CHAPITRE 39 L'ENIGME
Il fallut toute la détermination et l'autorité de Meredith pour empêcher Sirius de se rendre à Poudlard afin d'avoir une petite discution avec Ethan.
De leur côté, Harry, Ron, Hermione, Cassandra et Ethan avaient quitté le pub, mais, Hermione ne décolérait pas.
- Maintenant, c'est à toi qu'elle va s'en prendre, Hermione, dit Ron d'un air inquiet tandis qu'ils remontaient la rue d'un pas vif.
- Qu'elle essaye ! s'écria Hermione d'une voix perçante, en tremblant de rage. Je vais lui montrer, moi ! Il paraît que je suis une petite sotte ? Très bien, elle va me le payer ! D'abord Cassandra, puis Harry, et maintenant Hagrid...
- Il ne faut pas mettre Rita Skeeter en colère, dit Ron, mal à l'aise. Je parle sérieusement, Hermione, elle va dénicher quelque chose sur toi...
- Mes parents ne lisent pas La Gazette du sorcier, elle ne me fait pas peur et je n'irai pas me cacher ! assura Hermione en marchant à si grandes enjambées que Harry, Ron, Cassandra et Ethan avaient du mal à la suivre.
La dernière fois que Harry avait vu Hermione dans une rage semblable, elle avait giflé Malefoy.
- Et Hagrid ne va pas se cacher non plus ! Il n'aurait jamais dû se laisser impressionner par cette pâle imitation d'être humain ! Allez, dépêchez-vous !
Elle les entraîna au pas de course le long de la route, franchit le portail encadré de sangliers ailés et ne s'arrêta que lorsqu'ils furent arrivés devant la cabane de Hagrid.
Les rideaux étaient toujours tirés, mais ils entendirent Crockdur aboyer.
- Hagrid ! cria Hermione, en martelant la porte à coups de poing. Hagrid, ça suffit ! Nous savons que vous êtes là ! Vous n'allez quand même pas vous laisser faire par cette horrible Rita Skeeter ! Hagrid, sortez de là, vous êtes en train de...
La porte s'ouvrit.
- Il était t... dit Hermione qui s'interrompit aussitôt en se retrouvant face à face avec... Albus
Dumbledore.
- Bonjour, dit-il avec un grand sourire.
- Nous... heu... nous voulions voir Hagrid, dit Hermione d'une voix devenue soudain timide.
- Oui, c'est ce que j'avais cru comprendre, répondit Dumbledore, le regard pétillant. Mais pourquoi restez-vous dehors ? Entrez donc.
- Ah... heu... oui, d'accord, balbutia Hermione.
Elle entra dans la cabane, suivie des quatre autres. Lorsqu'il vit Harry, Crockdur se jeta sur lui en aboyant comme un fou et essaya de lui lécher les oreilles. Harry repoussa le molosse et regarda autour de lui.
Hagrid était assis à sa table sur laquelle étaient posées deux grandes tasses de thé. Il paraissait
anéanti. Il avait le visage marbré, les yeux gonflés et ses cheveux, passant d'un extrême à l'autre, n'avaient jamais été aussi hirsutes. On aurait dit un enchevêtrement de fils de fer.
'ors que le chien délaissant enfin Harry se rua vers Cassandra, elle l' arrêta d'un geste.
- Oh non, j'ai déjà pris ma douche. Garde tes, léchouilles pour Ron.
Le chien gémit et se rabattit sur le roux, qui protesta avec véhémence.
- Bonjour, Hagrid, dit Harry. Hagrid leva les yeux vers lui.
- 'jour, dit-il d'une voix très rauque.
- Je crois qu'il va falloir refaire un peu de thé, dit Dumbledore en refermant la porte.
Il sortit sa baguette magique et la remua d'un geste négligent. Aussitôt, un plateau à thé apparut dans les airs ainsi qu'une assiette de gâteaux. Le plateau se posa de lui-même sur la
table et tout le monde s'assit.
- Est-ce que par hasard vous avez entendu ce que Miss Granger a crié tout à l'heure, Hagrid ?
dit Dumbledore après un instant de silence.
Hermione rosit légèrement, mais Dumbledore lui adressa un sourire et poursuivit :
- A en juger par la façon dont ils ont essayé de défoncer la porte, Hermione, Harry, Ron Cassandra et Ethan ont toujours envie de vous voir.
- Évidemment qu'on a envie de vous voir ! dit Harry en regardant Hagrid. Vous ne pensez quand même pas que ce qu'a écrit cette grosse truie de Skeeter... Excusez-moi, professeur,
ajouta-t-il précipitamment en se tournant vers Dumbledore.
- J'ai eu un soudain accès de surdité et je n'ai aucune idée de ce que tu viens de dire, Harry, répondit Dumbledore en se tournant les pouces, les yeux levés vers le plafond.
- Heu... Je... reprit Harry d'une voix contrite, je voulais simplement dire... Enfin, Hagrid, comment pouvez-vous penser que nous attachons la moindre importance à ce que cette... cette
femme... a écrit sur vous.
- Ouais, renchérit Cassandra, cette femme est une vipère sournoise. On se fiche de ce qu'elle écrit.
Deux grosses larmes jaillirent des yeux noirs de Hagrid et coulèrent lentement dans sa barbe
en broussaille.
- Voilà la preuve vivante de ce que je vous disais, Hagrid, commenta Dumbledore, qui continuait de fixer attentivement le plafond. Je vous ai montré les innombrables lettres de
parents qui se souviennent de leurs années d'école et me font savoir en des termes dénués de toute ambiguïté que, si jamais l'idée me venait de vous renvoyer, ils auraient deux mots à me dire...
- Il y en a d'autres, dit Hagrid d'une voix rauque, d'autres qui ne veulent pas que je reste...
- Écoutez, Hagrid, si vous tenez absolument à susciter une approbation universelle, j'ai bien
peur que vous soyez contraint de rester très longtemps enfermé dans cette cabane, répliqua Dumbledore qui le regardait à présent d'un air très sérieux par-dessus ses lunettes en demi-lune. Depuis que je suis devenu directeur de cette école, il ne s'est pas passé une seule semaine sans que je reçoive au moins un hibou pour protester contre la façon dont j'assure cette fonction. Alors, que faudrait-il que je fasse ? Que je me barricade dans mon bureau et que je refuse de parler à quiconque ?
- Vous... vous n'êtes pas un demi-géant ! dit Hagrid d'une voix éraillée.
- Mais moi je suis une fury. Répliqua Cassandra. Je suis bien plus dangereuse qu'un demi géant ou même un géant entier. Et je suis issue deux familles de mangemorts. Et mon parrain est un loup garou.
- Judicieuse remarque, fit observer le professeur Dumbledore. Mon propre frère, Abelforth, a fait l'objet de poursuites pour avoir pratiqué des sortilèges interdits sur une chèvre. C'était dans tous les journaux, mais est-ce qu'Abelforth est allé se cacher ? Non, pas du tout ! Il a gardé la tête droite et a vaqué à ses occupations habituelles comme si de rien n'était ! Oh bien sûr, je ne suis pas absolument certain qu'il sache lire, sa bravoure n'avait donc peut-être rien à
voir là-dedans...
- Revenez faire vos cours, Hagrid, dit Hermione à voix basse. Revenez s'il vous plaît, vous nous manquez.
Hagrid avala avec difficulté. Des larmes coulèrent à nouveau dans sa barbe et Dumbledore se leva.
- Je refuse votre démission, Hagrid, et je veux que vous repreniez votre travail lundi prochain, dit-il Je vous donne rendez-vous à huit heures et demie dans la Grande Salle pour prendre le petit déjeuner avec moi. Soyez-y sans faute. Je vous salue tous les six.
Dumbledore quitta la cabane en s'arrêtant simplement un instant pour caresser Crockdur.
Hagrid enfouit son visage dans ses mains, de la taille d'un couvercle de chaudron, et se mit à sangloter. Hermione lui tapota le bras et Hagrid finit par relever la tête, les yeux rougis.
- Un grand homme, Dumbledore..., dit-il, un grand homme...
- Ça, c'est vrai, approuva Ron. Est-ce que je pourrais avoir un de ces gâteaux ?
- Sers-toi, dit Hagrid en s'essuyant les yeux d'un revers de main. Il a raison, bien sûr... Vous avez tous raison... J'ai été stupide... Mon vieux père aurait eu honte de ma conduite...
D'autres larmes coulèrent mais il les essuya avec plus de détermination.
- Je ne vous ai jamais montré de photo de mon vieux père, je crois ?
Hagrid se leva et alla ouvrir un tiroir de sa commode d'où il sortit la photo d'un petit sorcier qui avait les mêmes yeux noirs que Hagrid, avec les mêmes petites rides au coin des
paupières. Un grand sourire aux lèvres, il était assis sur l'épaule de son fils. Hagrid devait déjà faire près de deux mètres cinquante, à en juger par le pommier qui se trouvait derrière lui, mais son visage était jeune, rond, lisse, imberbe - il ne semblait pas avoir plus de onze ans.
- Elle a été prise juste après mon entrée à Poudlard, dit Hagrid d'une voix caverneuse. Papa était fou de joie... Il avait peur que je ne sois jamais sorcier, parce que ma mère... enfin bon... Oh, bien sûr, je n'ai jamais été très doué pour la magie... Mais au moins, il n'a pas vécu assez
vieux pour me voir renvoyer. Il est mort quand j'étais en deuxième année... C'est Dumbledore
qui s'est occupé de moi quand mon père n'était plus là. Il m'a trouvé ce travail de garde-chasse... Il fait confiance aux gens, Dumbledore... Il leur donne une deuxième chance... C'est pour ça qu'il est différent des autres directeurs. Il est prêt à accepter n'importe qui à Poudlard,
du moment qu'on est capable de faire quelque chose. Il sait qu'on peut être quelqu'un de bien, même si on vient d'une famille qui n'est pas... disons... très respectable. Mais il y en a qui ne
comprennent pas ça. Ceux qui vous en veulent toujours... Et puis il y a aussi ceux qui essayent de faire croire qu'ils ont simplement de gros os au lieu d'avoir le courage de dire : « Je suis ce que je suis et je n'en ai pas honte. » « Ne jamais avoir honte, voilà ce qu'il disait, mon vieux père. Il y en a toujours qui te reprocheront quelque chose, mais ils ne valent pas la peine qu'on y fasse attention. » Et il avait raison, je me suis conduit comme un idiot. Je ne ferai plus
jamais attention à elle, vous pouvez me croire... Une « forte ossature »... Eh bien, qu'elle la garde, son ossature...
Harry, Ron et Hermione échangèrent des regards gênés. Harry aurait préféré emmener en promenade une cinquantaine de Scroutts à pétard plutôt que d'avouer à Hagrid qu'il avait surpris sa conversation avec Madame Maxime, mais Hagrid continua à parler sans se rendre
compte de l'étrangeté des paroles qu'il venait de prononcer :
- Tu sais quoi, Harry ? poursuivit-il en levant les yeux de la photo de son père, le regard brillant. ? Tu
n'étais pas sûr d'être à la hauteur, quand tu es arrivé à Poudlard avec des parents comme les tiens, aussi célèbres, ... Et maintenant, regarde-toi, Harry ! Tu es champion de l'école !
Il fixa Harry un long moment, puis reprit d'un ton très sérieux :
- Tu sais ce qui me ferait plaisir, Harry ? Que tu gagnes. C'est vraiment ce que je souhaite. Ça leur montrerait un peu, à tous... qu'on n'a pas besoin d'avoir le sang pur pour y arriver. Et
qu'on n'a pas à avoir honte de ce qu'on est. Ça leur montrerait que c'est Dumbledore qui a raison en acceptant tous ceux qui ont des dons pour la magie, d'où qu'ils viennent. Au fait,
comment tu t'en sors, avec cet œuf ?
- Bien, assura Harry. Très bien.
Le visage triste de Hagrid s'éclaira d'un grand sourire.
- Ça, c'est une bonne nouvelle... Montre-leur un peu, Harry, montre-leur. Sois plus fort que
tous les autres.
Il était plus difficile de mentir à Hagrid qu'à n'importe qui d'autre, lorsque Harry retourna au
château en compagnie de ses, amis, il ne parvint pas à chasser de son esprit
l'expression de bonheur qui avait illuminé son visage barbu à l'idée que Harry puisse sortir vainqueur du tournoi.
Ce soir-là, le mystère de l'œuf d'or pesa plus lourd que jamais sur sa
conscience et, quand il alla se coucher, il avait pris une décision : le moment était venu de mettre son orgueil de côté et de vérifier si le conseil de Cedric valait quelque chose.
- Tu m'avais dit que tu avais déjà résolu l'énigme de cet œuf ! s'exclama Hermione d'un ton indigné.
- Ne crie pas comme ça ! répondit Harry avec colère. J'ai simplement besoin... d'affiner les choses, d'accord ?
Les cinq amis étaient assis à la même table, tout au fond de la classe d'enchantements.
Ce jour-là, ils devaient apprendre le sortilège d'Expulsion - c'est-à-dire le contraire du sortilège d'Attraction. Afin d'éviter tout risque d'accident, le professeur Flitwick leur avait
donné une pile de coussins qu'ils pouvaient faire voler à travers la salle sans blesser personne en cas d'erreur de trajectoire. Neville visait si mal, cependant, qu'il envoyait par erreur d'autres projectiles beaucoup plus lourds à l'autre bout de la classe - le professeur Flitwick, par exemple.
- Oublie un peu cet œuf de temps en temps, tu veux bien ? murmura Harry tandis que le professeur Flitwick, apparemment résigné, leur passait devant le nez dans un long vol plané et atterrissait au sommet d'une grande armoire. J'essaye de te parler de Rogue et de Maugrey...
C'était le cours idéal pour avoir une conversation privée : les autres s'amusaient tellement qu'ils ne leur prêtaient aucune attention. Harry avait passé la demi-heure précédente à relater en plusieurs épisodes, entrecoupés de lancers de coussins, les événements de la nuit passée.
En effet, Harry s'était rendu dans la salle de bain des préfets, et avait pris un bain. Il avait ainsi découvert que la seconde tâche, aurait lieu sous les eaux du lac, et qu'il concernait des sirenes.
Lorsqu'il était sorti, il avait regardé la carte du Maraudeur, afin d'être certain de ne pas faire de mauvaises rencontres, sur le chemin de sa salle commune.
Mais il avait vu le nom de Barty Croupton, dans le bureau de Rogue, alors que celui ci n'y était pas.
Puis, suite à quelques malencontreuse bévues, Harry avait croisé, Rusard, puis Rogue, puis Maugrey. Ce dernier lui avait d'ailleurs confisqué la précieuse carte.
- D'après Rogue, Maugrey aussi à
fouillé son bureau ? chuchota Ron, une lueur de curiosité dans l'œil, tout en projetant un coussin d'un coup de baguette magique (le coussin vola un peu trop bas et fit tomber le chapeau de Parvati). Alors quoi ? Tu crois que Maugrey serait ici pour surveiller Rogue autant que Karkaroff ?
- Je ne sais pas si Dumbledore le lui a demandé mais, en tout cas, c'est ce qu'il fait, répondit Harry.
Il agita machinalement sa baguette magique, envoyant son coussin atterrir mollement sur une
table.
- Maugrey prétend que Dumbledore garde Rogue parce qu'il veut lui donner une deuxième
chance ou quelque chose dans ce genre-là...
- Quoi ? dit Ron, les yeux écarquillés.
Le coussin qu'il venait de projeter dans les airs d'un coup de baguette magique rebondit sur le lustre et tomba lourdement sur le bureau de Flitwick.
- Harry... Maugrey croit peut-être que c'est Rogue qui a mis ton nom dans la Coupe de Feu !
- Allons, Ron, dit Hermione en hochant la tête d'un air sceptique. A un moment, on a cru que Rogue voulait tuer Harry et, en fait, il lui a sauvé la vie, tu te souviens ?
Elle jeta un sortilège d'Expulsion qui envoya un coussin à l'autre bout de la classe où il atterrit impeccablement dans la boîte prévue à cet effet. Harry regarda Hermione et réfléchit à ce
qu'elle venait de dire... Il était vrai que Rogue lui avait sauvé la vie, un jour, ce qui paraissait étrange, car Rogue le détestait cordialement, tout comme il avait détesté le père de Harry lorsqu'ils étaient à l'école ensemble. Il aimait par-dessus tout ôter des points à Harry et n'avait
jamais laissé passer une occasion de lui infliger une punition, ou même de suggérer son renvoi de Poudlard.
- Je m'en fiche de ce que dit Maugrey, poursuivit Hermione. Dumbledore n'est pas idiot. Il a eu raison de faire confiance à Hagrid et au professeur Lupin, alors que beaucoup d'autres ne leur auraient jamais confié le moindre travail. Alors pourquoi n'aurait-il pas aussi raison en ce
qui concerne Rogue, même si Rogue est un peu...
- ... malfaisant, dit aussitôt Ron. Réfléchis un peu, Hermione, pourquoi tous ces chasseurs de mages noirs iraient-ils fouiller dans son bureau ?
- Pourquoi Mr Croupton a-t-il fait semblant d'être malade ? reprit Hermione sans prêter
attention à ce qu'avait dit Ron. C'est quand même un peu bizarre qu'il ne puisse pas assister au bal de Noël mais qu'il soit capable de venir ici au milieu de la nuit...
- Tu n'aimes pas Croupton à cause de ce qu'il a fait à son elfe, dit Ron en envoyant un coussin
s'écraser contre la fenêtre.
- Et toi tu tiens absolument à ce que Rogue mijote quelque chose de louche, répliqua Hermione qui réussit une fois de plus à faire atterrir son coussin dans la boîte.
- J'aimerais simplement savoir ce qu'a fait Rogue quand on lui a donné sa première chance, puisque maintenant, c'est sa deuxième, dit Harry d'un ton sinistre.
Cassandra qui avait assisté à la conversation sans mot dire haussa les épaules.
- Bah, sûrement un truc horrible de mangemort. Il n'y a qu'à demander à mon loup préféré.
Et une pile de coussins vola à travers la pièce et explosa, envoyant une pluie de plumes blanches.
- Velia ! Gronda Cassandra.
- Oups.
Ils discutèrent ensuite de la façon dont Harry allait s'y prendre pour respirer sous l'eau.
Ron était partisan d'utiliser à nouveau le sortilège d'Attraction. Harry lui avait en effet parlé des équipements de plongée sous-marine dont se servaient les Moldus et Ron ne voyait pas ce qui l'empêchait d'en faire venir un de la ville moldue la plus proche grâce à un sortilège d'Attraction. Mais Hermione balaya l'idée en faisant observer que, même si Harry apprenait à faire fonctionner des bouteilles à oxygène dans le temps qui lui était imparti, il était sûr d'être disqualifié pour avoir violé le Code international du secret magique : impossible en effet de faire voler un équipement de plongée sous-marine sur des kilomètres sans qu'aucun Moldu ne le remarque.
- Velia pourrait peut être t'envelopper dans une bulle protectrice. Suggéra Cassandra.
- ce serait de la triche. Répliqua Hermione.
- Bah, personne ne le saura. Reprit Ron.
- Et si on lui demande comment il a fait ?
Ron ne trouva rien à répondre.
- Bien sûr, la solution idéale, ce serait de te transformer en sous-marin, ou quelque chose dans ce genre-là, dit-elle. Si seulement nous avions déjà étudié la métamorphose humaine ! Mais on ne l'aborde qu'en sixième année et ça peut tourner très mal quand on ne sait pas bien s'y
prendre...
- Oui, je n'ai pas envie de me promener avec un périscope sur la tête, dit Harry. Peut-être que si j'attaque quelqu'un en présence de Maugrey, il fera ça pour moi...
- Je ne pense pas qu'il te laissera choisir en quoi tu veux être transformé, dit Hermione d'un
ton très sérieux. Non, je crois que ta seule chance c'est d'utiliser un sortilège.
Ainsi, Harry, qui pensait avoir déjà passé suffisamment de temps à la bibliothèque pour le reste de ses jours, se plongea à nouveau dans des piles de volumes poussiéreux, en quête d'un sortilège qui puisse donner à un être humain la faculté de se passer d'oxygène. Ron, Hermione, Cassandra et Ethan eurent beau consacrer leurs heures de déjeuner, leurs soirées et des week-ends entiers à chercher, ils ne trouvèrent rien qui permette à Harry de rester une heure sous l'eau et d'en sortir vivant - même dans la Réserve de la bibliothèque à laquelle ils avaient accès grâce à un mot du professeur McGonagall, et même après avoir demandé conseil à Madame Pince,
l'irritable bibliothécaire à tête de vautour.
Par moments, Harry se sentait pris d'une telle panique qu'il avait du mal à se concentrer pendant les cours. Le lac, qui avait toujours été pour lui un simple élément du paysage, attirait
à présent son regard chaque fois qu'il était assis près d'une fenêtre. Sa vaste étendue grise et froide, aux profondeurs sombres et glacées, lui semblait désormais aussi inaccessible que la lune.
De la même manière qu'avant l'épreuve du dragon, le temps filait à toute vitesse comme si on avait ensorcelé montres et pendules pour qu'elles tournent plus vite. Il restait une semaine avant le 24 février (il avait encore du temps)... puis il ne resta plus que cinq jours (il fallait
très vite trouver quelque chose)... plus que trois jours (oh, s'il vous plaît, faites que je trouve quelque chose... s'il vous plaît...).
Deux jours avant, Harry fut à nouveau incapable de manger. La seule bonne nouvelle, pendant
le petit déjeuner du lundi, fut le retour du hibou que Cassandra avait envoyé à Regulus. Il détacha le
parchemin, le déroula et lut le mot le plus court que Régulus lui eût jamais écrit :
- Fais-moi savoir la date du prochain week-end à Pré-au-Lard par retour de hibou.
Harry retourna le parchemin mais rien d'autre n'était écrit au verso.
- C'est le week-end après celui qui vient, murmura Hermione, qui avait lu par-dessus son épaule. Tiens, prends ma plume et renvoie-lui immédiatement ce hibou.
Cassandra griffonna la date au dos du parchemin. Il l'attacha à nouveau à la patte du hibou et le regarda s'envoler. A quoi s'était-il attendu ? A un conseil pour lui indiquer comment respirer
Sous l'eau ?
Cassandra s'était tellement appliquée à raconter à Regulus tout ce qui s'était passé entre Rogue et Maugrey qu'elle avait complètement oublié de lui parler de l'œuf d'or.
- Pourquoi est-ce qu'il veut connaître la date du prochain week-end à Pré-au-Lard ? s'étonna Ron.
- Sais pas, répondit Harry, l'air abattu.
Le moment de bonheur qu'il avait ressenti en voyant arriver le hibou s'était évanoui.
- Venez, dit-il, on a un cours de soins aux créatures magiques.
Hagrid voulait-il se faire pardonner la dernière séance avec les Scroutts à pétard - qui, d'ailleurs, n'étaient plus que deux - ou bien essayait-il de prouver qu'il pouvait faire aussi
bien que le professeur Gobe-Planche, Harry n'en savait rien mais, en tout cas, depuis qu'il avait recommencé à travailler, il avait poursuivi le cours sur les licornes. Il apparut très vite
que Hagrid en savait autant à leur sujet que sur les monstres, même s'il semblait regretter qu'elles soient dépourvues de crochets venimeux.
Ce jour-là, il avait réussi à capturer deux poulains de licorne. A la différence des licornes adultes, ils avaient une couleur d'or pur. Parvati et Lavande éprouvèrent un véritable ravissement en les voyant et même Pansy Parkinson dut faire de sérieux efforts pour ne pas montrer à quel point elle les trouvait adorables.
- Les petits sont plus faciles à repérer que les adultes, expliqua Hagrid. Les licornes prennent une couleur argentée vers l'âge de deux ans et il leur pousse une corne vers quatre ans. Elles ne deviennent complètement blanches qu'à l'âge adulte, c'est-à-dire aux environs de sept ans. Elles sont un peu plus confiantes quand elles sont toutes petites-mais elles n'aiment pas
beaucoup les garçons... Venez, approchez-vous, vous pouvez les caresser si vous voulez...
Donnez-leur ces morceaux de sucre...
Tandis que la plupart des élèves se rassemblaient autour des bébés licornes, Hagrid se glissa
vers Harry.
- Ça va ? lui demanda-t-il.
- Oui, oui, assura Harry.
- Un peu le trac, sans doute ? dit Hagrid.
- Un peu, avoua Harry.
Hagrid abattit une de ses énormes mains sur son épaule et Harry sentit ses genoux fléchir sous le choc.
- Tu sais, Harry, reprit-il, je me suis fait du souci pour toi avant que tu affrontes le dragon, mais maintenant, je sais que tu es capable de réussir tout ce que tu veux. Je ne suis
absolument plus inquiet. Ça se passera très bien. Tu as résolu l'énigme, pas vrai ?
Harry approuva d'un signe de tête, mais il ressentit en même temps un besoin irrépressible d'avouer qu'il n'avait pas la moindre idée de la façon dont on devait s'y prendre pour arriver à passer une heure au fond de l'eau.
Il leva les yeux vers Hagrid, peut-être était-il parfois obligé de descendre dans le lac pour s'occuper des créatures qui y vivaient ? Après tout, c'était lui qui prenait soin de tout ce qu'il y avait dans le parc...
- Tu vas gagner, grogna Hagrid, en le gratifiant d'une nouvelle tape sur l'épaule qui donna à Harry l'impression de s'enfoncer de cinq centimètres dans le sol boueux. Je le sais, je le sens. Tu vas gagner, Harry.
Le sourire qui éclairait le visage de Hagrid était si heureux, si confiant, que Harry ne put se résoudre à dire quoi que ce soit, de peur de le voir s'effacer. Il se força à sourire également, puis, faisant mine de s'intéresser aux jeunes licornes, il s'en approcha à son tour pour les
caresser en même temps que les autres.
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