sans rire ?
- je me demande ce que c'est.
- à ton avis ? Une porte.
Au coeur d'une bâtisse abandonnée en plein milieu de Bordeaux, un groupe de jeunes friands d'urbex était en cercle autour d'une chose étrange. Bien évidemment, ce n'était pas la première fois qu'ils rencontraient quelque bizarreries, ou des trucs qui sortaient de l'ordinaire : des poupées flippantes et des peintures étranges, mais une porte ?
- je le vois bien, ducon. Mais qu'est ce qu'elle fout là ?
Le leader du groupe, le plus curieux, était fasciné par cette porte. Bien sûr, il était fasciné par tout ce qu'il pouvait trouver de bizarre, tout à l'opposé de se petit frère. Et pour ce qui est de leur meilleur ami à tout les deux, il était du genre silencieux, à les regarder parler et à hocher la tête. Ce qu'il fit justement, quand le jeune homme bouffé par la curiosité rabroua son frère.
- je sais pas moi, c'est juste un truc random, comme d'habitude.
Malgré le doute qu'il exprimait vis à vis de l'intérêt de cette porte, il la regardait également. Elle était assez étrange, c'était le cas de le dire : elle semblait accrochée au sol, et n'avait de poignée que d'un côté, ayant été défoncée de l'autre. La maison avait appartenu à un taré, d'après les gens du quartier : un peintre sans succès, qui avait fini par se suicider dans les années 30. La maison avait été entretenue par son ex femme, puis les nazis l'avaient pillée : quelques tableaux qui se révélèrent sans valeur, et un qui avait rejoint la collection personnelle d'un général du troisième Reich. Depuis, elle avait été laissé à l'abandon, sans jamais été incluse dans les plans de réaménagement. Pourtant il eut été étonnant de voir l'état formidable de conservation de cette bâtisse : c'était d'ailleurs la raison pour laquelle les trois compères s'y étaient d'abord intéressés. L'ami des deux frères leur avait parlé de cette maison, dont l'histoire lui avait, disais il, été raconté par son grand père. Intrigué, ils s'y étaient dirigés et avaient de prime abord êtes confrontés à une triste déception. Elle était vide, entièrement vide, à l'exception d'une porte placée en plein milieu d'une pièce couverte de tâche de peinture. Et ça, pour l'aîné des deux frères, c'était une bonne raison d'être fasciné.
- dis, il avait parlé de quelque chose du genre ton grand père ?
L'ami haussa les épaules, puis esquissa un petit sourire.
- oh bien sûr. C'est une porte qui mène à l'enfer.
Le plus jeune frère leva les yeux au ciel et abandonna tout espoir de dissuader son frère d'ouvrir la porte, ce dernier voulant dès lors voir le dit enfer. Sans dire un mot, il se dirigea en effet vers le battant de la porte, et tourna la poignée. La porte grinça avec un son ignoble et froid, à mesure que la porte s'ouvrait. Mais rien derrière ne fit d'apparition. Pas de diable, pas de flamme. Pas d'enfer. Juste l'autre côté de la porte.
Malgré tout, aucun ne riait face à l'évidence qu'il n'y avait pas d'enfer derrière la porte. Les frères se regardaient dans les yeux, l'un déçu, l'autre pris d'une angoisse qu'il ne s'expliquait pas. Il se rappelait d'un film d'horreur, où quelque chose de semblable se passait, et il n'aimait pas ça.
- dis tu veux pas refermer la porte ?
L'aîné haussa les épaules, toujours déçu. Mais au moment d'attraper la poignée, sa main glissa, ce qui lui valut un regard désapprobateur.
- qu'est ce que tu fous ? Arrête avec tes blagues, il n'y a rien, c'est tout.
- mais t'as quoi aujourd'hui ? Ma main à juste glissée !
Mais à nouveau, quand il tenta d'attraper la poignée, sa main glissa. Le frère qui semblait de plus en plus stressé par les frissons qui rampaient le long de son échine, poussa son frère et tenta lui même de tourner la poignée, mais sa main glissa.
- c'est quoi ce bordel ?
Ils continuèrent à plusieurs reprises, puis entendirent un rire qui leur glaça le sang, comme de petites aiguilles gelées leur perçant les veines. D'abord paralysés, ils se tournèrent vers leur ami, qui semblait faire face à un spectacle hilarant. En voyant leur regard, il tenta de se retenir, mais pouffa malgré tout un peu encore, avant de lâcher un dernier soupire amusé.
- qu'est ce que...? Pourquoi tu ris comme ça putain ?
Les yeux pétillants, il regarda le frère cadet, comme si celui ci était un imbécile.
- rien, rien. Juste que c'est bien dommage de ne pas savoir fermer une porte, surtout quand elle amène à l'enfer. Et puis, je trouve ça drôle que vous n'ayez pas pensé au fait que je ne parlais pas de cette porte. La porte vers le diable... C'était celle de l'entrée.
Et il se remis à rire, tandis qu'un grincement de planches et de pièces de métal rouillée emplissait l'espace sonore, avec le bruit, tel celui d'une guillotine funeste, d'un claquement de porte.
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