidien et ça devient très difficile.
- Moi : Je ne sais pas. Je n'y ai jamais vraiment réfléchi, j'ai simplement éloigné le problème afin de ne plus être importuné par tout ça, mais je t'avoue que je n'y ai jamais vraiment réfléchi plus que ça.
- Nina : Et là maintenant, si je te dis viens, on va parler ensemble de tout ça pour qu'on puisse repartir sur de bonnes bases. Tu me répondrais quoi ?
- Moi : Que j'ai besoin de temps pour y réfléchir.
- Nina : Mais moi ce n'est pas ce que je veux entendre. Avec toi, le temps, on dirait qu'il ne passe pas. Ton temps de réflexion peut durer plusieurs années, et tu peux me laisser comme ça, sans pression, pendant longtemps.
- Moi : J'ai vécu beaucoup trop de choses qui m'ont déçu et c'était souvent dû à des prises de décision trop hâtives, donc là, je ne veux pas qu'on me presse et que j'en vienne, à prendre des décisions sans vraiment y avoir réfléchi et que je finisse par en être déçu.
- Nina : Et ça serait quoi la chose dont tu serais déçu ? Le fait qu'on puisse avoir une discussion par rapport à tout ça, qu'on en vienne à se reparler et qu'on en devienne même proche, puis que tu finisses par regretter ça ?
- Moi : Oui. Ce n'est pas parce que tu es ma sœur que je ne pourrai pas regretter. J'ai déjà dit à plusieurs reprises que depuis que je m'étais éloigné de vous, je me sentais mieux.
- Nina : Mais tu as réfléchi au fait que moi, ça ne me fait pas de bien du tout, surtout quand je pense que c'est toi qui a décidé de ça.
- Moi : Comment ça ? J'ai rien décidé moi.
- Nina : Si, tu t'es éloigné de moi. Je ne parlerai pas du cas de yemma et ba, parce que c'est différent avec eux, mais je parle pour moi là. Tu as décidé de t'éloigner de moi sans essayer de savoir comment j'allais le prendre.
- Moi : La discussion commence à partir beaucoup trop loin à mon goût...
- Nina : Tu vois, je te l'avais déjà dit, tu fuis à chaque fois. Dès que ça commence à rentrer dans le sérieux, tu fuis.
- Moi : Tu me laisses finir ou pas ? Bon, je disais, la discussion commence à partir trop loin et vu la tournure que ça prend, ça va durer longtemps, ça se sent, et là, j'ai des choses à faire, donc je vais faire en sorte qu'on se revoie d'ici quelques semaines afin qu'on puisse parler.
- Nina : C'est tout ce que j'attends. J'ai besoin de te dire ce que je ressens et j'ai besoin de savoir ce que tu en penses aussi.
- Moi : On fait comme ça alors, mais ça ne sert à rien de me relancer si dans trois mois, on n'a toujours pas eu cette discussion que tu attends. Ça va ?
- Nina : Tu as dit quelques semaines non ? Dans ce cas-là, dis-moi quelques mois voire même quelques années le temps qu'on y est. Tu vois avec toi, il y a tout qui est incertain, c'est ça qui est dommage.
- Moi : Tu as l'air d'être froissée par le délai que je t'ai donné non ? Dans ce cas compte d'ici les trois prochaines années, ça m'évitera d'être relancé dans une semaine.
- Nina : Ça ne me fait même plus dahak. J'ai l'impression que tu me prends pour une conne et ça ne me plaît vraiment pas.
- Moi : Nina, sah, tu crois vraiment que j'ai le temps pour ça ? Je ne te dis pas que cette discussion, on ne l'aura jamais, après Allahu 3alem, mais juste laisse-moi le temps. J'ai plein de choses qui commencent à se mettre en place tout doucement et ça va me prendre pas mal de mon temps d'ici les prochaines semaines, donc oui, cette discussion que tu veux, elle peut attendre.
- Nina : Dans ce cas, il ne fallait pas me faire espérer, en me disant que d'ici quelques semaines, on allait se revoir pour parler.
- Moi : Oh Nina, je peux te rappeler dans deux semaines, comme dans trois mois ou six pour qu'on se revoie et qu'on discute de tout ça, donc barka. On dirait que je viens de t'annoncer qu'on ne se reverra jamais, oh khlass.

Je suis brusque, je suis blessant, je n'ai pas de tact, et j'en passe.. Même quand je dis quelque chose à caractère hnin, ça sort toujours d'une façon brusque et blessante de ma bouche, et pas mal de monde me le disent, même encore à ce jour, mais j'avouerai que je ne m'en rends absolument pas compte. Pour moi, ça me paraît juste..

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