Chapitre I

Point de vue Shoto

Il se tient là, devant moi, le protagoniste de mon histoire. Il sanglote en tenant la corde dans ses mains. Ce rêve est horriblement réaliste. C'est mon subconscient qui me punit probablement de lui faire un dessein aussi funeste. Mon premier réflexe est lâche mais je me cache discrètement.

Je n'ose pas aller lui parler, je ne saurais pas quoi lui dire. Je ne parle jamais en général. On me parle et je hoche la tête, tout simplement. Les rares fois où je le fais c'est pour jurer lorsque je heurte un meuble. Je parle aussi seul, de temps en temps, j'ai peur de perdre le peu d'humanité que j'ai, d'oublier ma propre voix.

Un cri retentit dans la pièce, il a du remarquer ma présence. Je n'ose pas me retourner, j'ai peur d'affronter son regard.

- Qui êtes vous?!

Waouh... sa voix... elle est... je ne sais pas, je n'arriverai pas à la décrire. Je ne m'attendais pas à cette voix là, mais au contraire, elle est encore plus douce et mélodieuse que dans mon imagination. Pourtant, lorsqu'il a prononcé ces mots il était en pleurs. Je devrais peut-être lui répondre mais je ne sais quoi dire.

- Euh je suis... Todoroki Shoto...
- C'est la première fois que j'entends un tel nom...

C'est vrai qu'il n'y a pas de noms de famille dans ce monde. Du coup je dois être l'équivalent d'un Jean Eudes dans notre monde avec mon nom composé qui n'en est pas un.

- Vous êtes mon ange gardien? Demande-t-il innocemment.
- Pardon? Dis-je peu sûr d'avoir compris.
- Vous êtes arrivés au moment où j'allais faire une chose horrible... Merci de m'en avoir empêché, dit-il avec un grand sourire.
- Je n'ai rien fait, je vais y aller d'ailleurs.
- Non attendez! J'aimerais vous remercier plus que ça!

Il essuie les larmes au coin de ses yeux et tente un sourire tremblant. Je le connais mieux que lui même, il n'est pas vraiment bien, il se persuade que c'est le cas. Je sais ça car c'est un de mes anciens traits de caractère que je lui ai donné. Oui, je dis ancien car aujourd'hui je me moque bien de faire semblant.

- Vous voulez rester à la maison? Je pourrais vous offrir quelque chose!

Il m'exaspère à faire semblant.

- Je ne veux rien de tout ça, je vais rentrer chez moi.
- Vous ne comprenez pas... Sans vous je serais sans doute mort... Alors s'il vous plaît...
- T'as mieux à faire que de rester avec moi.
- Non pas vraiment...

Je ne réponds rien et commence à me diriger vers la sortie, passant par plusieurs pièces que je connais par cœur.

- Attendez! Où allez vous?
- Chez moi, dis-je agacé.
- Vous avez vraiment un chez-vous? Dit-il en me regardant de haut en bas.

Je réalise que je suis encore en pyjama, les cheveux complètement emmêlés, mon haleine doit être approximative étant donné que j'ai bu énormément de café depuis mon lever.

Ce rêve possède un point positif, je sais que je trouve mon personnage insupportable. Les gens gentils m'énervent, je trouve ça presque hypocrite. C'est complètement faux, je le sais, mais je n'arrive pas à me dire le contraire au fond de moi.

- Je vais vous dire la vérité, me dit timidement le vert, j'ai eu des petits problèmes qui font que je n'ai plus personne... J'aimerais, juste une fois, parler avec quelqu'un, mais une vraie discussion, pas juste des insultes et autres moqueries.

Je ne sais quoi répondre. Je ne sais même pas tenir une discussion. Les gens m'ont toujours dit que j'étais ennuyeux, que c'était désagréable de parler avec moi. Je ne m'étonnais plus quand les gens faisaient des groupes de discussion sans moi.

- Todoroki Shoto ? Demande-t-il timidement.
- Excuse moi. J'aurais bien aimé mais je n'ai rien à te dire.

Ce n'est qu'un personnage de manga, je m'en fiche qu'il souffre, ce n'est pas un être humain.

- Vous n'avez qu'à m'écouter alors.
- Je n'en ai pas envie.

Il arbore alors une mine déçue. Mais il me fait ensuite un sourire bien plus triste.

- Je suppose que vous connaissez les rumeurs qui tournent autour de moi, ça doit être pour ça que vous ne voulez pas...
- Non je m'en fous des rumeurs. Si je veux pas c'est parce que j'ai pas envie de te parler, pas pour je ne sais quelles rumeurs.
- Vous êtes une bonne personne Todoroki Shoto.
- Et toi un idiot.
- Sans doute, mais je trouve votre raison valable bien qu'elle soit plutôt méchante. Je vais vous laisser rentrer chez vous.

Je lui fais un signe de la tête et quitte sa petite maison modeste, enfin, modeste pour le monde qui l'entoure. Souvent je me disais que si je mon protagoniste existait nous serions meilleurs amis. En fait non, impossible que j'ai une relation cordiale avec lui.

- Attendez! S'écrit-il en ouvrant la porte en fracas. Je ne vous ai pas dit mon nom! Moi c'est Izuku.

Je le sais déjà ça.

- Merci, Todoroki Shoto ! Me dit-il en me faisant un salut de la main.

Je l'ignore et reprends mon chemin. Sa bonne humeur est envahissante et m'étouffe. Je n'ai pas l'habitude de tout ça, c'est un peu comme donner de l'eau à un enfant buvant uniquement du soda, même si c'est bon pour lui, il ressentira une réticence.

Je ne sais même pas où je marche, je dois trouver un moyen de me réveiller mais je ne sais comment faire. Je n'ai pas envie de me blesser, ces années passées dans mon appartement m'ont rendu très douillet. Je n'aime pas les émotions fortes, ressentir quelque chose d'inhabituel.

Je passe plusieurs heures à me creuser les méninges mais rien ne semble venir. La nuit est déjà là, je ne vais pas la passer dehors tout de même? Un long soupir passe la barrière de mes lèvres, je n'ai pas envie de retourner chez Izuku. Je ne veux pas entretenir de lien amicaux avec lui. Je ne veux pas m'attacher à quelqu'un. Encore moins à quelqu'un de fictif.

Mais ma santé passe avant mes principes, du moins je suppose. Je ne peux pas vraiment mourir dans un rêve, pourtant j'ai bien ressenti la douleur lorsque j'ai heurté le sol. Je ne comprends pas très bien.

Peu importe, je marche vers la maison du vert. Il va vraiment croire que je vis à la rue. Dans ce monde que j'ai créé, il faut être fort pour s'en sortir, mais surtout riche, très riche. Donc les sans abris sont chassés hors de la ville, les campagnes sont uniquement peuplées de gens jugés mauvais pour la société, ceux qui ne lui apportent rien.

Je laisse mon doigt se poser sur la sonnette électronique à la droite de sa porte. J'attends nerveusement, j'ai horreur de demander la charité. La porte s'entrouvre, il jette un coup d'oeil suspicieux et son regard s'éclaire lorsqu'il me voit.

- Entrez, dit-il avec un grand sourire.

Je ne dis rien et pénètre dans sa maison. Il me guide jusqu'au salon, bien que je connaisse le chemin, puis m'invite à m'asseoir sur le canapé.

- Vous savez, j'encours un grave risque en vous accueillant, vous pourriez me remercier...

Et voilà qu'il se vante. Je ne suis pas un vrai sans abris donc il ne craint rien en m'accueillant.

- Merci, dis-je froidement, mais évite les formalités, tutoies moi.

Un sourire naît sur son visage. Il est exactement comme je l'ai dessiné, le même nombre de tâches de rousseurs, les mêmes pommettes roses, le mêmes cheveux en bataille que je lui ai fait, tout est pareil.

Je me demande, ce que je n'ai pas dessiné mais qui est mentionné dans mon manga, comment est-ce ici? J'ai vraiment envie de savoir.

- J'ai une question, dit-il.
- Je t'écoute.
- Je ne te dégoûte pas?
- Je t'ai déjà dit que j'en avais rien à foutre de ce que t'as fait.
- Oui mais quand même... Je me retrouve bien seul aujourd'hui à cause de tout ça donc je voulais savoir...
- Les gens sont idiots, sachant qu'ils ont probablement tous fait la même chose sauf qu'eux ce n'est pas dévoilé au grand public.
- Je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça...

Parce que je t'ai forcé à le faire. Ce qui me met automatiquement dans la case connard dans ce monde là. Mais ça, tu n'as pas besoin de le savoir.

- On fait tous des choses irréfléchies, dis-je simplement.
- Sauf que c'est en train de gâcher ma vie...
- Tu ne bases pas ta vie sur les gens non? Tu peux vivre sans eux.
- C'est dur d'être rejeté de tous.

Je pense connaître ça mieux que toi...

- Oui mais y a plus grave dans la vie.
- Il y a toujours plus grave, mais je souffre là à l'heure actuelle, ça revient au même.

Et maintenant il veut se faire plaindre, de plus en plus insupportable.

- Je suis persuadé que tu es mon ange gardien.

Il est vraiment con ou ?

- Je n'ai vraiment rien fait pour t'aider.
- Tu m'as sauvé la vie.

Un vrai illuminé.

- Je ne t'ai pas arrêté en plein acte, si tu ne l'as pas fait c'est parce que tu ne voulais pas le faire point.

Et surtout parce que mon manga a décidé de se foutre de moi.

- J'ai du mal à y croire puis, tu es la première personne depuis plusieurs semaines à me parler normalement.
- Tu as des parents non?
- Je ne suis pas allé voir ma mère, je suis sûr qu'elle en a entendu parler et qu'elle me déteste.
- Je ne pense pas.
- Tu ne la connais pas.
- Je le sais, c'est tout.
- Et après tu oses dire ne pas être mon ange gardien? Dit-il dans un rire.

Je ris avec lui, non pas de bon cœur mais pour ne pas avoir l'air d'un con à le regarder rire. Quoique non, je dois avoir l'air encore plus con, du coup je me stop net. Je ne sais pas pour quelle raison mais il est pris d'un fou rire.

- Je peux avoir une explication ?
- Tu rigolais puis tu t'es arrêté d'un coup net, c'était quoi ça? Ça faisait peur, dit-il en riant.

Ah c'est fort possible. J'aimerais bien rire de manière sincère, ça fait très longtemps que ça ne m'est pas arrivé.

- Izuku?
- Oui, dit-il en se remettant de son fou rire.
- Tu arriverais à me faire rire?
- Pardon?
- Oublie.

Je ne sais pas pourquoi j'ai demandé ça. Mais lorsque je l'ai vu, là, devant moi, avoir un fou rire, j'ai été jaloux. Pourquoi y arrivait-il et pas moi?

- Pourquoi est-ce qu'on met tous les crocos en prison?
- Hein? Dis-je perdu.
- Parce que les crocos dealent.

C'était nul.

- Attends j'en ai d'autres ! Que font les dinosaures quand ils n'arrivent pas à se décider? Un tirageosore!

...

- Comment appelle-t-on un jeudi vraiment nul? Un trajeudi!
- Je pense que je vais me passer de tes blagues.
- Attends y en a des vraiment hilarantes! Que fait un geek qui a peur? Il URL !

Que quelqu'un le fasse taire...

- Qu'est-ce qui est vert et qui se déplace dans l'eau?

Je peux répondre : "Toi une fois que je t'aurais noyé" ?

- Un chou marin! Où vont les biscottes pour danser? En biscothèque!
- STOP!

Il me fait un sourire désolé. Il est bien mignon mais il m'exaspère.

- Je vais me coucher je pense.
- Mes blagues ne t'ont pas ouvert l'appétit ?
- J'ai déjà mangé.
- Dans ta maison imaginaire ?

Ça y est j'ai gagné le statut de SDF maintenant. On se croirait dans un rpg un peu mauvais.

- Tu veux manger quoi?
- Peu importe.
- Je n'ai pas ça, rit-il.

Ce genre de blagues ne font rire personne.

- Que manges-tu habituellement ? Demande-t-il curieux.
- Des ramen instantanés.
- Et ?
- Et c'est tout.

Il écarquille grand les yeux, comme si je lui avais annoncé que le père Noël n'existait pas.

- Je vais te faire de la vraie cuisine d'accord?

Il s'emballe trop pour rien. Note à moi même, à mon réveil, le rendre moins casse couilles.

Il revient au bout de quelques minutes avec un plat dans les mains.

- Tu ne t'es pas trop ennuyé? Je t'ai laissé au moins une bonne heure.

Et c'était bien trop court.

- Viens manger.

Ça doit faire cinq ans que je n'ai pas mangé un vrai repas, assis à une table.

- Alors raconte moi Todoroki Shoto, tu as quel âge? Tu viens d'où? Tu es seul?
- J'ai vingt-cinq ans, le reste ne te regarde pas.
- Je suis curieux excuse moi.

Je suis peut-être un peu dur avec lui.

- Je suis né dans un village très lointain mais je suis désormais un nomade et oui je suis complètement seul.
- Où sont tes parents?
- Morts.

C'est complètement faux, mais je ne veux pas parler d'eux.

- Oh désolé, répond-t-il.

C'est une chose que je n'ai jamais compris, pourquoi les gens s'excusent-ils lorsqu'on leur apprend qu'un proche est décédé ?

- Pas la peine de t'excuser.
- Tu vis comment? Change-t-il de sujet.
- Mon mode de vie ne regarde que moi.

Je n'ai pas le courage de raconter une histoire factice. Je n'aime pas mentir donc je préfère ne rien dire. Nous finissons le repas en silence, je suppose qu'il a compris que je ne souhaitais pas parler. Une fois le repas fini il se lève et part vers la porte. Je le suis sans comprendre.

- J'espère que tu as tout de même passé une bonne soirée.

Il me met dehors là!

- Tout va bien Todoroki Shoto?

Je vais devoir faire face à un de mes plus grands problèmes. J'ai horreur de demander service.

- Tu peux rester ici, me devance-t-il avec un sourire.

Je ne peux retenir un micro sourire. Il a beau avoir pleins de défauts, mais s'il y a une chose qu'on ne peut pas lui reprocher c'est sa gentillesse.

Il me dépose des couvertures dans le salon tandis que j'utilise la douche. Il ne m'en voudra pas si je me sers de son peigne? Non parce que j'en ai vraiment besoin. Je déteste "me faire beau" je n'en vois pas l'intérêt, mais pour le coup, mes cheveux sont plus rouges clairsemés de mèches blanches. Oui, mes cheveux sont d'un côté blanc et d'un côté rouge, original il paraît.

Une fois coiffé, je pars ensuite me coucher, exténué. J'espère me réveiller vite. Je laisse la fatigue me gagner et tombe dans les bras de Morphée.

J'ouvre mes paupières lorsque ma sonnerie de téléphone retentit. Je suis à nouveau dans mon appartement. Enfin, ce rêve est fini. C'était mon premier rêve lucide et honnêtement c'était pas aussi bien que je me l'imaginais.

Je regarde sur mon téléphone, quelques heures ont passé. Il faut que je m'occupe de mon manga.

Je n'ai plus vraiment envie d'ôter la vie à Izuku. Ce rêve m'en a coupé l'envie. Je ne sais pas vraiment quoi faire pour la suite maintenant. Je regarde ce que j'ai déjà dessiné mais après la page où il tente de se suicider l'histoire continue. Je n'ai jamais dessiné ça... Mais pourquoi est-ce que je suis sur ces dessins? C'est à en devenir fou...

~~~
J'essaye de faire un Izuku moins victime que dans mes autres histoires, j'ai envie que celui là ait une grande force mentale

J'espère que ce chapitre vous aura plu car personnellement il me satisfait

Kyoshiko~

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