ce jour là, tu seras peut-être mort.

dehors, le ciel est noir, et je ne veux pas voir les étoiles.
dehors, il ne pleut pas, mais le vent rugit dans mes oreilles.
dehors, j'entend les branches qui craquent et je me dis qu'elles ressemblent un peu au os qui se brisent, lorsque l'on tombe.
je ne sais pas si ce seront les tiens, bientôt.

aujourd'hui, les faux sourires qui éclairaient ton visage m'ont donné envie de pleurer, comme si me traîner contre le sol, larmoyante, aller te faire changer d'avis.
ce matin là, tu auras sûrement déjà fait ton choix.
ce matin là, tu auras sûrement déjà tout préparé.

j'y ai repensé, face au vent qui hurlait et aux étoiles trop brillantes dans ce ciel mort.

je ne sais pas pourquoi j'écris et mes doigts sont congelés. je ne sais pas pourquoi j'écris et mon coeur se serre. je ne sais pas pourquoi j'écris et les mots sanglotent, saignent et se répandent contre le papier.
je ne sais pas pourquoi j'écris parce que tu seras peut-être mort.

j'ai peur que la possibilité de cette probable réussite soit véritable. j'ai peur que le pistolet dissimulé sous ton lit te serve réellement. j'ai peur de ne pas avoir été assez convaincante, de ne pas avoir assez parlé, mais je ne n'arrivais pas à dire quoi que ce soit.

les mots sont le remède, mais je ne les avais pas lorsque j'en avais le plus besoin. les mots sont le remède, mais je ne suis pas l'infirmière qu'il te fallait.
maintenant, je les trouve inutiles, dénués de sens, coquilles vides entre mes mains froides.

peut-être ne les liras-tu jamais.
probablement.
sûrement.
assurément.

parce que ce jour là, tu seras peut-être mort.

Lettre à toi, Charly, que je ne veux pas voir disparaître.