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J'étais vraiment harcelé à cette époque de ma vie. Je le savais pertinemment et je m'y étais préparé depuis le début à ça, au fait qu'il allait y avoir une grosse incompréhension de la part de beaucoup et que j'allais être pas mal harceler à ce sujet, mais à ce point, putain ça je n'aurais jamais pensé par contre. Ils étaient à fond.

Les avis et les réactions des gens étaient différents les uns des autres. Il y en avait qui me félicitaient et qui me disaient de vivre ça à fond peu importe les retombées, d'autres qui me disaient que vu comment je vivais ma vie, ils n'étaient pas plus étonnés que ça et d'autres qui me charriaient et disaient que j'étais inconscient.

Mais la chose qui avait été la plus frappante, ça avait été leur forte incompréhension parce que quand ils venaient me demander des explications auxquelles je ne répondais pas évidemment, ils reprenaient vraiment mot pour mot ce qu'Assef et les autres avaient dit, à savoir que j'étais père de plusieurs enfants.

Donc être parents d'un enfant non désiré c'est très connu, être parents de jumeaux non désirés ça l'est également, mais eux ils avaient entendus «Emir est père de plusieurs enfants» Donc ils s'étaient tous imaginés que j'avais créé une équipe de foot, en plus ils étaient à fond. Ils disaient «Avec Emir de tout de façon il fallait s'en douter»

Des vraies langues de vipères. Au début ça m'avait rendu très nerveux tout ça, surtout la polémique que ça avait créé, la plupart des gens n'avaient plus que mon prénom à la bouche, bien plus que d'habitude et ça m'avait froissé, mais au final je n'en avais plus rien à faire. Leurs interventions me faisaient limite dahak.

Ils pouvaient continuer de m'harceler autant de fois qu'ils le voulaient pour en savoir davantage, je ne répondais même pas à ce qu'ils me disaient. Je n'avais de compte à rendre à personne à ce sujet et encore moins à eux. Tout ça était revenu aux oreilles de Nina évidemment, parce que directement, ils lui en avaient tous parler.

Elle m'avait prévenu que beaucoup demandaient des choses et voulaient savoir, mais je lui avais dit de rester muette et je le savais très bien qu'elle n'allait rien dire. Zyam et Houssam avaient pour leur part tenté de me joindre pour qu'on s'explique, mais je n'en avais eu aucune envie, je ne voulais plus les voir pour le moment.

Durant quelques jours ça avait été comme ça, mais par la suite ça avait commencé à se calmer légèrement, à plus d'une soixantaine de messages par jour à ce sujet, je n'en recevais que très peu par la suite, mais il y en avait toujours qui forçaient un peu. Je les lisais tous sans exception, et j'avais reçu un message surprenant.

Enfin le message m'avait plus ou moins surpris, mais c'était surtout la personne qui me l'avait envoyé qui m'avait surpris on va dire. Hocine et moi on n'était plus rentré en contact depuis la dernière fois où on les avait tous fait sortir du squatte et ça avait été l'un des seuls à ne pas m'avoir harceler sur le fait que j'étais père.

Il ne m'avait jamais envoyé de message par rapport à ça et c'est ce qui m'avait plu parce qu'il avait compris finalement ce que je pouvais ressentir, donc il n'avait pas voulu me brusquer en m'envoyant des messages inutiles comme certains autres, mais quelques jours après il m'avait envoyé un message, qui plus ou moins avait donné ça.

«Je n'ai pas voulu t'harceler ces derniers jours parce que j'imagine que tu l'est assez, mais je peux comprendre à moitié ce que tu ressens du fait que moi aussi je sois père. Certes, moi c'était voulu et toi j'imagine que non, mais si tu veux en parler, n'hésites pas, je pense qu'on peut se comprendre sur pas mal de choses parce qu'on vit plus ou moins la même chose même si ton cas est complexe par rapport au mien, ça reste la paternité.»

Clairement son message il m'avait surpris, je ne m'y étais pas attendu à ce qu'il m'envoie ça et je n'avais vraiment pas su comment réagir face à ça. Répondre ou le mettre amnése, je n'avais vraiment pas su quoi faire au début, et finalement je n'avais pas répondu parce que malgré tout ça m'avait énormément gêné.

Sur ce qu'il en était d'Ines, je ne lui avais toujours pas dit que Zyam avait fait une connerie et que désormais tout le monde était au courant que j'avais eu des enfants. Je retardais le plus possible le moment de lui dire parce que je savais pertinemment qu'elle allait être sa réaction et je ne voulais pas qu'on s'embrouille.

Mais il avait bien fallu que je finisse par lui dire parce que la principale concernée ne pouvait pas être la dernière à le savoir. Du coup j'avais bien pris le bon jour et le bon moment pour lui dire, zahma un jeudi très tard dans la soirée, après qu'elle soit rentrée d'une grosse journée de travail, de grosse pression et de fatigue.

J'allais essayer de faire ça bien afin qu'elle ne soit pas énervé contre moi et qu'on finisse par s'embrouiller. J'allais dans un premier temps lui parler de notre situation, en relevant essentiellement les points qui avaient changés, mais également ce que je comptais faire, afin de l'attendrir, enfin je croyais.

- Moi : Tu en penses quoi de notre situation depuis ces derniers mois ?
- Ines : Il y a du changement et ça se voit clairement, bon après il y a eu une longue période où tu es resté à l'hôpital, mais que ce soit avant ou après ta sortie il y a eu pas mal de changement et on peut le voir sur le fait que j'ai pu reprendre mes études et mon travail. Ça prouve que tu n'as pas besoin d'être assister pour faire les choses seul et bien, mais évidemment il y a encore beaucoup de choses qu'il faut que tu changes.
- Moi : Chaque chose en son temps. Je ne parle pas pour rien, quand je promets quelque chose je m'y tiens, certes ça peut prendre du temps mais au final je le ferais toujours.
- Ines : Je le sais bien, je commence à te connaître de plus en plus et je sais comment tu fonctionnes, mais il ne faut pas que ça prenne trop de temps non plus. Comme je t'avais déjà dit, Zaher arrive quasiment à ses deux ans et n'empêche Lylia accouche dans pas si longtemps que ça donc il faut que tu boostes un peu là.
- Moi : Je sais que ce qui te tracasse le plus c'est le fait de me trouver un toit, tu veux qu'on soit tous les deux posé afin que le petit ne se pose pas de question et qu'il finisse par trouver ça bizarre, mais je vais me mettre à chercher prochainement.
- Ines : Oui c'est vrai et toi-même tu me le disais que tu ne veux pas que ça devienne ambiguë donc le mieux ce serait que tu te dépêches de te trouver quelque chose, mais il n'y a pas que ça, je veux aussi que tu arrêtes tes conneries ou encore même ce que tu as fait l'autre jour.
- Moi : Comment ça ?
- Ines : Le fait de passer tes nuits dehors et de revenir vers cinq heures du sbah comme si c'était normal. Tu fais ça tous les jours bordel, qu'est-ce que tu fais de si intéressant pour rester toutes tes nuits dehors ?
- Moi : Laisse tomber.
- Ines : Non je ne laisse rien parce que ça concerne Zaher et moi également. Tu ne dors jamais wela tu te reposes même pas chwiya, comment tu veux tenir tes journées à t'occuper de Zaher ? J'avais du appelé Samia l'autre jour tellement j'étais sûr que tu n'allais pas te lever à temps.
- Moi : Hassoul ça changera et ça je te l'ai déjà dit et je le répéterais plus. Tu verras quand tu le verras et khlass.
- Ines : Ah bah ça c'est du Emir hein. Quand monsieur est froissé il fuit.
- Moi : Tu préfères que je fuis ou que je fasse du sale ?
- Ines : Que tu comprennes que ce que je te dis c'est pas pour t'énerver, mais c'est seulement pour que ça change.
- Moi : Saha ! Hassoul, tout le monde est au courant que j'ai eu des enfants !
- Ines : Qui ça ?
- Moi : Au quartier.
- Ines : J'ai du mal à comprendre en fait ! Comment ils l'ont su ?
- Moi : Il y a eu cafouillage l'autre jour, Zyam s'était énervé et les mots étaient sortir sans le vouloir.
- Ines : Ouais bien sûr ! Il sort ça normal, mais ce n'était pas voulu zahma. Tu te fous de moi en sah là ?
- Moi : Non wAllah c'est vrai. Je suis encore en haine sur lui parce que ça a créé une vraie polémique sur ça et encore actuellement ça jacte un peu, mais il n'a vraiment pas fait exprès.
- Ines : Bah dans ce cas explique-moi comment ça s'est passé parce que là tu ne me dis rien comme d'habitude donc j'ai du mal à comprendre.
- Moi : Il y avait eu embrouille avec des gars, j'avais sorti heja et j'allais faire un coup donc mes deux khey m'en avaient empêché et là Zyam avait commencé à me dire zahma «Tu veux que tes enfants vivent sans père»
- Ines : Et tu oses me dire «Laisse mes khey venir ici» et après tu t'étonnes que je refuse !
- Moi : Il n'a pas fait exprès. Au final ils le savent et khlass, ça finira par passer, je n'ai rien à devoir à personne.
- Ines : Et quel coup tu voulais faire ? C'était quoi l'embrouille ?
- Moi : Laisse tomber.
- Ines : Tu me gaves putain ! Moi je te dis tout et je te cache rien, toi rien que tu caches tout ce que tu fais.
- Moi : Je te préserve c'est tout.
- Ines : Vas-y c'est bon parle plus avec moi.

J'avais l'impression que depuis quelques jours ça n'allait plus du tout. Elle avait toujours l'impression que je me foutais d'elle à lui promettre des choses que je ne tenais pas parce qu'elle en avait marre d'attendre que ça change, elle voulait que ça change maintenant, mais un changement ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain.

Il y avait déjà pas mal de choses qui avait changées depuis ma sortie de prison et elle-même avait relevé ces points-là juste avant. J'avais encore pas mal de chemin à faire pour que ce soit bien poser, mais encore une fois ça n'allait pas être pour tout de suite. Les changements allaient se faire petit à petit sans forcer les choses.

Cette nuit-là j'allais comme toutes les nuits sortir pour retrouver des gens et passer toute ma nuit avec eux, mais le fait qu'elle n'était pas bien m'avait poussé à rester à la casa avec elle et le petit. Je n'avais eu qu'une envie ça avait été de sortir, surtout qu'ils étaient en train de n3ess tous les deux étant donné qu'elle travaillait le lendemain.

Mais je ne l'avais pas fait et j'étais resté solo à cogiter et à galérer, entre appels, messages, song et petite khabta. Ça m'avait rendu nerveux à fond de ne pas pouvoir sortir, mais je l'avais vraiment fait pour elle, mais également pour Zaher. Le lendemain Ines était partie au travaille donc j'étais resté à garder Zaher chez elle.

J'avais passé ma journée tranquillement avec le petit, je n'avais pas fait grand-chose à par profiter avec mon fils. J'aimais vraiment passé mon temps avec lui. Je suis un homme très nerveux, avec le sang très chaud ça c'est clair, même pas besoin de le préciser, mais quand j'étais avec Zaher il arrivait à me calmer, c'était fou.

Il me faisait dahak dans ses façons de se comporter. Il était marrant, gentil, doux et même bienveillant pour son âge. J'aimais vraiment trop, Ines faisait un boulot de fou sur son éducation. C'était vraiment grâce à elle si à l'époque il était aussi éveillé, intelligent et compréhensif pour un petit de son âge.

Et même actuellement, je le pense et je lui dis encore beaucoup parce qu'elle a besoin de le savoir qu'elle a bien géré les choses. C'est vraiment grâce à elle, à la façon dont elle l'a élevé parce qu'Ines a été beaucoup plus présente pour Zaher contrairement à moi, même si je l'étais un peu sur certaines choses.

Elle a tout bien géré et ça je lui en remercie parce que sans elle, il ne serait pas le petit garçon qu'il est actuellement. Il est toujours aussi compréhensif, à l'écoute des autres, très intentionné, polie, débrouillard, intelligent, autoritaire et strict avec les autres, mais gentil avec ses proches. Il fait plus de son âge comme beaucoup nous le disent. Ma shâ Allah.

Donc j'avais passé ma journée avec le petit et vers dix-huit heure Kamilia m'avait appelé, mais je n'avais pas répondu parce que j'étais persuadé que c'était encore en rapport avec Nouredy ou encore même que ça allait être lui donc je n'avais pas vraiment voulu répondre parce que je n'avais rien à leur dire sur le moment.

Les minutes passaient et ça persistait, elle forçait à m'appeler. Les appels étaient à la seconde et elle ne s'arrêtait pas, elle m'envoyait même des messages en me disant «Emir s'il te plaît répond-moi. C'est important» Mais je ne voulais pas, pour moi elle jouait sur les mots en disant que c'était important pour que je réponde.

Et ça continuait, ça avait duré un moment jusqu'à qu'elle m'envoie «Si tu penses que c'est par rapport à Nouredy détrompe-toi. Il faut que je t'annonce heja donc répond» Ça avait commencé à me faire cogiter un peu plus sur le pourquoi elle m'appelait. Si elle avait dit que ce n'était pas en rapport avec Nouredy, c'est que c'était vrai.

J'étais maintenant sûr que ce n'était pas en rapport avec Nouredy ou bien même les autres parce que Kamilia me l'aurait dit très clairement peu importe si j'aurai répondu ou non, donc je m'étais posé plein de question sur le pourquoi elle m'avait harcelé d'appels. J'avais attendu qu'elle me rappelle et là j'avais aussitôt décroché.

- Kamilia : Emir tu joues à quoi là ?
- Moi : Welou pourquoi ?
- Kamilia : Tu faisais exprès de ne pas me répondre alors que je veux t'annoncer quelque chose.
- Moi : Bah dit !
- Kamilia : On vient de rentrer là, il s'est passé quelque chose.
- Moi : Comment ça ? Il y a eu quoi et avec qui ?
- Kamilia : Emir wAllah je suis mal de te l'annoncer comme ça, mais mes occupations ne me permette pas de me déplacer jusqu'au 93 maintenant.
- Moi : Et donc ?
- Kamilia : Moad il est décédé Allahi rahmou.
- Moi : Il s'est passé quoi ?
- Kamilia : Crise cardiaque sur le terrain. Ça vient d'arriver là.
- Moi : ...
- Kamilia : Je le sais Emir. Tu aurais voulu être mis au courant autrement, mais je n'aurai pas pu venir jusqu'à toi, et je préférais que ce soit moi qui te l'annonce plutôt qu'un autre et que ça dise n'importe quoi à son sujet. Allahi rahmou.
- Moi : Pourquoi ça dit quoi ?
- Kamilia : Laisse ça de côté Emir, en tout cas je serai là pour toi et je ne te laisserais pas, et même Nouredy ainsi que les autres, ils seront là.
- Moi : Rabi yarahmou. Je ne sais pas quoi dire.
- Kamilia : Je le sais bien Emir. Là concrètement ça ne sert à rien que tu te déplaces jusqu'au 77 parce que sur place il n'y aura rien de plus, par contre si il y a du nouveau par rapport à tout ça je te préviendrais
- Moi : Ouais, hassoul je te laisse et capte-moi si il y a heja.
- Kamilia : In shâ Allah et tiens le coup Emir. On tiendra le coup tous ensembles.

Je n'avais pas réellement réussi à lui répondre quand elle m'avait parlé, dès que l'annonce était parvenue à mon cerveau ça avait directement vrillé et ça m'avait énormément fait mal, ses mots m'avaient fait très mal. J'avais été submergé par plusieurs choses à la fois et ça m'avait tout simplement peiné.

Moad je l'avais connu à l'époque grâce à Kamilia qui elle avait été scolarisée un petit temps dans le même établissement que lui, après son départ ils étaient tout de même resté en contact parce qu'elle continuait de fréquenter le coin et c'est de là que je l'avais connu plus ou moins, par le fait que je connaissais Kamilia.

C'est vraiment Kamilia qui m'avait fait connaître des gens de ce secteur-là, c'est donc après ça que j'avais poursuivi avec quelques personnes de là-bas. Ce n'était pas régulier les fois où l'on se voyait parce qu'ils viennent du 77 et c'est tout de même assez loin pour moi qui vis à Paris même. Mais ça faisait toujours plaisir les rares fois où l'on se voyait.

Quand elle m'avait annoncé son décès à seulement seize ans, ça m'avait tué. Ça fait toujours mal de savoir que quelqu'un que tu as côtoyé un temps a perdu la vie, mais aussi le fait qu'il était relativement jeune, oui malgré que la mort touche tous les âges ça surprend toujours, puis surtout ça m'avait fait cogiter.

Il était décédé d'une crise cardiaque, c'est d'abord ce qui avait été dit. J'avais donc beaucoup pensé à ce que j'avais vécu les derniers mois. Les crises cardiaque à répétitions où je m'en étais toujours sorti et sans séquelles alhamdulillah. Ça avait été compliqué de m'y faire et j'avais eu plus que lui dans mes pensées. Je ne m'en remettais pas.

Je ne savais plus quoi faire. Suite à cette annonce j'avais été chamboulé, je tournais et retournais sur moi-même. Je m'étais stoppé dans ce que je faisais et je m'étais posé avec Zaher tellement je n'avais plus eu de force. J'étais vraiment très mal et ça avait été très compliqué. Je recevais des messages en masse à ce sujet.

Il y avait même une meuf que je côtoyais de là-bas qui m'avait dit «Emir tiens mon code facebook, va voir les dernières publications et dit-moi si tu le reconnais» Donc je savais pertinemment de qui elle parlait, mais je m'étais quand même connecté pour voir ce qu'il se disait par rapport à ça. Une fois connecté, il n'y avait eu que ça.

Toutes les publications étaient en son hommage. Ça encore je trouvais ça normal, enfin chacun réagis à sa manière sur ce genre de chose et si ça leur faisait du bien d'écrire quelques lignes personne ne les empêchaient, mais par contre ils accompagnaient toujours leurs textes avec ses photos et ça c'était déplaisant.

Je ne comprenais pas qu'elle était leur motivation à absolument vouloir mettre un visage sur les quelques lignes qu'ils écrivaient, à par faire souffrir l'âme je ne voyais pas tellement ce qu'ils faisaient d'autre. Ça me faisait tellement mal que j'avais fini par en sortir de ce fichu réseau parce que ses photos étaient désormais partout..

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