Chapitre V

Point de vue Shoto

Aujourd'hui, je me suis réveillé dans ce même monde. Je repense à la veille, à ce regard qu'Izuku m'a lancé quand j'ai passé ma main sous ses vêtements. Il ne pensait tout de même pas que j'allais... Autant ne pas y penser tout cela me met horriblement mal à l'aise.

Il est midi, Izuku est levé depuis plusieurs heures, je suis encore dans mon lit. Il me dit souvent qu'il ne me comprend pas, que je suis étrange, pourtant je pense la même chose de lui, comment peut-on se lever à neuf heures par plaisir?

Il toque timidement à ma porte. Je peux savoir pourquoi il vient me déranger? Je vais faire semblant de dormir.

- Shoto? Es-tu réveillé ?

Ne réponds pas Shoto.

- Je peux me permettre d'entrer?
- Non!
- Tu vois que tu ne dors pas! J'entre.

Qu'il est intrusif.

- Je voulais savoir si on pouvait faire un coucou aux voisins, dit-il en entrant.
- Nous ne sommes plus en milles neuf cent soixante-dix-huit.

Il lève les yeux au ciel. Mais c'est qu'il me vole mes réflexes !

- Allez viens, j'ai envie de me faire apprécier ici! Juste ceux du quartier !

Ce serait un moyen pour qu'il rencontre Ochako.

- Bon... Si tu veux... Mais on va pas chez tous les voisins.
- Si! Tous! Sans exception !

Tant pis pour lui, il regrettera quand il l'aura rencontré.

- Bien.

Il part s'habiller chaudement, satisfait. Je crois que je ne me ferai jamais à cette nouvelle vie. J'ai vraiment du mal à sociabiliser tous les jours, à marcher, à voir le monde extérieur. Si ma vie était un scénario cliché d'une histoire clichée je dirais que ça me fait le plus grand bien mais c'est un mensonge, c'est horrible, j'ai l'impression que l'on me tire de ma réalité, qu'on veut me déraciner de ma nature profonde.

- Tu viens? Dit-il dans l'encadrement de la porte.

Également, je n'ai pas la notion du temps, avant, je pouvais passer des heures à réfléchir alors que j'avais quelque chose à faire mais désormais ce n'est plus possible, je ne vis plus seul enfermé chez moi.

- J'arrive...

Je vais mollement me couvrir et nous partons. En plus si j'ai fait un voisin plus que désagréable avec qui je ne m'entends pas du tout, ce n'est pas pour le rencontrer.

Une fois devant la maison des deux amis, le vert laisse son index droit heurter la sonnette, une fois, deux fois, puis trois. J'ai envie de rentrer chez moi - si je peux employer ce terme -, je déteste voir des gens, ils me répugnent, me donnent d'horribles nausées.

- On va y all-
- POURQUOI VOUS NOUS DÉRANGEZ, me coupe l'horrible personnage.

Izuku lui fait un sourire tremblant. Il l'a cherché.

- Je voulais me présenter en tant que nouveau voisin...

Le cendré le regarde de haut en bas avec un air dédaigneux.

- On est pas dans une putain de sitcom où tout le monde est ami dans le voisinage.

Un roux arrive alors derrière lui.

- Excusez-le, il est un peu mal luné ce matin. Oh bonjour Shoto.

Ils me connaissent mais moi non. Je nous ai inventé des vielles relations en tant que voisins. C'est étrange comme situation, elle m'est inconfortable.

- Bonjour, dis-je en marmonant.
- Je suis Izuku, je voulais juste vous prévenir de mon arrivée dans le quartier.
- Maintenant tu peux t'en aller, lâche le désagréable cendré.
- T'es vraiment impoli toi! Rétorque le roux. Entrez.

Je n'aime pas aller chez les gens... Je pense que je vais dire que je ne me sens pas bien... Ou alors que j'ai oublié d'éteindre le gaz! C'est une idée géniale !

- Tu viens Shoto? Demande Izuku avec un sourire qui lui est propre.

J'abandonne... Il a une sorte d'emprise sur moi. Enfin non, je me suis mal exprimé, je ne sais même pas comment le formuler à vrai dire. Je ne sais même pas ce que je ressens.

J'entre dans leur maison, la même que j'ai dessiné il y a peu. Elle est plutôt grande également. Dans mes souvenirs j'ai fait d'eux des amis en colocation.

- Alors moi c'est Eijiro, commence le roux, et lui c'est Katsuki, il a l'air un peu méchant mais c'est une façade ne t'inquiète pas.
- Ce n'est absolument pas une façade ! C'est ma vraie nature! S'indigne-t-il. Enfin non! Je ne suis pas méchant ! Je suis réaliste!

Il m'exaspère. Décidément je hais les êtres vivants, enfin non, juste les humains, les animaux n'ont rien demandé.

J'essaye tant bien que mal de me détendre mais impossible, je n'arrive pas à me faire à l'idée que je suis chez des gens, des humains, vivant, qui respirent, mais qui font mal aussi, qui jugent au moindre mouvement de travers, des humains qui ne peuvent t'apporter que des mauvaises choses...

- Double face ! Je te parle!

Ah non mais le surnom ça ne va vraiment pas le faire. Plus le temps passe et plus j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou.

- Qui y-a-t-il?
- C'est ton copain le nerd là?

Il me parle beaucoup trop familièrement. Nous sommes censés nous connaître depuis longtemps, joue le jeu Shoto.

- Je n'aime pas les hommes.
- Tu n'as jamais essayé ! Dit Izuku.

Mais il veut vraiment débattre sur ce sujet là?

- Je le sais, je n'aime pas les corps des hommes, ils me répugnent. Rien n'est plus beau que le corps d'une femme, ces courbes généreuses, ces longs cheveux doux. Aucun doute, je suis hétéro.

Moi même je ne crois pas à ce que je raconte. Pour moi, les seins sont comme deux excroissances horribles, ruinant le corps de la personne. Puis un vagin c'est horriblement laid, je ne pourrais jamais y mettre ma bouche.

- Peu importe, dit Eijiro extrêmement gêné, là n'est pas la question.

Je me suis peut-être un peu trop emballé. Puis j'ai instauré un horrible blanc dans la pièce pourtant si sombre. Je vais arrêter mes tentatives d'humour car tout ceci n'est vraiment pas pour moi. Mais je ne comprends pas la nature de cette gêne présente, qui sait, je me suis peut-être retrouvé accidentellement chez les lgbt anonymes.

Je ne sais pas quoi dire, je n'ai jamais su quoi dire en présence des gens, tous mes sujets de conversations sont ennuyeux, ils n'intéressent personne, même moi même.

- Et vous, commence assurément le bouclé, vous êtes ensemble ?

Il a un réel problème avec la notion de vie privée.

- Plutôt crever que de sortir avec cet idiot! S'énerve Katsuki.

Et lui il crie beaucoup trop.

- Izuku, tu ne voulais pas aller voir les autres voisins? Dis-je pressé.
- Oui c'est vrai! Je pense que nous allons partir, enfin pour ma part, dit-il poliment.

Lui et ses bonnes manières. Je me contente d'un signe de la main et pars aussi vite que je le peux.

Le froid extérieur me fait l'effet d'une claque. Je hais le froid, je crois que je vais changer les saisons comme je le souhaite. Izuku se dirige vers chez Ochako c'est parfait. Après ça on pourra enfin rentrer.

Il toque timidement chez la jeune fille, elle vient, après plusieurs longues minutes, nous ouvrir.

- Oh bonjour Shoto, dit-elle avec un sourire.

J'aurais du m'inventer des liens horribles avec tous les voisins, du genre j'ai assassiné leur mère, au moins ça m'épargnerait ces moments que je vis au quotidien. Enfin, quotidien de un jour, qui sera vite celui de plusieurs mois puis années j'espère.

Izuku et Ochako ont déjà commencé à discuter, c'est parfait. Je sens qu'elle a eu comme un coup de foudre ou autre, vu les regards qu'elle lui lance. J'espère que tous mes lecteurs vont les shipper.

- Vous voulez entrer? Demande Ochako.

Me dites pas que je vais passer ma journée à aller et venir chez les gens?

- Avec plaisir, répond Izuku.
- Je pense vous laisser moi, dis-je, j'ai des choses à faire.
- Ce n'est pas bien le mensonge Shoto, me dit Izuku avec un petit sourire. Allez retourne dessiner.

Ochako rit doucement et je les laisse. Je pense que le vert a bien compris que je n'aimais pas être en présence de trop de personnes que je ne connais pas. Il est bien plus intelligent qu'il n'en a l'air.

Je repense à ce sentiment horrible que j'ai ressenti chez Katsuki et Eijiro, c'est la première fois que ça m'arrive... Mais je crois aussi que c'est la première fois que je vais chez des gens... Au lycée, je n'avais aucun ami, pas étonnant car dès mes seize ans atteint, j'ai été déscolarisé.

Je regrette d'avoir fait venir Izuku ici... Il est trop sociable, je vais devoir dire bonjour aux voisins, sortir de ma chambre, créer de nouveaux personnages pour le ménage... J'ai fait ce choix trop rapidement, si seulement je pouvais retourner dans le passé, là, maintenant, ne pas dire oui à Izuku... Mon appartement me manque, l'odeur de soba froides et d'humidité, le canapé cassé, la moquette brûlée à certains par le fumeur y vivant avant moi, tout me manque.

Je ne suis pas un de ces héros avec une évolution mentale de malade, qu'on arrive à sortir de son quotidien juste avec l'arrivée d'un personnage. Non, je suis Todoroki Shoto, je suis un déchet et je resterai un déchet.

Mais dans un sens, j'ai envie aussi, envie de rester ici avec cette vie de rêve, profiter de l'hiver idyllique aux côtés d'Izuku.

Je suis tout simplement perdu, je ne sais pas quoi faire, sauf que je n'ai pas besoin d'aide, je veux qu'on me laisse dépérir dans ma réalité, dans ma vie de rêve ou plutôt de cauchemar.

Mais encore une fois, je ne sais pas ce que je veux, je n'en suis pas sûr, au fond de moi j'ai envie qu'on vienne me tendre la main, qu'on vienne me sauver... Je ne sais même pas pourquoi je pense à Izuku en ce moment même. Je ne sais même pas pourquoi des larmes ont commencé à couler le long de mes joues.

J'essuie rageusement ces larmes qui témoignent de ma faiblesse d'esprit. Je n'ai qu'une envie, me rouler en boule et pleurer, ça fait tellement longtemps que je ne me suis pas lâché. Mais je ne dois pas, je ne dois pas laisser la tristesse m'envahir. La seule chose que je veux actuellement c'est un énorme câlin, oui ça peut paraître étrange mais les bras d'Izuku sont tellement réconfortants. Enfin ça doit être le cas pour tout le monde mais je n'ai jamais fait de câlin à une autre personne qu'à Izuku.

Mon téléphone s'éclaire en signe de message, sûrement Izuku. Enfin quoique c'est sûr à cent pour cent, je n'ai que lui en contact. Enfin si, j'ai mon éditeur mais je n'ai pas envie de penser à lui dans un tel moment.

Izuku :
Ça te dérange si je mange avec Ochako?

Moi :
Non, je préfère

Je passe ma vie à mentir, ma vie elle même est un mensonge. Pourquoi est-ce que j'ai dit à Izuku que ça ne me dérangeait pas alors que je mourrais d'envie de manger avec lui... Et pourquoi j'en avais envie d'ailleurs ? Je vais dormir je pense ou alors dessiner... Dilemme.

J'ai opté pour la première option, dormir est bénéfique, puis ça fait partir les cernes... Quelle bonne blague. Mes cernes sont ancrées dans ma peau.

Il est désormais tard dans l'après-midi, mais que fait Izuku? Pourquoi met-il tant de temps à rentrer ? Si ça se trouve il va passer sa soirée avec Ochako...

Moi :
Tu penses rentrer quand?

Izuku :
Je suis rentré mais tu dormais, je suis juste parti chercher de quoi manger ce soir

J'ai eu peur... C'était quoi ce sentiment... Comme peur qu'il m'abandonne... Je ne serais tout de même pas en train de m'attacher?... Non ça m'étonnerait...

D'ailleurs je trouve ça ironique que je dessine un manga avec des personnages qui ont tous des histoires de vies différentes, des amitiés, des amours, alors que je n'y connais rien. Ma connaissance en amour se limite aux jeux vidéos Zelda. Je pense qu'inconsciemment, je me suis basé sur ma vision de l'amour et de l'amitié.

Au bout de longues heures ou minutes, je n'en sais rien, Izuku est enfin rentré. Il a exigé que je l'aide à cuisiner d'ailleurs...

Nous sommes enfin à table, juste tout les deux, ça me met mal à l'aise du coup je baisse le regard dès qu'il lève le sien de son assiette.

- J'ai une question, dis-je en fixant les légumes verts dans mon assiette.
- Oui?
- Ochako tu l'aimes bien non?
- Je l'adore même.
- C'est génial...

Ça ne me fait pas l'effet voulu, est-ce normal?

- Shoto, tu sais, si t'as des problèmes d'agoraphobie ou autre on peut essayer de vaincre ça ensemble.
- Non. Je n'ai rien à vaincre. Tout va très bien.
- Tu es bien complexe, conclut-il.

Moi même je ne me comprends pas.

Il se lève et part dans la cuisine, j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas?

Après avoir cogité toute la nuit dans mon lit - la fatigue ne voulant pas venir après l'après midi que j'ai passé - j'en suis venu à cette conclusion : je suis horriblement égoïste. Izuku est bien plus mal que moi et pourtant il fait tous les efforts du monde pour ne rien laisser paraître et m'aider. Je veux m'excuser, j'ai été irrespectueux.

Je me lève et pars vers sa chambre. J'ouvre la porte en fracas, il me regarde avec des yeux endormis, merde il dormait.

- Que veux-tu ? Marmone-t-il.
- Je voulais m'excuser.
- Demain... Là je suis crevé... T'arrives pas à dormir?
- Si si!
- Je sais que t'as pas dormi, dit-il en se redressant.
- Bien sûr que si.

Il tapote la place à ses côtés.

- Il paraît qu'on gère mieux les insomnies à deux.

Je secoue la tête négativement et cours dans ma chambre. Pourquoi ça me fait cet effet de m'imaginer dormir avec lui?

~~~
Avis? Ça vous plaît?

Je vous partage beaucoup d'amour parce que je le fais pas assez, je vous aime tous, sans exception (à part la petite pute de la fnac tmtc mayrinai )

Kyoshiko~

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