Chapitre XIX
Point de vue Shoto
Au bout du ponton sur le lac, mes jambes pataugent dans l'eau malgré le froid glacial de la nuit. Le vent fait frissonner mes bras nus, permettant à une fine couche de poils de faire son apparition.
Je regarde mon téléphone encore trempé dans ma main. Je n'hésite pas plus et le lance le plus loin possible, n'en ayant que faire de l'environnement. Je ne veux plus le voir. Puis, un lieu comme celui-ci n'a pas besoin de toutes ces nouvelles technologies.
J'essaye de me détendre, de penser à Izuku qui doit dormir paisiblement actuellement, à ma mère aussi, qui est probablement heureuse là où elle est, mais non, rien n'y fait, ce mal revient tout le temps, comme une musique d'arrière plan.
Je repense à tout ça, à la stupidité dont j'ai fait preuve. Comment ais-je pu être si égoïste? Je n'ai aucune excuse pour un acte si regrettable.
J'aurais pu vivre dans l'ignorance, oublier ce moment, faire comme si rien ne s'était produit mais non, je suis bien trop curieux. Si j'avais choisi d'oublier tout cela ce n'est pas pour rien.
Je repense à cet après midi, lorsqu'Izuku a malencontreusement fait tomber mon téléphone dans l'eau. Je ne lui en ai pas voulu, loin de là, mais ça aurait dû s'arrêter là. Mais non, j'ai voulu récupérer les photos de mes dessins que je ne possède plus, j'ai été stupide. Je n'avais qu'à les redessiner, me les remémorer, mais non, je suis têtu, donc j'y ai passé ma soirée, négligeant Izuku qui réclamait de l'attention à côté de moi et qui s'est finalement endormi.
Et j'ai revu.
J'ai revu ces captures d'écrans, celles que je n'aurais jamais voulu revoir. Je suis une horrible personne, une horrible personne qui ne mérite pas Izuku.
De longs frissons parcourent mon corps. Puis ces frissons se transforment en tremblements, ma tête s'embrume, d'horribles flash défilent dans ma tête, je le revois, là, me regardant de ses grands yeux rougis.
Ses cheveux courts et décoiffés.
Ses fines lèvres qui tremblaient dès qu'elle croisait mon regard.
Ses pieds qu'il regardait sans cesse.
Puis une main se pose sur mon épaule. Je me retourne, rien, enfin si, des vêtements, juste des vêtements. De petites lèvres maquillées de roses sont visibles elles aussi.
- Tooru?
- Qui d'autre? Dit-elle en s'asseyant à mes côtés.
Elle retire délicatement ses chaussures avant de tremper ses pieds dans l'eau. Deux petites cavités se forment dans l'eau claire, c'est indescriptible, je n'avais jamais vu ça auparavant.
- Tout va bien ? On aurait dit que tu étais en pleine crise de spasmophilie, dit-elle dans un rire.
J'ai du avoir l'air d'un vrai fou.
- Je me suis approchée car j'ai cru que tu allais tomber dans l'eau !
- Je me serai rattrapé tu sais.
- Ahah c'est vrai! Sinon, que fais-tu ici à cette heure là ?
- Je me changeais les idées et toi?
- J'ai mes secrets.
Sauf que c'est quand même bizarre... Elle vit sacrément loin puis nous sommes au beau milieu de la nuit.
- Tu vis dans les alentours Shoto ?
- Oui.
- Où ça précisément ?
- J'ai mes secrets, dis-je dans un rire.
Elle retire ses jambes de l'eau.
- C'est glacé... J'essaye de faire comme si de rien n'était mais c'est horrible, j'aurais fait de l'anémie si je restais plus longtemps dans l'eau, rit-elle.
Elle semble trembler, je regarde autour de moi mais je n'ai rien pour la couvrir.
- Shoto ouvre les bras.
Je le fais timidement et elle se glisse dans ceux-ci. Son corps est étonnamment chaud, je la serre contre mon gré. J'aime bien Tooru mais les contacts physiques comme ceux-ci beaucoup moins... Je ne vais rien dire parce qu'elle est morte de froid...
Je sens quelque chose de fin et long me caresser le visage, aurait-elle des cheveux?
Elle s'écarte mais cela est d'une courte durée, elle s'est juste retournée de sorte à être face à moi. Je peux le deviner grâce à sa poitrine contre mon torse. Mes doigts se posent sur son dos et le caresse doucement.
Son souffle chaud caresse la peau nue de mon cou, ses petits doigts glissent contre ma joue, je ne dis rien, pour ne pas la brusquer.
Elle est vraiment vive et adorable, un petit rayon de soleil comme diraient les vieux. Sa présence est plutôt agréable, je vais peut-être finir par m'habituer à cette proximité. Ce serait bien, la seule personne avec qui je peux être proche sans me sentir mal c'est Izuku.
Puis je ne sais pas pourquoi, mais je me sens coupable, je repense à lui, il n'aimerait pas que j'ai cette proximité avec Tooru.
- Tooru, décale toi...
Sauf qu'elle ne bouge pas. Je me connais, si je la pousse, étant donné que je n'ai aucune délicatesse, je vais la faire tomber dans l'eau.
- Je suis tellement bien là Shoto...
- Je vais rentrer moi donc s'il te plaît...
- Tu vas me laisser seule ? Moi qui pensais qu'on allait discuter toute la nuit... Je viens à peine d'arriver que tu t'en vas... Je t'ai sans doute déranger...
- Mais non mais non... Un autre jour?
- Dis moi la vérité au moins... Pourquoi tu veux que je te lâche, tu n'aimes pas m'avoir contre toi? C'est parce que je suis invisible c'est ça?
Sa voix tremble, elle a si froid que ça?
- Non Tooru, je t'aime beaucoup, je veux juste rentrer chez moi...
- Je peux venir avec toi?...
- Je ne vis pas seul.
- Tu sais si je me mets nue on ne me verra pas...
J'ai bien entendu ?
- Mauvaise idée Tooru...
- C'est bien ce que je dis, le fait que je sois invisible te dégoûte...
- Je n'ai jamais dit ça !
- Tu l'as pensé très fort!
- Absolument pas! Bon je suis crevé Tooru, j'y vais moi.
- Et tu vas laisser une jeune fille comme moi seule ici ?...
- Tu te mettras nue, on ne te verra pas.
Je ne peux pas voir son visage mais je suis quasiment sûr qu'elle a envie de me tuer.
- T'es horrible Shoto...
Sa voix est... tremblante. Je m'en veux automatiquement, comment j'ai pu lui dire ça...
- Je vais rentrer moi aussi, dit-elle tout bas.
- Je te raccompagne...
Elle se tourne vivement vers moi.
- M-merci...
Elle est vraiment mignonne. Mais ce n'est pas le même attendrissement que je ressens avec Izuku, elle j'ai plus envie de la protéger, alors qu'Izuku j'ai envie de l'avoir tout le temps à mes côtés pour finalement ne jamais le lâcher, afin que personne ne puisse lui faire du mal.
Je mets mes magnifiques converses bleues et nous partons. C'est vraiment silencieux la nuit, tout le contraire de la journée où c'est vraiment animé.
- Shoto j'ai peur...
Il est vrai que la nuit sombre et la présence de multiples arbustes et buissons peut être inquiétante. Elle vient s'accrocher à mon bras, je ne la repousse pas, par politesse encore une fois.
Le chemin est silencieux. Si c'était Izuku, il m'aurait ses blagues vaseuses tout le long, il m'aurait raconté de vieilles anecdotes un peu mauvaises et il aurait même fini par chanter.
Au bout d'une longue heure, nous sommes enfin devant chez elle, je me demande bien l'heure qu'il est.
Elle ne dit rien mais n'avance pas, au final elle se rapproche de moi et pose un baiser à la commissure de mes lèvres. Je suis comme pétrifié, ce n'était pas volontaire n'est-ce ? Elle a juste mal calculé la distance rassurez moi ?
Puis à peine j'ai cligné des yeux que je ne la vois déjà plus. Enfin ses vêtements. Qui sait, elle se balade peut-être nue dans les rues de la ville.
Je rentre chez moi d'un pas lent, ma tête est encombrée de nombreuses choses plus ou moins futiles, un rien me préoccupe, que ce soit cette fille au lycée, le semi baiser de Tooru ou encore ma sauce pour soba qui est vide.
Le trajet est long, silencieux, la nuit m'écrase. Habituellement je suis bien seul à l'extérieur, mais là, ça m'est insupportable, je me sens épié, en danger. Je ne suis pas spécialement paranoïaque, loin de là, mais là une horrible douleur tiraille mon ventre.
J'ai l'impression que chacun de mes pas résonne dans les rues vides. Bien trop vides. Comme l'autre jour quand j'ai vu Tooru, lorsque les rues étaient désertes. Je commence à avoir la chair de poule, cette ville que j'ai moi même créé commence à me mettre mal à l'aise, quelque chose ne va pas je le sens.
Puis lorsque je reconnais le chemin je cours, je ne sais pas pourquoi mais je cours, je me sens horriblement mal, mais pourtant je cours comme si ma vie en dépendait.
Complètement essoufflé, je m'arrête et lève la tête, le soleil commence à se lever, mais combien de temps suis-je resté dehors... Cette sorte de sentiment m'a enfin quittée.
Une fois dans notre jardin je cherche rageusement les clefs mais la porte s'ouvre sur Izuku sans que je ne puisse rien faire.
- T'as trois secondes pour m'expliquer avant que je ne t'enfonce mon genou dans les couilles.
Pardon?
- Temps écoulé.
Et par malheur il envoie réellement son genou dans mes parties génitales. Je me recroqueville sur le sol, pris de douleur.
Je lui lance un regard mais ma douleur est remplacé par une autre lorsque je vois son regard plein de larmes.
- T'aurais au moins pu effacer son rouge à lèvres...
Et la porte se claque, me laissant seul dehors.
~~~
Sinon ça vous a plu même si c'est un peu court ?
Chapitre plus court mais y a une raison, je vais avoir l'air d'un con mais je ressentais l'angoisse de Shoto quand j'écrivais c'était horrible du coup dès que je revenais dessus ça me prenait so j'ai abrégé la scène (j'aurais aimé la faire plus longue mais j'y arrive pas)
Kyoshiko~
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