Keigo écarquilla les yeux en entendant sa question. L'aimait-il ? Merde, il le croyait bien. Il ne devait pas, il savait qu'il ne devait que la désirer, elle le lui avait dit à l'hôpital. Il la regarda avant de fuir en direction du salon où il se logea dans un coin, ses ailes l'entourant.

— Keigo, m'aimes-tu ? répéta la noiraude en le suivant.

Elle était juste à côté de lui, droite comme un piquet, les poings serrés. Attendant une réponse qu'elle espérait négative malgré elle. Il ne devait pas l'aimer, même si elle savait que le contraire lui serait bénéfique pour son plan.

— Oui... fit-il en restant caché.

La jeune femme tituba et se laissa choir dans le canapé, soupirant d'agacement. Le blond la regardait d'un air craintif derrière ses plumes. Il n'osait la rejoindre. Pourtant, elle lui fit signe de venir. Alors il vint, s'allongeant pour poser sa tête sur la douce poitrine de celle qu'il aimait. Cette dernière lui caressa distraitement les cheveux.

— Je t'avais dit de seulement me désirer, grogna la noiraude en l'obligeant à la regarder.

— Désolé... murmura Keigo, penaud.

— Je vais devoir te punir.

Lorsqu'elle le poussa contre le dossier du canapé, il sut de quelle punition elle parlait : celle qui allait le rendre fou. Il allait pouvoir toucher cette folie du bout des doigts, la ressentir.

La suite fut floue pour l'oiseau. Il ne se souvenait que du plaisir ressenti et échangé. Il ne se souvenait que d'avoir appartenu à Noraneko dans son entièreté et de lui appartenir encore maintenant au réveil alors qu'elle était partie dans la nuit. Sa place était froide sous les draps, mais son odeur persistait. Le blond plongea son nez dans l'oreiller où la noiraude avait posé sa tête.

— Je suis foutu... soupira le héros ailé en laissant choir ses ailes autour de lui. Complètement foutu...

Il mit un peu de temps avant de se lever et de frissonner à cause de sa nudité. Il se sentait bizarre : à la fois heureux et triste. Ce sentiment persista jusqu'à son arrivée au bureau où il vit Nekomata travailler à son bureau. Aussitôt, il se dirigea vers elle et la regarda en silence. L'héroïne tourna la tête vers lui en remuant sa queue, agitant ses oreilles.

— Oui ? demanda-t-elle au bout d'un moment.

— Mets l'affaire Bastet en pause.

Nekomata écarquilla les yeux avant de sourire et d'ouvrir le dossier pour le titrer "En pause", attendant que l'homme s'en aille patrouiller. Sauf qu'il ne bougea pas, se contentant de la regarder, cherchant la question qu'il voulait poser.

— Où se trouve Tensei Kosugi ?

La jeune femme se figea et tourna lentement la tête vers lui, le faisant frissonner de peur. Il détestait son regard perçant, on aurait dit qu'elle comptait le dévorer. Hawks resta immobile, attendant qu'elle parle.

— Pourquoi tu veux savoir ça ? Je croyais que tu venais d'abandonner l'affaire.

— Je l'ai abandonnée, répondit le blond, mais je veux comprendre pourquoi Noraneko Kosugi est au centre de l'affaire et, pour ça, j'ai besoin de voir son frère.

Nekomata plissa les yeux, agitant sa queue dans tous les sens, tel un serpent poilu orange, noir et blanc. Elle réfléchissait. Pouvait-on faire confiance à Tensei et sa tante pour garder le silence ? Elle n'en savait rien, Noraneko ne lui avait rien dit à ce sujet. Discrètement, Hana lui envoya un message tout en notant l'adresse des deux Kosugi sur un papier pour le donner à son supérieur. Elle regarda ce dernier s'envoler aussitôt le papier en main et le message envoyé.

— Saleté de piaf ! rugit-elle en massant ses tempes. Il lui faut quoi de plus pour abandonner ?

La cheffe des Kosugi reçut le message de sa subordonnée au moment où elle quittait la maison de sa tante, Tensei la raccompagnant jusqu'à la porte. Elle regarda son cadet en rangeant son téléphone dans la poche de sa veste. L'adolescent baissa le regard face à l'intensité de celui de son ainée, tandis que leur tante les observait depuis l'entrée du salon.

— Hawks va venir, ne dites que le strict minimum. Comme le fonctionnement de mon alter ou pourquoi je suis au centre de cette histoire. Compris ? Je compte sur vous.

Puis elle sortit de l'habitation en claquant la porte d'entrée, quittant les lieux une dizaine de minutes avant l'arrivée de l'oiseau. Ce dernier se posa sur le trottoir, vérifiant l'adresse pour s'assurer qu'il ne s'était pas trompé comme un abruti. Puis il alla sonner avec une pointe d'appréhension.

Ce fut la tante qui ouvrit la porte, saluant le héros par un signe de la tête avant de l'inviter à entrer. Le blond replia ses ailes rouges avant de pénétrer dans la maison, croisant le regard de l'adolescent assis sur le canapé, dans le petit salon donnant sur la rue.

— Tensei Kosugi ? demanda l'homme.

— C'est moi. Vous me voulez quoi ? fit le garçon tandis que la tante empêchait le héros de quitter la pièce.

— Juste te poser quelques questions sur ta sœur et sur Bastet.

Tensei hocha la tête, attendant la première question en croisant les bras. Il tentait de la jouer adolescent normal alors qu'il ne l'avait jamais été. Hawks s'installa dans le fauteuil, juste à côté de lui, entrelaçant ses doigts pour éviter de montrer sa nervosité.

— Alors, tout d'abord, je voudrais que tu m'expliques pourquoi ta sœur est au centre de toute l'affaire qui concerne la vilaine Bastet, lâcha doucement le héros ailé.

— Me parlez pas comme si j'étais complètement con ! Et pour répondre à votre question, Noraneko est au centre de l'affaire parce qu'elle dirige les Kosugi. Bastet étant une Kosugi, elle lui a demandé de s'occuper de voler les hommes de Shigaraki pour empêcher l'Alliance de se renforcer. Puisque vous vous êtes mêlé de l'affaire, elle a demandé à Nekomata et aux jumelles de vous donner un avertissement, répondit le jeune homme.

— C'est tout ?

— Oui.

Hawks soupira, la deuxième question allait donner l'impression qu'il n'abandonnait pas l'enquête alors qu'il comptait le faire le temps que la pression redescende.

— Quel est l'alter de Bastet ?

— Bastet peut se transformer en chat noir et contrôler les chats - ou autres félidés - en échange de quoi elle garde des attributs de chat, mais ces attributs sont propres aux Kosugi, répondit la tante en s'approchant, faisant sursauter le héros. Les Kosugi peuvent se transformer en l'animal dont ils ont les attributs, rares sont ceux qui peuvent contrôler les félins des alentours.

— Noraneko aussi ? questionna Hawks, redoutant la réponse.

— Il me semble que oui.