Chapitre VI

Point de vue Izuku

J'aurais bien aimé que Shoto reste avec moi pour la nuit, qu'il me prenne inconsciemment dans ses bras pendant son sommeil, qu'il marmonne mon nom, qu'il se réveille avec un problème fâcheux qu'il tentera tant bien que mal de cacher...

Pourquoi est-ce que je pense de telles choses?... Pourquoi je n'arrive jamais à me l'enlever de la tête. Je crois que je commence à avoir une réelle obsession pour ce garçon. Mais je n'aime pas renier ce que je ressens, cette chose bizarre qui s'empare de moi, je préfère l'assumer et voir les choses en face.

Je me demande ce que Shoto fait actuellement, s'il est encore en train de dessiner, de réfléchir à de nouveaux personnages ou encore en train de se... Mais où ai-je la tête pour penser à de telles choses?!

Certes j'assume cette chose étrange que j'ai à l'égard de Shoto mais là c'est trop, je n'ai aucune limite.

Je n'arrive décidément pas à dormir, comme si son insomnie était transmissible. Surtout avec les pensées que j'ai eu précédemment, j'ai beau me hurler intérieurement de ne pas y penser mais cette image de Shoto en train de se soulager revient toujours. Cela me met dans un état fou rien que d'y penser.

Point de vue Shoto

Je suis réveillé par les rayons du soleil, ce n'est pas désagréable. Je me lève et regarde l'heure. Quinze heures? Izuku ne m'a pas réveillé... Si ça se trouve il est chez Ochako... Je vais lui envoyer un message pour en avoir le cœur net.

Je remarque que j'ai un message en attente de la Shueisha... Si ça se trouve le temps s'est altéré entre les deux mondes ce qui signifie que je suis dans une sacrée merde...

Shueisha :
Bonjour, avec l'équipe nous avons pensé à faire une adaptation animée de votre œuvre, qu'en pensez vous? Vous n'auriez qu'à dessiner les visages, nous nous occuperions du reste.

Moi :
Pour l'instant c'est non. C'est mon œuvre.

Shueisha :
Vous pourriez toucher plus de personnes. D'ailleurs, pensez au fan service, vous avez parlé d'intégrer un personnage féminin qui sera en lien direct avec le protagoniste non? Vous n'êtes pas obligé de la rendre provocante mais vous devez toucher un public large qui inclut les jeunes hommes. Pour les jeunes femmes qui nous lisent, pensez à dénuder Izuku de temps en temps.

Moi :
C'est hors de question. Si les gens veulent voir des gens à moitié nus qu'ils aillent lire un hentai mais je ne dessinerai pas ça.

J'éteins mon téléphone. Et puis quoi encore, dénuder Izuku et Ochako, mais bien sûr et après je les dessinerai pendant l'acte aussi? Plutôt crever.

D'horribles images d'Izuku et Ochako en train de se reproduire me viennent à l'esprit, je ferai mieux d'oublier ça. Je dois être asexuel parce que ça ne m'excite absolument pas.

Je devais lui envoyer un message d'ailleurs, juste pour savoir où il est.

Moi :
Izuku? Je peux savoir où tu es?

Non, je supprime, ça sonne comme un reproche.

Moi :
T'es où?

C'est mieux, c'est simple, épuré.

Izuku :
Dans le centre ville! C'est super animé! Y a des marchés immenses, de la nourriture de partout, des gens distribuant des tracts... Tu me rejoins *^* ?

Moi :
Très peu pour moi

Izuku :
D'accord je ne te force pas ^^' je pense que je vais dire à Ochako de me rejoindre histoire que je ne me retrouve pas seul

Je n'ai pas envie qu'ils se rejoignent... Surtout avec mes pensées passées

Moi :
Je vais te rejoindre, comme ça Ochako n'aura pas à se déplacer

Je mens mal, il a du le remarquer, mais ce n'est pas bien grave.

Une fois habillé, lavé, coiffé, je m'empresse de retrouver le vert. Les rues sont bondées, je retrouve vraiment le cliché médiéval des mangas et animés que je voulais créer.

Il va m'être impossible de retrouver Izuku comme ça. Je vais lui envoyer un rapide message. Il m'envoie sa localisation et je cours le retrouver.

Je le vois là, non loin d'une étale de fruits et légumes, il est en train de discuter avec le jeune homme aux cheveux blanc que j'ai moi même créé.

Ah bah d'accord, le mec arrive dans mon histoire sans même que je l'y invite.

Je pose ma main sur l'épaule du vert, il sursaute légèrement et se retourne vers moi.

- Tu es là, j'ai fait la rencontre de Yuzu.

Aucun doute, ce personnage est bien le fruit de ma création.

- Bonjour, dis-je simplement.
- Bonjour, dit-il avec un grand sourire.

Je ne l'aime pas. Je sais déjà que dans le futur il va aimer Izuku donc il m'est impossible de l'apprécier. Enfin, ce n'est pas ce critère là qui fait que je ne l'apprécie pas, j'ai pleins d'autres raisons mais je ne vais pas prendre le temps de les énumérer...

Je pense que je possède un don, je viens, une nouvelle fois, d'instaurer un malaise. Il faudrait que je prépare des phrases à dire en cas de blanc comme celui-ci. Ce serait cliché de parler du temps, je devrais plutôt les questionner sur leur rencontre. Surtout que je voulais l'intégrer plus tard à mon histoire.

- Sinon, comment-vous êtes-vous rencontrés ?

Cela ne faisait pas très naturel mais soit.

- Il m'a aidé à sortir de la foule, dit le vert en se grattant l'arrière de la tête.

Je pense qu'il aurait été capable d'en sortir seul.

- Je vais y aller, dis-je simplement.

Je ne vais pas me forcer à rester plus longtemps avec quelqu'un que je n'apprécie pas. Izuku hausse un sourcil et ne bouge pas. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me suive à vrai dire. Mais au bout de cents mètres, je sens sa petite main sur mon épaule.

- Shoto! Qu'est-ce qui t'a pris ?
- Absolument rien, lui dis-je sans me retourner.

Il se positionne face à moi, me bloquant le passage.

- Je sais que tu n'apprécies pas les gens mais Yuzu ne t'avait rien fait... Tu aurais pu faire un effort.

Il m'exaspère, à l'écouter il sait tout de moi.

- Tu ne me connais pas Izuku. Tu ne sais pas ce que signifie "effort" pour moi. En cinq ans je n'ai parlé qu'à deux personnes et tu es la deuxième, tu ne sais pas à quel point c'est dur d'aller vers les autres pour moi. Peut-être que toi, tu es sociable, tu es ami avec tout le monde, mais nous ne sommes pas tous comme toi. Je me méfie un minimum des gens.
- Je pensais juste qu'on se connaissait toi et moi mais j'ai du me tromper...

C'est tout sauf ce que je voulais entendre... Il part alors dans la direction opposée... Pourquoi ça me fait cette horrible sensation dans la poitrine? Pourquoi j'ai envie de le retenir? Pourquoi je cours lui prendre le poignet gauche actuellement ?

- Izuku! Je pensais pas ce que je disais... C'est juste que... je sais pas je le sens pas ce mec...

Il me fait un léger sourire.

- Je pense que les gens autour n'ont pas à connaître nos querelles, il serait plus sage de rentrer, conclut-il.

Je hoche la tête et nous commençons à marcher silencieusement. Lorsque nous sommes éloignés de la ville il reprend.

- Tu sais Shoto... Je ne te connais peut-être pas, mais j'adorerais... s'il y a une chose dont je suis sûr c'est que tu es une bonne personne...
- Comment peux-tu affirmer ça?
- Tu m'as accueilli chez toi sans même me connaître, tu m'as empêché de commettre l'irréparable.
- Si tu le dis. Tu es mon premier ami Izuku, enfin si nous pouvons dire que nous le sommes mais peu importe, je n'ai jamais eu une relation comme la nôtre avec quelqu'un d'autre. Donc oui, j'aimerais bien apprendre à te connaître mais... comment dire...
- Tu ne peux pas?
- Si...

Je vais avoir l'air d'un con...

- Je ne sais pas comment...

J'entends des rires de sa part. Oui j'ai l'air d'un con actuellement, mais je ne sais pas comment approfondir une relation avec un être humain. Discuter régulièrement ferait l'affaire? Je ne suis pas sûr, je discute tous les weekends avec mon éditeur pourtant ce n'est pas mon ami.

- Tu es adorable, finit-il par lâcher, ça se fera tout seul tu verras, il faut juste que tu ne te braques pas.
- Tu sais Izuku, je te connais mieux que tu ne le penses, je sais qu'au fond, c'est toi qui me montre une fausse apparence plus que je ne le fais, je sais que tes sourires sont comme un masque que tu revêts chaque jour, que tes rires sonnent faux, que tu es encore bien craintif. Celui qui doit laisser l'autre pénétrer dans son monde ce n'est pas moi mais toi, tu ne m'as montré que des choses superficielles de toi, tu me connais bien plus que je ne te connais.

Il s'arrête soudainement de marcher.

- Et après tu oses me dire que tu n'es pas mon ange gardien ?... Ose-t-il.
- Je ne m'appelle pas Joséphine.
- Comment?
- Non rien oublie.

Note à moi même, ne jamais faire de blagues pour draguer parce qu'elles sont mauvaises.

- Mais juste, tu n'as pas besoin de jouer un rôle avec moi, tu peux me montrer le vrai Izuku. Je ne te jugerai pas.
- Pourtant... le vrai Izuku est honteux, misérable, il ne mérite aucun respect.
- Le vrai Shoto non plus. C'est donnant donnant, je suis naturel, authentique, mais toi aussi alors.

Il hoche la tête lentement.

- Heureusement que c'est toi mon ange gardien et pas le voisin un peu bipolaire, rit Izuku.
- Bipolaire ?
- Tu n'as pas remarqué ? Il est bien plus doux quand il parle à son "ami", dit-il en faisant des guillemets sur le mot ami.

Attends... Donc mes personnages tombent amoureux sans que je leur dise de le faire?... J'aurais bien aimé les mettre en couple mais ça ne va pas être possible, je veux me mettre personne à dos, il y a beaucoup d'homophobes au Japon, je vais perdre tout mon public masculin hétéro.

- Viens on essaye de les mettre en couple, me demande le vert.
- Je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas.
- Ça nous permettra de nous rapprocher tu sais!
- Tu ne m'auras pas comme ça. Je ne veux pas qu'on se rapproche en faisant les commères.

Il fait une moue avant d'éclater de rire.

- Tu sais, ce n'est pas normal de prévoir de se rapprocher des gens. Ça se fait tout seul normalement, rit-il.
- Je me doute bien... Excuse-moi j'ai du mal avec les relations humaines...
- Ce n'est rien, dit-il dans un rire.

J'entre dans l'immense bâtisse qui me sert de logement. J'ai hâte de me rapprocher d'Izuku, de pouvoir me confier à lui. Mais d'ailleurs ! On pourrait faire ça pour se rapprocher !

Je l'interpelle alors qu'il monte les escaliers pour sa chambre en criant son nom.

- Oui?
- Ce soir! Ça te dit qu'on se fasse un truc genre on sort et on discute, on pourrait se poser dehors près du lac!

J'ai vu ça dans un film pour adolescentes ça devrait être bien non?

- Il fait un peu froid non? Dit-il en allant vers moi.
- On pourra se réchauffer...
- Un feu de camp ! J'adore l'idée Shoto! Mais tu auras intérêt à me raconter ta vie en détails !

On va éviter ça par contre. Pourquoi suis-je excité comme une adolescente pré-pubère à l'idée de passer une soirée clichée dans la neige? En plus je déteste le froid...

L'après-midi étant déjà bien entamé, il se termine rapidement, laissant place à la nuit. Je n'ai jamais fait de feu de camp, ce sera une grande première, je ne sais même pas comment l'allumer. Avec un briquet ? Je m'empresse d'en dessiner un et pars tout préparer avec Izuku.

- Shoto? Tu as des marshmallows ?
- Ah euh oui...

Pouvoir créer ce que je veux à partir de mes dessins est pour moi comme un don du ciel. Je dessine rapidement les fameux chamallows à l'abri de son regard curieux et reviens dans le salon avec les petites guimauves.

Nous sommes fins prêts. Nous partons avec nos affaires nous poser aux côtés du lac. Nous nous laissons tomber dans la neige, profitant de nos vêtements chauds pour faire cela. Mes yeux sont rivés sur les étoiles, mes doigts frôlent ceux d'Izuku, le seul son perceptible est notre respiration calme et lente.

- J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé, dit Izuku.
- Moi aussi...

Le bouclé se redresse d'un coup. Commençant à faire le feu. Nous avons décidé que je le laisserai faire cela car avec moi, le feu ne prendrait même pas et nous devrions nous contenter de la ridicule flamme du briquet.

Une fois son feu allumé, mon homologue se retourne vers moi avec un sourire satisfait.

- Je veux tout savoir de toi!
- Je n'ai rien à dire...
- Bon on va faire ça sous forme de questions ! Je veux qu'il n'y ait aucun tabou entre nous, qu'on puisse tout de dire.
- Si cela est possible oui.

Il ne faut pas trop rêver, il y aura forcément des blocages sur certains éléments.

- D'où te vient ta brûlure ? Demande-t-il de but en blanc.
- Blessure de guerre. Au lance flamme.

Il prend une mine horrifiée.

- Ce n'est pas vrai, dis-je dans un léger rire, c'est ma mère qui me l'a faite. J'aurais pu avoir une histoire cool à te raconter, comme quoi j'ai défendu corps et âme une personne en danger mais non, ma mère m'a brûlé avec l'eau de son thé. Genre même pas une substance classe, non, l'eau du thé.

Il ne dit rien, il voulait qu'il n'y ait aucun tabou non?

- Je suis désolé d'avoir ravivé de tels souvenirs, s'excuse-t-il.
- Ce n'est rien, je ne suis plus en contact avec ma mère depuis un moment. Je ne sais plus où elle est aujourd'hui
- Elle n'était pas morte?

Je me perds dans mes mensonges...

- Je parle toujours d'elle au présent malgré sa mort, dis-je tout bas...
- La nuit va être longue Shoto, dit-il avec un sourire.

~~~
Avis?

Vous êtes contents, votre personnage préféré est de retour :3

Kyoshiko~

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