Chapitre II
Point de vue Shoto
Je suis en chemin pour rendre mes planches. Un stress immense a naquit en moi. Je vais passer pour un égocentrique... Mais c'est juste que lorsque je regarde ces dessins, je n'ai tout simplement pas envie de les déchirer. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé concrètement, si c'est un rêve ou si je me suis réellement rendu dans mon manga mais j'aimerais revivre une de ces expériences.
Je marche dans la rue bondée, évitant à tout prix les regards des gens. Un peu comme ces psychopathes qu'on voit dans les films. Le soleil qui se reflète dans la neige m'est presque douloureux, le froid pourrait lui aussi me geler sur place, si j'avais plus d'argent je me serais payé un chauffeur. À l'étranger mangaka est perçu comme un métier de rêve, mais en réalité cela ne rapporte rien, à moins de s'appeler Horikoshi Kohei ou bien Akira Toriyama.
Je marche comme un automate, mes pieds avancent en ligne droite, évitant du mieux je peux les obstacles sur mon chemin. Chaque pas m'est douloureux, mes Converses commencent à être abîmées et prennent l'eau, je vais racheter les mêmes, comme toujours. C'est devenu un peu comme un signe distinctif chez moi, quand les gens pensent à Shoto, ils pensent souvent à Converses basses bleues délavées. Pourquoi pas noir ou blanc? Parce que je les retrouve plus facilement dans mon désordre comme ça.
Je suis là, devant les grandes portes vitrées du bâtiment en verre. Je n'ose pas pousser cette porte, pourtant je l'ai fait plus d'une fois, mais cette fois-ci je n'y arrive pas. Puis une voix résonne dans ma tête, sa petite voix, "Todoroki Shoto". Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à me le sortir de la tête, il me hante l'esprit depuis que je l'ai "vu".
Je me décide enfin à pousser les portes de la Shueisha, entrant machinalement dans le hall. Je prends l'ascenseur, tape sur le numéro me conduisant à mon étage, tout en espérant au plus profond de moi être seul dans ce petit espace confiné malgré les sept étages. J'attends patiemment contre la vitre propre qui a du être lavée auparavant. Une femme entre au premier étage et comme si j'étais programmé pour, ma tête se baisse au même moment. Arrivé au septième, je cours presque dans le bureau de mon éditeur, ne voulant pas rester plus longtemps aux côtés de cette personne.
Je dis bonjour à mon éditeur, peut-être de manière trop précipité au vu de son sourire amusé. Une fois les formalités de faites, je lui tends mes planches, presque tremblant. J'espère que je ne laisse rien paraître, enfin, qu'il n'a rien remarqué.
- Et bien Todoroki, vous qui êtes si confiant d'habitude.
Je n'ose rien dire. Il feuillette les pages mais semble troublé à partir des fameuses pages que je n'ai pas dessiné. Un sourire se dessine sur son visage marqué par la vieillesse.
- Je ne vous pensais pas si narcissique, dit-il en riant.
Voilà ce que je voulais éviter...
- Mais ça m'a l'air intéressant, puis vos lecteurs ne vous connaissent pas donc ils n'en sauront rien.
Une longue discussion commence alors, il me redit des choses qu'il m'a déjà énoncé milles fois, d'après lui ce serait bien si Izuku s'énervait un bon coup, s'il envoyait tout chier. Sauf que nous ne sommes pas dans Re: Zero et qu'Izuku n'est pas comme ça, je le sais.
Normalement tout ça sera bientôt publié. Je peux donc rentrer chez moi. J'enfonce ma capuche et marche malgré la neige et le froid. J'y pense, si je deviens un personnage de mon histoire, les gens qui me lisent vont me reconnaître... Heureusement que j'écris sous un pseudonyme...
Je me prends vraiment la tête pour rien, c'est probablement un de mes plus grands défauts ça aussi avec la paranoïa.
Une fois à mon appartement, le désespoir m'envahit lorsque je vois l'état dans lequel il est, il faudrait que je nettoie, mais je dois dessiner pour le weekend prochain... C'est dur de choisir entre sa vie privé et donc sa santé ou son travail...
Que ferait Izuku à ma place? Je pense qu'il se debrouillerait pour faire les deux. J'ai créé Izuku sur mon modèle de l'homme parfait, sur le modèle de la personne que je voudrais être, du coup dans ce genre de moments je l'imagine à ma place. Mais je suis humain, pas comme Izuku, et j'ai des préférences et là j'ai bien plus envie de dessiner. Mais pas de dessiner la suite de mon histoire, juste laisser mes doigts faire ce qu'ils veulent.
Je me munis d'un crayon, d'une feuille et commence à dessiner, petit à petit le visage du bouclé apparaît sur la petite feuille cartonnée aux bords cornés. Mais pas un visage heureux non, un visage marqué par la tristesse, les coups. Je pourrais l'intégrer à mon histoire, qu'on lui ait infligé ça après avoir vu les photos compromettantes.
D'ailleurs je ne sais pas si j'ai approfondi l'histoire d'Izuku, j'ai dit qu'il avait envoyé des photos compromettantes à la fille avec qui il partageait sa vie puis qu'il l'a quitté et pour se venger elle a partagé les photos. Je sais, je vais approfondir les raisons de la fille, pour moi elle a fait ça car elle ne l'a jamais aimé, elle voulait juste profiter de sa notoriété et de ce qu'il possédait puis elle s'est sentie dévastée quand Izuku l'a quitté, comme prise à son propre piège.
J'ai envie de revoir Izuku, c'est la première fois que j'ai envie de revoir quelqu'un, que je ne le fuis pas. Je pense que si j'ai envie de le revoir c'est parce qu'il ne m'a pas jugé et a été très gentil. À vrai dire tout cela n'est pas étonnant, il est au fond du gouffre lui aussi.
Je me mets à parler comme s'il existait vraiment... Je me fais peur à moi même.
Je vais devoir attendre cette nuit pour le voir, enfin plutôt demain matin vu que je suis complètement décalé.
Il faut que je me reconcentre sur mon histoire. Est-ce que je mets Izuku en couple avec une autre fille après? Elle viendrait le sortir de là et ils finiront ensemble, ça me paraît bien. Une fille mignonne, gentille, qui aurait un humour semblable au sien. Je commence à faire son chara design petit à petit. Je veux qu'elle soit un peu chubby, pas toute fine comme on peut en voir dans tous les mangas populaires. Je veux qu'elle ait des bonnes joues aussi. De la poitrine mais pas à outrance non plus. Voilà je l'ai fini, elle est vraiment mignonne. Il me faut un nom maintenant. Mhh Ochako? Ça me paraît bien. Mais elle arrivera plus tard dans l'histoire, pour l'instant il doit souffrir. J'ai envie qu'il aille retrouver sa mère aussi, je pense que je vais faire ça.
Après de bonnes heures de dessin et d'encrage je pars me coucher, je ne sais pas si je rêverai comme la dernière fois mais j'espère mieux m'en sortir si c'est le cas.
Je me réveille dans l'arrière cour d'Izuku. Pourquoi l'arrière cour? Aucune idée. Je vais toquer à la porte, je me demande combien de temps a bien pu passer. Je veux voir si mes changements ont été effectués.
- Todoroki Shoto ! S'exclame-t-il en me voyant.
Mais contre toute attente il vient me prendre dans ses bras. Ça par contre c'est non, j'ai horreur des câlins et autres contacts physiques. Il semble vexé lorsque je l'ai repoussé mais ne dit rien ce qui est sans doute plus sage.
- Ça faisait longtemps, dit-il en me laissant entrer.
- Vraiment?
- Je t'ai si peu manqué pour que tu trouves que deux mois soient peu? D'ailleurs la prochaine fois évite de partir comme un voleur au matin...
- Excuse moi.
Je ne suis absolument pas désolé.
- Tu sais, grâce à toi j'ai revu ma mère!
- C'est bien ça non?
- Oui! Elle a entendu parler de l'histoire mais au contraire elle m'a soutenue...
- Au bout de deux mois l'histoire a commencé à s'estomper non?
- Absolument pas, soupire-t-il.
Ça ne colle pas... J'avais fait en sorte que ce soit le cas...
- Tu sais, j'ai appris qu'elle voyait d'autres gens en même temps que moi, j'ai bien fait de la quitter...
C'est moi où l'histoire part en roue libre totale?! Je n'ai jamais fait ça!
- Ah vraiment ? Dis-je troublé en m'asseyant.
- Oui, je ne sais pas si j'arriverai à aimer après ça, dit-il tristement en faisant de même.
- Ne jamais dire jamais tu sais.
- Je crois qu'elle m'a dégoûtée des filles pour un bon moment.
Que tu le veuilles ou non je te mettrai en couple avec Ochako.
- Tu te remettras bien en couple un jour, tu es encore jeune.
- Tu parles comme si tu étais bien plus vieux, rit-il, et je n'ai jamais dit le contraire.
- On doit avoir au moins cinq ans d'écart.
- Tu as vingt-cinq ans et moi vingt-trois, nous n'avons que deux ans d'écart.
- Sauf que j'ai déjà quarante ans dans ma tête.
- Ça ne veut rien dire, il n'y a pas d'âge mental je pense, ce n'est pas parce que tu n'as pas les mêmes passions que les gens de ton âge que tu es pour autant plus vieux.
Pourquoi je l'ai fait intelligent déjà?
- Thé? Demande-t-il.
- Café plutôt.
- Ce n'est pas bon pour le corps sur le long terme.
- Au moins je mourrai plus vite.
Il semble choqué à l'entente de mes mots.
- Je vais te faire du thé.
- Je ne le boirai pas.
- Je ne t'y forcerai pas.
À sa place si je prenais du temps à faire du thé à quelqu'un il aurait bien intérêt à le boire.
Je réalise que je me suis endormi avec mon téléphone à la main et qu'en conséquent je l'ai avec moi. J'arrive distinctement à lire ce qu'il y a écrit dessus, c'est bizarre, on dit toujours que lors d'un rêve on ne peut pas lire.
- D'ailleurs, dit-il en revenant, je ne t'ai pas passé mon numéro !
Si à mon réveil son numéro est toujours dans mon téléphone au moins je serai fixé sur la nature de ces événements anormaux.
Je lui tends mon téléphone et il y entre son numéro.
- Je peux prendre une photo pour ne pas que tu m'oublies et me confondes avec un autre de tes contacts ?
J'ai un peu honte de lui dire que c'est mon seul contact et qu'en conséquent il est impossible que je le confonde avec une autre personne. Je me contente de hocher lentement la tête. Il prend sa photo et garde le téléphone dans ses mains.
- Je peux me balader sur ton téléphone ? Je n'ai jamais vu ce modèle là auparavant.
C'est vrai qu'Izuku est passionné d'informatique et a même fait de grandes créations et découvertes dans ce domaine là.
- Fais ce que bon te semble.
- J'ai le droit d'aller dans tes photos aussi?
- Oui.
Il semble en extase totale face à celui-ci.
- Mais c'est quoi ces applications ? C'est comme les nôtres avec un nom différent, qui sonne moins bien.
De base c'est l'inverse je te signale.
- Tu dessines? Questionne-t-il en voyant mes photos.
Bah non là c'est mes prouesses en tir à l'arc que tu vois.
- Todoroki Shoto...
- Oui?
Il semble figé devant mes photos, pourtant je n'ai rien de compromettant dedans. Je m'approche et vois mes croquis d'Izuku. Merde.
- Je les ai fait durant les deux mois, mentis-je.
- C'est magnifique... Tu voudrais bien m'en faire un pour la prochaine fois où on se voit ? Enfin si ça ne te gêne pas bien évidemment.
- Si tu le souhaites.
Il me fait un sourire gratifiant et continue à se balader dans mon téléphone.
- Tu as une copine?
- Je t'ai dit que j'étais seul.
- Ou un copain alors?
- Y a un truc de dur dans le mot seul?
- Pardon pardon, rit-il.
Il me fixe désormais dans les yeux, je détourne le regard, mal à l'aise.
- Tu as l'air bien triste, dit-il finalement.
- Je ne le suis pas.
- C'est mal de mentir. Tu veux une blague?
- Si c'est une du niveau de la biscothèque je vais m'en passer.
- Je veux réussir à te faire rire, je t'en ferais une à chaque fois qu'on se verra.
- Si tu y tiens écoute.
Il se met à rire doucement. C'est le début de la folie?
- J'en ai une vraiment drôle, dit-il en riant.
- Je t'écoute.
- Pourquoi les poissons n'ont plus de maisons? Parce qu'on les a des truites.
- Mouais.
- T'aurais pu au moins lâcher un sourire!
Je lui souris donc de toutes mes dents mais au lieu de s'en réjouir il a un mouvement de recul.
- Ne refais plus jamais ça!
- Ah?
- Ça faisait horriblement peur!
- Ne t'inquiète pas, je ne sourirai plus.
- Je n'ai jamais dit ça! J'ai dit que ce sourire là faisait peur! Mais attends souris normalement pour voir!
- Je ne sais pas faire un sourire naturel sur commande.
Il prend une mine boudeuse.
- C'est dommage, je suis sûr que tu as un beau sourire.
- Tu n'en sais rien.
Je ne me souviens même plus de la date de mon dernier sourire.
- J'ai une question, reprend-t-il.
- Je t'écoute.
- Pourquoi Todoroki Shoto? C'est long comme nom.
- Et toi pourquoi tu t'appelles Izuku?
- Alors d'après ma mère c'est parce qu'il y a des années de cela-
- Je m'en moque.
- Tu n'es pas très gentil.
- Tu ne m'apprends rien.
- Je me suis mal exprimé, ce n'est pas que tu n'es pas gentil c'est que tu ne fais aucun effort.
- Sans doute.
J'aimerais vérifier certaines choses.
- Dis, tu veux bien me passer ton téléphone ?
- Mon numéro tu veux dire ? Rit-il gêné.
- Non, ton téléphone, l'objet que tu as dans ta poche.
Son visage prend une teinte des plus étranges, je devrais retenir cette expression pour la dessiner, je n'avais jamais vu quelqu'un comme ça auparavant.
- C'est non.
- Je t'ai bien passé le mien.
- C'est différent.
- En quoi?
- Il y a pleins de choses que tu ne dois pas voir dans ce téléphone, je n'ai pas envie que tu vois certains côtés de moi.
Je te connais par cœur Izuku. Enfin, je connais ce que je décide de montrer de toi. Après il est possible qu'il ait développé d'autres traits de caractère que je n'ai jamais exploité. C'est vraiment complexe comme histoire.
- Je n'irai pas lire tes messages si c'est ça.
- Même.
- Je veux voir tes applications.
- J'ai tout désinstallé.
Ce qui est normal je suppose.
- Tu étais où pendant ces deux mois? Change-t-il de sujet.
- Chez moi.
- Je croyais que tu n'avais pas de chez toi?
Je me perds dans mes mensonges... Tout serait plus simple si je lui disais la vérité.
- J'ai un chez moi loin d'ici. Très loin.
- Tu ne veux pas m'y emmener?! Demande-t-il avec des étoiles dans les yeux.
- Non.
- S'il te plaît... Je suis prêt à tout pour partir d'ici! Vraiment Todoroki Shoto! Je t'en supplie ! Je payerai le loyer! Je ferai le ménage!
Ce serait un mensonge de dire qu'il ne me fait pas de la peine.
Après, ce serait un bon moyen pour changer d'univers comme je souhaitais le faire. Je pourrais dessiner un joli village bien plus rural avec toute sortes de choses fantastiques. Mais ça risque de détruire ma couverture, je ne serai jamais là...
- Non.
- Todoroki Shoto!
Les larmes commencent à monter de son côté. Il ne va pas pleurer quand même? Ou alors c'est de la comédie pour que je cède.
- Je m'étais promis de ne plus craquer, de ne plus pleurer mais tu es ma seule solution Todoroki Shoto, j'en peux plus ici, s'il te plaît aide moi...
- On verra...
Habituellement je n'ai aucun mal à dire non mais là c'est impossible, je veux dire, c'est comme si je ressentais sa peine...
~~~
Alors j'ai l'intention de faire revenir un personnage que... vous n'aimez pas :3 un personnage exclusif à isdp, allez devinette, il a les cheveux blancs, il a un nom de fruit, vous voyez tous de qui je parle non?
En espérant que ça vous ait plu
Kyoshiko~
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