Exil


Taisez-vous.

Je ne veux plus rien entendre.

Je veux me boucher les yeux, les oreilles, me couper du monde.

Je ne veux pas assister à ça.

Taisez-vous enfin ! Ne parlez pas comme si tout était normal.

J'ai toujours été naïve, le genre à qui l'on dit :

Ça ne marche pas comme ça.

Parce que les gens ne sont pas idéalistes ? Parce qu'ils ne rêvent pas ?

Si ils rêvent. Mais pourquoi ceux qui m'entourent ne font que des cauchemars ?

Taisez-vous.

On détruit mon monde doux et beau à coup de réel.

C'est amer, piquant, brûlant, glacé à la fois.

Ce monde de sensations mérite-t-il qu'on s'y plonge ?

Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas.

Mais déjà ma carapace s'effrite. Ce que je vois, ce que j'entends, tout, ne va pas.

Pourquoi raconter ce qui ne va pas ?

Un enfant vous parle. Vous pensez qu'il est mignon. Dans votre esprit vous voulez retrouver cet état de joie pure sans soucis "d'adulte".  Vous le condamnez sans même vous rendre compte que vous le faites. 

Taisez-vous.

Je le sais.

Je n'ai pas le choix.

Taisez-vous.

Laissez-moi.

Je ne veux pas.

Mais je n'ai pas le choix. Alors je vais ravaler mes envies.

Ravaler mes rêves.

Puisqu'il faut être adulte.

Puisque les deux ne sont apparemment pas compatibles.

Taisez-vous.

Je sais que j'ai tort.

Laissez-moi dans ma carapace fendue.

Laissez-moi avec mes illusions.

Vous avez raison. J'ai tort.

Mais ça fait mal.

Ma carapace disparaît. Avec elle, mon enfance disparaît.

Comme dit le chanteur, on est tous exilés de l'enfance.

Et ça, c'est inévitable.

Bye.

Moi. Pour moi.

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