Chapitre XIV

Point de vue Izuku

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, j'ai osé embrasser Shoto... Sauf qu'il n'a eu aucune réaction il a même froncé les sourcils, j'ai du le dégoûter... Je suis parti me promener du coup, parce qu'être à ses côtés me rendait encore plus nerveux.

Mes pas se font de plus en plus rapides puis je commence à courir sans savoir où aller, les larmes dévalant sur mes joues, comme si elles avaient leur propre autonomie. Je les essuie rageusement avec le revers de ma main droite.

Je ne sais même pas où je vais, je veux juste me vider la tête, ne plus penser à rien, oublier que je me suis pris un horrible vent par celui que j'aime.

Je regarde mes pieds, me contentant de courir en ligne droite sur l'étroit chemin de terre. Sauf que nous sommes en montagne, que le sol n'est pas droit, qu'il y a des pierres partout sur le chemin. C'est non sans surprise que je tombe sur le côté, dévalant violemment la montagne. Mon corps frappe contre chaque pierre, tombe dans chaque flaque, je sens chacun de mes os craquer, c'est donc ainsi que je vais décéder? Ah non, mon corps vient de se loger dans un creux, ou plutôt un trou. J'essaye de me lever, de bouger, mais ma cheville me fait horriblement mal, je vais devoir rester dans ce trou. Une bête vit sûrement dedans et reviendra rapidement me dévorer je suppose.

Mes pleurs s'intensifient, est-ce que Shoto me cherchera? Est-ce qu'il s'inquiétera au moins ? Après tout, il pourra dessiner un autre moi s'il commence à se sentir seul...

Le temps passe lentement, j'ai beau penser à milles choses le soleil ne vient tout juste que de se lever me réchauffant très légèrement. Je suis parti tôt dans la nuit, Shoto vient de se lever, il a du remarquer mon absence, est-ce qu'il se demande où je suis parti. J'ai beau penser qu'il ne viendra pas, au fond de moi, je ne veux que ça, qu'il soit fou d'inquiétude, qu'il me cherche depuis des heures, qu'il cri mon nom en courant dans les sentiers de la montagne, qu'il se dise que ce n'est pas mon genre de l'abandonner comme ça, mais surtout, qu'il ait peur de me perdre, de ne jamais me revoir.

Mes pleurs ont cessé, plus rien ne coule, j'aimerais bien pleurer moi, mais ça ne veut pas, j'ai bien trop pleurer pour que quelque chose puisse sortir. Je pourrais crier aussi mais je n'arrive pas à parler. Pourquoi ? Aucune idée. Pas un seul son ne semble vouloir passer la barrière de mes lèvres. J'ai bien trop froid pour tenter de ramper jusqu'au sentier le plus proche puis, avec ma cheville, je n'irai pas bien loin.

Je lève une nouvelle fois le regard vers le soleil, il doit être midi. Shoto ne viendra pas, je ne me fais plus d'idées. Mais à ce moment même, j'entends mon nom, une voix lointaine mais puissante cri. C'est Shoto? Je ne l'ai jamais entendu lever la voix à vrai dire, c'est quelqu'un de plutôt calme quand j'y pense. J'aimerais crier, dire que je suis là, mais mon corps ne m'obéit pas. Mes lèvres ont beau s'ouvrir seul un murmure étouffé en sort.

Des pas semblent se rapprocher, des pas rapides, c'est peut-être Shoto, ou alors une bête sauvage venue juste pour me manger. Et même s'il passe près de moi, me verra-t-il, je veux dire, mes cheveux sont verts, certes pas comme l'herbe mais ils ne ressortent pas particulièrement dans le décor et mon corps est bien enfoncé dans la cavité.

- Izuku!

La voix est bien plus proche et je reconnais automatiquement son propriétaire.

- Shoto... Dis-je dans un murmure.

Les pas se rapprochent une nouvelle fois et je peux désormais voir Shoto courir vers moi. Il a l'air complètement paniqué. Une partie de moi est soulagée mais une autre s'en veut de l'avoir inquiété.

- Je peux savoir comment t'es arrivé là ?...

Je me mords la lèvre, les larmes recommencent à couler d'elles même.

- Excuse moi, ça va au moins ? Enfin à peu près ?

Je secoue négativement la tête, à quoi bon mentir, je ne peux même pas me lever.

- Tu peux te lever ?

Je réitère mon acte passé et il s'approche de moi pour me mettre sur son dos.

- Et nos affaires, dis-je en murmurant près de son oreille.
- Ce n'est absolument pas ma priorité, puis je peux les faire disparaitre.

Ça me gène toujours, ça me donne comme un sentiment d'infériorité face à lui. C'est peut-être bête, je le sais, mais il est le créateur de ce monde. Et dire que j'ai cru avoir une chance avec lui. J'espère qu'il ne va pas mettre une distance entre nous après ça.

- Merci, dis-je au creux de son oreille.

Il frémit, ne disant rien. Peut-être qu'il pense que je me fais des films actuellement, qu'il ne veut rien répondre pour ne pas me donner de faux espoirs. Il fait ça juste par gentillesse Izuku.

- Tu peux attraper mon téléphone dans ma poche arrière ? Que je dise à Ochako de ne pas venir nourrir le hamster.

J'attrape son téléphone du bout des doigts, bien que j'aurais aimé toucher son postérieur et le lui tends.

Après de longues heures silencieuses pendant lesquelles je me suis endormi nous arrivons enfin chez Shoto. Nous traversons sa maison qui ne m'a jamais parue aussi grande et il me dépose finalement sur son lit.

- Bouge pas je vais chercher de quoi soigner ta cheville.

Ce n'est pas comme si je le pouvais.

Il revient avec divers objets pharmaceutiques et me regarde gêné.

- Tu peux retirer ton pantalon vite fait que je te bande la cheville ?...

Tu es une personne horrible Shoto. Même après m'avoir rejeté tu me fais espérer. Je sais, ce n'est rien, c'est uniquement un pantalon, j'ai un sous vêtement en dessous mais c'est déjà énorme pour moi. Je fais de mon mieux pour retirer ce fichu bas bien plus dur à enlever qu'à l'accoutumée. Je tire timidement sa couverture sur mes cuisses endolories et marquées d'hématomes pour ensuite le laisse faire son bandage. Mais lorsque ses doigts se posent sur la peau nue de mon genou je ne peux retenir un frémissement.

- J'ai fini, je vais te déposer dans ta chambre.

Le cul à l'air?

- Mon pantalon, dis-je tout bas.

Il semble réaliser que je n'en porte pas. Il m'aide à l'enfiler et me porte jusqu'à ma chambre où il me glisse dans mon grand lit froid et monotone. Pourquoi est-ce que je m'attendais à rester dans son lit ? Il n'allait tout de même pas me donner cette chance.

- Tu veux que je reste avec toi ? Demande Shoto gêné.

C'en est trop.

- Non Shoto, laisse moi, pourquoi tu t'obstines à faire comme si de rien n'était? Pourquoi tu continues à me faire espérer comme ça?! Pourquoi tu ne me dis pas clairement que ce ne sera jamais réciproque...

Il me regarde sans rien dire. Il ouvre la bouche pour parler mais la referme automatiquement. Les larmes dévalent mon visage, il va encore m'ignorer...

- Mais merde! Parle! Me laisse pas encore comme ça!
- Parce que tu m'as dit de ne plus mentir.

Pardon?

- Je-j'ai pas compris Shoto...
- Bah je ne vais pas te dire que ce n'est pas réciproque si ce n'est pas vrai.

Je dois rêver c'est ça. Ou alors il dit ça pour pas me blesser.

- Je n'ai pas dit être sûr non plus, juste que je ne sais pas, je veux prendre mon temps, ne pas me précipiter, ne pas faire de connerie pour nous éviter de souffrir, enfin surtout toi... Mais je n'ai pas envie de prendre mes distances avec toi juste parce que je suis incapable de prendre une décision...
- Sauf que... sauf que si tu changes d'avis tu m'auras fait espérer pour rien...
- Malheureusement... C'est pourquoi je ne voulais rien te dire... Donc s'il te plaît, le temps que j'y réfléchisse, on peut faire comme si rien ne s'était produit ?

Mais maintenant que j'ai goûté à ses lèvres j'ai envie de m'y jeter dès que je les vois.

- Donc je disais, reprend-t-il, je reste avec toi?
- Seulement si tu vas chercher Bubulle, lui dis-je avec un grand sourire.
- C'est moi qui te rends service à la base je te ferai remarquer, dit-il dans un rire. Mais bon on va dire que c'est l'inverse.

Il quitte finalement sa chambre pour aller chercher mon petit Bubulle. Il revient quelques minutes après avec sa cage ainsi que ses affaires de dessin. Je prends la petite et adorable bête dans mes mains et la pose sur mes genoux tandis que Shoto s'assoit à mes côtés.

Il commence à dessiner et je le regarde sans un mot. Je lui reproche de trop dessiner mais il est franchement talentueux.

- Tu dessines quoi?
- Les fameuses fêtes traditionnelles dont je te parlais.

Je n'ajoute rien de plus et me contente de fixer son poignet bouger. Il est doué de ses mains, il doit bien savoir... CHASSE CES PENSÉES MALSAINES IZUKU!

Je ne sais pas depuis combien de temps je le fixe dessiner, le temps passe vite, je ne m'ennuie absolument pas, c'est passionnant. Le dessin prend déjà forme alors qu'il ne possède aucune couleur et aucun trait concret.

Il prend désormais un petit marqueur noir et commence à tracer les contours de chaque objet ou personnage. Il change de feutre sans même les regarder pour dessiner d'autres traits.

- Pourquoi en avoir pris un autre alors qu'il est aussi noir.
- C'était un 0.7 auparavant, là c'est un 0.3 .

Je n'ai absolument rien compris.

- Tu vas mettre de la couleur ?
- C'est rare que je le fasse mais je pense oui.
- Pourquoi ne le fais-tu pas d'habitude ?
- Je préfère laisser libre cours à l'imagination de la personne qui regarde mon dessin. Mais là c'est pour te donner une idée donc autant le colorer.

Une fois qu'il a finit avec le noir il commence à colorer chaque détail du dessin sans laisser un seul endroit blanc. Je ne sais pas comment passe le temps autour de nous tant je suis captivé par ses dessins.

Au milieu de son dessin, on peut voir deux personnes de dos dans une tenue que je n'avais jamais vu auparavant, ce doit sûrement être des kimonos. Lorsqu'il colore les cheveux des personnages je réalise qu'il nous a dessiné tous les deux sous le ciel étoilé... C'est magnifique.

Une fois son dessin fini, je suis littéralement émerveillé, je n'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau. Mille scénarios se font dans ma tête, je me vois déjà, là bas, éclairé par les étoiles, embrassant Shoto après avoir profité de cet événement.

- On doit organiser ça ici Shoto! On va avoir besoin de tes talents de dessinateur et de ton pouvoir !
- Je ne me sens absolument pas exploité.
- Si tu veux on peut tout organiser seuls mais ça mettra un temps monstre.

Il hoche lentement la tête.

- Ça ne me dérange pas de toute façon, c'est plutôt sympa à dessiner.
- Donc tu peux l'ancrer dans notre culture et faire comme si ça avait toujours existé ?
- Oui je le peux, mais tu ne te souviendras probablement pas avoir eu cette discussion ainsi que de ce dessin car ça n'aurait aucun sens sinon.

Je me mords la lèvre. C'est triste...

- Je sais! Tu peux l'ancrer dans la culture des gens ici mais pas la mienne! Vu que je ne suis pas d'ici.

Il me fait un sourire malicieux.

- Tu es bien vite revenu sur tes idées par rapport à mon pouvoir~
- C'est juste que ça peut être pratique...

Il rit doucement. C'est rare que je l'entende rire mais c'est toujours agréable.

- Je m'en occupe mais ça prendra un peu de temps tout de même, dit-il finalement.

Ses lèvres s'étirent en un sourire franc mais surtout, horriblement craquant. Je pose mon regard sur mes pieds, si je le regarde plus longtemps je vais faire une bêtise.

- Tout va bien Izuku?
- J'ai juste sommeil, je pense dormir...
- Je vais te laisser tranquille alors. Passe moi Bubulle je vais le mettre dans sa cage.

Je lui tends tristement le hamster qu'il part déposer dans sa cage.

- Shoto, dis-je à mi voix alors qu'il quitte ma chambre.
- Oui?
- S'il te plaît, reste avec moi...

Je parlais de faux espoirs, mais en vrai, je ne veux que ça, qu'il m'en donne, qu'il me fasse comprendre qu'il m'aime.

Il s'allonge près de moi et je me contente de le fixer sans un mot. J'ai le droit de venir contre lui? Mais avant même que je puisse faire quelque chose il me tire contre lui, je me blottis un peu plus, heureux d'être aussi proche de lui.

Je dois absolument parler à Ochako, si tout se passe comme prévu, le plus beau jour de ma vie ne tardera pas à arriver.

~~~
Alors alors? Le prochain chapitre sera un peu plus long parce que ce sera le fameux ( ͡° ͜ʖ ͡° )

Kyoshiko~

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