Prologue
Le gardien referme la porte en fer dans mon dos et le tintement de ses clés ainsi que le bruit de ses pas m'indiquent qu'il m'abandonne dans cette pièce glaciale et lugubre. Seul dans ce petit espace confiné, mes démons ressurgissent et dans les zones d'ombre, ton visage m'apparait comme le poids de ma culpabilité. Mes tourments balayent ma peur d'un revers de lame, et les images de ton corps allongé sur ton lit de mort me reviennent en mémoire. La nuit à l'origine de tous mes cauchemars reste gravée à l'encre noire dans mon esprit et ce pour l'éternité.
Ma poitrine se comprime et je hurle au gardien d'ouvrir cette maudite porte qui me prive cruellement de ma liberté. Mes doigts se referment autour des barreaux que j'agite sauvagement comme un effréné, jusqu'à en faire trembler le sol tout entier. Personne ne vient me réprimer, ni même me délivrer. Malgré la colère qui s'empare de tout mon être, je sais que mon emprisonnement entre ces quatre murs est la sentence que je mérite pour t'avoir ôté la vie. Ce n'était qu'une question de temps, un souffle illusoire de liberté, car même les plus rusés d'entre nous n'échappent pas au destin qui leur est réservé. Tout le monde doit payer le prix de ses actes car tôt ou tard, tout finit par se savoir.
Les secrets les mieux enterrés, au seuil des porte de l'Enfer, renaissent de leurs cendres lorsqu'on s'y attend le moins.
Je pensais pouvoir me reconstruire à la suite de ce tragique accident qui a rempli ma vie de ce trou noir de désespoir. Chaque fois que mes paupières se ferment, ton visage se manifeste comme un mirage, aussi séducteur que trompeur ; tu captures la mélancolie de mes nuits et me hantes sans répit. J'ai tenté en vain de noyer l'obscurité qui me consumait mais mes efforts se sont écroulés lorsque je l'ai rencontré.
Les traits de son visage m'ont immédiatement rappelé les tiens et mon coeur s'est mis à battre férocement dans ma poitrine. Elle te ressemblait de façon troublante. Ses joues rougissaient alors que des mèches rebelles s'échappaient de sa queue de cheval pour venir se plaquer à la fine couche de sueur le long de sa nuque. Je mourrais d'envie d'effleurer sa peau d'ivoire. Un délicieux parfum de fleurs flottait dans l'air et j'ai senti le souffle léger d'une brise me caresser ; à cet instant précis, j'ai su que je revivais.
Ma volonté de te remplacer n'était qu'une façon égoïste de tenter de purger mon âme, d'expier mes péchés et de fuir le sort qui me guettait. Elle m'est apparue comme un signe de l'univers, une seconde chance qui m'était accordée et par-dessus tout, elle m'acceptait malgré mes vices et mes penchants démoniques. Sauf qu'elle ignorait dans quel chemin elle s'engageait.
J'ai essayé de ne pas l'entraîner dans ce gouffre sans fond, de ne pas commettre les mêmes erreurs mais le passé m'a rattrapé.
Les derniers espoirs de sortir de cet endroit tarissent et bientôt, ma vision se trouble. Des voix tambourinent dans mon esprit et je secoue la tête pour les faire taire. Je m'immobilise lorsque je remarque ta silhouette. Tu te tiens dans le coin de la pièce en me fixant durement. Ton visage est souillé de terre et des feuilles sont coincées dans ta chevelure brune. Aucune émotion ne transperce tes pupilles. Mes yeux dérivent vers les lacérations sous ta poitrine et je me tords de douleur.
Laissez-moi sortir !
Mes ongles griffent le mur en béton délabré, s'enfoncent dans les cavités et s'écorchent sur la surface dure. Je cris, je hurle à pleins poumons pour effacer la peine qui m'ensevelit. Dans un élan de détresse, mon front vient s'écraser contre la paroi froide et mon regard se pose sur mes mains colorées de ton sang, ainsi que celui de toutes mes victimes. Je sens ta présence au-dessus de mon épaule et tu me chuchotes à l'oreille la solution à mes problèmes. L'échappatoire à tous mes supplices.
Je jette un regard à la lumière qui filtre à travers les barreaux de la fenêtre et qui se reflète sur le sol. J'avance lentement et lorsque je me retrouve sous la seule ouverture au monde extérieur, les rayons du soleil réchauffent la paume de ma main.
Fais-le. Fais-le. Fais-le.
Les gardiens ne tarderont pas à revenir, chaque minute est comptée. Si je veux y arriver, je dois me dépêcher. Mes jambes m'entraînent aussitôt jusqu'au lit de camp et je m'effondre sur le matelas poisseux. J'enfuis mon visage dans les draps et mes poignes se resserrent autour de l'étoffe. De mes doigts, j'agrippe le tissu et le déchire. Je le fends en deux et fais un nœud au bout de celui-ci. J'assemble les deux parties et serre de toutes mes forces.
Les dieux n'accepteront jamais de me pardonner et me dérober de mon destin demeure la dernière possibilité qu'il me reste. J'ai usé toutes mes cartes et à présent, je ne suis plus qu'un tas de cendres. Je suis un monstre bien trop perverti pour ce monde. Je pourrais implorer leur clémence mais les mauvaises personnes ne méritent pas la rédemption.
Debout à la lueur du jour, je prends appui sur mes jambes et saute le plus haut possible. Je manque ma cible et je réessaie, encore et encore, désespérément. Les secondes défilent et dans une dernière tentative, je jette le drap qui s'accroche au barreau. Un gémissement de soulagement m'échappe et je récupère la seconde extrémité pour sécuriser le nœud. J'entends les pas des gardiens de l'autre côté de la porte et je me fige. Il ne me reste plus beaucoup de temps.
La sueur ruisselle le long de ma peau lorsque je me hisse sur ma corde de fortune pour tenter d'atteindre les barreaux. Mes efforts paient puisque ma main se referme autour du cylindre rouillé. Le vide m'aspire tandis que je me retiens douloureusement d'une seule main et que de l'autre, je scelle mon sort. Pour la première fois depuis longtemps, je ne suis pas sûr de ce que je m'apprête à faire, mais ta voix me pousse à m'affranchir de mes remords.
Ne réfléchis pas. Fais-le.
Le doute me quitte et j'enroule la corde autour de moi. Les pas se rapprochent et un sentiment terrifiant s'empare de tout mon être alors que je suis si près du but. Des larmes dévalent mes joues, mon coeur se comprime, mon âme se fane.
Je revois la photo de ton visage souriant près de ton cercueil.
Le corps de ta mère allongé dans une mare de sang.
Ton meilleur ami inconscient sur le sol.
Après la chute, je sais que tu me retrouveras.
Jusqu'à la folie, au-delà de la mort... c'est ce qu'on s'était promis.
✘ ✘ ✘
Coucou tout le monde !
J'espère que cet avant-goût vous aura plu !
Ça me fait extrêmement bizarre de retrouver cette histoire alors que jusqu'à l'épilogue du tome 1, j'étais persuadée que ça resterait un one-shot.
Honnêtement, je ne suis pas certaine d'en être satisfaite mais je me répète de ne pas me prendre la tête et que je modifierais des choses à la réécriture...
Je suis impatiente de vous faire découvrir de la suite de l'histoire et je vous dis à très bientôt pour le premier chapitre ;)
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