avant le tout
Je suis morte un soir d'été.
Il était tard mais il ne faisait pas nuit. Les oiseaux chantaient encore parfois dans quelques arbres égarés et les cigales commençaient à grésiller. La chaleur estivale avait fait luire ta peau d'une légère couche de sueur. Tes cheveux ondulait sous la caresse de la brise qui frôlait nos mains entrelacées.
Tu regardais le soleil descendre derrière la ligne de l'horizon et moi je te regardais, toi. Tes doigts glissaient entre les miens, ils passaient avec délicatesse sur mes phalanges et chaque contact me faisait frissonner. Le paysage s'embellissait de plus en plus mais mes yeux ne pouvaient se détacher de ton visage.
Tu étais tellement beau. Tu avais toujours été beau mais ce soir, ce doux soir d'été au ciel parsemé de nuages roses, tu l'étais encore plus.
Tes lèvres se repliaient en un sourire si petit qu'il m'avais fallut plusieurs minutes pour le discerner réellement. Dans tes yeux se reflétaient la beauté de cette fin de journée et je voyais tes pupilles briller encore plus fort que la veille.
Tu te tenais droit, ta main droite appuyée dans l'herbe grasse pour te stabiliser ; la gauche étreignant amoureusement la mienne. Et puis, tout d'un coup, sans prévenir, tu t'es tourné vers moi. Tu m'as regardé quelques instants sans rien dire, puis ton si petit sourire s'est agrandit et j'ai vu tes dents apparaître entre tes lèvres. Ce simple geste a modifié tout ton visage : tes yeux se sont plissés, des fossettes se sont creusées dans tes joues et j'ai frémis devant tant de splendeur. J'ai levé la main et j'ai caressé ton menton. Tu as penché la tête et nos bouches se sont effleurées.
Quelque chose a explosé en moi, je me suis sentie respirer, comme à chaque fois que tu m'embrassais.
Ce fut la dixième fois que je tombai amoureuse de toi.
Puis tu m'as attirée contre toi, tu m'as embrassé le haut du crâne en me serrant contre ton torse. Je te regardai toujours ; toi, tu fixais à nouveau l'horizon. Mais je voyais bien que tu souriais. Et cette constatation m'a fait sourire aussi.
Nous sommes restés longtemps immobiles, dans les bras l'un de l'autre, toi à dévorer du regard la beauté du paysage et moi à me délecter de cette de ton visage.
Je sentais ton cœur battre dans mon dos et quand j'ai posé ma main dessus, il s'est accéléré. Tu n'as pas bougé, tu n'as pas cillé, mais ton cœur t'as trahit et j'ai sourit encore plus fort. Tu as caressé mes cheveux puis mon dos et mes bras. Je me suis sentie belle. Je me suis sentie à ma place.
C'est là que j'ai réalisé que si je devais mourir, ce serait entre tes bras. Et je crois que le Vide en moi l'a attendu car tout d'un coup il a cessé de crier et une grande chaleur est montée dans mon corps.
Le Vide a soupiré. Un immense et profond soupir qui s'est propagé dans tout mon être. Un soupir qui a éclot entre mes lèvres sans que je ne pusse le retenir.
Et mes paupières se sont fermées, me cachant à jamais ton visage.
Il était tard, mais il ne faisait pas encore noir.
Tu me serrais encore contre toi et ton corps se soulevait de sanglots silencieux. Tu fixais toujours le ciel. Et ton sourire était encore là. Tu dessinais sur ma peau des dessins de tes doigts et tes lèvres se posaient parfois sur mes cheveux.
Tu es resté longtemps ainsi, tenant contre toi cette moi sans vie que le Vide avait finit par te prendre. Et puis tu t'es levé, il faisait nuit à présent. Tu m'as allongée sur le sol et tu as commencé à marcher. Tout droit. Sans lâcher le ciel de tes si beaux yeux.
Et dans chacun de tes pas je t'entendais penser mon prénom. Et chaque fois que tu pensais mon prénom je m'envolais un peu plus haut. Et chaque fois que je m'envolais, ton image s'éloignait aussi.
Je ne peux plus te voir de là où je suis à présent.
Je suis morte un soir d'été. J'espère que tu n'es pas mort avec moi...
CASSIEN.
La muraille s'est écroulée et je me suis écroulée avec elle. Ton nom aura survécu a de nombreuses tempêtes. Je t'aime.
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