QUATRIÈME

BOSTON, PUB — vendredi soir.

Bien que je détestais ce principe, Junmyeon m'avait forcée à accepter son invitation au bar malgré le fait que je n'avais plus un rond à accorder à des sorties aussi anodines.

Il avait payé mon verre mais je comptais bien le rembourser aussitôt que je toucherais ma paie, j'avais l'habitude de payer pour nous deux et le simple fait que les rôles se soient inversés m'irritait profondément. On causait philosophie, pour changer un peu, et tandis que je lui expliquais mon point de vue je remarquais qu'il ne m'écoutait plus vraiment.

Son regard se concentrait par dessus mon épaule, je me retournais à mon tour pour faire face à Kris et Luhan qui venaient de pénétrer dans la bâtisse et qui s'approchaient de nous. Je tournai la tête afin d'accrocher le regard du coréen, il capta mes iris et j'essayais de lui faire comprendre par un simple langage visuel qu'on devait se tirer.

Évidemment, lorsque nous nous apprêtions à nous lever, les deux chinois arrivèrent à notre hauteur, Junmyeon lâcha un juron tandis que je restais stoïque: si je montrais mon agacement, ils en joueraient.

« Hey ! Sam et Junmyeon, toujours entrain de comploter, n'est-ce pas ? Débuta Luhan.
- Pour une fois, on ne préparait pas notre plan diabolique qui consistait à te tuer pour ensuite te lancer dans un fleuve, rétorquais-je.
- Toujours aussi sympathique, pourtant je commençais à bien t'aimer, m'avoua le blond. Bon dis leur ce que t'as à dire Kris, moi je vais aller pisser. Annonça-t-il avant de partir. »

Le chinois nous dépassa jusqu'à s'engager dans les toilettes pour hommes, il ne restait plus que nous trois, j'aurais préféré que ce soit Kris qui partent honnêtement, rien que de sentir sa présence m'insupportait. Il était ridiculement grand, un mètre quatre-vingt dix voir plus je dirais, Junmyeon et moi faisions la même taille (un mètre soixante-seize) donc on avait l'air de nain de jardin à côté de lui surtout que nous ne nous étions pas levés, il était le seul à rester planter droit comme un poteau électrique.

« Le club de basket d'Harvard joue un match amical lundi soir, on cherche des gens qui aimeraient venir, lâcha-t-il d'une traite.
- Désolé, j'ai une conférence avec le club journal, déclina le brun.
- Je travaille le lendemain, tu m'aurais dit à la fin de la semaine j'aurais accepté, refusais-je à mon tour.
- Tu diras au mec qui rédige les nouvelles qu'elles sont impertinentes et mal écrite et Sam de toute manière t'es même pas à la fac, j'en ai rien à foutre que tu viennes ou pas c'est pas à toi que je parlais. »

Sérieusement, j'espère que ce mec n'est pas sobre ou qu'il est sous influence de n'importe quelle drogue parce qu'autrement, il a une case en moins. Je me levais afin de répliquer mais je restais toujours en position de faiblesse à cause de sa taille proéminente, puis c'était pas des centimètres qui allaient m'intimider.

« Ne crois pas que t'es à Harvard parce que t'es intelligent, tu l'es juste parce que ton père t'a pistonné sans ça tu serais entrain de manger dans les poubelles. T'es qu'une grosse merde Kris Wu, un sourire provocateur s'empara de mes lèvres.
- En attendant, c'est toi qui manges dans les poubelles pendant que moi, je suis sûr d'être ton futur patron, ce mec n'avait absolument aucune répartie. »

Luhan surgit de nul part, voyant que la tension commençait à monter et que j'allais très certainement commettre l'irréparable, il attrapa l'avant-bras de son ami avant de le tirer dans un coin de la pièce où ils seraient sûrs de ne plus déranger personne.

Quand Junmyeon vint poser une main réconfortante sur mon poing, celui-ci se desserra automatiquement, mes traits se détendirent et je culpabilisais presque de ne pas avoir fait preuve du même sang-froid que mon ami, j'étais franchement ridicule à m'emporter pour un rien, ma situation sociale était le seul point faible qu'il pouvait me trouver alors à chaque conflit, il ressortait cet argument pour me descendre pourtant je n'avais pas honte de ce que je faisais. J'aimais mon métier, je détestais juste les personnes avec lesquelles je le pratiquais.

« Laisse tomber, il ne sert qu'à te pourrir la vie, pas grand monde l'apprécie à Harvard, me rassura le coréen.
- Je sais mais... mes sourcils se froncèrent et en sentant que j'allais pleurer, je fermai durement les yeux. Il me rappelle sans-arrêt à quel point j'ai fait le mauvais choix, à quel point je suis une déception. »

Le jeune homme m'enlaça avec un fougueux esprit paternel dont il avait l'habitude de faire preuve envers moi bien que nous avions le même âge. Une douce chaleur s'alluma dans mon cœur, mon être entier se ravivait en se nourrissant de toute l'affection que l'asiatique me portait parce qu'il était bel et bien le seul à pouvoir me témoigner autant d'amour.

Entre nous, je ne sais pas ce que je serais devenue sans lui. Il est la seule personne qui a continué de rester à mes côtés lorsque j'ai tout perdu, étant en froid avec mes parents, il m'aidait, me soutenait et des fois je m'en voulais de ne pas être aussi forte que je prétendais l'être.

Je n'avais pas seulement craqué à cause de lui mais également à cause d'une accumulation de problèmes ayant eu lieu toute la semaine et m'ayant rongé peu à peu le moral jusqu'à ce que j'en vienne à pleurer devant le mec que je détestais le plus au monde car oui, je mettrais ma main à couper qu'il me voyait et qu'il se foutait de ma gueule avec l'autre pétasse blonde.

« Je crois sérieusement que sans toi, je serais dépressive ou quelque chose du genre. Riais-je avant de me détacher de son emprise et d'essuyer mes larmes.
- Qu'est-ce que tu racontes ! Je suis juste ton cheerleader, j'encourage ma gonzesse préférée en lui payant des verres de whisky et en lui faisant les courses !
- Tu fais vachement plus, je viens de me prendre la honte en pleurant devant tout le monde et toi t'es quand même restée avec moi.
- Je l'ai juste fait parce qu'au lycée tu me défendais quand on me noyait dans la cuvette des toilettes, ne pense pas que je suis devenu ta mère. »

Vous savez, des fois nos pulsions nous poussent à faire des trucs de dingue, allez savoir pourquoi mais la seule chose de cool que j'ai trouvé à faire pour me rattraper a été de faire le plus beau doigt d'honneur de l'histoire de Boston à cet enculé de Kris Wu et que ce dernier n'arrache la chaussure de son collègue pour finalement me la balancer dans le bas ventre.

C'est ce genre de haine qui me faisait me sentir vivante.

+15/10/2017; 1130 mots ♡.

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