CHAPITRE 52. L'OBSTINATION DE FUDGE
Dumbledore se leva et regarda longuement Barty Croupton avec une expression de dégoût.
Puis il brandit sa baguette et en fit jaillir des cordes qui s'enroulèrent autour de Croupton pour
le ligoter solidement.
Il se tourna ensuite vers le professeur McGonagall.
– Minerva, puis-je vous demander de monter la garde pendant que j'emmène Harry là-haut ?
– Bien sûr, répondit le professeur McGonagall.
Elle avait le teint pâle, comme si elle était prise de nausées. Mais lorsqu'elle sortit sa baguette magique pour la pointer sur BartyCroupton, sa main ne tremblait pas.
– Severus, dit alors Dumbledore, pourriez-vous demander à Madame Pomfresh de descendre
ici ? Il faut transporter Alastor Maugrey à l'infirmerie. Vous irez ensuite chercher Cornélius
Fudge dans le parc et vous le ramènerez dans ce bureau. Il voudra sûrement interroger Croupton lui-même. S'il a besoin de moi, dites-lui que je serai à l'infirmerie dans une demi-heure environ.
Rogue approuva d'un signe de tête et sortit en silence de la pièce.
– Harry ? dit Dumbledore avec douceur.
Harry se leva et chancela à nouveau. Pendant la confession de Croupton, sa jambe avait cessé de lui faire mal mais, à présent, la douleur était revenue dans toute son intensité. Il se rendit compte également qu'il tremblait des pieds à la tête. Dumbledore lui prit le bras et l'aida à marcher dans le couloir sombre.
– Je voudrais que tu viennes d'abord dans mon bureau, dit-il de sa voix douce. Régulus nous y attend.
Harry fit un signe de tête. Il avait l'impression d'avoir perdu tout contact avec la réalité, comme si ses sens étaient engourdis, mais peu lui importait. Il en était même plutôt content. Il ne voulait plus penser à rien de ce qui s'était passé depuis qu'il avait touché le Trophée des Trois Sorciers. Il n'avait pas envie de s'attarder sur les images, aussi claires et présentes que des photographies, qui ne cessaient de défiler dans sa tête. Maugrey Fol Œil au fond de sa
malle. Queudver effondré par terre serrant contre lui son bras mutilé. Voldemort se dressant dans le chaudron bouillonnant. Cedric... mort... Cedric demandant que son corps soit ramené à ses parents...
James, Lily et Sirius les suivaient, en silence.
Il avait fallu aux deux anciens Aurors une volonté implacable pour ne pas, fondre sur Croupton et le torturer à coups de Doloris.
Lily protestait, affirmant qu'elle aurait pu soigner sa jambe, avant.
– Professeur, murmura Harry, où sont Mr et Mrs Diggory ?
– Ils sont avec le professeur Chourave, répondit Dumbledore.
Pour la première fois, sa voix, qui était restée si calme tout au long de l'interrogatoire, trembla
légèrement.
- Elle est directrice de Poufsouffle et c'était elle qui le connaissait le mieux.
Ils se trouvaient à présent devant la gargouille de pierre qui s'écarta lorsque Dumbledore prononça le mot de passe. Harry et lui montèrent l'escalier tournant jusqu'à la porte de chêne que Dumbledore ouvrit.
James et Lily suivaient derrière.
Régulus les attendait dans le bureau, le visage livide, émacié, comme lorsqu'il s'était enfui
d'Azkaban. Il se précipita vers eux.
– Harry, comment te sens-tu ? Je le savais... J'étais sûr que quelque chose comme ça arriverait... Qu'est-ce qui s'est passé ?
Les mains tremblantes, il l'aida à s'asseoir sur une chaise.
– Qu'est-ce qui s'est passé ? répéta-t-il précipitamment.
Dumbledore entreprit de lui expliquer tout ce que Barty Croupton avait avoué. Harry n'écouta qu'à moitié. Il était si fatigué que tout son corps lui faisait mal. Il n'avait plus qu'une envie, rester assis là pendant des heures et des heures, sans qu'on le dérange, jusqu'à ce qu'il tombe
endormi et qu'il n'ait plus besoin de penser ni de ressentir quoi que ce soit.
Il y eut alors un bruissement d'ailes. Fumseck le phoénix avait quitté son perchoir et était venu se poser sur les genoux de Harry.
– Bonjour, Fumseck, dit Harry à voix basse.
Il caressa le magnifique plumage rouge et or du phénix. Fumseck leva vers lui ses yeux au regard clair et calme. Sa tiédeur avait quelque chose de réconfortant.
Assis derrière son bureau, Dumbledore avait terminé son récit. Il tourna les yeux vers Harry
qui évita son regard. Il savait que Dumbledore s'apprêtait à lui poser des questions. Il allait tout lui faire revivre.
– Harry, il faut que je sache ce qui s'est passé quand tu as touché le Portoloin, dans le labyrinthe, dit Dumbledore.
– On pourrait peut-être attendre demain matin ? dit James d'un ton abrupt.
Il avait posé une main sur l'épaule de Harry.
– Laissons-le dormir. Il a besoin de repos.
Harry ressentit pour son père un élan de gratitude, mais Dumbledore, indifférent à ce qu'il venait de dire, se pencha vers Harry. A contrecœur, celui-ci leva la tête et le regarda dans ses yeux bleus.
– Si je pensais pouvoir t'aider en te plongeant dans le sommeil pour retarder le moment où tu devras repenser à tout ce que tu as vécu cette nuit, crois bien que je le ferais, dit Dumbledore avec douceur. Mais je sais que ce ne serait pas une bonne chose. Endormir la douleur pendant
quelque temps ne la rendra que plus intense lorsque tu la sentiras à nouveau. Tu as fait preuve d'une bravoure qui dépasse tout ce que j'aurais pu attendre de toi et je te demande de montrer encore une fois ton courage. Je voudrais que tu nous racontes ce qui s'est passé.
Le phénix laissa échapper une note douce, comme un trémolo qui sembla frémir dans l'air.
Harry eut alors l'impression d'avoir avalé une gorgée de liquide tiède dont la chaleur répandait en lui de nouvelles forces.
Il prit une profonde inspiration et commença son récit. A mesure qu'il parlait, il revoyait défiler devant ses yeux tout ce qui s'était passé au cours de la nuit. Il revit la surface
étincelante de la potion qui avait rendu vie à Lord Voldemort. Il revit les Mangemorts surgir entre les tombes. Il revit le corps de Cedric, étendu sur le sol, à côté du trophée.
Une ou deux fois, James sembla sur le point de dire quelque chose, sa main serrant toujours l'épaule de Harry, mais Dumbledore lui fit signe de se taire et Harry lui en fut reconnaissant : maintenant qu'il avait commencé, il était plus facile de continuer sans être interrompu. Il en éprouvait même un certain soulagement. C'était un peu comme si on lui extrayait un venin du corps. Poursuivre son récit exigeait un considérable effort de volonté. Pourtant, il sentait qu'aller jusqu'au bout lui ferait du bien.
Mais lorsque Harry raconta comment Queudver lui avait percé le bras avec la pointe de son poignard, James poussa une exclamation et Dumbledore se leva si brusquement que Harry sursauta. Dumbledore contourna son bureau et demanda à Harry de tendre le bras. Harry
montra la déchirure de sa manche et la coupure que lui avait faite Queudver.
– Il a dit que mon sang le rendrait plus fort que tout autre sang, expliqua Harry. Il a dit que la protection que ma... que ma mère m'a laissée en se mettant devant moi pour me protéger .. serait également en lui. Et il avait raison. Il a pu me toucher sans éprouver aucune douleur.
Un bref instant, Harry crut déceler dans le regard d'Albus Dumbledore quelque chose qui ressemblait à une lueur de triomphe. Mais il fut bientôt persuadé que c'était un simple effet de son imagination car, lorsque Dumbledore retourna s'asseoir derrière son bureau, jamais il
n'avait paru aussi las, aussi vieux.
– Très bien, dit-il. Voldemort a donc réussi à abattre cette barrière. Continue, Harry, s'il te plait.
Harry reprit son récit. Il raconta comment Voldemort avait émergé du chaudron et leur rapporta le plus fidèlement possible son discours aux Mangemorts. Puis il en vint au moment où Voldemort l'avait libéré de ses liens, lui avait rendu sa baguette magique et s'était préparé à l'affronter en duel.
Mais lorsqu'il voulut raconter l'apparition du rayon de lumière dorée qui avait uni leurs deux
baguettes magiques, il sentit sa gorge se nouer. Il essaya de continuer mais le souvenir des ombres qui étaient sorties de la baguette de Voldemort le submergea. Il revoyait apparaître
Cedric, le vieil homme, Bertha Jorkins...
Il fut content que James rompe le silence :
– Un rayon de lumière reliait les deux baguettes ? dit-il en regardant alternativement Harry et
Dumbledore. Pourquoi ?
Harry leva à nouveau les yeux vers Dumbledore qui paraissait interdit.
– Priori Incantatum, murmura-t-il.
Ses yeux se fixèrent sur ceux de Harry et ce fut comme si un rayon invisible était apparu entre eux et leur permettait de se comprendre sans le secours des mots.
– La remontée des sortilèges ? dit James d'un ton brusque.
– Exactement, répondit Dumbledore. La baguette magique de Voldemort et celle de Harry contiennent le même élément. Dans chacune d'elles, il y a une plume de la queue du même
phénix. En fait, il s'agit de ce phénix, ajouta-t-il en montrant l'oiseau rouge et or paisiblement installé sur les genoux de Harry.
– La plume de ma baguette magique vient de Fumseck ? s'exclama Harry, stupéfait.
– Oui, dit Dumbledore. Dès que tu as quitté sa boutique, il y a quatre ans, Mr Ollivander m'a écrit pour me dire que c'était toi qui avais acheté la seconde baguette.
– Et alors, qu'est-ce qui se passe quand une baguette rencontre sa sœur ? demanda Sirius.
– Elles ne peuvent agir l'une contre l'autre, expliqua Dumbledore. Mais si leurs propriétaires les forcent à combattre... un phénomène très rare se produira. L'une des baguettes obligera l'autre à régurgiter les sortilèges qu'elle a jetés — en remontant le cours du temps. Le plus récent d'abord... puis celui qui l'a précédé...
Il lança un coup d'œil interrogateur à Harry qui approuva d'un signe de tête.
– Ce qui signifie, reprit lentement Dumbledore en regardant Harry dans les yeux, que Cedric a dû réapparaître sous une certaine forme.
Harry fit un nouveau signe de tête.
– Diggory est revenu à la vie ? dit brusquement Sirius.
– Aucun sortilège ne peut faire revivre les morts, répondit Dumbledore d'un ton grave. Il s'agit
simplement d'une sorte d'écho à l'envers. Une ombre du Cedric vivant a dû émerger de la baguette... C'est ce qui s'est passé, Harry ?
– Il m'a parlé, répondit-il.
Il se sentit trembler à nouveau.
– Le... le fantôme de Cedric, ou je ne sais quoi... Il m'a parlé.
– Un écho, dit Dumbledore. Un écho qui a conservé l'apparence et la personnalité de Cedric.
Je devine que d'autres formes ont dû aussi apparaître... Des victimes moins récentes de la baguette magique de Voldemort...
– Un vieil homme, dit Harry, la gorge toujours nouée. Et Bertha Jorkins.
Les derniers meurtres accomplis par la baguette de Voldemort, dit Dumbledore en hochant
la tête. En remontant le temps. Si tu avais maintenu le lien, d'autres échos, d'autres ombres seraient encore apparus. Maintenant, dis-nous... Qu'ont-elles fait, ces ombres ?
Harry raconta comment les silhouettes jaillies de la baguette avaient marché le long du cercle
délimité par le dôme d'or, il décrivit l'expression de peur sur le visage de Voldemort, il rapporta les paroles de Cedric qui lui avait dit ce qu'il devait faire, puis son ultime requête.
A cet instant, Harry s'interrompit. Il ne pouvait plus continuer. Il se tourna vers James et vit qu'il avait enfoui son visage dans ses mains.
Harry se rendit soudain compte que Fumseck n'était plus sur ses genoux. Le phénix s'était posé sur le sol et avait appuyé sa tête magnifique contre la jambe blessée de Harry. De grosses larmes gris perle coulèrent alors de ses yeux sur la blessure infligée par l'araignée. Aussitôt, la
douleur disparut. La plaie se referma. Sa jambe était guérie.
– Je vais le répéter, Harry, dit Dumbledore, tandis que le phénix s'envolait pour reprendre place sur son perchoir. Tu as fait preuve d'une bravoure qui dépasse tout ce que j'aurais pu attendre de toi. Tu as manifesté le même courage que ceux qui sont morts en combattant
Voldemort lorsqu'il était au sommet de sa puissance. Ce soir, tu as porté sur tes épaules le fardeau d'un sorcier aguerri et tu t'es montré à la hauteur de l'épreuve. A présent, tu nous as
donné tout ce que nous pouvions te demander. Je vais t'emmener à l'infirmerie. Je ne veux pas
que tu retournes tout de suite au dortoir. Tu as besoin d'une potion de Sommeil et d'un peu de paix... Lily, vous voudrez bien rester avec lui, cette nuit ?
Lily approuva d'un signe de tête et se leva. Régulus se transforma à nouveau en un gros chien noir,
sortit du bureau sur les talons de Harry et de Dumbledore et descendit avec eux à l'infirmerie.
Lorsque Dumbledore en poussa la porte, Mrs Weasley, Bill, Ron et Hermione entouraient une
Madame Pomfresh à l'air épuisé. Tous la harcelaient de questions pour savoir où était Harry et ce qui lui était arrivé.
Dans un lit, Cassandra dormait déjà. Madame Pomfresh lui avait fait boire une Potion de sommeil. Ethan lui tenait la main, et Méredith, lui caressait doucement les cheveux.
A leur entrée, tout le monde se tourna vers eux et Mrs Weasley laissa échapper un cri étouffé.
– Harry ! Oh, Harry !
Elle se précipita sur lui, mais Dumbledore s'interposa :
– Molly, dit-il, une main levée, écoutez-moi un instant. Harry a traversé une terrible épreuve cette nuit. Et il a fallu qu'il la revive pour me la raconter. La seule chose dont il ait besoin, maintenant, c'est de sommeil, de tranquillité, de calme. S'il souhaite que vous restiez avec lui,
ajouta-t-il en regardant Ron, Hermione et Bill, vous pourrez le faire. Mais je ne veux pas que vous lui posiez de questions tant qu'il ne sera pas prêt à y répondre, c'est-à-dire certainement pas ce soir.
Mrs Weasley hocha la tête en signe d'approbation. Elle avait le teint livide.
Elle se tourna alors vers Ron, Hermione et Bill comme s'ils venaient de se montrer particulièrement bruyants et murmura entre ses dents :
– Vous avez entendu ? Il a besoin de calme !
– Monsieur le directeur, dit Madame Pomfresh en regardant le gros chien noir, puis-je vous demander ce que ce... ?
– Ce chien va rester avec Harry pendant un certain temps, répondit simplement Dumbledore.
Je vous promets qu'il est très propre. Harry, je vais attendre que tu sois au lit.
Harry éprouva à l'égard de Dumbledore une reconnaissance infinie pour avoir demandé aux
autres de ne pas lui poser de questions. Il était content de les voir autour de lui mais il ne pouvait supporter l'idée de tout raconter à nouveau.
– Je reviendrai dès que j'aurai vu Fudge, dit Dumbledore. Je te demande de rester ici jusqu'à demain, jusqu'à ce que j'ai parlé aux autres élèves.
Et il s'en alla.
Lorsque Madame Pomfresh le conduisit jusqu'à un lit proche, il aperçut le véritable Maugrey,
étendu immobile à l'autre bout de la salle. Son œil magique était posé sur la table de chevet et sa jambe de bois contre le mur.
– Comment il va ? demanda Harry.
– Il se remettra très bien, assura Madame Pomfresh.
Elle donna un pyjama à Harry et déplia un paravent autour de lui. Il enleva sa robe de sorcier et se coucha. Ron, Hermione, Bill, Mrs Weasley et le chien noir vinrent s'asseoir à son chevet, de chaque côté du lit. Ron et Hermione le regardaient avec une certaine prudence, comme s'ils
avaient eu peur de lui.
– Je me sens bien, leur dit-il. Je suis simplement fatigué.
Les larmes aux yeux, Mrs Weasley lissa inutilement ses couvertures.
Madame Pomfresh, qui s'était précipitée dans son bureau, revint avec un gobelet et un flacon
rempli d'une potion violette.
– Il va falloir que tu boives tout ça, Harry, dit-elle. C'est une potion pour dormir d'un sommeil sans rêves.
J'en ai déjà donné à Cassandra.
Harry prit le gobelet et le vida en quelques gorgées. Il se sentit aussitôt somnoler et tout devint flou autour de lui. Les lampes vacillèrent comme si elles lui adressaient un clin d'œil
amical à travers le paravent qui entourait son lit. Il eut l'impression que son corps s'enfonçait de plus en plus profondément dans le matelas de plume et, avant même d'avoir bu la dernière goutte de la potion, avant d'avoir pu prononcer le moindre mot, l'épuisement eut raison de lui et le plongea dans le sommeil.
Lorsqu'il se réveilla, Harry se sentait encore si endormi, si confortablement installé dans la tiédeur de son lit, qu'il n'ouvrit pas les yeux, espérant replonger dans le sommeil. La salle était toujours faiblement éclairée, il savait que la nuit n'était pas terminée et il lui semblait qu'il n'avait pas dormi très longtemps.
Il entendit alors murmurer autour de lui :
– Ils vont le réveiller à force de faire du bruit !
– Pourquoi est-ce qu'ils crient comme ça ? Il ne s'est quand même pas encore passé quelque chose ?
Harry ouvrit les yeux. Quelqu'un lui avait ôté ses lunettes et il distingua tout juste les silhouettes imprécises de ses parents, Mrs Weasley et de Bill tout près de lui. Mrs Weasley était debout.
– C'est la voix de Fudge, murmura-t-elle. L'autre, c'est Minerva McGonagall, non ? Mais pourquoi se disputent-ils ?
A présent, Harry les entendait également. Des gens criaient et des pas précipités s'approchaient de l'infirmerie.
– C'est peut-être regrettable, mais c'est comme ça, Minerva, disait Cornélius Fudge d'une voix forte.
– Vous n'auriez jamais dû l'amener dans l'enceinte du château ! s'écria le professeur McGonagall. Quand Dumbledore l'apprendra...
Harry entendit la porte de l'infirmerie s'ouvrir à la volée. Autour de son lit, tout le monde avait tourné la tête et personne ne remarqua qu'il s'était redressé et avait remis ses lunettes.
Fudge s'avança dans la salle à grandes enjambées, le professeur McGonagall et le professeur Rogue sur ses talons.
– Où est Dumbledore ? demanda-t-il d'un ton impérieux à James.
– Il n'est pas là, répondit celle-ci avec colère. C'est une infirmerie, ici, monsieur le ministre, et
vous feriez bien de...
Mais la porte s'ouvrit à nouveau et Dumbledore entra à son tour d'un pas pressé.
– Que s'est-il passé ? demanda-t-il sèchement en regardant alternativement Fudge et le
professeur McGonagall. Pourquoi tout ce bruit ? Minerva, je suis surpris de vous voir ici, je vous avais demandé de surveiller Barty Croupton.
– Il ne sert plus à rien de le surveiller, Dumbledore ! répliqua-t-elle d'une voix perçante.
Monsieur le ministre s'en est occupé lui-même !
Harry n'avait jamais vu le professeur McGonagall perdre à ce point le contrôle de ses nerfs.
La colère marbrait son visage de taches rouges, elle serrait les poings et tremblait de fureur.
– Quand nous avons averti Mr Fudge que nous avions capturé le Mangemort responsable des
événements de cette nuit, dit Rogue à voix basse, il a semblé estimer que sa sécurité personnelle était menacée. Il a insisté pour être accompagné d'un Détraqueur et il l'a fait entrer
dans le bureau où Barty Croupton...
– Je lui ai dit que vous ne seriez pas d'accord, Dumbledore ! tonna le professeur McGonagall.
Je lui ai dit que vous n'accepteriez jamais de voir un Détraqueur pénétrer dans le château,
mais...
– Chère madame, rugit Fudge, que Harry n'avait jamais vu aussi en colère, en tant que ministre de la Magie, je suis en droit de décider s'il convient d'assurer ma protection lorsque je dois interroger quelqu'un qui présente un danger potentiel...
Mais la voix du professeur McGonagall couvrit celle de Fudge :
– Au moment même où ce... cette chose est entrée dans la pièce, hurla-t-elle en tremblant de
la tête aux pieds, le doigt pointé sur Fudge, elle s'est précipitée sur Croupton et... et...
Harry sentit ses entrailles se glacer tandis que le professeur McGonagall essayait de trouver ses mots pour raconter ce qui s'était produit. Il n'avait pas besoin d'entendre la fin de sa phrase. Il savait déjà que le Détraqueur avait dû infliger à Barty Croupton son baiser fatal,
aspirant son âme à travers sa bouche. C'était pire que la mort.
– Et alors, ce n'est pas une grosse perte ! s'emporta Fudge. Apparemment, il a été responsable
de plusieurs meurtres !
– Mais maintenant, il ne peut plus témoigner, Cornélius, dit Dumbledore.
Il fixait Fudge d'un regard dur, comme si c'était la première fois qu'il le voyait vraiment.
– Il ne pourra plus expliquer pourquoi il a tué tous ces gens.
– Pourquoi il les a tués ? Il n'y a aucun mystère là-dedans ! s'exclama Fudge. C'était un fou furieux ! D'après ce que Minerva et Severus m'ont dit, il semblait persuadé d'avoir agi sur les
ordres de Vous-Savez-Qui !
– Lord Voldemort lui a bel et bien donné des ordres, Cornélius, répondit Dumbledore. La mort de ces gens n'a été qu'un effet secondaire du plan qui visait à redonner à Voldemort toute
sa force. Et ce plan a réussi. Voldemort a retrouvé son corps.
Fudge donna l'impression d'avoir reçu un coup de poing en pleine figure. Clignant des yeux
d'un air stupéfait, il regarda Dumbledore comme s'il ne pouvait croire ce qu'il venait d'entendre.
– Vous-Savez-Qui... est revenu ? balbutia-t-il, les yeux écarquillés. Ridicule. Allons,
Dumbledore, reprenez-vous...
– Ainsi que Minerva et Severus vous l'ont sans doute rapporté, reprit Dumbledore, nous avons entendu la confession de Barty Croupton. Sous l'effet du Veritaserum, il nous a révélé comment il avait réussi à s'échapper d'Azkaban et comment Voldemort — apprenant par Bertha Jorkins qu'il était toujours en vie — l'a libéré de son père et s'est servi de lui pour
capturer Harry. Le plan a réussi, comme je vous l'ai dit. Croupton a aidé Voldemort à revenir.
– Voyons, Dumbledore, répliqua Fudge — et Harry vit avec stupeur un léger sourire apparaître sur son visage —, vous... vous ne pouvez sérieusement croire cela. Vous-Savez-Qui ? De retour ? Allons, allons, Croupton a certainement cru lui-même qu'il agissait sur ordre de Vous-Savez-Qui — mais comment pouvez-vous croire sur parole un personnage aussi fou, Dumbledore... ?
– Lorsque Harry a touché le trophée, ce soir, il a été immédiatement transporté auprès de Voldemort, dit Dumbledore d'une voix ferme. Il a assisté à la renaissance de Lord Voldemort.
Je vous expliquerai tout en détail si vous voulez bien venir avec moi dans mon bureau.
Dumbledore lança un regard à Harry et vit qu'il ne dormait pas, mais il hocha la tête et ajouta :
– Je ne peux malheureusement pas vous permettre d'interroger Harry ce soir.
L'étrange sourire de Fudge s'attarda. Lui aussi jeta un coup d'œil à Harry, puis il se tourna à nouveau vers Dumbledore.
– Vous êtes... heu... prêt à croire Harry sur parole, Dumbledore ?
Il y eut un moment de silence qui fut rompu par un grognement de Regulus. Ses poils étaient hérissés et il montrait les dents à Fudge.
James avait blemi et sérrés les poings
– En effet, je crois Harry, répondit Dumbledore dont le regard flamboyait à présent. J'ai entendu la confession de Croupton et j'ai entendu Harry raconter ce qui s'est passé à partir du moment où il a touché le trophée et les deux récits coïncident, ils expliquent tout ce qui s'est
passé depuis que Bertha Jorkins a disparu, l'été dernier.
Fudge avait toujours cet étrange sourire.
– Vous êtes prêt à croire que Vous-Savez-Qui est revenu simplement parce que vous l'avez
entendu dire par un fou assassin et un garçon qui...
Fudge lança un nouveau regard à Harry qui comprit aussitôt.
– Vous avez lu l'article de Rita Skeeter, Mr Fudge, dit-il à voix basse.
Ron, Hermione, Mrs Weasley et Bill sursautèrent d'un même mouvement. Aucun d'entre eux ne s'était rendu compte que Harry ne dormait plus.
Fudge rougit légèrement mais une expression de défi apparut sur son visage buté.
– Et en admettant que je l'aie lu ? dit-il, le regard tourné vers Dumbledore. Et si j'y avais
découvert que vous avez gardé le secret sur certains faits concernant ce garçon ? Il parle le Fourchelang, n'est-ce pas ? Et il est pris d'étranges crises...
- Attention à ce que vous allez dire, Fudge. Vous parlez de mon fils. Gronda James.
- Et de mon filleul.. Poursuivit Sirius..
– J'imagine que vous faites allusion aux douleurs de sa cicatrice ? dit Dumbledore d'un ton glacial.
– Alors, vous reconnaissez que ces douleurs sont bien réelles ? répondit précipitamment
Fudge. Il a des maux de tête ? Des cauchemars ? Peut-être aussi... des hallucinations ?
– Écoutez-moi, Cornélius, reprit Dumbledore en avançant d'un pas vers Fudge.
A nouveau, il émana de lui cette impression indéfinissable de puissance que Harry avait
ressentie lorsqu'il avait stupéfixé le fils Croupton.
– Harry est aussi sain d'esprit que vous et moi. Cette cicatrice qu'il porte au front n'a en aucune manière affecté son cerveau. Je suis persuadé qu'elle lui fait mal lorsque Voldemort se trouve à proximité ou qu'il éprouve des sentiments particulièrement meurtriers.
Il y eut une légère vibration, et Sirius, James, Lily, Meredith Harry, Ron, Hermione et Ethan, comprirent tout de suite ce qui se passait et se retournèrent vivement.
- J'ai eu une longue, et très difficile soirée. Dit Cassandra. Assise sur son lit. J'ai éliminé Morgane, je suis épuisée. Mais si jamais vous insultez encore Harry, je vous jure que j'aurais assez de force pour vous enterrer vivant sous six pieds sous terre.
Fudge blémit. Il avait légèrement reculé en voyant Dumbledore avancer vers lui, mais il paraissait toujours aussi buté.
- Elle m'a menacée ? Black tenez votre monstre en laisse si vous ne voulez pas que je l'enferme dans une cage.
- Essayez de toucher à un cheveux de ma fille, Fudge. Et ce n'est pas elle que vous devrez craindre. Gronda Sirius.
- Faites attention Fudge. Si vous
Vous en prenez à nos enfants... Le retour de Voldemort sera le cadet de vos soucis. Gronda James.
- Allons, allons, mesdames et messieurs, du calme. Nous ne resoudrons rien par la violence. Nous devons rester unis
– Pardonnez-moi, Dumbledore, je n'avais encore jamais entendu parler d'une cicatrice qui puisse jouer le rôle de signal d'alarme...
- Vous n'avez jamais vu de cicatrice faite par un sortilège de mort. Dit James. À ce jour, Harry est le seul qui y ait survecu
– Écoutez ! J'ai vu Voldemort revenir ! s'écria Harry.
Il essaya de sortir de son lit mais Lily le força à se rallonger.
– J'ai vu les Mangemorts ! Je peux même vous donner leurs noms ! Lucius Malefoy...
Rogue fit un brusque mouvement mais, lorsque Harry le regarda, il tourna à nouveau les yeux
vers Fudge.
– Malefoy a été innocenté ! protesta Fudge, visiblement offensé. C'est une très vieille famille... Ils ont fait de nombreux dons pour soutenir d'excellentes causes...
- Oui, comme les Black et les Lestrange. Gronda Sirius.
– Macnair ! poursuivit Harry.
– Lui aussi a été innocenté ! Il travaille pour le ministère, maintenant !
– Avery, Nott, Crabbe, Goyle...
– Tu ne fais que répéter les noms de ceux qui ont été acquittés il y a treize ans ! s'exclama Fudge avec colère. Tu aurais pu trouver ces noms-là dans d'anciens comptes rendus des
procès ! Pour l'amour du ciel, Dumbledore, ce garçon a déjà raconté des tas d'histoires à dormir debout l'année dernière. Ses affabulations sont de plus en plus invraisemblables et vous persistez à les avaler. Allons, Dumbledore, comment pouvez-vous encore croire ce qu'il dit ?
Le poing de James frappa Fudge en plein visage.
Le nez en sang, il les contempla d'un regard fou.
- Vous avez osez me frapper ? JE SUIS LE MINISTRE DE LA MAGIE. POTTER. ÇA NE SE PASSERA PAS COMME ÇA !
- Insultez mon fils encore une fois, Fudge, et tout ministre que vous soyez, vous le regretterez.
Espèce d'idiot ! s'écria le professeur McGonagall. Cedric Diggory ! Mr Croupton ! Ces assassinats ne sont pas l'œuvre d'un simple fou qui frappe au hasard !
– Je n'en vois aucune preuve ! répliqua Fudge, le visage violacé de fureur. J'ai l'impression que vous êtes tous décidés à provoquer un mouvement de panique qui va déstabiliser tout ce que nous avons construit au cours de ces treize dernières années !
Harry n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait. Il avait toujours considéré Fudge comme un personnage bienveillant, un peu hâbleur, un peu grandiloquent, mais une bonne nature pour l'essentiel. A présent, ce n'était plus qu'un petit sorcier fulminant qui refusait tout net l'idée de voir son monde confortable et bien ordonné subir la moindre perturbation. Il refusait de croire
au retour de Voldemort.
– Voldemort est revenu, répéta Dumbledore. Si vous acceptez ce fait tel qu'il est et si vous prenez les mesures nécessaires, nous avons encore une chance de sauver la situation. La première décision, la plus importante, devrait être de retirer aux Détraqueurs le contrôle de la prison d'Azkaban...
– Ridicule ! s'écria Fudge. Enlever les Détraqueurs ! Je serais démis de mes fonctions si je faisais une telle proposition ! La plupart d'entre nous n'arrivons à bien dormir que parce que nous savons que les Détraqueurs montent la garde à Azkaban !
– Et nous, Cornélius, nous dormons beaucoup moins bien en sachant que vous avez confié la surveillance des plus dangereux partisans de Lord Voldemort à des créatures qui se rangeront à ses côtés dès qu'il le leur demandera ! répliqua Dumbledore. Elles ne vous resteront pas fidèles, Fudge ! Voldemort peut leur offrir beaucoup plus de possibilités que vous d'exercer leurs pouvoirs et de satisfaire leurs désirs ! Lorsque les Détraqueurs et ses anciens partisans
l'auront rejoint, vous aurez bien du mal à l'empêcher de retrouver la puissance qui était la sienne il y a treize ans !
Fudge ouvrait et fermait la bouche comme si aucune parole ne pouvait répondre à pareil outrage.
– La deuxième mesure que vous devriez prendre, et tout de suite, poursuivit Dumbledore, ce
serait d'envoyer des émissaires aux géants.
– Des émissaires aux géants ? s'écria Fudge qui avait soudain retrouvé sa langue. Qu'est-ce que c'est que cette folie ?
– Tendez-leur la main de l'amitié dès maintenant avant qu'il ne soit trop tard, dit Dumbledore, ou alors ce sera Voldemort qui saura les convaincre, comme il l'a déjà fait auparavant, que lui seul est en mesure de leur rendre leurs droits et leur liberté !
– Vous... vous ne parlez pas sérieusement ! balbutia Fudge en reculant encore d'un pas. Si la
communauté des sorciers apprenait que j'ai approché les géants... Tout le monde les déteste,
Dumbledore... Ce serait la fin de ma carrière...
– Vous êtes aveuglé par l'amour de votre fonction, Cornélius ! lança Dumbledore, le regard flamboyant.
Il avait haussé la voix et l'aura de puissance qui émanait de lui devenait si intense qu'elle était presque palpable.
– Vous accordez beaucoup trop d'importance, comme vous l'avez toujours fait, à la prétendue
pureté du sang ! Vous refusez de reconnaître que ce qui compte, ce n'est pas la naissance, mais ce que l'on devient ! Votre Détraqueur a supprimé le dernier membre d'une des plus anciennes familles de sang pur et voyez ce que cet homme avait choisi de faire de sa vie ! Je vous le dis maintenant : prenez les mesures que je vous ai suggérées et vous laisserez le souvenir, dans votre administration et ailleurs, de l'un des plus courageux et des plus grands ministres de la Magie qu'on ait jamais connus. Renoncez à agir et l'histoire se souviendra de vous comme de l'homme dont la faiblesse aura donné à Lord Voldemort une deuxième chance de détruire le monde que nous avons essayé de reconstruire !
– Complètement fou, murmura Fudge en reculant encore d'un pas. De la démence...
Il y eut alors un grand silence. Madame Pomfresh était figée au pied du lit, les mains sur la
bouche. Mrs Weasley, et Lily toujours penchée sur Harry, le tenait par les épaules pour l'empêcher de
se lever. Bill, Ron et Hermione regardaient fixement Fudge.
James et Sirius les regard aussi noir l'un que l'autre refrenaient leur envie de le frapper de nouveau.
– Si votre obstination à fermer les yeux vous mène aussi loin, Cornélius, reprit Dumbledore, nous avons atteint la croisée des chemins. Vous agirez comme vous le jugerez bon. Et moi
aussi, j'agirai comme je le jugerai bon.
La voix de Dumbledore n'avait rien de menaçant. Elle donnait l'impression d'une simple constatation, mais Fudge se raidit comme s'il l'avait menacé de sa baguette magique.
– Maintenant, écoutez-moi bien, Dumbledore, dit-il en agitant un index accusateur. Je vous ai laissé la bride sur le cou. Toujours. J'avais beaucoup de respect pour vous. Parfois, je n'étais pas d'accord avec certaines de vos décisions, mais je ne disais rien. Il n'y en a pas beaucoup qui vous auraient permis d'engager un loup-garou comme professeur ou de garder Hagrid, ou encore de fixer le programme scolaire sans en référer au ministère. Mais si vous vous opposez à moi...
– Le seul auquel j'ai l'intention de m'opposer, l'interrompit Dumbledore, c'est Lord Voldemort. Si vous êtes contre lui, Cornélius, nous resterons du même côté.
Apparemment, Fudge ne savait pas quoi répondre. Il oscilla d'avant en arrière sur ses petits pieds en faisant tourner son chapeau melon entre ses mains.
– Il ne peut pas être de retour, Dumbledore, dit-il enfin, d'un ton qui avait quelque chose de suppliant, c'est impossible...
Rogue s'avança alors vers lui en passant devant Dumbledore. Il releva la manche de sa rote et mit son bras sous le nez de Fudge qui tressaillit.
– Voilà, dit Rogue d'un ton brusque. Vous voyez : la Marque des Ténèbres. Et encore, elle n'est pas aussi nette. Il y a une heure, elle était devenue noire. Mais vous pouvez quand même la voir. Lord Voldemort a gravé cette marque par le feu dans le bras de chaque Mangemort.
C'était un signe de reconnaissance et un moyen de nous faire venir auprès de lui. Lorsqu'il touchait la Marque d'un Mangemort, nous transplanions immédiatement à ses côtés. Cette Marque que vous voyez là est devenue de plus en plus visible au cours de l'année. Celle de Karkaroff également. Pourquoi pensez-vous que Karkaroff a pris la fuite, cette nuit ? Tous les deux, nous avons senti la Marque nous brûler. Et tous les deux, nous savions qu'il était de retour. Karkaroff redoute la vengeance du Seigneur des Ténèbres. Il a trahi trop de ses camarades Mangemorts pour être bien accueilli s'il revenait au bercail.
Fudge recula devant Rogue comme il avait reculé devant Dumbledore. Hochant la tête, il ne semblait pas avoir assimilé le moindre mot de ce que Rogue venait de lui dire. Il se contentait de regarder avec dégoût l'horrible Marque sur son bras. Enfin, il se tourna à nouveau vers Dumbledore et murmura :
– Je ne sais pas à quoi vous jouez, vous et vos collègues, Dumbledore, mais j'en ai entendu assez. Je n'ai rien d'autre à ajouter. Je vous recontacterai demain pour parler un peu de la façon dont cette école doit être dirigée. Pour l'instant, je dois retourner au ministère.
Parvenu devant la porte, il s'arrêta soudain, fit volte-face et revint vers le lit de Harry.
– Ton prix, dit-il d'un ton sec.
Il sortit de sa poche un sac d'or qu'il laissa tomber sur la table de chevet.
– Mille Gallions. Normalement, il aurait dû y avoir une cérémonie, mais étant donné les circonstances...
Il enfonça son chapeau melon sur
sa tête et sortit de la salle en claquant la porte derrière lui.
Dès qu'il eut disparu, Dumbledore se tourna vers le groupe rassemblé autour du lit de Harry.
– Il y a du travail, dit-il. Molly, j'espère ne pas me tromper en estimant que je peux compter sur vous et sur Arthur ?
– Bien sûr que vous le pouvez, répondit Mrs Weasley. Elle avait le teint livide, mais semblait déterminée.
– Arthur sait très bien à quoi s'en tenir avec Fudge. Il n'a jamais eu d'avancement au ministère
à cause de son affection pour les Moldus. Fudge trouve qu'il n'a pas le véritable orgueil des sorciers.
– Il faut que je lui envoie un message, dit Dumbledore. Tous ceux qui sont prêts à accepter la vérité doivent être immédiatement avertis et Arthur est bien placé pour contacter ceux qui
travaillent au ministère et qui ne sont pas aussi aveugles que Cornélius.
– Je vais aller voir papa, dit Bill, je pars tout de suite.
– Parfait, approuva Dumbledore. Raconte-lui ce qui s'est passé. Dis-lui que je prendrai bientôt directement contact avec lui. Mais il devra se montrer discret. Si jamais Fudge pense que je mets mon nez dans les affaires du ministère...
– Comptez sur moi, dit Bill.
Il donna une tape sur l'épaule de Harry, embrassa sa mère, mit sa cape et sortit de la salle d'un pas vif.
- Alors, lança James, on rempile ?
- On recrée un nouvel Ordre du Phoenix ? Demanda Sirius ?
- En effet. Répondit Dumbledore.
- Cool, dit James. Ça tombe bien, je suis plutot désœuvré ces temps ci..
- Moi aussi. Renchérit Sirius.
- Minerva dit Dumbledore en se tournant vers le professeur McGonagall, je veux voir Hagrid
dans mon bureau le plus vite possible. Et également, si elle consent à venir, Madame Maxime.
Le professeur acquiesça d'un signe de tête et sortit à son tour de la salle.
– Pompom, dit alors Dumbledore à Madame Pomfresh. Voudriez-vous être assez aimable pour descendre dans le bureau de Maugrey ? Vous y trouverez une elfe de maison du nom de Winky qui doit être dans un grand état de détresse. Faites ce que vous pouvez pour elle et ramenez-la aux cuisines. Dobby s'occupera d'elle.
– Très bien, dit Madame Pomfresh, visiblement étonnée.
Et elle aussi quitta la salle.
Dumbledore s'assura que la porte était fermée et que les pas de Madame Pomfresh s'étaient éloignés avant de reprendre la parole :
– Et maintenant, il est temps pour deux d'entre nous de se reconnaître tels qu'ils sont. Régulus ...
Voudriez-vous reprendre votre forme habituelle ?
Le gros loup noir leva les yeux vers Dumbledore puis, en un instant, se métamorphosa en homme. Mrs Weasley poussa un hurlement et fit un bond en arrière.
– Régulus Black ! s'écria-t-elle, l'index pointé sur lui.
– Arrête, maman ! s'exclama Ron. Il n'y a aucun danger !
Rogue n'avait pas crié, ni fait de bond en arrière mais il contempla le visage de Régulus avec un mélange d'horreur et de colère.
– Lui ! gronda-t-il en échangeant un regard avec Régulus qui avait la même expression de dégoût. Qu'est-ce qu'il fait ici ?
– Il est ici parce que je l'ai invité, dit Dumbledore, tout comme vous, Severus. Je sais que je peux compter sur vous deux. Le moment est venu d'oublier vos anciennes querelles et d'avoir confiance l'un dans l'autre.
Harry pensa que Dumbledore était en train de demander un quasi-miracle. Régulus et Rogue se toisaient avec la plus grande répulsion.
– A court terme, reprit Dumbledore, avec une certaine impatience dans la voix, vous pourriez vous contenter de ne pas vous manifester d'hostilité ouverte. Vous allez commencer par vous serrer la main. Vous êtes du même côté, désormais. Nous n'avons pas beaucoup de temps et, si les rares personnes qui connaissent la vérité ne s'unissent pas dès maintenant, il n'y aura bientôt plus d'espoir pour aucun d'entre nous.
Très lentement — mais en continuant de se lancer des regards assassins — Régulus et Rogue s'avancèrent l'un vers l'autre et se serrèrent la main pendant une fraction de seconde.
Sirius pouffa et Régulus lui jeta un regard noir.
– Ça suffira pour l'instant, dit Dumbledore en se plaçant entre eux. A présent, j'ai du travail pour vous deux. L'attitude de Fudge, bien qu'elle ne soit pas surprenante, change tout.
Sirius, il faut que vous partiez immédiatement prévenir Remus Lupin, Arabella Figg, Mondingus
Fletcher — tous les anciens. Emmenez votre frère, Régulus Restez caché chez Lupin pour le moment, je vous contacterai là-bas.
Sirius saisit la main de Harry et la serra brièvement, puis il fît un signe de tête à Dumbledore
Regulus déposa un baiser sur le front de Cassandra.
- À bientôt princesse.
- Salut. Et.. Te fais pas tuer.
- J'essaierais. Et bravo pour hier. Tu as été incroyable.
- Ouais, Harry aussi.
Régulus se transforma à nouveau en un gros loup et sortit de la salle avec son frère. Un instant plus tard, ils avaient disparu.
– Severus, dit Dumbledore en se tournant vers Rogue. Vous savez ce que je dois vous demander. Si vous y êtes prêt...
– J'y suis prêt, répondit Rogue.
Il paraissait légèrement plus pâle que d'habitude et ses yeux noirs au regard glacé brillaient étrangement.
– Alors, bonne chance, dit Dumbledore.
Son visage exprimait une certaine appréhension lorsqu'il le regarda sortir en silence derrière
Sirius et Régulus..
- Meredith, j'ai conscience de vous demander beaucoup, mais je pense qu'il serait bon, de cacher votre fille. J'ignore ce que Fudge à en tête, mais je crains qu'il ne la considère comme dangereuse.
- Je le pense aussi. Allez ma chérie, on s'en va.
- Pas sans Ethan.
- S'il vous plaît, madame Black. Dit ce dernier.
- Très bien, mais dépêchez vous.
Cassandra et Ethan dirent au revoir à Harry, Ron et Hermione.
- Vous allez nous manquer. Dit Hermione.
- Ouais, vous aussi.
Et Méredith leur fit traverser la cheminée.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que Dumbledore reprenne la parole :
– Je dois descendre, dit-il enfin. Il faut que je voie les Diggory. Harry, bois le reste de ta potion. Je reviendrai un peu plus tard.
Harry se laissa retomber sur ses oreillers tandis que Dumbledore sortait à son tour. Hermione, lily et James, Ron et Mrs Weasley avaient tourné les yeux vers lui. Pendant un long moment, personne ne parla.
– Il faut que tu finisses ta potion, Harry, dit enfin Lily.
Elle repoussa le sac d'or posé sur la table de chevet pour prendre le flacon et le gobelet.
– Tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil. Essaye de penser à autre chose... Pense par exemple à tout ce que tu vas pouvoir t'acheter avec ce que tu as gagné !
– Je ne veux pas de cet or, répondit Harry, d'une voix sans timbre. Prenez-le. Donnez-le à n'importe qui. Ce n'est pas moi qui aurais dû le gagner, c'est Cedric.
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