Chapitre XII
Point de vue Izuku
Mon index droit tremblant appuie sur l'icône bleue foncée de l'application. Shoto me regarde avec un sourcil haussé, il ne faut pas qu'il voit ça... Je rassemble le peu de force que je possède et cours m'enfermer dans les toilettes. Une fois assis contre la petite porte de celles-ci, je pars sur le profil de Yuzu. C'est avec horreur que je découvre les photos les plus intimes que j'ai pu lui envoyer. Je laisse mon téléphone heurter le sol, ça y est, tout recommence, ma nouvelle vie est complètement gâchée... Bientôt, Shoto aussi sera au courant, d'ailleurs il frappe contre la porte depuis un moment mais je ne lui ouvrirai pas...
J'ai envie de mourir... Pourquoi moi?... Je sais, je n'aurais jamais dû envoyer ces photos, mais il m'en avait envoyé aussi et m'avais promis de ne pas garder la photo une fois envoyée... En plus je lui avais dit ce qu'il m'était arrivé auparavant, si ça se trouve il l'a fait pour cette raison là...
- Izuku ouvre moi... Je t'entends pleurer...
Est-ce qu'il me comprendrait? J'en suis très peu sûr... J'ai juste envie de me rouler en boule et de ne jamais me relever, ma vie est un échec total... Je me laisse glisser sur le sol, complètement démunis de force.
- Ne me force pas à ouvrir la porte de moi même...
- ...
- C'est Yuzu c'est ça? Tu veux qu'on aille redécorer sa maison avec du papier toilette ?
Il arrive même à me faire sourire dans un moment pareil...
- Shoto laisse moi...
Il ne me répond rien et j'entends la porte s'ouvrir. Ne relève pas la tête Izuku...
- Izuku... Ne me dis pas que ça a recommencé...
MON TÉLÉPHONE SUR LE SOL!
Je m'empresse de l'attraper pour ensuite le jeter dans les toilettes. Shoto laisse échapper un long soupir et quitte la petite pièce sombre. Même lui est dégoûté de moi... Sauf que je ne veux pas le perdre lui aussi... J'attrape sa cheville d'une main, je dois m'expliquer...
- Ne me laisse pas, dis-je d'une voix étouffée.
- Te laisser? Je n'ai jamais parlé de ça. Par contre dépecer Yuzu ça me branche un peu plus.
Je ne trouve rien à lui répondre mis à part des sanglots étouffés.
- Je m'occupe de la supression de ces photos Izuku.
- Merci... Mais ça ne changera rien, tout le monde les as vu. Puis la ville n'est pas bien grande, tout circule ici, tout le monde doit être au courant...
- Izuku, t'as pas à te cacher, t'as rien fait de mal, c'est pas toi le méchant dans l'histoire ! C'est Yuzu qui doit être blâmé.
Je ne réponds rien, à court d'argument, me contentant de pleurer sur le sol.
- Ne me laisse jamais, dis-je en reniflant.
- Comme si j'en avais l'intention.
- Même après ce que tu viens de voir...
Un long soupir passe alors la barrière de ses lèvres charnues.
- Même après ce que je viens de voir Izuku.
Il me tend sa main, la même qu'il m'a tendu lorsque nous rentrions de chez Yuzu. Je l'attrape, tremblant, et me relève.
- Tu vas pas voir Yuzu hein...
- Pourquoi je n'irai pas?
- Il pourrait envoyer encore pire...
Il ne dit rien pendant de longues secondes.
- Tu aimerais le voir mort?
Je hoche la tête lentement.
- Mort comment?
- Je veux qu'il souffre...
Shoto se passe une main dans les cheveux.
- Ça se produira.
- Shoto, qu'est-ce que tu me caches...
- C'est absolument pas le moment pour que je t'explique, j'ai quelqu'un à tuer.
- Shoto dis moi...
Il se mord doucement la lèvre.
- Suis moi juste. Ne dis rien.
Je le suis jusqu'à la salle à manger où tout son matériel de dessin est présent. Il se munit d'un crayon et me fait signe de m'approcher. Il commence à dessiner un petit ourson en peluche. Une fois le dessin achevé, sur la table, sous mes yeux ébahis, apparaît le même petit ourson mais coloré de violet.
- A-attends... Recommence...
Il dessine maintenant un hamster qui, lui aussi, se retrouve sur la table.
- Il est adorable...
- Je suis content, au moins tu ne pleures plus...
- Shoto il va falloir que tu m'expliques...
Il prend une longue inspiration.
- On va sur le canapé, on y sera mieux.
Je prends le petit hamster dans mes mains et il me porte telle une princesse avant de me déposer sur le canapé, dans notre position préférée. Sa main gauche se perd dans mes cheveux tandis que sa tête se lève doucement, regardant le plafond.
- Il y a quelques mois, j'ai commencé un manga, une histoire qui a énormément marchée. Puis un jour, la page blanche, il me fallait une solution à tout prix. J'ai inventé une histoire horrible à mon personnage principal, il a finit par faire une tentative de suicide. Sauf que ça n'a pas marché, le manga ne voulait plus se dessiner. C'est alors que du jour au lendemain j'ai atterri ici.
J'ai du mal à tout assimiler... Ma vie ne serait que l'histoire de Shoto?... J'ai du mal à y croire...
- Tu me mens hein?...
- Je suis désolé... C'est moi qui ai créé tous les malheurs dans ta vie...
- Même ce qui vient d'arriver aujourd'hui ?...
- Non non! Je te l'ai dit, j'ai perdu le contrôle de mon histoire...
Je peux voir une goutte glisser le long de sa joue.
- Tu ne pouvais pas savoir que "j'existais", dis-je avec un sourire triste.
Je ne dois pas lui en vouloir, il ne faisait qu'écrire son histoire. Pourtant, une part de moi lui en veux un peu, je suis idiot, je n'arrive même pas à le comprendre... Mais j'ai comme l'impression que toute mon existence n'était qu'une histoire, créé pour faire de l'audience.
- Je suis désolé Izuku...
- C'est pour ça que t'avais disparu un temps?
- Je n'arrivais plus à revenir ici... Je te jure que si j'avais pu revenir je l'aurais fait, je ne serais même jamais parti.
Je me blottis un peu plus contre lui. Les larmes recommencent à couler. S'il n'était pas parti, je ne me serais jamais mis avec Yuzu... Ce n'est pas de sa faute, loin de là, mais ça m'aurait empêcher de faire une telle erreur.
- Tu savais que ça allait finir comme ça avec Yuzu?... Dis-je en reniflant.
- Absolument pas... Je l'ai juste fait très amoureux de toi, mais après ça je n'ai plus rien contrôlé.
- Et moi, comment tu m'as créé de base?
Ses joues s'empourprent.
- J'ai imaginé la personne... parfaite, on va dire... Enfin... à mes yeux...
C'est au tour de mes joues d'être rouges.
- Et ç-ça a marché?...
Il hoche fébrilement la tête. Des papillons battent doucement leurs ailes à l'intérieur de mon ventre. J'essuie d'une main les larmes qui s'échappent abondamment de mes yeux.
- Mais peu importe, dit-il gêné, je peux tuer Yuzu si tu le souhaites...
- Serais-je prêt à vivre avec sa mort sur la conscience ?...
- On peut faire un suicide.
- Tu parles de ça comme si c'était normal... Alors qu'on parle d'une vie humaine tout de même. À moins que pour toi les vies des gens ici ont moins d'importance que celles de ton monde...
- Non loin de là... C'est sa vie à lui qui a moins d'importance...
Pourquoi est-ce que je prends du plaisir à entendre de tels mots pourtant si mauvais?
- Je n'aime pas te voir pleurer Izuku...
Je tente de calmer mes pleurs mais impossible, je n'y arrive tout simplement pas.
- Tu n'es pas seul, peut-être que des gens te jugent quelque part, mais ceux qui t'aiment vraiment doivent te défendre.
Je me mords la lèvre, je dois me montrer fort, je ne dois pas me laisser abattre, sinon Yuzu aurait réussi ce qu'il voulait faire, c'est à dire me briser.
Je fouille dans ma poche pour prendre mon téléphone sauf qu'il n'y est pas. J'ai cette image de mon téléphone flottant à moitié dans la cuvette des toilettes qui me revient.
- Je peux t'en créer un si tu le souhaites.
- Non, je préfère ne pas en avoir... Je voulais juste voir si Ochako m'avait envoyé un message mais ce n'est pas grave...
C'est à son tour de sortir son téléphone, je ne peux pas voir ce qu'il fait d'où je suis. Au bout de longues secondes, il tourne son téléphone vers moi, ce sont les commentaires sous la publication de Yuzu. Beaucoup ont aimé sa publication, mais en commentaire, beaucoup me défendent, que ce soit des personnes que je connais ou des parfaits inconnus.
- Tu vois, les gens n'approuvent pas ce qu'il a fait.
- La majorité silencieuse Shoto... La majorité silencieuse...
- Oui mais cette majorité silencieuse elle ne fera rien, elle se contentera de rire, alors que les autres ils te défendent corps et âmes!
Mes dents viennent à nouveau rencontrer ma lèvre inférieure, il a raison... Parmi ces personnes, je peux voir Ochako, Eijiro et même Katsuki.
- Mais sois sûr que je ne quitterai pas cet endroit pendant un long moment, dis-je à Shoto.
- Je ne te force en rien, je veux juste que tu ne t'enfermes pas dans ton malheur. Tu sais il faut que tu vois des gens, pas forcément rester tout le temps seul.
Je hoche la tête.
- Je te vois toi, c'est suffisant non?
Un léger rire passe la barrière de ses lèvres.
- Je ne sais pas. On va dire que oui. Et Ochako?
- Elle m'a vu nu...
- J'ai aussi vu les photos, pourtant ça ne te gêne pas.
- Bien sûr que si! Ça me met horriblement mal à l'aise que tu ais vu ce que je possède entre les jambes mais toi c'est différent...
- A-ah bon?... Pourquoi ?...
- Je ne sais pas...
Si, je sais très bien pourquoi, mais plutôt mourir que de lui dire...
- Je vais dormir je pense.
- Mais il est dix-sept heures...
- Au moins quand je dors, je vis une autre vie.
Très souvent une vie heureuse avec Shoto, où aucun problème ne nous attend.
- Tu veux bien dessiner une cage pour le hamster ? Dis-je en me levant.
- Tu veux le garder?
- Il est mignon...
- Passe le moi, je vais lui faire sa maison.
Je le lui tends et il le prend dans ses mains. Il a l'air fasciné par la petite vie se trouvant entre ses mains. Je lui fais un sourire et pars dans mon ancienne chambre qui n'a absolument pas changée. Il s'est passé beaucoup trop de choses aujourd'hui, je veux juste dormir.
Mais au bout de seulement un petit quart d'heure, Shoto toque timidement à la porte boisée de la chambre.
- Oui?...
- Je sais que tu ne veux voir personne mais y a Ochako à la porte et ça me fait de la peine de la laisser dehors...
- Dis-lui que je dors.
- Elle ne se moquera pas de toi tu sais...
- S'il te plaît Shoto...
- Je lui dis de repasser un autre jour, dit-il dans un soupir.
Je sers un peu plus la couverture épaisse contre mon corps, qu'ai-je fait pour mériter tout ça?...
~~~
Alors?
Prochain chapitre, lemon Kiribaku, j'essayerai de le sortir demain mais si je l'ai pas fini ce sera après demain
Kyoshiko~
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