2 HORCRUXES
Dans le silence leur parvinrent les clameurs étouffées de Mrs Weasley qui criait, quatre étages plus
bas.
— Ginny a sans doute oublié un grain de poussière sur un rond de serviette à trois sous, dit Ron. Je ne vois pas pourquoi il faut absolument que les Delacour arrivent deux jours avant le mariage.
— La sœur de Fleur sera demoiselle d’honneur, elle doit être là pour la répétition et elle est trop jeune pour venir toute seule, répondit Hermione qui examinait d’un air indécis Flâneries avec le spectre de la mort.
— Avoir des invités n’aidera pas maman à calmer son stress, remarqua Ron.
Sans hésiter, Hermione jeta à la corbeille Théorie des stratégies de défense magique mais conserva Le
Guide des écoles de sorcellerie en Europe.
— Ce que nous devons vraiment décider, dit-elle, c’est notre destination quand nous partirons d’ici. Je sais que tu voulais d’abord aller à Godric’s Hollow, Harry, et je comprends pourquoi, mais… enfin,
bon… est-ce que notre priorité ne devrait pas être les Horcruxes ?
— Je serais d’accord avec toi si nous savions où en trouver un, répondit Harry.
Il ne pensait pas qu’Hermione comprenait véritablement son désir de retourner à Godric’s Hollow. Ce n'était pas seulement de voir la maison ou il était né et avait failli mourir qui l’attirait là-bas : il avait aussi le sentiment inexplicable mais profond que cet endroit pouvait apporter des réponses à ses questions. Peut-être tout simplement parce que c’était là qu’il avait survécu au Sortilège de la Mort du Seigneur des
Ténèbres. À présent qu’il était mis au défi de renouveler cet exploit, Harry éprouvait le besoin de retourner vers le lieu où il s’était produit, pour essayer de comprendre.
— Ne crois-tu pas que Voldemort pourrait surveiller Godric’s Hollow ? s’inquiéta Hermione. Il s’attend peut-être à ce que tu y retournes pour voir la maison ou tu as failli être tué et où il z perdu ses pouvoirs, maintenant que tu peux aller où tu veux.
Harry n’y avait pas pensé. Tandis qu’il s’efforçait de trouver un argument à lui opposer, Ron parla à son tour, réfléchissant manifestement à haute voix :
— La personne qui a signé R.A.B., dit-il, tu sais, celui qui a volé le médaillon.
Hermione acquiesça d’un signe de tête.
— Dans le mot qu’il a laissé, il a écrit qu’il allait le détruire, c’est bien ça ?
Harry tira vers lui son sac à dos et en sortit le faux Horcruxe qui contenait toujours le message de R.A.B.
— « J’ai volé le véritable Horcruxe et j’ai l’intention de le détruire dès que je le pourrai », lut Harry à
haute voix.
— Et s’il avait vraiment réussi à le détruire ? demanda Ron.
— Il ou elle, précisa Hermione.
— Peu importe, dit Ron. Ça en ferait un de moins pour nous !
— Oui, mais il faudra quand même que nous tentions de retrouver le vrai médaillon, non ? objecta Hermione. Pour savoir si oui ou non il a été détruit.
— Et une fois qu’on aura mis la main dessus, on s’y prend comment pour détruire un Horcruxe ?
— Justement, répondit Hermione, j’ai fait des recherches à ce sujet.
— Comment ça ? s’étonna Harry. Je croyais qu’il n’y avait pas de livres sur les Horcruxes à la bibliothèque ?
— En effet, il n’y en a pas, admit Hermione dont les joues avaient rosi. Dumbledore les a tous enlevés
mais il… il ne les a pas détruits.
Ron se redressa, les yeux écarquillés.
— Par le caleçon de Merlin, comment as-tu fait pour dénicher des livres sur les Horcruxes ?
— Ce… Ce n’était pas du vol ! assura Hermione en regardant successivement Harry et Ron d’un air éperdu. Ils appartenaient toujours à la bibliothèque, même si Dumbledore les avait enlevés des
étagères. Et d’ailleurs, s’il avait vraiment voulu que personne ne puisse les consulter, je suis sûre qu’il
aurait été beaucoup plus difficile de…
— Viens-en au fait ! s’exclama Ron.
— Eh bien… c’était facile, répondit Hermione d’une petite voix. J’ai simplement utilisé un sortilège
d’Attraction. Vous savez… Accio… Et… ils sont aussitôt sortis par la fenêtre du bureau de Dumbledore en filant droit vers le dortoir des filles.
— Quand as-tu fait ça ? demanda Harry, qui fixait Hermione avec un mélange d’admiration et d’incrédulité.
— Juste après son enterrement – l’enterrement de Dumbledore, expliqua Hermione d’une voix encore plus fluette. Juste après avoir pris la décision de quitter l’école pour retrouver les Horcruxes. Quand
je suis remontée chercher mes affaires, je… j’ai pensé que plus on en saurait à ce sujet, mieux ça
vaudrait… J’étais seule là-haut… alors, j’ai essayé… et ça a marché. Les livres se sont engouffrés par la fenêtre ouverte et je… je les ai mis dans ma valise.
Elle déglutit puis ajouta d’un air suppliant :
— Je suis sûre que Dumbledore ne m’en aurait pas voulu, ce n’est pas comme si nous voulions nous
en servir pour fabriquer des Horcruxes, non ?
— Est-ce qu’on s’est plaint de quelque chose ? répliqua Ron. Où sont ces livres ?
Hermione fouilla quelques instants puis retira de la pile un gros volume à la reliure de cuir noir usée.
L’air un peu dégoûté, elle le manipula avec précaution, comme s’il s’agissait d’une créature morte
récemment.
— Voici celui qui donne des instructions explicites sur la façon de créer un Horcruxe. Secrets les plus
sombres des forces du Mal… C’est un livre abominable, vraiment affreux, rempli de magie maléfique.
- Hum...s'exclama Velia, voilà un livre que j'aime déjà.
Cassandra leva les yeux au ciel.
Je me demande quand Dumbledore l’a retiré de la bibliothèque… S’il ne l’a pas fait avant d’être directeur, je suis prête à parier que Voldemort y a trouvé tous les renseignements dont il avait besoin.
— Dans ce cas, pourquoi aurait-il demandé à Slughorn comment fabriquer un Horcruxe, s’il avait
déjà lu tout ça ? interrogea Ron.
— Il a seulement demandé à Slughorn ce qui se passerait si on séparait son âme en sept parties,
répondit Harry. Dumbledore était certain que Jedusor savait déjà comment faire un Horcruxe
lorsqu’il a posé la question à Slughorn. Je crois que tu as raison, Hermione, il aurait très bien pu tirer
ses informations de ce livre.
— Plus j’avançais dans ma lecture, reprit Hermione, plus je trouvais cela horrible, et moins j’arrivais
à croire qu’il en ait véritablement créé six. Le livre explique que lorsqu’on en arrache une partie,
l’âme devient très instable, même quand on ne fabrique qu’un seul Horcruxe !
Harry se souvint que Dumbledore avait dit de Voldemort qu’il était allé « au-delà des limites de ce qu’on appelle habituellement le royaume du Mal ».
— N’y a-t-il pas un moyen de reconstituer son âme en rassemblant les morceaux ? demanda Ron.
— Si, répondit Hermione avec un pâle sourire, mais ce serait atrocement douloureux.
— Pourquoi ? Comment y parvient-on ? interrogea Harry.
— Par le remords, répondit Hermione. Il faut ressentir profondément le mal qu’on a fait. Et il y a un détail annexe. Apparemment, la douleur éprouvée est telle qu’elle peut te détruire. J’imagine mal
Voldemort tentant l’expérience, et vous ?
— Moi aussi, dit Ron avant que Harry ait pu parler. Mais est-ce qu’on explique comment détruire les
Horcruxes ; dans ce livre ?
— Oui, déclara Hermione qui tournait à présent les pages fragiles de l’ouvrage comme si elle
examinait des entrailles en décomposition. Les sorciers sont avertis qu’ils doivent les entourer
d’enchantements très puissants. D’après tout ce que j’ai lu, ce que Harry a fait au journal de Jedusor
est un des rares moyens efficaces d’anéantir un Horcruxe.
— Quoi, tu veux dire le transpercer avec un crochet de Basilic ? s’étonna Harry.
— Quelle chance ! On a justement tout un stock de crochets de Basilic à notre disposition, lança Ron.
Je me demandais comment on allait les utiliser.
— Il n’est pas nécessaire que ce soit un crochet de Basilic, reprit Hermione d’un ton patient. Il faut quelque chose de tellement destructeur que l’Horcruxe ne puisse pas se réparer de lui-même. Le venin de Basilic n’a qu’un seul antidote qui est extrêmement rare…
— Les larmes de phénix, acheva Harry avec un hochement de tête.
— Exactement, approuva Hermione. L’ennui, c’est qu’il existe très peu de substances aussi destructrices que le venin de Basilic et elles sont toutes très dangereuses à transporter. Mais il faudra bien que nous trouvions une solution car briser, frapper, écraser un Horcruxe n’a aucun effet. On doit
l’endommager au point qu’aucune magie ne puisse le réparer.
— Mais même si nous détruisons la chose dans laquelle il vit, pourquoi le fragment d’âme ne pourrait-il pas aller s’abriter dans un autre objet ? dit Ron.
— Parce qu’un Horcruxe est l’exact opposé d’un être humain.
Devant l’air décontenancé de Harry, Ethan, Cassandra et de Ron, Hermione se hâta de poursuivre :
— Si je prenais brusquement une épée et que je te la passe au travers du corps, Ron, je n’infligerais
aucun dommage à ton âme.
— Ce qui serait pour moi une grande consolation, assura Ron.
Harry éclata de rire.
— J’espère bien ! Mais ce que je veux démontrer c’est que, quoi qu’il arrive à ton corps, ton âme reste intacte, continua Hermione. Avec un Horcruxe, en revanche, c’est l’inverse. La survie du fragment d’âme qui y est enfermé dépend de son contenant, de cette espèce de corps ensorcelé. Le
morceau d’âme ne peut plus exister sans lui.
— Ce journal a eu l’air de mourir quand j’y ai enfoncé le crochet du Basilic, confirma Harry en se
souvenant de l’encre qui ruisselait comme du sang sur les pages transpercées et des hurlements
poussés par le fragment de l’âme de Voldemort avant de disparaître.
— Une fois le journal véritablement détruit, le morceau d’âme qui y était enfermé ne pouvait survivre. Avant toi, Ginny a essayé de se débarrasser du journal en le jetant dans les toilettes mais il est réapparu comme neuf.
— Attends un peu, coupa Ron, les sourcils froncés. Le morceau d’âme contenu dans ce journal avait
pourtant possédé Ginny, n’est-ce pas ? Comment cela peut-il arriver ?
— Tant que l’Horcruxe est intact, le fragment d’âme qu’il contient peut pénétrer à l’intérieur d’une
personne et en sortir à sa guise si cette personne s’approche trop près de l’objet. Je ne veux pas dire
le toucher longtemps, ce n’est pas une question de contact physique, ajouta-t-elle avant que Ron ait pu
intervenir. Je veux plutôt parler d’une proximité émotionnelle. Ginny a ouvert son cœur à ce journal,
elle s’est rendue incroyablement vulnérable. On a de gros ennuis quand on s’attache trop à un
Horcruxe, ou qu’on en devient dépendant.
- Je suis sûre que Velia et moi on peut les détruire. Assura Cassandra.
- C'est possible admit Hermione. Je ne sais, pas jusqu'où peut aller la puissance destructrice d'une fury, maus elle me semble suffisante.
- Elle veut que je lui fasse une démonstration ? S'enquit Velia.
- Surtout pas ! Répliqua Cassandra. Casse quoi que ce soit dans cette maison, et Madame Weasley te fera regretter d'être née.
- Moi, elle ne me fait pas peur. Affirma Velia.
- Tu as bien de la chance. Répondit Cassandra. Moi, elle me terrifie
— Je me demande comment Dumbledore s’y est pris pour détruire l’anneau, dit Harry. Sans remarquer l'expression habituelle de Cassandra, lorsqu'elle discutait avec Velia. Pourquoi ne lui ai-je pas posé la question ? Je n’ai jamais vraiment…
Sa voix se perdit : il pensa à tout ce qu’il aurait dû demander à Dumbledore. Depuis la mort du
directeur de Poudlard, il avait l’impression d’avoir laissé passer trop d’occasions, quand il était
encore vivant, d’en savoir plus… de tout savoir…
Le silence fut brutalement brisé par le fracas de la porte de la chambre qui s’ouvrit à la volée en heurtant le mur avec tant de force qu’il en trembla. Hermione poussa un cri aigu et laissa tomber les Secrets les plus sombres des forces du Mal. Pattenrond fila sous le lit en crachant avec indignation.
Ron se leva d’un bond, glissa sur un vieil emballage Chocogrenouille, et se cogna la tête contre le mur d’en face. Harry, d’un geste instinctif, se précipita sur sa baguette avant de s’apercevoir qu’il se trouvait face à Mrs Weasley, échevelée, le visage déformé par la rage.
— Je suis désolée de troubler cette petite réunion intime, dit-elle, la voix frémissante. Je ne doute pas
que vous ayez bien besoin de repos… mais figurez-vous qu’il y a dans ma chambre un tas de cadeaux
de mariage qui ne demandent qu’à être triés. Or, il m’a semblé que vous étiez d’accord pour donner
un coup de main.
— Oh, oui, bien sûr, s’exclama Hermione, qui se leva aussitôt, l’air terrifié, envoyant des livres voler
en tous sens. Nous allons… Nous sommes désolés…
Elle lança un regard anxieux à Harry Ron, Cassandra et Ethan puis sortit de la pièce derrière Mrs Weasley.
— J’ai l’impression d’être un elfe de maison, se plaignit Ron à voix basse, en se massant la tête. Sauf
que je n’ai pas la satisfaction du travail accompli. Plus vite ce mariage sera terminé, plus je serai content, ajouta-t-il tandis qu’il leur emboîtait le pas en compagnie de Harry.
— Ouais, répondit celui-ci. Nous n’aurons plus rien d’autre à faire qu’à trouver les Horcruxes… Ça
ressemblera à des vacances…
Ron se mit à rire mais, lorsqu’il vit l’énorme tas de cadeaux qui les attendait dans la chambre de
Mrs Weasley, son rire s’étrangla soudain dans sa gorge.
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