《 Chapitre 4 》
Le rédacteur en chef de Heroes Magazine regardait sa journaliste compter les billets de son nouveau salaire. Elle parut satisfaite puisqu'elle fit un grand sourire, dévoilant ses canines blanches.
— Tu vas faire quoi de ton nouveau salaire ? demanda Haraguchi, curieux.
— Le claquer dans une tenue de soirée. M'en faut une nouvelle pour le nouvel an.
— Une robe ?
Il était surpris. Kosugi ne semblait pas être le genre de femmes à dépenser son argent dans des vêtements.
— Je dois charmer quelqu'un qui s'occupe un peu trop de mes affaires.
Haraguchi la regarda, intrigué, tandis qu'elle se levait pour s'en aller bosser sur d'autres articles. Il savait, au fond, qu'il ne devait pas poser de questions. Ça faisait déjà un an, depuis qu'elle travaillait pour lui, et il savait ce qui arrivait donc aux curieux qui s'intéressaient de trop près aux Kosugi. N'empêche qu'il avait vraiment envie de lui poser la question... Il secoua la tête, mieux valait qu'il tienne sa langue.
Le soir venu, Noraneko sursauta lorsqu'elle aperçut Hawks qui attendait patiemment devant la rédaction. Elle s'approcha et plaqua ses oreilles, sa queue s'agitant dans tous les sens.
— Qu'est-ce que vous faites là ? s'écria-t-elle.
— Je viens voir celle qui va me faire vivre un enfer, répondit-il en souriant.
— C'est une façon de sous-entendre que je vous ai tapé dans l'œil ?
— Peut-être...
Au ton énigmatique, la noiraude croisa les bras, n'ayant pas prévu qu'il vienne jusqu'à son travail après la petite provocation d'hier soir. Le héros s'approcha et se mit à jouer avec une mèche de cheveux, un sourire aux lèvres, avant de venir murmurer à son oreille :
— Puis... Quitte à devenir le fou, autant savoir qui sera la reine, No-ra-ne-ko.
La femme tiqua et le regarda, faisant fi du peu de distance entre leurs deux visages. Elle esquissa un début de sourire, agitant sa queue, prenant son attitude moqueuse.
— Soit vous êtes en manque de compagnie, soit vous êtes déjà fou en vous approchant d'une Kosugi. Pour la première hypothèse, vous pouvez aller voir ailleurs, pour la deuxième, c'est que vous êtes prêt à vous attirer des ennuis.
L'homme lui attrapa la main et entremêla leurs doigts, une lueur amusé dans le regard. Ses immenses ailes rouges les cachèrent aux regards indiscrets tandis qu'il se penchait vers l'hybride.
— Eh bien... Je sais que Bastet fait partie de votre famille, donc oui, je suis prêt à me mettre dans la merde, surtout si mon bourreau n'est autre que vous, lâcha-t-il en lui faisant un clin d'œil. Et l'autre raison, c'est que je suis curieux de ce que vous ferez de ma plume égarée. Enfin, l'ultime raison, c'est que je souhaite être votre cavalier pour le Bal des Héros.
— Bien. Que Bastet soit une Kosugi, vous en aurez la confirmation ou l'infirmation lors des enchères du Bal. Ensuite, n'ayez crainte pour votre plume, je lui réserve un sort spécial. Pour terminer, j'accepte à condition que vous ne veniez acheter ma robe avec moi.
— Deal !
Hawks lui fit un baisemain avant de s'envoler dans le ciel de Fukuoka, non sans lui donner sa carte avec son numéro. Noraneko rangea la carte dans la poche intérieure de sa veste avant d'extraire son collier de cuir de son chemisier, ouvrant la petite sacoche qui y était attachée. Elle en sortit une plume rouge. En souriant, elle y déposa un baiser avant de la ranger.
Puis l'hybride alla à sa voiture afin d'aller chercher son petit frère. En arrivant devant le lycée de son cadet, elle attendit que Tensei ne la remarque. Cinq minutes passèrent, puis dix. Mécontente, elle grogna et sortit du véhicule en claquant violemment la portière.
— Tensei ! cria-t-elle, toutes griffes dehors.
La noiraude le vit pâlir, regarder l'heure et s'excuser pitoyablement avant de filer en direction de la voiture, la queue entre les jambes et les oreilles baissées. Une des amies du garçon lança un regard mauvais à la femme-chat qui répondit par son majeur.
— Surveille l'heure, gamin, ou tu finiras par rentrer à pied, feula-t-elle en reprenant la route.
— Je t'ai jamais demandé de venir me chercher ! gueula Tensei avant de poser ses mains sur sa bouche.
— Descends. Descends !
— Noraneko, je ne voulais pas...
Elle lui lança un regard glacial et le jeune homme s'exécuta avant de la regarder s'éloigner après lui avoir balancé de l'argent pour le bus. Tensei savait qu'il aimait sa sœur, et inversement pour cette dernière, mais parfois il en venait à la détester. Comme maintenant. Il savait qu'il l'avait blessée dans son rôle d'aînée - rôle qu'elle endossait depuis qu'elle avait dix-sept ans seulement tandis que lui en avait onze à l'époque - mais elle n'avait pas à lui imposer un rythme de vie.
— Mais ce que je déteste par dessus tout, c'est d'être un Kosugi... murmura l'adolescent en serrant les poings.
Kosugi. Ce patronyme apportait à la fois des ailes de liberté et les barreaux d'une prison. Un Kosugi était libre de tout, mais était prisonnier de son rôle. Un Kosugi, c'était un félin sauvage qui ne suivait que son instinct. Noraneko était éduquée depuis l'enfance à être la prochaine cheffe de famille, pas Tensei. Et pourtant, il se retrouvait lui aussi prisonnier de leur nom de famille.
Le jeune homme soupira et monta dans le bus qui venait d'arriver sous les flocons de neige, les premiers de l'hiver. Le chauffeur encaissa son argent sans un mot avant de lui faire signe d'aller s'asseoir.
— Allez, bouge, gamin ! grogna l'homme d'un ton autoritaire. J'ai pas toute la nuit !
Tensei se dépêcha de filer à un siège libre, aux côtés d'une collégienne qui parlait un peu trop fort pour ses oreilles de félidé. Durant le trajet, ses yeux voyaient tout mais ne regardaient rien. Il pensait à son aînée qui devait sans doute être assise au milieu des albums photos, comme à chaque fois qu'une dispute entre eux deux lui rappelait que leurs parents n'étaient plus de ce monde.
Sa vision se confirma lorsqu'il ouvrit la porte de l'appartement, une demie-heure plus tard. Les joues de Noraneko brillaient des larmes séchées, le corps de la jeune femme tremblait tandis qu'elle serrait la sacoche de son collier. N'importe qui aurait pu croire qu'elle voulait l'aide d'un héros. En réalité, elle les maudissait sur plusieurs générations. Après tout, ils n'avaient pas sauvé ses parents. Leurs parents.
C'était pour ça qu'elle était devenue Bastet, la Catwoman japonaise, et qu'elle avait repris les rênes du Clan Kosugi. C'était pour faire payer tous ces incapables qui croyaient pouvoir sauver tout le monde. C'était uniquement dans ce but qu'elle avait rejoint Shigaraki. Et Tensei le savait, l'avait même soutenue, mais parfois, il devait l'avouer, il avait peur pour sa sœur qui basculait un peu plus dans la folie et dans la vengeance chaque jour. Alors, tandis qu'elle maudissait tous ces héros, lui priait pour que l'un d'entre eux sauve sa sœur avant qu'elle ne franchisse la limite.
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