● 078

J'étais reparti chez Ines et en rentrant je m'étais directement posé seul dans la chambre à côté. Je n'avais eu aucune envie de parler ni quoi que ce soit d'autre. J'avais eu les pensées tellement prises par tout ça. Je n'étais plus sûr de rien ni de ce que je voulais et également plus sûr de vouloir de leur aide. Ils s'y étaient pris assez bizarrement.

J'avais vraiment pensé qu'ils allaient prendre leur temps, comme Nouredy me l'avait dit. Je pensais vraiment qu'ils allaient y allez en léger sans pour autant s'éterniser. Le but était de m'expliquer telles ou telles choses. Ce genre de choses ça ne se fait pas comme ça, il fallait que je sois conditionné tout simplement. Là ça avait été fait à l'arrache.

Dès que j'étais parti de chez le frère, Nouredy m'avait aussitôt envoyé des messages mais je n'avais pas répondu. Sur le moment j'étais sûr qu'il y aurait eu aucun mot qui aurait pu se poser, je n'aurais pas pu tenir une discussion avec lui. Je l'avais laissé sans réponse, mais il avait continué à m'appeler et à m'envoyer des messages.

Le lendemain en me levant j'avais lu ses messages, mais je l'avais laissé amnése et je ne comptais pas répondre maintenant. J'allais d'abord passé ma journée tranquillement. J'étais allé à la cité et j'avais passé ma journée avec tous mes kheyou et les autres en laissant le reste de côté. Je n'avais rien changé par rapport à d'habitude.

Je ne m'étais mis aucune limite ni même aucune barrière. Je n'en avais clairement eu rien à faire sur le moment. Je m'étais posé avec tout le monde et je l'avoue que j'avais consommé et également vendu avec Hocine, Kalvin et les autres. Des habitudes ça ne se changent pas du jour au lendemain donc je n'allais pas faire semblant.

Mais c'est quelques années après que je me rends compte de ce qu'ils étaient ceux avec qui je vendais. Ils m'incitaient à la consommation, vraiment, c'était limite s'ils ne me forçaient pas à consommer avec eux. Ça aurait été Zyam ou un autre de mes sah ils auraient tout jeté et ils m'auraient rappelé que quelques semaines avant j'avais crisé.

J'avais passé quelques heures avec eux et par la suite je m'étais servi dans les réserves et j'avais pris pas mal des thunes qu'ils avaient ramassées ces derniers jours et j'étais reparti. Depuis ma sortie de l'hôpital je parlais avec Zyam et on s'était donné rendez-vous donc j'étais monté chez lui. Ça faisait très longtemps ça.

Au début j'avais pensé qu'il avait voulu qu'on se voit parce que ça avait fait longtemps, et donc qu'ils voulaient qu'on se revoit qu'à deux comme on faisait auparavant parce que ça lui manquait, mais en fait c'était pas que ça. D'après ce que je comprenais il avait également des choses à me dire. Je m'étais posé plein de question.

- Moi : Chriki, ça va ?
- Zyam : Toujours, c'est à toi qu'il faut demander ça.
- Moi : Mais oui frérot ça va toujours moi aussi.
- Zyam : Ne me la fait pas.
- Moi : Mais si ! Eh wAllah je suis trop farhan de te revoir, ça faisait longtemps qu'on s'était pas vu comme ça là.
- Zyam : Eh ouais normal. Il t'arrive que des couilles depuis.
- Moi : Mais mahlich ça frère, c'est la vie. On n'y peut rien à ça. Maintenant on avance et khlass.
- Zyam : Si un jour je te perds je n'aurais aucun regret. Je n'ai pas honte de te dire que je t'aime. Je t'ai toujours posé mon gelb quand je parlais avec toi et même encore actuellement. Je n'aurais aucun regret parce que je t'ai toujours dit ce que je ressentais. Je le pense vraiment, je t'aime de fou. On ne peut pas ne pas t'aimer toi, non, t'es un gars trop attachant malgré tes conneries.
- Moi : Ça me touche vraiment ce que tu dis, wAllah frérot.
- Zyam : wAllah que le jour où j'ai appris que tu étais dans le coma après deux crises j'ai cru que j'allais mout. wAllah tu me crois frérot quand j'étais venu te voir, j'avais dit que si jamais tu avais besoin d'un donneur peu importe l'organe, j'étais là, mais ils m'avaient répondu que ça n'avait rien à voir et qu'il était pas question de changer heja. Que tu étais juste en train de t'en remettre petit à petit sous coma.
- Moi : Ah ouais ? Je ne sais pas quoi te dire, mais en tout cas tes mots me touchent vraiment.
- Zyam : C'est toi qui me touche, c'est ta situation qui me fait mal. La deuxième fois où l'on m'a annoncé que tu étais à l'hôpital après ta troisième crise cardiaque wAllah j'ai cru cette fois-ci que c'était fini. Parce que quand j'avais été mis au courant je savais juste que tu étais à l'hôpital, mais je ne savais pas dans quel état encore.
- Moi : Alhamdulillah je suis toujours là. Ce sont les choses de la vie et ça on ne peut rien y faire. Je m'en remets, t'en fais pas kheyou.
- Zyam : Ah ouais mais sur le moment le gelb il joue à l'ascenseur. Je m'étais dit que c'était impossible que tu supportes un troisième choc comme ça. Je suis toujours brusqué là et j'ai khaff pour toi. La chose que je redoute le plus c'est que je me lève un matin ou bien en sortant du boulot que je regarde mon portable après l'avoir lâcher plusieurs heures et que je vois des messages qui m'annoncent que t'es décédé.
- Moi : Ne pense pas à ça Zyam. J'y ai survécu trois fois et in shâ Allah ça ne se reproduira pas.
- Zyam : Je suis toujours obliger d'y penser. J'ai encore des choses à vivre avec toi et je veux que tu sois présent pour moi, pour un tas de choses que je veux réaliser in shâ Allah. Je voudrais que tu sois présent le jour où je me marierai et surtout que tu vois les enfants que j'aurai in shâ Allah.
- Moi : La relation qu'on a Houssam, Hûsin, toi, moi et même Nourredine Allahi rahmo, nos enfants auront la même si tu as la chance d'en avoir un jour, in shâ Allah.
- Zyam : Tu sais j'ai envie de te dire heja, mais je ne sais pas comment tu vas le prendre. Je voulais déjà t'en parler à ta sortie de prison, mais je m'étais dit que ce n'était pas trop le moment pour toi et puis après il y a eu tout ça et je n'ai pas pu t'en parlé.
- Moi : Non... Qu'est-ce que tu vas me dire ? Tu n'as quand même pas fait la même connerie que moi ?
- Zyam : Non ce n'est pas ça.
- Moi : Ah tant mieux, il ne faut pas. C'est la merde ça.
- Zyam : Eh ouais je m'en suis rendu compte quand tu me l'as annoncé. Mais c'est fini, ça ne m'arrivera pas sans que je le veuille.
- Moi : Tant mieux frérot. Ne deviens pas la même épave que moi.
- Zyam : Eh frère je vais câbler, arrête de dire des choses comme ça. wAllah t'as même pas idée comme j'ai mal quand je t'entends dire des choses pareilles.
- Moi : Vas-y khlass. Tu voulais dire quoi alors ?
- Zyam : Que je vais te kicker si tu continues à dire ça. Tu vas changer in shâ Allah, moi je suis là. Là tu peux croire que je fais rien pour que ça change, mais t'inquiète pas d'ici très peu de temps je vais me réveiller et ça va éclater au squatte. Attend d'ici quelques jours.
- Moi : C'est-à-dire ?
- Zyam : Ne t'inquiète pas frérot. Je pense à ça depuis un bon moment avec Houssam et d'ici quelques jours ça va vriller.
- Moi : Vous me préviendrez ?
- Zyam : Ne t'inquiète pas frérot. Bon on oublie ça pour le moment, là j'aimerai te parler.
- Moi : Je t'écoute.
- Zyam : Durant ton incarcération il y a eu un changement, pour ma part un gros changement.
- Moi : C'est-à-dire ?
- Zyam : Je me suis fiancé parce que je pensais à trop de choses et ça avait fini par confirmer ce que je voulais.
- Moi : Mawaaa Zyam... T'es fiancé à qui ?
- Zyam : Celle que je t'avais parlé il y a un moment et même tu m'avais dit laisse d'ici quelques semaines tu l'auras oublié, hein enfoiré tu t'en rappelles ?
- Moi : Ah ouais à l'ancienne, c'est chaud là. C'était quoi tes motivations à vouloir te fiancé ?
- Zyam : Parce que c'est la bonne tout simplement.
- Moi : Je ne t'avais pas connu comme ça kheyou.
- Zyam : Eh ouais frérot, mon gelb il est tombé. Le prochain ce sera toi.
- Moi : Que dalle ! Mais si pour toi c'est la bonne et qu'elle te rend farhan et bah tant mieux.
- Zyam : C'est le cas. J'ai beaucoup pensé à toi suite à ça et à ce que tu as eu ces derniers mois. Je voudrais que tu sois présent le jour où je me marierai in shâ Allah, c'est pour cette raison que je précipite les préparatifs du mariage parce que j'ai khaff pour toi ces derniers temps.
- Moi : Tu précipites tout pour moi ?
- Zyam : Oui, mais tranquille frère, rassure toi la femme avec qui je veux me marié c'est la bonne pour moi. Je ne suis pas en train de faire des conneries à précipiter avec une femme au hasard. C'est celle qu'il me faut.
- Moi : Ok... Ça en est où alors ?
- Zyam : Il y a quasiment tout qui est fait. Il reste seulement la salle et quelques petites choses, mais d'ici quelques mois ce sera bon in shâ Allah. On fera ça en Algérie. Je veux que tu sois présent, déjà on a perdu Nourredin Allahi rahmo et il nous verra jamais marié donc je ne veux pas que ça se reproduise avec toi avant ça.
- Moi : Je te comprends. Si tu penses que c'est le mieux pour toi alors fonce et fait les choses bien.
- Zyam : Ça va tu t'en remets quand même ?
- Moi : Bah je suis brusqué. J'ai l'impression d'avoir n3ess pendant plus d'un an et que je viens seulement de me réveiller à cause de mon incarcération, mais suis farhan pour toi.
- Zyam : Moi aussi j'avais eu l'impression d'avoir n3ess pendant plusieurs mois et que je venais juste de me réveiller quand tu m'avais balancé que tu étais père.
- Moi : On s'est rendu la monnaie de notre pièce.
- Zyam : C'est ça. Les choses vont changer, t'inquiète pas frérot. Autant pour toi que pour moi, on va finir par être farhan.

Woh woh woh, ça m'avait brusqué. Je ne m'y étais clairement pas attendu à ce qu'il m'annonce tout ça. Je n'avais pas su quoi en penser sur le moment tellement j'avais été brusqué, mais au final la seule chose que je voulais c'était qu'il soit farhan dans sa vie, et si il sentait que c'était la bonne alors c'était l'essentiel.

Durant toute notre discussion je l'avais laissé s'exprimer sur tout ça, je l'avais écouté et j'avais laissé toute l'attention sur lui parce que j'avais senti qu'il était vraiment farhan. Il méritait totalement tout ce qui était en train de lui arriver, tout ce qu'il était en train de vivre à cette époque. Ça faisait zizir de le voir comme ça.

Tout c'était à peu près porter sur lui, c'est pour cette raison que je n'avais pas tellement parlé de moi et sur ce qu'il en était par rapport à Nouredy et les autres, et puis même dans tous les cas je ne voulais pas lui en parler, parce que moi-même je n'étais plus sûr de ce que je voulais donc j'avais préféré garder ça pour moi.

On avait continué à parler sur ça et finalement j'étais reparti et j'étais monté au bloc de Lylia. J'avoue que depuis qu'elle m'avait annoncé qu'elle était enceinte je me comportais égoïstement avec elle, je pensais beaucoup plus à moi qu'à elle. Encore une fois je faisais de la khra. Je ne savais clairement pas y faire, face à une femme enceinte.

- Lylia : Ça va ?
- Moi : On s'en fout de moi. C'est toi si ça va ?
- Lylia : Non on ne s'en fout pas de toi. C'est toi le plus mal en point actuellement.
- Moi : Non je me porte bien alhamdulillah.
- Lylia : N'importe quoi toi, c'est quand que tu vas assumer que t'es mal ?
- Moi : Il y a rien à assumer là. Je vais très bien, après si vous voulez absolument que je sois mal dites le moi directement. Hassoul ça va ?
- Lylia : Oui je vais bien, tout se passe bien, hormis le fait que tu me manques beaucoup. J'aimerais que tu sois là pour moi, mais après je le comprends, tu as des soucis et vaut mieux que tu te concentres sur ça avant tout.
- Moi : Je suis très transparent et je dis très honnêtement en face des gens ce que je pense donc je vais être pareil avec toi. Si je n'aurais pas eu tout ça et que j'aurais eu le temps de passer te voir, je ne suis pas sûr que je l'aurais fait aussi souvent.
- Lylia : Ah ok, ça mérite d'être clair. Ça fait toujours plaisir.
- Moi : Je suis honnête avec toi. Depuis que tu m'as annoncé que tu étais enceinte je me suis éloigné. Je vais essayer de changer ça et d'être suffisamment présent pour toi, mais je le cache pas que pour le moment je n'en ai aucune envie.
- Lylia : Je m'en doutais que c'était pour ça. Bah écoute... Qu'est-ce que tu veux que je te dise à part que ça me dégoûte que tu réagisses comme ça ? Tu fais du favoritisme et c'est dégueulasse ça. Tu devrais penser un peu plus intelligemment, parce que là ce n'est même pas question d'Ines ou moi, c'est question de Zaher et du bébé qui arrivera prochainement in shâ Allah.
- Moi : Je ne sais même pas quoi répondre. Tu as totalement raison, ça c'est sûr, mais là je ne sais pas quoi faire. Je n'ai pas l'impression de contrôler ça, je n'arrive juste pas à me forcer et pourtant j'essaye, mais j'y arrive pas.
- Lylia : Bon on laisse pour aujourd'hui, de toute façon la discussion ne mènera à rien là. J'ai besoin de cogiter à tout ça parce que là ça a du mal à passer.
- Moi : Ok, je passerais plus tard quand tu le voudras. Tu m'enverras un message.

Je n'ai aucune tact moi, je ne sais pas faire semblant, je n'y vais pas à moitié. Quand je dois dire quelque chose ça sort telle que je le pense dans ma tête et c'est pour la plupart du temps assez violent à recevoir pour la personne en face, mais c'est quelque chose à laquelle je ne fais vraiment pas exprès.

Au final vaut mieux quelqu'un comme ça que quelqu'un qui passe par je ne sais combien de chemins pour dire ce qu'il pense ou ce qu'il veut. J'y vais très directement quand je dis quelque chose, même si les paroles sortent violemment, comme ça au moins plus besoin de revenir sur le sujet et ça fera mal qu'une fois et pas deux.

Au final j'étais reparti de la cité, j'étais retourné chez Ines. Je m'étais posé avec elle, mais au début on ne se calculait pas vraiment. Elle était avec Zaher, elle s'occupait comme ça et moi je répondais à mes messages. Par la suite j'avais entamé un sujet de discussion, j'avais commencé à en parler l'air un peu déconnecté.

- Moi : Tu sais si tu veux retourner voir ton patron, vas-y.
- Ines : Non... Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, mais toi tu te verrais seul avec lui ? Surtout avec tout ce qui t'arrive.
- Moi : Je vais me débrouiller, mais toi il faut que tu reprennes tes études et ton travaille sinon tu vas vraiment perdre ta place. Là pour tout rattraper ça va être compliqué pour toi, il va te falloir au moins huit ans pour acquérir des bonnes connaissances et évoluer dans le milieu et c'est maintenant que tu dois y retourner si tu veux qu'on se barre d'ici après.
- Ines : Donc t'es décidé à partir aussi ?
- Moi : Évidemment, qu'est-ce que je vais perdre mon temps ici ? Quand tu auras de bons bagages dans ce milieu on partira pour que tu puisses poursuivre là où tu le voulais. Qatar, Émirats, Polynésie etc, bref là où tu avais eu des offres.
- Ines : Si tu m'assures vraiment que tu partiras avec moi le jour où je t'annoncerai que j'ai fini mes études et que je pars, alors dès demain j'irai voir le patron.
- Moi : Va le voir et parle avec lui. C'est sûr, la première occasion que j'aurai de partir avec toi je la prendrai sans hésité.
- Ines : Ok j'y retournerais demain pour parler avec eux. Et toi tu feras comment avec le petit etc ? Tu comptes faire quoi d'ici les prochains mois ?
- Moi : Je ne sais pas vraiment. Je ne sais plus ce que je veux, mais je vais essayer de voir avec le frère avec qui je suis en contact, pour le boulot et après je verrais pour un toit.
- Ines : C'est la base, gagner son argent proprement c'est obliger surtout quand tu as des enfants. Et puis pour le toit, ce n'est pas que je te vire d'ici, bien au contraire j'aime ta présence, mais il faut qu'on commence à s'organiser parce que le temps passe très vite n'empêche et si tu ne fais rien pour travailler et te trouver un toit ça ne fera jamais. En attendant Zaher grandit vite et il va commencer à comprendre beaucoup plus de choses et également se poser des questions.
- Moi : Je sais, j'y pense beaucoup. Tout sera bien poser avant deux-mille treize in shâ Allah, fais-moi confiance.
- Ines : On va s'entraider, il n'y a aucun souci.

On était déjà en février de deux-mille douze. Clairement je ne le voyais pas passer le temps. L'incarcération de Hûsin, le décès de Nourredin, les naissances, mon incarcération, le décès de Zian, l'annonce de Lylia, la famille mise au courant etc. J'avais vraiment l'impression que c'était la veille que j'avais vécu tout ça.

Mais en fait non, pas du tout. Il y avait beaucoup plus de temps que ça qui s'était écouler depuis la première annonce, depuis que ça avait commencé à vriller totalement dans ma tête et que j'avais commencé à être quelqu'un de complètement claquer du crâne. La drogue fait vraiment des gros ravages, c'est fou..

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