𝐈𝐈
« La tristesse du futur rend toujours aveugle au bonheur du présent... »
Survivant, il y a 1 an
On se rabâche qu'une vie suffit à savourer chaque moment, chaque instant. On procrastine en attente d'un quelconque événement. Puis l'événement devient crise, et crise devient tragédie. La réalité assomme notre visage et nos questions fusent.
Le tronc aride et une famine intense s'installe en moi. Ma gorge est desséchée. Ma source d'ensoleillement à cessé.
J'ai tout fait pour elle,
J'étouffais pour elle.
La cérémonie s'est déroulée dans le plus grand des calme. Un silence pesant régnait dans l'église. Nous étions sept. Ses parents étaient aux abonnées absents. Aucun de ses putains de géniteurs n'a bouger son cul pour pleurer son âme défunte. Son âme bien trop pure pour s'élever.
Laora m'a laissé seul, seul croulant sous un énorme mystère. Ce jour-là, je suis resté en hauteur. Je les ai vu déposer un tissu sur son corps trop blafard pour en espérer un souffle. Après l'autopsie le médecin à refusé de m'informer des causes du décès. Nos liens de famille étaient un frein, car nous n'en n'avions pas.
C'est amusant. Son tendre père savait. Il n'a pas voulu me le dire. Ça m'irrite. Elle m'aimait moi, elle m'enlaçait moi. Moi, qui suit l'amour de sa vie, ne suis pas considéré comme membre de sa famille mais que son père ce connard le soit uniquement par lien de parenté. C'était moi sa famille.
— Rhys vient manger, le repas t'attend. Assis à table, mon père nous sert.
Il a fait son apparition le soir après l'incident. Finalement j'aurais préféré qu'il ne rentre jamais. Pour nous éviter, à tous deux, de jouer cette comédie : père présent et fils clément.
— Comment elle s'appelait ta copine déjà ?
La cerise sur le gâteau, adieu la carrière d'acteur.
Mon téléphone se range sur la table prêt à dîner. Ma main se dégage pour saisir cette fourchette mais c'est mon poing qui tape à ses côtés.
Le bruit sourd le fait sursauter.
C'était sa phrase qui aurait dû le choquer, pas mon geste.
— Tu te fous de moi là j'espère, dis-moi que c'est une blague ? Ma voix s'est faite tranchante, comme jamais auparavant.
Mes réflexions je les garde en moi. Lors de ses absences, lorsqu'il revient après plusieurs semaines de voyage accompagné de ses "prétendantes", je ne dis rien.
J'arrive à m'en foutre. J'y parvenais. Je le pouvais, grâce à elle.
— Change de ton avec moi, fils, rétorque-t-il à son tour pour me confronter.
— Tu me demandes de changer de ton avec toi ? Après ce que tu viens de me demander ? Ne serait-ce pas du foutage de gueule ? Je recule d'un pas léger, saisit mon sac et m'apprête à quitter ce toit.
Bientôt j'aurais assez pour me casser de cette baraque bien trop grande pour moi. J'aurai plaisir à rentrer à la maison, dans un lieu où paix et calme règnent. Cette paix que je convoite et qui, jadis, était à son service.
Une quiétude que je trouverais à ses côtés.
— Maintenant le simple fait que je demande son prénom t'énerves ? Ce n'est pas de ma faute si elle a voulu en finir.
C'en est trop pour moi. Je prends mon sac, bouscule celui qui me confronte et me dirige vers la porte.
Un père arrogant, un protecteur incompétent, une épaule défectueuse. Dix-sept ans de ma vie, je me suis acharné à la faire fonctionner, quatorze ans que j'ai oublié que ma seconde était fonctionnelle.
Maman.
— Je t'interdis de quitter cette maison ou ne reviens plus mettre les pieds chez moi. ses mains se sont croisées sur sa poitrine.
Des menaces ?
— Dit ce que tu veux, je préfère largement être avec une personne présente pour moi qu'une qui n'est jamais là. je rétorque avant de franchir le seuil de la porte.
À pied, cela fait un bout. Le plus dur est de traverser les plaines séparant, il y a seulement quelques semaines, nos maisons. Désormais, son père paraît fuir sa maison, tant elle semble inhabitée.
Laora ne m'a que rarement parlé de ses parents. Au début, sa mère revenait dans nos conversations, elle me la décrivait comme étant joyeuse, protectrice et à l'écoute. Puis du jour au lendemain, cette dernière ne voyait plus jour au sein de nos échanges. Elle ne me l'a jamais formulé clairement, mais j'ai vite compris qu'il ne lui restait plus que lui.
Je m'arrête un instant sur cette verdure. Mon menton s'élève et mes yeux le suivent.
— En quoi es-tu si fascinante? Mes pleurs ne m'obéissent plus depuis longtemps. À la vue de cette fichue ligne bancale, mes larmes me trahissent. À la vue de cette foutue Cassiopée, je ne les contrôle plus. Une étoile brille plus que les autres dans cette constellation.
— Tu m'avais promis Laora. Mes paroles s'envolent en un souffle et d'un revers de la main je tente d'essuyer les perles salées qui se perpétuent à dévaler mes joues.
Le reste de la route n'a finalement pas été aussi long qu'autrefois. Ma mère loge dans un petit studio dû à sa situation financière. Ainsi le juge avait décidé que mon père aurait la garde étant gamin. J'ai dix-huit ans désormais, l'arbitre n'a plus de valeur.
Arrivé devant sa porte, je toque arrivé devant sa porte le cœur battant. Cinq secondes après le coup, elle ouvre la porte. Maman n'a pas changé, sa frange la rend plus jeune et fait ressortir ses yeux d'un vert fraîchement conservé. Sa main couvre sa bouche et ses yeux s'écarquillent.
— Rhys ?... Demande-t-elle d'une voix tremblante. Son intonation hésitante, me donne l'impression que mon nom n'est pas sorti de sa gorge depuis belle lurette.
— Salut maman.
Je la prends dans mes bras, je pleure, tremble contre elle. Sa main caresse mon dos et son silence m'apaise.
La soirée se termine dans cette même ambiance, on s'est raconté nos vies depuis que nous nous sommes quittés. Elle me comprend.
***
Les jours se sont écoulés lentement. Je n'ai pas remis un pied à la fac depuis deux mois. L'université m'a excusé pour mes absences, ils disent me comprendre et m'ont transmis leurs condoléances. Je loge chez maman depuis l'autre soir. Elle prend le lit et moi le canapé. Quand la nuit tombe je m'accoude au rebord de la fenêtre pour l'observer et pour qu'elle m'observe à son tour.
Une main se pose à mon épaule et me fait sursauter, maman me sourit, un sourire remplit de compassion.
Il y a longtemps Rosalie et père vivaient d'un amour trop parfait. Ils ont d'ailleurs eu un enfant issu de ce trop plein d'amour. Mais parfois il était trop violent. Donc maman a quitté le foyer, ignorante de la source du pouvoir de ce monde : l'argent. Elle à argumenter face à juge, tenté d'expliquer et de faire comprendre, dans sa lutte Rosalie a aussi pleurer. Papa, lui, possède des biens immobiliers dans la ville, lui il a de la thune.
Lui il connait le juge.
Et elle, elle avait tout perdu.
— Tu devrais te reposer Rhys... Sa voix est toujours brisée.
— Maman, ne fais pas attention à moi et vas te coucher.
Elle me décale légèrement pour s'installer à mes côtés et apprécier la brise fraîche du soir. Son regard se pose sur les étoiles, un léger sourire étire les coins de ses lèvres.
— Regarde là-haut, il y a des étoiles qui forment une casserole. On appelle ça la Grande Ours.
Ses mots me font chaud au cœur. Avant, je ne percevais jamais l'importance du ciel puis maman m'a montré comment le regarder, l'aimer et s'y intéresser. Ce que j'aurais dû faire bien avant.
— Dit moi, tu n'aurais pas des bouquins sur l'astronomie ? J'observe au même moment la constellation que ma mère me pointe du doigt.
— Bien sûr que j'en ai ! J'ai aimé ce qui se trouvait dans le ciel alors il fût un temps où je n'achetais que des livres comme ça avec mes petites économies.
Ses yeux sont remplis d'étincelles. Une boule de culpabilité s'installe dans mon estomac. Moi je n'ai même pas pris la peine d'en savoir plus sur elle. Ni même de lui téléphoner.
— J'aimerais bien en lire un ou deux, je suis sûr que ça lui ferait plaisir.
Elle ne lui est donc pas inconnue.
— J'en suis certaine.
Elle se retourne et se dirige vers sa petite bibliothèque, chope un livre dédié aux constellations, le dépose sur ses paumes et m'offre un grand sourire. La couverture est poussiéreuse mais l'œuvre ne semble pas dater. La taille du livre est impressionnante.
— C'est le meilleur livre que tu puisse lire pour commencer Rhys ! lance-t-elle avant de se retourner, prête à aller se recoucher.
— Merci maman, je te revaudrais ça.
— Ne dit pas de bêtises Rhys, il est à toi. Cela fait un moment que j'ai tout lu et puis je ne m'intéresse plus trop à ça désormais, bonne nuit chéri.
Sur ses mots, elle va dans sa chambre. A mon arrivée, elle a insister pour que je prenne la chambre mais j'ai assuré qu'elle est avant tout chez elle
Je m'installe sur le canapé, ouvre le livre et détaille chaque constellation. Mes doigts passe sur Cassiopée, son histoire est inscrite en bas de page. Laora disait vrai, elle est fascinante.
Je passe ainsi la soirée à découvrir ce bouquin. Mes yeux alterne entre papier et Laora, elle brille encore, elle continue de m'observer.
— Regarde Laora comment je m'intéresse à ce que tu aimais tant... je murmure avant de m'endormir.
Une semaine après la découverte de ce livre, je suis retourné en classe. Le ciel m'attire et je l'observe en permanence. Je lis désormais chaque soir avant de dormir. Les cours sont moins passionnants, mon siège voisin est vide. Je revois encore le cœur que j'ai gravé sur le bois de cette table.
Et ça le restera.
Je ne compte pas laisser une autre personne s'asseoir ici, je n'ai pas le courage de supporter quelqu'un d'autre à mes côtés. Un grand silence s'installe à la vue d'un homme à la grande carrure entrer dans la salle de cours. Ses cheveux noirs retombent sur son front et sa chemise bien repassée fait de lui un homme important, il n'est pas venu ici pour blaguer.
— Bonjour, je suis Tom Crayford. Je viens dans votre classe spécialement en la mémoire de ma fille Laora Crayford.
Je vois flou, ce mec prétend être venu pour sa fille alors qu'il n'a même pas daigné se présenter à son enterrement. Et puis il a l'air de faire ça à contre-cœur. La mort de sa fille ne semble pas l'avoir touchée.
Quel culot.
— Nous avons attendu que toute la classe soit présente car j'aimerais parler seul à seul à toutes les personnes qui ont connu ma fille. J'aimerais simplement connaître les raisons de sa décision tragique.
Je ne décroche pas mon regard du sien. Perçant et menaçant, tout ce qui émane de lui est mauvais. Cependant, il semble s'être simplement déplacé pour le numéraire ou pour plaider sa cause, afin de passer pour une personne innocente. Une personne dont on pleure volontiers la perte de sa fille.
Pour rien au monde je ne lâcherais une foutue larme pour sa gueule.
Ce dernier me fixe, un rictus coincé prend place sur ses lèvres. Il en a conscience, je suis un des seuls à l'avoir fait sourire et rire. A l'aimer. Je sais qu'il attend mon retour pour pouvoir m'interroger à son propos.
Pauvre fou tu es le seul coupable rien que pour ne pas t'être présenté à son enterrement.
Il prend d'une main une feuille où nom et photo d'identité sont inscrits. Son regard saute d'étudiants en étudiants, il cherche à nous lire, et pourtant sa réponse est aussi logique que du feu qui brûle.
— Rhys Klein, suis moi mon grand, dit-il d'une voix emplie de fausse tendresse mais je le suis sans broncher, ramassant l'intégralité de mes affaires étant sûr que je ne reviendrais pas de sitôt.
Quel hasard.
Ce sera aussi l'occasion pour que j'en apprenne plus sur vous Monsieur Crayford. Êtes-vous le chat ou la souris ?
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