Chapitre VII
Point de vue Izuku
J'ai envie de connaître plus Shoto, de tout savoir sur lui. Surtout que j'ai comme l'impression qu'il me cache quelque chose d'énorme...
- Je te laisse me poser une question, lui dis-je.
Il semble réfléchir et le stress monte en moi. Je sais que j'ai précisé que nous ne devions avoir aucun tabou mais j'ai vraiment peur qu'il me pose des questions sur les photos qui se sont retrouvées exposées aux yeux de tous.
- Je n'ai rien à te demander, se contente-t-il de dire.
Sérieusement ?
- Je pense connaître ce que je veux savoir de toi.
- Oui, mais tu pourrais en savoir plus.
- Ce que je sais me suffit.
- Tu ne voulais pas qu'on apprenne à se connaître un peu plus en profondeur?
Il ne dit rien, se résignant.
- Es-tu resté en contact avec des gens de ton "ancienne vie"?
- Aucun.
- Tu aurais aimé?
- Non. Ils m'ont tous lâché, ce n'était pas de bons amis. Puis ce n'est pas grave, aujourd'hui je t'ai toi, lui dis-je avec un petit sourire.
Il baisse la tête mais je peux tout de même apercevoir ses joues s'empourprer. J'ai envie de lui pincer les joues lorsqu'il fait ça tant c'est adorable.
- Et toi Shoto, tu as des amis?
Je réalise que ma phrase laisse sous entendre qu'il n'a aucun ami, ce n'était pas le but premier de cette question pourtant mais je ne veux pas qu'elle soit mal interprétée ce qui risque d'être le cas.
- Je peux compter mon employeur comme un ami? Dit-il en riant.
Je le suis dans son rire, il est adorable. Puis, au final, il ne l'a pas mal pris.
Je viens tout juste de réaliser, il ne m'avait jamais dit qu'il travaillait. Je ne vais pas le lui faire remarquer tout de suite sinon il va s'embarquer dans un nouveau mensonge, il faut que j'ai plus d'informations.
- Ça dépend, dis-je avec un sourire malicieux, on va dire que oui si vous vous parlez plus d'une fois par jour.
- Les seules fois où il vient me parler de lui même c'est pour que je me presse pour dessiner mes planches, dit-il en riant avec un pointe d'exaspération dans la voix.
Ok donc maintenant je connais son travail. Il ne peut plus se défiler, je lui fais un sourire malicieux qu'il ne semble pas comprendre.
- Donc tu m'avais caché que tu étais dessinateur ? Ce n'est pas bien de faire des cachotteries Shoto.
En l'espace d'une seconde, son visage n'est absolument plus le même. Il a l'air neutre là mais je le sens... stressé, il émane quelque chose de ce genre. J'en suis sûr, il cache des choses, comme une double vie un peu louche. S'il a réussi à me cacher un détail aussi gros c'est qu'il peut me cacher pleins d'autres choses. J'ai vraiment envie de connaître ce Shoto là.
- C'est compliqué, conclut-il.
- Insinues-tu que je suis trop idiot pour comprendre ?
- Pas du tout... Ce n'est pas un travail à plein temps... C'est pour ça que je ne t'en avais pas parlé, mais je suis débutant, donc ça n'a pas d'importance...
- Débutant ou pas je m'en fiche! Je veux absolument que tu me fasses lire ce que tu as fait.
- Impossible!
C'était beaucoup trop agressif... Je ne m'y attendais vraiment pas... Écrit-il des choses honteuses?
- Dis-moi au moins le synopsis !
- L'histoire d'un garçon...
- Et ensuite?
- Qui... Vit sa vie...
- Et ensuite?
- Je ne sais pas...
J'entends plutôt "je ne sais pas quel mensonge te raconter". J'aimerais réussir à faire tomber ce masque qu'il revêtit bien trop souvent.
- À toi de me poser une question, change-t-il de sujet.
- Ton pire défaut? Dis-je avec un sourire.
- Je ne sais pas.
- Tu ne vois pas tes défauts ?
- Oh que si, je n'arrive juste pas à trouver le pire entre le mensonge, la paresse, le pessimisme, la manipulation, l'hypocrisie, la pugnacité et pleins d'autres.
Il a une si mauvaise image de lui même?
- Shoto...
- Et toi? Quels sont tes défauts ?
Il ne sait pas détourner une conversation...
- La jalousie, dis-je en regardant la nuit étoilée.
- Vraiment?
- Oui, je le cache très bien mais des fois ça me ronge. Par exemple tu te souviens lorsque je suis parti rendre visite aux voisins ?
- Oui.
- Je suis allé chez un jeune couple... Kyoka et Denki il me semble, je n'ai jamais autant voulu être à leur place. J'étais jaloux de leur bonheur, de leur couple parfait. C'est pitoyable non? Jalouser un couple que je ne connais même pas.
Il réfléchit quelques instants.
- Absolument pas. On veut tous être heureux je suppose. Après, chacun a sa vision du bonheur. Pour toi c'est peut-être trouver l'amour.
- Pourtant, ce n'est pas quelque chose qui m'obsède, avant mon ex, je ne suis sorti avec personne. Mais j'avoue que j'adorerais avoir une relation parfaite et sérieuse avec une personne qui prendrait soin de moi, qui me redonnerait de la confiance en moi, qui viendrait me faire des câlins lorsque je suis mal.
Shoto me regarde, incrédule. J'en ai trop dit, il n'en a probablement rien à faire.
- Dis, commence Shoto, Ochako, c'est plus qu'une amie pour toi non ?
J'ai bien entendu?
- Absolument pas. Je ne la connais pas suffisamment pour pouvoir l'aimer. Puis c'est impossible.
- Pourquoi donc?
- Elle aime les femmes.
Shoto lâche comme un soupir de soulagement puis ouvre grand les yeux, il semble paniqué.
- Tout va bien?
- Tu me fais une blague hein, dit-il paniqué.
- Non... Je pensais que tu étais au courant... Je n'aurais peut-être du rien dire...
- Si si! Bordel...
Il commence à fouiller rageusement dans ses affaires.
- J'ai pas pris de quoi dessiner!
- Tu ne veux pas profiter de notre soirée ?... Tes dessins peuvent attendre...
Il me fixe quelques instants sans rien dire.
- Tu as raison... Tant pis...
- Shoto je peux te demander quelque chose?
- Je t'écoute.
- Je veux la vérité, que tu me dises ce que tu me caches.
- Si je devais énumérer toutes les choses que je cache on y passerait la nuit.
- Nous avons la nuit devant nous.
Un long soupir passe la barrière de ses lèvres.
- Même les plus futiles, dis-je.
- Mes parents ne sont pas morts.
Je m'en doutais honnêtement.
- Pourquoi m'avoir dit ça?
- Parce qu'ils sont comme morts pour moi... Enfin, de base c'est plutôt l'inverse...
- Tu es en si mauvais termes avec tes parents?
- Avec mon père surtout... Puis je t'ai déjà raconté l'histoire de ma brûlure.
C'est vrai que ça doit être vraiment horrible de se faire brûler le visage par sa propre mère.
- Mais ce n'est pas de ce mensonge là dont j'attends la vérité. Je sais que tu sais du quel je parle.
- Alors si tu sais, pourquoi me demandes-tu?
- Parce que je ne l'ai pas compris tout simplement. Je ne connais que son existence.
Il lâche un long soupir.
- Un jour peut-être.
Shoto est beaucoup trop secret.
Je me munis d'un marshmallow et le met au dessus du feu. Ce n'est pas très bon pour mon organisme mais je peux bien me le permettre une fois de temps en temps.
- Ne me laisse pas, dis-je tout bas à Shoto.
- Pardon?
- Ne me laisse pas... Je n'ai vraiment que toi...
Il me regarde sans rien dire. J'aimerais tellement qu'il me dise "moi non plus Izuku, je ne pourrais pas me relever si tu partais", mais non, il me regarde, comme ça, sans prononcer un mot. Mon cœur est serré, il est douloureux, j'ai envie de pleurer.
- Tout va bien Izuku?
- Pourquoi je n'irais pas bien? Dis-je d'une voix tremblante.
- J'ai l'impression que tu vas pleurer d'un moment à l'autre.
Alors prends moi dans tes bras... Dis-moi que je n'ai pas besoin de pleurer, que tu es là pour moi...
- Les chamallows sont si mauvais? Demande-t-il.
Il est complètement con...
- Izuku? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Moi même j'aimerais savoir pourquoi je souffre autant. Pourquoi ça me fait aussi mal au niveau de ma poitrine.
- Je peux avoir un câlin?...
Il s'approche timidement et vient me prendre dans ses bras.
- Tu peux te lâcher.
- Pardon? Dis-je.
- Lorsque tu es dans mes bras, tu peux pleurer autant que tu veux, tu n'as pas à te montrer sans faille, à "vouloir être fort". Dans mes bras tu peux relâcher toute cette douleur emmagasinée.
J'éclate en sanglots. Ces pleurs devaient sortir, j'en avais besoin, cela fait trop longtemps que je me retiens.
- Tu peux te plaindre autant que tu veux, cracher ta haine sur le monde Izuku, du moment que tu te trouves entre mes bras tu peux tout te permettre.
Je prends une grande inspiration.
- J'en ai marre Shoto, marre de ne jamais rien comprendre. De ne pas comprendre lorsqu'une fille se joue de moi, de ne pas comprendre que je fais des actes horribles et irréfléchis, de ne pas comprendre cette agréable chaleur dans mon ventre lorsque je te parle...
Pourquoi j'ai dit le dernier point...
- Je pense que tu as toutes tes réponses, dit-il gêné, tu dois juste chercher un peu plus...
Il n'est pas con enfin de compte, il est juste à côté de la plaque.
- Parlons de choses plus gaies, dis-je gêné tout en essuyant mes larmes, raconte moi des petites anecdotes futiles de ta vie.
Il réfléchit.
- Il n'y en a pas.
- Ta vie est si plate ?
- Encore plus plate que la poitrine de Kyoka.
Il n'a pas dit ce que je viens d'entendre ?!
- Tu as regardé les seins de la voisine?!
- Non non! S'exclame-t-il rouge de honte. C'est juste que ça se voit... Enfin non, justement, je le sais parce que ça ne se voit pas! Enfin tu m'as compris...
Ses mots me reviennent, il avait dit être complètement hétéro chez Eijiro et Katsuki...
- C'est ton genre de filles ? Dis-je à mi-voix.
- Absolument pas... Je préfère les filles avec... euh... des formes généreuses...
- Comme l'armurière Momo?
- Ouais voilà, ce genre de filles là...
Pourtant je ne lui trouve aucun charme...
- Bon, soupire-t-il, j'avais dit plus de mensonge hein... Je n'aime pas les femmes...
J'ai bien entendu?!
- Je pense être asexuel et aromantique.
- Tu es sûr de ce que tu affirmes?
- Je n'ai jamais aimé personne en vingt-cinq ans.
- Ça peut toujours arriver...
- Je verrais bien sur le moment.
Je suis sûr qu'il n'est pas ace... Je sais que je n'ai aucune preuve du contraire mais je ne veux pas y croire.
- Et toi Izuku, quel est ton genre de filles ?
- Simple. Mais je n'aime pas que les filles non plus, je suis bi.
- Ton genre d'hommes alors?
- Plus grand que moi, c'est mieux pour les bisous, serviable, avec une certaine classe, qui me fait rire.
- Ouais genre Yuzu quoi, dit-il agacé.
Il ne l'aime vraiment pas... Puis ce n'est pas ce que j'ai laissé sous entendre... J'espère, l'espace d'un instant, qu'il soit jaloux... Je sais que c'est très mal mais j'aimerais jouer un peu avec ça...
- Oui, je ne suis pas amoureux mais il a un charme fou.
- Je le trouve horriblement laid.
- Et bien pas moi, il m'attire très clairement.
- J'ai froid, dit Shoto en se levant et éteignant le feu, je pense rentrer.
Il le déteste à ce point là? J'aurais du me taire, comme à chaque fois. Je me contente de lui faire une petite moue mais me résigne à le suivre lorsque je réalise qu'il ne me prête aucune attention. Je contemple une dernière fois les étoiles avant de rentrer dans son logement.
Je suis vraiment pathétique. M'amuser à le rendre jaloux comme ainsi, sans réelle raison apparente. Enfin non là il n'était pas jaloux, juste énervé. Et pourquoi vouloir le rendre jaloux au juste? Il faut que j'arrête de me voiler la face, Shoto m'attire très clairement, je dois accepter ce que je ressens plutôt que faire l'autruche, masquant ce que je ressens. Mais je ne vais rien tenter, je ne veux pas gâcher cette relation que j'ai avec lui actuellement, je ne me le pardonnerais jamais si je le faisais. Je vais juste me contenter de rêver, ignorant cette attirance que je ressens.
~~~
Leur relation avance lentement, je sais, mais je ne veux pas que ça arrive en un claquement de doigts, je veux qu'elle subisse une réelle évolution
Kyoshiko~
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