● 092

J'étais partie toujours plus loin dans mes pensées, et surtout dans ce genre de moment, c'est vraiment aux absents que je pense, au-delà des flashs que j'ai par rapport à des choses auxquelles j'avais été mêlé à l'époque, etc. Mes pensées s'étaient arrêtées à Hûsin, mon frérot de toujours avec qui j'avais été en conflit avant son incarcération.

Je m'en voulais toujours autant par rapport à tout ça et son absence se faisait très dure. Depuis son enfermement, je m'étais toujours dit «Il faut que je fasse une demande» Mais je reportais toujours la chose, et puis surtout avec tout ce qui m'arrivait, ça m'avait retardé sur le fait de faire toutes les démarches afin de pouvoir le voir.

Mes pensées étaient toujours plus poussées vers lui, et c'est ce qui m'avait amené à me dire «Cette fois-ci, ce sera la bonne» Rien n'allait pouvoir me retarder, cette fois-ci, j'allais faire le nécessaire pour le voir. Tous les proches avaient pu le voir au moins une fois. Que ce soit Zyam, Houssam ou même d'autres khey dont je n'ai jamais parlé.

J'étais bien le seul qui n'y était jamais allé, bien que je le voulais. Il est vrai, que depuis, j'avais eu pas mal de galères, mais ce n'était absolument pas excusable. J'aurai pu trouver un peu de temps pour essayer, au moins, d'obtenir un permis de visite. Ça, c'est long à avoir et pourtant, je n'avais jamais fait les démarches pour l'obtenir.

Ça m'avait énormément peiné et d'autant plus quand je me tuais les pensées à penser à lui. J'avais de quoi me mettre à sa place, moi qui avait vécu l'enfermement tout comme lui, à la seule différence, qui était la durée, donc je pouvais le comprendre, et pourtant je n'avais absolument rien fait pour pouvoir le voir.

Je partais très bientôt, en Algérie. J'allais donc faire les démarches avant mon départ. Je savais que je n'allais pas avoir de réponse immédiate, ma demande allait être en attente durant un bon moment, et je doutais même sur le fait d'avoir mon permis de visite étant donné que mes problèmes avec la justice étaient encore tout frais.

Ils sont très pointilleux à ce niveau-là. J'allais être interrogé, indéniablement, et ils allaient se renseigner le plus possible à mon sujet, comme tous. J'appréhendais et je craignais le fait que je sois refusé par rapport à ça. Je savais dans quoi je m'embarquais, mais c'était pour mon frérot que je faisais ça et ça n'allait pas m'arrêter.

Dès le lendemain, j'allais me renseigner et faire les démarches pour obtenir ce permis. J'avais vraiment ce besoin de le voir, Hûsin me manquait à un point que je ne peux exprimer. Le vide qu'il avait laissé, je le ressentais énormément et ça me faisait très mal, et même encore à ce jour. Je voulais seulement le voir et entendre sa voix.

J'avais rapidement amené mes pensées à autre chose parce que ça me faisait mal d'y penser. Je me faisais du mal à moi-même en pensant à ce genre de choses, malgré que ce n'était jamais voulu. Je m'étais mis à penser au pays et au fait que le départ était très proche. Il fallait que je me mette à préparer toutes nos affaires.

Chez Ines, j'en avais un petit peu, mais je n'avais jamais eu l'occasion de repasser à la casa chercher le reste de mes affaires parce que je ne voulais pas tomber nez à nez avec la mama et que ça vrille donc j'avais toujours esquivé ça, mais à présent, il fallait que j'y retourne, parce que je commençais à manquer de pas mal de choses.

La chose que je redoutais toujours, c'était de croiser à nouveau la mama. Je montais en pression à chaque fois qu'on se voyait de loin sans le vouloir et qu'on entamait un battle de regard à la scarface, donc dès que je pouvais éviter ce genre de choses, j'évitais, c'est pour cette raison que je n'étais jamais retourné prendre mes affaires.

Là, je n'avais pas eu d'autre choix que d'y aller, peu importe si elle allait être là ou non. J'avais tout de même appelé Nina pour prendre la température. Elle m'avait prévenu que la mama était là, mais je n'avais pas pu changer mes plans. J'allais récupérer tout ce qui m'appartenait parce qu'après il fallait que je prépare tout le reste.

L'appel que j'avais eu avec ma sœur, il m'avait fait dahak chwiya. Je l'avais prévenu que j'allais passer prendre le reste de mes affaires et elle m'avait répondu «Emir, est-ce que tu veux que je rassemble toutes tes affaires ?» Je ne savais pas vraiment quelles étaient ses réelles intentions, mais en tout cas, j'avais aussitôt pensé qu'elle voulait fouiller.

Je n'avais pas besoin de leur aide. J'étais devenu très méfiant avec Nina et la mama. Nina, elle pouvait avoir les plus belles intentions envers moi, je restais toujours aussi méfiant, donc je refusais l'aide qu'elle voulait sans cesse m'apporter. Ce n'était absolument pas contre elle, et ce n'était ni méchant. Je me protégeais seulement.

Si je lui disais où j'avais caché les clés de ma chambre, ça allait être un moyen pour elle, et même pour la mama, de fouiller. Je l'avais vu comme ça, en tout cas, à cette période où ça n'allait pas entre nous tous. Surtout qu'elles m'avaient déjà fait le coup à l'ancienne, et elles prenaient la peine de venir se plaindre juste après.

Juste après l'appel, j'y étais allé. Ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas monté dedans, ça m'avait fait bizarre. Il y avait eu pas mal de souvenirs, aussi bons que mauvais, qui m'étaient revenus en tête. Peu importe, j'avais appelé Nina juste avant afin qu'elle m'ouvre la porte. Je cherchais tous les moyens pour ne pas voir la mama.

Dès qu'elle m'avait ouvert, j'étais parti chercher les clés et j'avais ouvert la chambre. Je n'avais pas perdu de temps parce que je cherchais à partir le plus vite possible. Je prenais les premières choses qui étaient devant moi et je les mettais au fur et à mesure près de l'entrée. Je n'en pouvais plus d'être à l'intérieur.

Quand j'étais en train de tout sortir ce qu'il me restait, Nina, en avait profité. Elle était aussitôt venue vers moi et elle s'était mis à me dire des choses. Au début, je faisais semblant de ne pas entendre parce que ça me mettait très mal et ça me gênait énormément, mais elle forçait tellement à me les répéter que j'avais fini par craquer.

- Nina : Ça me fait plaisir de te voir. Tu ne peux même pas imaginer ce que je peux ressentir actuellement et comment je peux être intérieurement.
- Moi : ...
- Nina : J'ai tout de même prévenu yemma, que tu allais passer chercher le reste de tes affaires. Elle a eu une réaction que je n'ai pas tellement comprise, enfin, je ne sais pas, c'était bizarre.
- Moi : C'est-à-dire ?
- Nina : J'ai eu l'impression de voir un léger sourire sur son visage, elle avait eu l'air farhana, mais très rapidement, elle s'était reprise et elle était partie sans me répondre.
- Moi : Hambouk barka. Tu le sais très bien que ça me fout mal quand on me dit des choses comme ça.
- Nina : C'est toi qui m'a demandé Emir.
- Moi : Non ce n'est pas moi. Tu me cherches depuis que je suis arrivé. Tu me dis des mots qui me foutent mal, juste pour que ça finisse par une discussion entre nous.
- Nina : Bon je ne te dirais plus rien. Je pensais bien faire en te disant tout ça, mais en fait pas du tout. Je te prévenais simplement pour qu'après tu puisses gérer les choses.
- Moi : Je gère seul, je n'ai pas besoin que tu viennes me dire ce genre de choses. Ça me fait plus cogiter qu'autre chose.
- Nina : Ça ne te fait rien de savoir que yemma, elle avait l'air farhana, quand elle a su que tu allais passer ?
- Moi : Non, enfin, je ne sais pas comment le prendre. Je me suis senti très rabaisser par elle à un moment, donc c'est vrai que j'ai du mal maintenant. J'ai besoin de prendre du recul, mais surtout de m'éloigner de vous, parce qu'en étant là actuellement, je me rends compte que ça me fout mal de vous voir.
- Nina : Je pense que tu devrais prendre cette opportunité. Je t'assure Emir, je n'exagère pas quand je te dis ça. Yemma, j'ai vu un sourire sur son visage quand elle a su que tu venais, et dès qu'elle m'a regardé, elle avait eu l'air gênée, et c'est de là qu'elle s'était reprise et qu'elle était partie.
- Moi : Je ne prendrais aucune opportunité. Il y a des réactions qui m'ont blessé et il est clair que je n'engagerai aucune discussion, que ce soit avec elle ou ba. S'ils ont quelque chose à me dire très bien, mais moi, actuellement, je n'ai aucun mot.
- Nina : Il faut que vous preniez chacun sur vous et que vous ayez une discussion ensemble par rapport à tout ça. Que tu dises tes ressentis et qu'ils fassent de même, sinon ça n'avancera pas. Sincèrement, je ne doute pas sur le fait que yemma, elle en a envie.
- Moi : Dit moi sincèrement. Est-ce qu'elle a parlé de moi que ce soit en bien ou en mal, depuis que je suis partie ?
- Nina : Les premières semaines après qu'elle a appris que tu étais père. Elle était choquée et elle en parlait à tout moment, mais depuis elle en parle beaucoup moins, mais elle reste toujours aussi mal et surtout déçue de toi. Elle m'a dit qu'elle ne pourra jamais oublier tout ce que tu as pu faire.
- Moi : Elle est là maintenant ?
- Nina : Oui. Je t'avais prévenu qu'elle était là.
- Moi : Ok.
- Nina : Tu veux aller lui parler ?
- Moi : Absolument pas, surtout avec ce que tu viens de me dire, ça me conforte juste dans mon choix de m'éloigner toujours plus de vous.
- Nina : Je ne pense pas que ce soit la meilleure chose à faire. Je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose, que ce soit aux parents ou à toi et que vous n'ayez pas le temps de vous expliquer par rapport à tout ça.
- Moi : S'il nous arrive quelque chose et que l'un de nous part sans avoir pu mettre les choses au clair, c'est que ça devait se passer comme ça.
- Nina : Tu ne veux pas que je parle avec yemma et ba pour que ça décoince légèrement la situation, qu'ils se rendent compte qu'une discussion entre vous pourrait faire que du bien ?
- Moi : Bon je vais y aller parce que là tu commences à partir dans des délires bizarres. Je t'ai dit que je ne ressens pas l'envie de m'expliquer par rapport à tout ça. C'est le jour où ils l'ont su qu'ils auraient dû me parler, mais ils n'avaient pas voulu, ils avaient préféré me laisser, bah, c'est très bien, qu'ils continuent.

J'avais été très mal de la situation. Je ne sais pas vraiment pourquoi je ressentais toujours ce genre de choses, mais quand je les voyais, j'étais toujours mal et gêné. Je ne voulais qu'une chose, qu'elles sortent de mon champ de vision, et là, c'était le summum. J'étais carrément à la casa, je n'avais pas pu éviter la discussion avec Nina.

Elle ne voyait pas tout ce que je pouvais ressentir au fond de moi, par rapport à tout ce qu'il s'était passé entre nous tous. Intérieurement, j'étais vraiment très mal, mais elle ne s'en rendait pas compte. Elle pensait que je n'en avais rien à faire, étant donné que je ne montrais jamais ce que je ressentais.

Dès qu'elle avait commencé à partir dans des sujets louches et qui me faisaient chauffer le sang, je l'avais aussitôt calmé. J'avais sorti toutes mes affaires, j'avais vidé toute la chambre et je leur avais laissé les clés. Une fois que tout était sorti, j'avais ouvert la porte d'entrée, j'avais tout sortie et j'avais tout descendu dans le hall.

Je m'étais empressé de tout sortir, parce qu'en fait, la mama était dans la pièce juste à côté, d'ailleurs, on s'était vu et ça ne m'avait pas fait de bien du tout. Ça m'avait mis un sacré coup de pression. Ça m'avait rendu vraiment très nerveux tout ça. Je m'étais senti bizarre et son regard, il m'avait comme paralysé tout le corps.

Habituellement, quand elle me regardait, c'était toujours avec un regard très haineux. Elle avait une haine contre moi qui était immense, et rien qu'à son regard, on pouvait le voir, mais là ça avait été différent. Sa façon d'être n'avait pas été comme d'habitude. Je ne saurai vraiment pas expliquer pourquoi, mais ça avait été autre chose.

Une fois que tout avait été sorti, j'avais tout emmené à la gova, ça avait été très long. Une fois tout rangé, j'étais reparti chez Ines. Arrivé au Sévigné, j'avais du tout traversé à plusieurs reprises, comme la dernière fois et j'avais tout monté chez elle. Elle s'était une nouvelle fois demandée pourquoi j'étais revenu avec tout ça.

Parce qu'il n'y avait pas eu que des vêtements, il y avait également eu des grands sacs. Ça m'avait surpris d'ailleurs parce que j'avais complètement oublié que j'avais rangé de la marchandise là-bas. Ça devait être des sacs que je prenais au squatte quand tout le monde partait. La situation m'avait fait sourire malgré tout.

Je m'étais dit «Même quand je cherche à m'en éloigner, et bien il y a tout qui se met en œuvre pour m'en rapprocher» C'était fou, et sincèrement, si je n'avais pas eu cette discussion avec Ines, où je lui promettais que j'allais arrêter par petites doses, et bien, je me serai mis mout avec tout ce que j'avais ramené, sans penser à rien d'autre.

Je suis quelqu'un de parole. Je lui avais dit que j'allais me gérer, et j'allais le faire. Ce n'était pas ces sacs remplis à craquer qui allaient me faire faiblir, tout s'était très bien poser dans ma tête, il ne me restait plus qu'à tout faire. La nuit même, j'allais aller voir mes gars au 78 et j'allais tout leur donner ce que j'avais retrouvé à la casa.

Maintenant que je m'étais expliqué avec Ines, qu'elle me comprenait et me soutenait, ça me donnait vraiment envie de changer sur ce qu'il en était de la drogue, contrairement à Nouredy, avec sa façon de faire, où ça me donnait bien plus l'envie de consommer. C'est pour ça que je le prenais vraiment à la cool le fait de m'en débarrasser.

J'allais prendre tous les sacs, et même ce qu'il restait dans les tiroirs et que je n'avais pas donné la dernière fois. J'allais tout donner, et de là, j'allais me faire une consommation sur un mois, en me servant dans tout ce que je leur avais laissé. Je m'étais donné un mois pour changer, seulement un mois pour tout arrêter.

La première semaine, j'allais me prendre tout le cocktail et sur les trois semaines restantes, j'allais me retirer à chaque fois une sorte. Je suis quelqu'un d'honnête, donc j'allais prévenir Ines que j'allais commencer ça, mais après mon retour d'Algérie, parce que là-bas, j'allais consommer avec les autres, et ça, je le savais très bien.

Je n'allais pas consommer au point de me mettre dans un état second. J'allais commencer à me gérer et à gérer la consommation, même si ça allait être compliquer, parce que j'étais habitué à consommer de très grosses doses, mais il le fallait pour mon bien. Donc là-bas, j'allais consommer, mais des doses simples. 

On pourrait croire que je trouvais toujours des excuses pour continuer, oui, c'est vrai. Je l'avoue très sincèrement. J'essayais toujours de gratter du temps, mais après mon retour d'Algérie, c'était sûr que j'allais commencer. Je m'étais donné un objectif, celui d'arrêter en un mois, et j'allais le faire à mon retour.

Une fois que j'avais tout rangé, j'étais parti m'installer avec Ines et le petit. On avait parlé calmement de tout ce que je comptais faire, elle me soutenait toujours autant dans mes choix et ça faisait du bien de le ressentir. J'avais été honnête avec elle et je l'avais prévenu de ce que j'allais faire cette nuit-là. Je voulais que ça change.

Dans la nuit, je l'avais laissé avec le petit et j'étais parti rejoindre les autres dans le 78, avec toute la marchandise. J'avais été très droit cette nuit-là, j'avais déposé les sacs et j'avais aussitôt prévenu que c'était simplement un aller/retour que je faisais. Il m'avait forcé à plusieurs reprises à rester avec eux, mais je n'avais pas flanché.

Ça avait été très tentant et sincèrement, je me voyais tellement passer la nuit avec eux, à me mettre khabat à fond, mais j'avais fait jouer mon mental ce jour-là et je n'étais pas resté avec eux. J'avais rempli mon sac de ce que j'avais besoin sur un mois, je n'avais pas pris plus qu'il me fallait. Je comptais être réglo sur tout ça.

Une fois que j'avais déposé les sacs et que j'avais récupérée ce dont j'avais besoin, j'étais reparti. J'étais retourné chez Ines et j'avais passé ma nuit à galérer. J'avais pensé à aller voir Nouredy et les autres frères pour passer la nuit avec eux, puis finalement, je n'y étais pas allé. Plus je pensais à eux et moins ça me donnait envie d'y aller. 

Dès que je m'étais posé, j'avais pensé à appeler Zyam. Ça faisait un moment qu'on ne s'était pas revu, depuis la discussion qu'on avait eu dans la gova et je voulais tout de même le voir avant de partir. J'étais en haine sur lui, mais Zyam, c'est mon frérot depuis tout petit et je ne voulais pas partir sans le voir au moins une fois.

On ne sait jamais ce qui peut se passer. Ça aurait pu être la dernière fois que je le voyais, donc malgré ma haine, j'avais décidé de l'appeler pour qu'on puisse se voir sans spécialement parler de ce qui s'était passé entre nous quelques semaines avant. Je voulais simplement profiter de sa présence avant mon départ en Algérie.

On s'était donné rendez-vous le lendemain. J'allais profiter avec lui, mais en même temps, il allait m'accompagner dans mes démarches pour voir Hûsin. Je ne lui en avais pas parlé durant l'appel, mais ça allait se faire le lendemain. Il me restait pas mal de choses à faire durant ces derniers jours, j'étais pressé que ça se finisse.

Malgré ces pensées nocives qui me rendaient assez mal, je m'étais senti bien malgré tout. Je ne dirais pas que j'avais tout pour être heureux à cette période, mais en tout cas, ça commençait à se poser tout doucement. Je sentais petit à petit qu'il y avait des choses qui commençaient à changer et au fond de moi, je m'étais senti prêt à ça..

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