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Je l'avais senti très réceptif donc j'y étais vraiment allé, il comprenait certaines choses mais était aussi brusqué par certaines autres choses. Je le sentais que c'était quelqu'un de confiance et à l'écoute donc je n'avais pas hésité. On discutait entre homme et il n'y avait pas de tracas, malgré qu'il cherchait à savoir pas mal de choses.
- Nouredy : En réalité j'ai cerné le personnage dès la première fois, certes Kamilia m'avait un peu parlé de toi avant de te voir, mais dès qu'on avait commencé à parler comme ça là, ça a confirmé ses dires.
- Moi : Le faciès a parlé à ma place.
- Nouredy : Ahah j'aime ta façon de déconner, tu te prends pas la tête.
- Moi : Il faut. Mais avoue c'est ça ?
- Nouredy : Non akhi wAllah je pense même pas à ça. On pourrait en dire autant de moi avec mon apparence, mais ce sont les gens qui ne réfléchissent pas qui pensent ce genre de choses.
- Moi : Non, ma shâ Allah toi tu as la gentillesse qui coule sur toi, ça se voit sur ton visage.
- Nouredy : Baraka Allah u fik , toi aussi mon frère, mais c'est un peu trop enfoui en dessous. On va essayer de faire ressortir ce côté-là.
- Moi : In shâ Allah hein.
- Nouredy : In shâ Allah. Sinon parle-moi de toi encore. Là je voudrais savoir actuellement ta vie elle est rythmée comment. Qu'est-ce tu fais de tes journées, soirées et même de tes nuits.
- Moi : Je vais être transparent avec toi, et je vais te dire les choses très cash.
- Nouredy : Je n'attends que ça, n'est pas khaff de me brusqué. On est entre homme, décontracte toi et dit moi les choses comme elles doivent être dites.
- Moi : Depuis que je vends à mon compte j'ai vraiment oublié tout le reste, et je me concentre vraiment que sur ça. Ramasser le plus de maille possible et partir en vacances à tout moment avec mes khey. J'ai eu beaucoup d'embrouilles par rapport à tout ça, d'où mes récentes cicatrices. Mes journées, soirées et nuits sont rythmée que par l'argent et la drogue. Je me drogue énormément, par tous les moyens possibles et à tout moment. Je deviens violent si je n'ai pas la dose.
- Nouredy : Je pense que ça c'est ce qui va être le plus dur à te faire arrêter.
- Moi : Moi-même j'y arrive pas malgré qu'on me prévient que ma santé est en train de vriller.
- Nouredy : Rien n'est impossible, en y mettant du sien on peut y arriver.
- Moi : Ouais, sinon je ne fais pas grand-chose de mes journées et nuits. Entre la drogue, les ventes et la galère ça ne change pas.
- Nouredy : T'es encore en contact avec ta famille ?
- Moi : Non, mais il y a des raisons. Mon père il a jamais vraiment été présent, enfin il est présent, mais il vit aux Emirats donc je n'ai jamais été vraiment très proche de lui malgré que je le considère énormément. Sinon la mama elle est ici, mais depuis quelques années ça s'est détérioré entre nous, et ma sœur c'est à peu près la même chose.
- Nouredy : C'est évident, dans les milieux dans lesquels tu traînes, ça n'a pu que te rendre violent donc elles t'on mis de côté.
- Moi : Eh ouais c'est ça, mais disons aussi qu'il y a eu heja qui a accéléré le processus de boycotte.
- Nouredy : En sah même si tu dis non, ça se voit que ça te fait mal.
- Moi : Non la vérité j'en ai rien à faire, c'est comme ça depuis longtemps donc finalement c'est devenu une habitude donc pas de tracas.
- Nouredy : Ouais je vois, mais bon quand même. C'était quoi ce qui a accéléré les choses ?
- Moi : Je suis devenu père de jumeaux en avril 2010, mais je l'avais caché pendant longtemps. En août là j'ai perdu un des jumeaux qui était malade Allahi rahmou, suite à ça je commençais à beaucoup cogiter sur le fait qu'il fallait que je les mette au courant, mais je ne l'avais pas encore fait. Et dernièrement il y en a une autre qui m'a prévenu qu'elle était enceinte.. Finalement tout s'est précipité et j'ai dû les mettre au courant. Et depuis c'est fini.
- Nouredy : Ok... Rabi yarahmou.
- Moi : Voilà quoi.
- Nouredy : Ouais... Je suis tombé où là ?
- Moi : Ahahaha pas mal.
- Nouredy : Non sah je ne veux pas t'offenser, c'était de l'humour parce que je te cache pas que là je suis brusqué. Je ne m'attendais clairement pas à ça donc j'essaye de relativiser.
- Moi : Ouais non je te comprends tout à fait, moi-même qui vis ça j'ai encore du mal sur certaines choses.
- Nouredy : Rabi m3ak akhi.
- Moi : Ouais, j'ai vraiment besoin de changer parce que je sais que si je reste comme ça je vais faire que des dingueries.
- Nouredy : On est là frère et on va arranger ça. Tu n'as pas de travail ? Et tu vis où actuellement ?
- Moi : Non je n'ai pas de travail, mes revenus sont ceux de la drogue tout simplement. Je vis chez la première femme avec qui j'ai eu des enfants, elle a un toit alhamdulillah.
- Nouredy : Alhamdulillah, c'est bien pour le moment, mais il va falloir remédier à ça mon frère et que tu te trouves un toit. Tu vas avoir un vrai travail et gagner de l'argent autre qu'en vendant de la poudre, tu vas lâcher tout ce sale qui te rends mal et tu vas te concentrer sur le sah.
- Moi : Je serais accepté nulle part. Il faut un minimum de diplôme dans la vie.
- Nouredy : Est-ce que j'ai des diplômes moi ? Non ! Est-ce que j'ai un boulot moi ? Oui ! Est-ce que je gagne bien ma vie moi ? Oui alhamdulillah ! Ça veut rien dire ça. Je le cache pas que plus les années vont passer et plus ça va être compliqué mais je pense que je peux faire quelque chose pour toi là. in shâ Allah.
- Moi : C'est-à-dire ?
- Nouredy : Bon disons que cette place je l'ai eu par piston. Je m'étais fait pistonner par un frère et très rapidement j'avais eu une réponse. Il m'avait appelé, j'avais passé des tests, parce que oui avant d'être accepté ils veulent quand même t'évaluer, donc pendant une semaine tu passes des examens écrits et selon les points que tu auras récolté c'est là qu'ils te donneront une réponse favorable ou non.
- Moi : Ok je vois et c'est quoi comme boulot ?
- Nouredy : Je suis sécuritaire, donc te met pas en tête que sécuritaire c'est être vigile dans des magasins. Moi j'ai jamais fait ça, il y en a qui confondent énormément ça.
- Moi : Ouais ça regroupe plusieurs choses quoi ?
- Nouredy : Voilà c'est ça. Je peux aussi bien faire des escortes que des interventions sur appels, du gardiennage ou dans des grands événements, etc. Là en ce moment je suis dans les bâtiments, je travaille de nuit. De 18h à 6h du sbah et je fais des rondes aléatoires dans tous les locaux avec ma lampe torche/tazer à attendre. wAllah c'est tranquille, c'est risquer comme travaille, mais ça va et en plus aucune mixité du côté où je suis. C'est le top.
- Moi : Comment ça c'est risquer ?
- Nouredy : On peut tomber à tout moment sur des gens malintentionnés. Quand je suis dans les locaux de 18h à 6h, la seule chose que je fais c'est surveiller. Je ne fais rien d'autre. On surveille qu'il n'y aille pas des gens armés qui rentrent pour voler les marchandises. Par moment on est 2-3, mais il m'arrive d'être seul, la nuit, dans le noir complet, juste avec ma petite lampe torche, parce qu'on a interdiction d'allumer les lumières, et on attend.
- Moi : Ah ouais je vois, c'est bien ça. Personne pour te prendre la tête, tu fais ce que t'as à faire et tu rentres chez toi tranquille.
- Nouredy : Exactement c'est ça, donc bon tu risques ta vie c'est sûr. J'ai déjà été confronté à ça, c'est pour cette raison qu'ils prennent des gens qui ont un vrai mental, mais dans l'ensemble c'est que du bon. Le patron maintenant je le connais très bien, du fait qu'il est ami avec le frère qui m'avait pistonné, donc je pourrai lui parler de toi.
- Moi : Bah écoute fait et puis on verra bien ce que ça donnera.
- Nouredy : De toute façon eux ils ne font pas de chipotage wAllah. S'ils te veulent ils te feront passer les tests et si tu as obtenu un nombre de point suffisant ils te diront cash oui, et s'ils ne te veulent pas ils ne te feront pas passer les tests et ils te diront non sans lésiner sur les mots.
- Moi : Parles-en et puis tu me tiens au courant.
- Nouredy : Toi est-ce que psychologiquement t'es prêt à arrêter le sale et à travailler ? Un vrai travail !
- Moi : Je ne saurais pas répondre. Oui je ne suis pas contre de travailler dans ce milieu, mais arrêter le reste je ne sais pas. Mais c'est pour ça que vous êtes là.
- Nouredy : Exactement, comme j'ai dit tout à l'heure c'est sûrement ça dont on va avoir le plus de mal à te faire arrêter, mais ce n'est pas ça qui va nous décourager par la grâce d'Allah on y arrivera.
- Moi : In shâ Allah.
- Nouredy : In shâ Allah. Bon on ne va pas parler trop vite, mais admettons les réponses elles sont favorables. Tu es prêt à rentrer dans le vrai monde du travail ?
- Moi : Je n'ai pas le choix je crois de toute façon.
- Nouredy : Plus ou moins. Je vais te donner quelques exemples très simples. Est-ce que tu seras prêt à travailler de nuit, à faire des horaires très casse-tête, à travailler des jours où à la base c'est censé être repos ? Est-ce tu as conscience que si t'es accepté ce sera comme ça ?
- Moi : Je n'ai jamais été confronté à ça, mais si tu tiens le coup il n'y a pas de raison que je ne tienne pas.
- Nouredy : Exactement, en sah rien qu'en te voyant je sais que tu as les capacités pour ça. Sah moi je tiens vraiment le coup depuis, et j'aime bien, juste c'est la fatigue qui va énormément jouer sur tout le reste.
- Moi : Pourquoi, genre tous tes repos tu travailles en fait ?
- Nouredy : Non pas à tous mes repos, mais la plupart. La fatigue va vite te taper dessus. Entre les boulots de nuit, les jours en plus et le fait que malgré la fatigue on ne pense pas à se reposer durant les weekends. Les matins quand je rentre du boulot wAllah combien de fois je me suis assoupi au volant et c'est les klaxonnent qui faisaient que je reprenais conscience.
- Moi : Ah ouais chaud. Le patron il le sait ça ?
- Nouredy : Ouais ils savent tout ça, mais du moment que tu signes c'est que t'es conscient des choses que tu seras amené à vivre dans ce milieu.
- Moi : Ah ouais, bah tu vois je connaissais ce métier, mais je ne savais pas qu'il y avait autant d'inconvénients. Clairement ça touche la santé là ?
- Nouredy : Ouais ça touche la santé c'est sûr. Je reste parce que malgré tout j'aime bien, mais ma santé à jamais autant faibli depuis que je suis là-bas. Depuis la fatigue m'a jamais quitté, j'ai perdu l'appétit, j'ai perdu énormément de poids, ça arrive que mes nerfs se gonflent ,mais alhamdulillah je suis quelqu'un de très calme donc j'arrive à gérer ça. Pour le moment je reste, puis on verra si ça s'arrange pas j'irais voir ailleurs.
- Moi : Ahaha j'aime bien parce que tu m'incites à aller là-bas, tu veux me pistonner, mais tu me sors tout ce qui a de plus négatif.
- Nouredy : Ahahah c'est vrai que c'est contradictoire, mais c'est pour te mettre un peu plus dans le milieu. Tu vois ? Ce qui est positif dans ce milieu, inutile de te le dire parce qu'au final ce sera que du bon, tandis que ce qu'il y a de négatif autant que tu le saches maintenant comme ça au moins si tu ne veux plus, je ne ferais pas les démarches. Tu comprends ?
- Moi : Non malgré ce que tu m'as dit, ça ne m'a pas froissé. Tu peux faire les démarches et on verra bien ce que tout ça donnera.
- Nouredy : Ok pas de soucis. Je verrais ça demain alors et je t'en ferais part s'il y a du nouveau.
On n'avait passé énormément de temps à parler ensemble, mais ça se voyait qu'il en voulait et qu'il cherchait clairement à prendre son temps avec moi. C'est lui qui, sans cesse me parler de telles ou telles choses. Il m'avait vraiment fait part d'énormément de choses, il m'avait fait comprendre comment ça allait se passer par la suite.
Il m'avait dit qu'il allait essayer de faire de son mieux pour la place en tant que sécuritaire, mais que normalement il n'allait pas y avoir de problème et que le patron allait poursuivre avec moi. Il m'avait également dit que si jamais j'étais pris, j'allais aussitôt me mettre à chercher pour un toit afin de partir de chez Ines.
Il me répétait sans cesse qu'il fallait que je fasse un très grand trie parmi tous les gens avec qui je traînais. Il me disait les choses très clairement. Il trouvait pas ça normal que j'étais autant ouvert envers les gens et que je ne m'étais pas de barrière de ce côté-là. Il me mettait en garde et me disait que ça pouvait devenir dangereux pour moi.
Parce que c'est vrai qu'à l'époque j'étais un peu trop ouvert et surtout je m'ouvrais aux mauvaises personnes. Il suffisait que les gars soient des shiteux pour qu'on s'échange nos coordonnées et qu'on poursuive tous ensemble, alors que je ne savais absolument pas qu'elles étaient leurs réelles intentions envers moi.
À plusieurs reprises je m'étais mis dans des bourbiers pas possibles. Je passais quelques minutes avec des gens et on s'échangeait très rapidement nos coordonnées et quand on se revoyait par la suite ça finissait mal, par jalousie, par incompréhension ou tout simplement parce que la drogue nous rendait fou, et finalement les coups ça y allait.
Quand je repense à toutes ces choses je me dis, mais alhamdulillah je suis toujours là, et je trouve ça juste fou que je sois encore présent actuellement. J'ai tellement été dans des affaires vraiment bizarres qui pour la plupart finissaient très mal, mais je suis encore là, yay Emir il est toujours présent. C'est juste fou.
Du coup Nouredy me mettait énormément en garde sur toutes ces choses-là, et il me disait que si je voulais que ça fonctionne il fallait indéniablement que je me sépare de pas mal de monde qui m'emmenait avec eux dans pas mal de mauvais délires, et qui donc m'éloignais du kheir et des vraies valeurs de la dunia.
Il m'avait également dit qu'il fallait que je me prépare psychologiquement à ça, parce que ça allait déboucher sur un repentir et qu'il ne voulait pas se mettre à faire tout ça contre ma volonté. Il fallait que j'aille conscience de pourquoi il faisait ça, et pourquoi il prenait autant son temps avec moi sur chaque étapes.
On n'avait fini sur une récitation, et il m'avait donné un sac rempli de livre en tous genres sur la compréhension de la religion selon les Pieux prédécesseurs. Il me les avait acheté avant de venir me voir, il m'avait dit qu'il fallait que je me mette à lire tout ça parce que désormais c'est ce que j'allais faire avec eux à chaque fois.
En fait Nouredy à l'époque c'était le futur mari de Kamilia, c'est pour cette raison qu'elle me l'avait fait connaitre, et Nouredy connaissait donc les frères de Kamilia, les trois qu'elle avait. Il était plus proche de celui-ci qui était le plus grand, Heusny qui est un homme très axé sur la religion tout comme Nouredy.
Tous ensembles ils se connaissaient. Nouredy avait fini par se rapprocher énormément de Heusny, malgré qu'au début ils avaient du mal. Ils avaient créés un groupe de frère ensemble, ils s'étaient tous soudés et avait fini par tout faire ensemble. Ils se retrouvaient tous les jours pour prier, réciter et parler ensemble de religion.
C'était clairement tout nouveau pour moi ça, oui à l'époque quand j'étais beaucoup plus jeune j'étais très axé sur la religion. De mon plus jeune âge jusqu'à à peu près quatorze ans, de par ma famille qui est très pratiquante, mais après à partir de quinze-seize ans à l'époque où j'avais commencé à côtoyer des gars bizarres et beaucoup de meufs c'est là que ça m'avait éloigné du kheir.
Puis quand on n'a pas spécialement de repère masculin ce n'est pas évident. Un homme ça en impose, qu'on le veuille ou non, ça en impose plus qu'une femme, et moi à partir de quatorze-quinze ans j'avais été comme livré à moi-même. Mon père était peu présent du fait qu'il vit aux Émirats, et puis je n'avais plus mon grand frère.
J'aurais pu suivre les traces de mon père si il avait été à mes côtés, autant que j'aurais pu m'identifier à mon frère si il aurait été là, mais je n'avais rien eu de tout ça, hormis être entourer de femmes. Ça avait été compliqué pour moi de me faire une place parmi toutes ces femmes. Il y aurait eu que deux scénarios possible dans tout ça.
Soit j'aurai repris la place de mes Grands Monsieur et j'aurai fait tout ce qu'un homme est censé faire, j'aurai mis mes petits femmes à l'abri et tout ce qui s'en suit. Soit les tourments de la rue m'auraient piégé et j'aurai été embarqué dans un engrenage pas possible entre la drogue, les femmes et les embrouilles.
Malheureusement c'est le deuxième scénario qu'il y a eu, je n'ai pas su me réveillé avant pour stopper tout ça. J'ai tellement été aveuglé par toutes ces choses que je ne faisais que de m'enfoncer dedans, et je n'avais rien pu faire. Je ne sais pas si ça aurait été différent si mon Grand Monsieur et mon Grand frère aurait été à mes côtés, mais au moins ils auraient pu me mettre des coups bien placé pour me réveiller.
Je ne dirais pas que ça m'avait touché au plus haut point que des gens prennent du temps pour moi, mais je trouvais ça vraiment beau et ça m'avait légèrement fait quelque chose au fond. C'est juste magnifique que des frères prennent du temps pour d'autres frères qu'ils ne connaissent absolument pas, pour les aider à changer..
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