Point de vue Shoto

Deux semaines... Deux semaines que je ne suis plus publié au Jump, que je ne suis plus publié nulle part d'ailleurs, j'ai fait une pause car mon histoire n'avait plus aucun sens.  Mon mode de vie actuel est déplorable... Mes bonnes résolutions et volontés n'ont durées que le temps d'un après-midi.

Il y a peu, je mourrais d'envie de le revoir mais aujourd'hui j'ai perdu tout espoir. Je ne vais pas tarder à être dans la merde, je ne touche plus rien étant donné que je ne dessine plus donc je vais être mal au moment de payer le loyer et de m'acheter à manger.

Si j'avais le même "pouvoir" que dans le monde d'Izuku tout serait bien plus simple. Ma vie ici est tout simplement fade et sans goût. Je ne lui trouve plus aucun intérêt.

Parfois je songe à m'en aller tutoyer les anges, mais je suis bien trop peureux, bien trop lâche, pour oser passer le cap. Je pense plutôt me laisser dépérir lentement.

C'est bête non? Mais les humains sont bêtes et font des choses irréfléchies. Nous sommes dénués de logique et de bon sens. La vie est constituée d'erreurs et de choses ratées. Il y a d'autres choses, semblables à des mirages. Les bons moments il paraît. Sauf que ça ne dure jamais et que les mauvais côtés reprennent de l'ampleur.

Il faudrait que je trouve un sens à ma vie, une raison de vivre. Certains vivent pour l'amour, d'autres pour leur travail, d'autres pour l'argent ou certains pour leur passion. Mais malheureusement je n'ai rien de tout ça moi. Ma seule raison de rester parmi les vivants est sans doute ma peur de la mort. Enfin, peur de l'inconnu serait plus correct.

Un long bâillement passe la barrière de mes lèvres. Je suis fatigué. Ça signifie donc que je vais devoir aller dormir... Je vais lire un livre je pense... C'est bien les livres aussi... Sauf que je n'en ai pas... Il n'y a pas une application pour lire des livres? Je ne me souviens plus du nom... Ça commence par un "W" WhatsApp ? Non ça c'est pour les messages... Je n'arrive vraiment pas à m'en souvenir... Tant pis...

Je pars d'un pas lent vers ce qui me sert de lit, l'envie de dormir me faisant froid dans le dos. Je me glisse entre la couverture blanche et froide et le matelas fin de mon futon. Il fait horriblement froid dans cette petite pièce me servant de chambre, le chauffage ne marche plus et je n'ai pas de quoi payer le réparateur. Je grelotte doucement dans mon futon, tenant fermement mon téléphone encore chaud dans mes mains. Je garde les yeux ouverts, pense à des choses pouvant me tenir éveiller mais rien n'y fait, ils tentent de se fermer toutes les cinq secondes. Au bout de minutes qui me paraissent des heures, le monde des songes vient me chercher.

Je me réveille dans un lit moelleux, chaud, grand. Je ne veux pas ouvrir les yeux, je sais très bien où je suis... Pourquoi est-ce que je me retrouve à cet endroit seulement maintenant ? Une fois que tout est trop tard? Une fois qu'Izuku vit avec celui qu'il aime? Une fois que je ne peux plus rien faire ?

Je me résigne à ouvrir les yeux, pouvant observer cette chambre que je ne connais que trop bien. Je pense que je ne vais pas bouger pendant que je suis ici, comme ça c'est impossible de croiser Izuku. Je ne sais même pas s'il est de retour dans cette ville, j'ai arrêté de lire mon manga, je n'avais pas envie de remuer le couteau dans la plaie.

Je me lève tristement, me remémorant les moments passés avec Izuku à cet endroit. Une douleur s'installe dans ma poitrine au fur et à mesure que j'avance dans les longs corridor de la maison. Pourquoi est-ce que c'est si douloureux ? Je ne sais pas combien de temps a passé mais la grande demeure est toujours intacte, pas une trace de poussière, pas une fissure dans les murs, rien.

Le temps va être long, très long, je n'ai rien à faire mis à part dessiner. Sauf que je n'en ai pas l'envie actuellement. Étrange non? Mon subconscient a envie de revoir Izuku, de se balader dans les rues étroites et de le croiser par pur hasard. Mais je n'en ai pas totalement envie, une part de moi ne veux pas le revoir, il sera sûrement accompagné de Yuzu et je ne peux absolument pas le supporter. Mais je n'ai pas mon mot à dire, s'il rend Izuku heureux c'est le principal non?

J'ouvre mon téléphone et pars regarder mes discussions avec lui. En relisant le peu de messages que nous nous sommes envoyés je réalise que je dois être le seul à me prendre autant la tête de nous deux. Nous n'étions absolument pas proches. Il ne doit même plus se souvenir de moi. Je remarque aussi un message en attente d'un inconnu datant de quelques temps déjà.

Inconnu :
Hey c'est Ochako, je voulais prendre de tes nouvelles comme on te ne voit plus ^^'

Moi :
Tout va très bien. J'espère que c'est pareil de ton côté.

Ochako :
Oui ^^ enfin je m'inquiète un peu pour Deku... Yuzu m'a vraiment l'air louche... Mais je n'ai pas à me mêler de sa relation... Mais juste, touches-eb lui un mot, j'ai un horrible pressentiment

Moi :
Tu n'es pas la seule à le penser. Je ne dirai rien à Izuku, je ne sais même pas où il est à l'heure actuelle donc bon...

Ochako :
Je te passe son adresse si tu le souhaites... Mais je m'inquiète vraiment, avec Yuzu il est complètement coupé du monde, leur relation est vraiment toxique...

Moi :
Relation ?

Ochako :
Tu n'es pas au courant ?

Me dites pas que c'est ce à quoi je pense?..

Moi :
Non

Ochako :
Ils sont ensemble depuis plusieurs mois désormais

Donc il l'a vraiment fait... Il est vraiment parti avec lui... Je regrette mes messages... J'aurais du le retrouver...

Moi :
Si je les vois je les féliciterai tout simplement

Et moi qui parlais d'arrêter mes mensonges...

Ochako :
Tu dis ça car tu n'as pas vu leur relation ! Je ne veux que le bien de Deku mais je ne suis pas sûre que ce soit possible avec Yuzu...

Moi :
Pourquoi ?

Ochako :
Je te l'ai dit, leur relation est toxique... Je ne peux même plus le voir parce que Yuzu est jaloux, pourtant tu sais très bien que je ne porte pas d'attention aux hommes sur le plan amoureux. Il est horriblement possessif et méchant avec lui, ce n'est pas une vie pour Deku... Mais il ne voit rien, parce qu'il est persuadé de l'aimer... Il a besoin de toi Shoto...

Ces messages me font l'effet d'une flèche en plein cœur. Izuku souffre autant et je n'ai rien vu? Encore pire, j'ai souhaité ne rien voir, nier son existence. Je ne réfléchis pas plus et lui écris un message.

Moi :
Ça te dit qu'on se voit?

Izuku :
Tu reviens comme ça comme une fleur... Quand ça?

Moi :
Aujourd'hui

Izuku :
J'aimerais bien mais ça va pas être possible... Je passe ma journée avec Yuzu

Moi :
Tu le vois tous les jours lui!

Izuku :
Justement, il ne s'est pas absenté plusieurs mois sans rien dire... J'ai beau m'en persuader j'ai du mal à croire à cette histoire d'ange gardien...

Moi :
Je t'explique tout si on se voit ok? Aucun mensonge comme promis!

Izuku :
J'aimerais vraiment hein, je te l'ai déjà dit, mais aujourd'hui c'est mort...

Moi :
Et demain?

Izuku :
Demain aussi...

Izuku :
Quoique c'est dimanche, je peux dire que je suis parti au grand marché... Mais ce sera rapide hein...

Moi :
Pourquoi tu ne lui dis pas tout simplement ?

Izuku :
Il ne te porte pas dans son cœur... Puis, il est très protecteur, il veut éviter que tu me fasses souffrir à nouveau... Mais peu importe, on en parle demain matin... On se rejoint à l'entrée sud...

Sa relation m'a vraiment l'air malsaine... Je verrai bien demain.

Le lendemain est bien vite arrivé, je ne sais pas pourquoi mais je stress. Pourtant ce n'est qu'un personnage fictif, je ne sais pas pourquoi je ressens une telle tension. Je me suis habillé de vêtements simples et noirs. J'ai également dessiné mes précieuses Converses qui étaient restées à l'appartement.

Je quitte "ma" maison, laissant mes pieds s'enfoncer l'un après l'autre dans la neige. Habituellement, lorsqu'il fait un tel froid je marche au ralenti mais pour la première fois mon rythme se rapproche plus de la course que de ma marche lente habituelle.

J'arrive au point de rendez-vous à l'heure, ou plutôt une demie heure trop tôt. À quoi m'attendais-je ? Il n'allait pas arriver en avance non plus.

Du coup j'attends malgré le froid. Au début c'était cinq minutes, puis les cinq minutes en sont devenues dix, vingt, trente, quarante, ainsi de suite jusqu'à une heure. Il a bien le droit d'avoir du retard non? Il a sa vie après tout, je ne suis pas une réelle priorité.

Il arrive finalement, haletant, comme s'il venait de courir un marathon en pleine montagne.

- Sh-shoto !

Il me fait un rapide salut de la main. Je m'attendais à un câlin, à une étreinte mais non, rien.

- Il y a beaucoup de monde ici, ce n'est pas le meilleur endroit pour parler, dis-je finalement afin de mettre fin au silence.

Il hoche la tête. Nous partons nous poser dans un café en plein centre ville. Comme un Starbucks mais cent ans plus tôt. Nous nous sommes mis à l'écart des autres, le café étant réellement bruyant à son centre.

Nous ne parlons pas encore mais je peux ressentir le stress émanant d'Izuku. Ses yeux qui regardent régulièrement derrière lui, sa lèvre inférieure qu'il mordille doucement, tous ces signes ne trompent pas.

- Raconte moi, dis-je finalement, que deviens-tu ?
- Je vis une vie géniale aux côtés de celui que j'aime... Je ne peux pas rêver mieux...

Ses phrases ne contiennent pas d'ironie mais je sens la même chose que dans mes paroles, du mensonge.

- Vraiment? Je suis heureux que tu te plaises avec Yuzu.
- Oui, mais toi plutôt, que deviens-tu ?

J'ai honte, ma vie est pitoyable, il ne m'arrive que des problèmes entièrement mérités.

- Absolument rien...
- Tu dessines toujours ? Tu dessinais un manga il me semble.
- Quasiment plus... Et j'ai arrêté ce manga...
- T'es pas sérieux?! Tu es vraiment Todoroki Shoto ?! Ce n'est pas possible... Non ça doit être une autre personne en face de moi...
- J'aurais aimé ne pas être sérieux...
- C'est franchement dommage... Je suis désolé d'en avoir reparlé...

Je suis triste, non pas parce qu'il m'a parlé de mon ancienne passion mais pour une raison que je ne connais pas.

- Izuku?... Tu m'avais dit que tu me ferais une blague à chaque fois que tu me voyais non?...

Son visage s'illumine soudainement.

- Tu t'en es souvenu... Bien sûr, j'en ai trouvé pleins en plus avec le temps! J'hésitais même à te les envoyer par message mais je ne voulais pas déranger, avoue-t-il gêné.

Il réfléchit quelques secondes.

- Pourquoi les gens des pays chauds mangent-ils aux toilettes ? Parce qu'ils aiment manger épicé!

Manger épicé? Manger et piss- JE VIENS DE COMPRENDRE ! Bon elle était pas drôle mais elle m'a fait sourire...

- Je suis content, tu as souris...

Je rougis légèrement. Ça doit être la première fois depuis des semaines...

- Bon... Shoto, on va pas éviter le sujet éternellement... Tu m'as dit que tu me dirais la vérité, dit-il de but en blanc.

C'est horriblement dur à dire maintenant que je suis face à lui. Je n'en ai pas envie... Il va me prendre pour un fou, un illuminé...

- C'est dur à dire... C'est gênant...
- Gênant? Dit-il en haussant un sourcil. Je ne suis plus à ça près avec ce que j'ai vécu.

J'avais presque oublié...

- Allez s'il te pl-

Il est coupé par la sonnerie de son téléphone. Il s'excuse et décroche, je peux voir distinctement le nom de Yuzu s'afficher sur l'écran. Il a le don pour tout gâcher. Izuku tire une triste mine en l'écoutant, je me demande ce qu'il peut bien lui dire.

- Je sors rarement, dit Izuku à son amant, je peux bien de temps en temps...

Il a un réel problème de possessivité.

- Oui oui je suis à toi...

J'ai de la peine pour Izuku... Et j'ai aussi une sale envie de faire comprendre à cet idiot qu'Izuku n'est pas un objet.

- Je rentre bientôt ne t'inquiète pas, tu n'as pas besoin de venir... Je finis ce que je fais et je rentre...
- Tu peux y aller Izuku, lui dis-je pour lui éviter des problèmes.

Les yeux d'Izuku s'ouvrent en grand, comme si j'avais insulté sa mère.

- Non je suis seul... Dit Izuku avec une mine renfrognée.

À sa place j'aurais déjà raccroché.

- J'ai croisé un ami de longue date d'accord...

Mais raccroche bordel ! Dis-lui d'aller se faire foutre !

- Je ne t'ai pas menti!

C'en est trop, j'ai pris le téléphone d'Izuku et me suis permis de raccrocher. Ce type ne le mérite clairement pas.

- Pourquoi tu as fait ça?...
- Tu sais, dès que tu as décroché tu as perdu ton sourire. Il ne te rend pas si heureux que ça je me trompe?
- C'est compliqué, tu ne peux pas comprendre... Moi même je ne comprends pas pour te dire... Mais là c'est le cadet de mes soucis, avec ce que tu viens de faire il doit être fou de rage...
- Ce n'est pas ton père Izuku! Tu n'as pas à faire ça normalement !
- Je sais bien...

Il se mordille la lèvre et regarde les alentours comme il le faisait auparavant.

- Il ne viendra pas si c'est ce dont tu as peur.
- Si... Il le fera...
- Il ne sait pas où tu es.
- Il a ma localisation...
- Mais tu te dis pas qu'il y a un problème quelque part?! Il n'y a aucune confiance dans votre couple!
- Tu n'en sais rien! Tu n'as jamais été en couple à ce que je sache!
- Ça n'a aucun rapport ! Je constate juste qu'il n'a aucune confiance en toi et qu'il te traite comme son animal domestique !

J'allais rajouter quelque chose lorsqu'un point s'abat sur la table.

- Izuku on y va.

Mais ne me dites pas qu'il va le suivre?!

- Izuku! Tu vas pas l'écouter !
- Je préfère sauver mon couple plutôt que ne rien faire...

Et il s'en va, me laissant seul à cette table désormais bien silencieuse.

~~~
Prochain chapitre notre voix de la sagesse entre en jeu!

Alala, j'aime tellement rendre Yuzu de plus en plus détestable -^-

Kyoshiko~