CHAPITRE 30 LE DRAGON


Harry se leva le dimanche matin et s'habilla si distraitement qu'il lui fallut un certain temps pour s'apercevoir qu'il essayait d'enfiler son chapeau sur son pied au lieu d'une chaussette.

Lorsqu'il eut enfin réussi à mettre tous ses vêtements à l'endroit prévu, il se hâta d'aller chercher Hermione et Cassandra, et les vit assises dans la Grande Salle, à la table des Gryffondor, où elles
prenaient leur petit déjeuner en compagnie de Ginny, et Ethan.

Il avait l'estomac trop noué pour avoir envie de manger quoi que ce soit et attendit qu'Hermione ait avalé sa dernière cuillerée de porridge avant de la traîner dans le parc pour une nouvelle promenade.

Pendant qu'ils faisaient le tour du lac, il lui raconta l'épisode des dragons.

Hermione fut effarée par ses révélations sur Karkaroff mais elle pensait à juste titre
c'étaient les dragons qui constituaient la menace prioritaire.

- On va commencer par essayer de te garder en vie jusqu'à mardi soir, dit-elle d'un ton où
perçait le désespoir.

Ensuite, seulement, on s'inquiétera de Karkaroff.
Ils firent trois fois le tour du lac en s'efforçant de trouver un sortilège qui suffirait à neutraliser un dragon, mais rien ne leur venait à l'esprit.

- En fait, dit Harry, Sirius m'a dit d'utiliser un balai. Mais.. Il faut utiliser un Sortilège d'attraction. Et.. Enfin, tu as bien vu, je n'y arrive pas.

- Alors il faut y remédier.

Et Hermione entreprit de lui apprendre le sortilege d'attraction.

Ethan semblait aller un peu mieux.
Ce matin là, lorsque Cassandra avait croisé Ron, dans la salle commune, elle lui avait demandé ou était Ethan.
- Ou veux tu qu'il soit ? Lui répondit il,
d'un ton rogue. Dans son lit. Il dit qu'il n'a pas faim.

Elle soupira
- Bon, cette fois, ça suffit ! Gronda d'elle.

Elle entra d'un pas décidé dans la chambre des garçons.
- Ethan Mackay, gronda t'elle. Je te donne exactement dix secondes pour sortir de ce lit, prendre une douche et t'habiller, et venir déjeuner.

Il soupira.
- Pas envie.
- Bein c'est bien dommage, parce que même si je comprends ta peine, il y a un temps pour tout. Un temps pour pleurer et un temps pour recommencer à vivre.
- Bein moi j'ai pas envie de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des monde, Cassy ! Mes parents sont morts !

Elle soupira et vint s'asseoir près de lui.
- Je sais dit elle.
Il se retourna, lui tournant résolument le dos.
- Mais, dit elle, sans se préoccuper de lui. Je ne connaissais pas tes parents, je suis sûre que c'était des gens très bien, qui t'aimaient très fort. Et il ne voudraient sûrement pas te voir pleurer comme ça.
- Qu'est ce que tu en sais ?
- Parce que moi je t'aime beaucoup, et je n'aime pas te voir malheureux,

Il se retourna et lui sourit.
- C'est vrai, tu m'aimes bien ?
Elle lui adressa un regard interloqué
- Non, bien sûr que non ! J'adore passer tout mon temps près des gens que je n'aime pas, d'as il leurs, en sortant d'ici, je vais droit voir Malefoy, pour lui tenir la main, et après, ce sera Rogue, et Skeeter.

Il éclata de rire
- J'aimerais bien voir ça !
Elle grimaça.
- Oui, moi aussi. Non, sérieux, Ethan, tu ne peux pas passer tout ton temps à pleurer. Même si tu as mal, même si tu n'as plus goût à rien, pleurer ne les ramènera pas. Et tu pp as seras à côté de pleins de choses intéressantes.
- Ah oui ? Lesquelles par exemples ?
- Voir Harry se prendre une décaloté au Tournois des trois sorciers, par exemple.

- Tu es dure, je croyais que tu étais son ami.
- Je le suis, mais bon, soyons honnête. Tu crois vraiment qu' Il a des chances, face à Krum, ou Diggory ? Ils dont p'us ses, ils ont plus d'expérience. Harry va se faire botter les fesses.

- Tu n'auras, qu'à l'aider.
- Non ! Ce serait de la triche. Je n' interviendrait que s' il est en danger.

- Je te trouve bien raisonnable ?
- J'essaie. Et puis j'ai promis à ma mère. Alors, tu viens ?
- "Et si je refuse ?
Elle grimaça.
- Tu risque de ne pas aimer ce que je vais faire.
Il fronça les sourcils.
- C'est à dire ?

Elle se leva, et tendit les bras, il y eut une légère vibration, et Ethan fut soulève du lit.
-D'accord, d'accord. Je me lève. Repose moi.

Elle baissa doucement les bras, et le reposa en douceur sur le lit.
- Je t'attends dehors. Dit elle, mais si jamais tu me forces à revenir....

Il soupira.
- Reçu cinq sur cinq, le tyran. Pfff, né jamais fréquenter de fury.

Elle sourit, mutine, et déposa un baiser sur sa tempe, il bougea la tête, et leurs lèvres se frolèrent.

Elle recula vivement
- Pardon, je... Heu.
Elle déglutit, puis, elle s'assit près de lui, pencha la tête vers son visage, , et lentement, l'embrassa.

- Ça veut dire qu'on sort ensemble ? Murmura Ethan contre ses lèvres.
- Bein, ça se voit pas ?
- Siiiiii. Et... J'ai le droit de le dire ?
- Si ça te fait plaisir.
- Carrément.

Elle allait se relever. Mais il lui saisit la main, et la forc à se, rasseoir. Il l'embrassa à son tour.
- C'était juste pour être sûr que j'avais pas revé.
- Tu rêves pas. Lui assura t'elle d'une voix douce.
- Je suis jamais sorti avec une fury. Dit il.
- Ça tombe bien, je suis jamais, sorti avec un garçon, avant toi.

Il l'a regarda avec des yeux ronds.
- C'est vrai ?
Elle hocha la tête.
- Wouah...

Elle se leva, le laissant rêveur sur son lit.
- Je t'attends dehors.

Lorsqu'il la rejoignit, un large sourire avait remplacé sa mine triste.

Devant son air réjoui, Hermione lui adressa un regard interrogateur. Il leva son pouce en signe d'assentiment, et Hermione sourit.

Durant toute la journée, Harry s'entraîna, soutenu par Ethan, Cassandra et Hermione.

Après le cours de divination, il s'obligea à manger quelque chose, puis retourna dans une classe


vide avec Hermione Cassandra et Ethan, se couvrant de la cape d'invisibilité pour ne pas être vu des professeurs.

Ils continuèrent à s'entraîner jusqu'après minuit. Ils seraient restés plus longtemps, mais Peeves surgit et fit mine de croire que Harry avait envie qu'on lui lance des objets à la figure.

Trop heureux de pouvoir se livrer à son passe-temps favori, il se mit à jeter des chaises à travers la pièce, obligeant Harry et Hermione à fuir à toutes jambes avant que le vacarme


n'attire Rusard. Ils retournèrent directement dans la salle commune de Gryffondor qui, à leur


grand soulagement, était vide.

A deux heures du matin, Harry, debout près de la cheminée, était entouré d'un amas d'objets - livres, plumes, chaises renversées et le crapaud de Neville,

Tandis, que Cassandra et Ethan somnolaient dans une banquette.

Ce ne fut qu'au cours de la dernière heure d'entraînement qu'il parvint enfin à maîtriser le sortilège


d'Attraction.

- C'est mieux, Harry, beaucoup mieux, dit Hermione qui paraissait épuisée mais ravie.


- Maintenant, on sait ce qu'il reste à faire la prochaine fois que je n'arriverai pas à apprendre


un sortilège, dit Harry en lançant à Hermione un dictionnaire de runes pour faire un nouvel essai. Il suffit de me menacer avec un dragon. Bon, allons-y...

Il leva à nouveau sa baguette.


- Accio dictionnaire ! dit-il.


Le lourd volume s'échappa des mains d'Hermione et vola à travers la pièce en direction de Harry qui l'attrapa.


- Harry, je crois que cette fois, ça y est ! dit Hermione d'un ton réjoui.

- Espérons que ça marchera demain, soupira Harry. L'Éclair de feu se trouvera beaucoup plus loin que les objets qui sont dans cette pièce. Il sera dans le château et moi je serai à l'autre bout du parc...

- Ça ne fait rien, dit fermement Hermione. Du moment que tu te concentres vraiment bien, il


arrivera. Et maintenant, allons dormir, tu en as bien besoin.

Et elle reveilla Cassandra qui bavait sur la cuisse de Ethan, ce dernier ronflait légèrement.

Cette nuit-là, Harry avait tellement dirigé son attention sur la pratique du sortilège que sa panique s'était un peu dissipée.

Mais le lendemain matin, elle se manifesta à nouveau dans toute son ampleur. Il régnait dans le château une atmosphère de tension mêlée d'excitation.

Les cours devaient cesser à midi pour donner aux élèves tout le temps de se rendre à l'enclos des dragons - mais, bien entendu, ils ignoraient encore ce qu'ils allaient découvrir là-bas.

Harry avait l'impression qu'une étrange distance le séparait des autres, ceux qui lui souhaitaient bonne chance comme ceux qui lançaient sur son passage : « On va préparer une boîte de mouchoirs pour te pleurer, Potter. » Il se trouvait dans un tel état de nervosité qu'il se


demandait s'il n'allait pas perdre la tête et jeter des sorts à tout le monde quand on essayerait de l'emmener face à son dragon.

Le temps lui paraissait plus bizarre que jamais, il passait par à-coups comme s'il avait cessé de s'écouler régulièrement. Ainsi, Harry eut l'impression d'être transporté instantanément du


cours d'histoire de la magie à la Grande Salle où il se retrouva à la table des Gryffondor pour déjeuner... Puis, brusquement (Où avait donc filé la matinée ? Où s'étaient enfuies les


dernières heures sans dragon ?), le professeur McGonagall se précipita sur lui alors qu'il était


encore à table. Il sentit tous les regards se tourner vers lui.

- Potter, dit-elle, les champions doivent se rendre dans le parc dès maintenant... Vous devez vous préparer pour votre première tâche.

- D'accord, dit Harry en se levant.


Sa fourchette tomba sur son assiette avec un petit bruit métallique.


- Bonne chance, Harry, lui murmura Hermione. Tu verras, tout se passera très bien.
- Ouais, renchérit Cassandra. Puis tout bas, essaie de pas te faire griller.

- Ouais, répondit Harry d'une voix qui lui sembla très différente de la sienne.

Il quitta la Grande Salle avec le professeur McGonagall. Elle aussi semblait très différente.


Elle avait l'air aussi anxieuse qu'Hermione et, lorsqu'ils furent sortis dans la fraîcheur de


novembre, elle lui mit une main sur l'épaule.

- Ne paniquez surtout pas, dit-elle. Gardez la tête froide... Il y a des sorciers qui sont là pour contrôler la situation si les choses ne se passent pas bien... L'essentiel, c'est que vous fassiez de votre mieux, personne n'aura une mauvaise opinion de vous si vous ne réussissez pas... Ça


va, Potter, vous êtes bien ?


- Ça va très bien, répondit machinalement Harry.

Elle l'emmenait à présent vers l'endroit où étaient rassemblés les dragons, à la lisière de la


forêt mais, quand ils s'approchèrent du bosquet d'arbres derrière lequel se trouvait l'enclos,

Harry vit qu'une tente avait été dressée, cachant les dragons.


- Vous devrez entrer là avec les autres champions et attendre votre tour, Potter, dit le

professeur McGonagall d'une voix un peu tremblante. Mr Verpey vous attend sous la tente...


Il va vous expliquer la... la procédure à suivre... Bonne chance.

- Merci, répondit Harry, d'une voix blanche et lointaine.


Le professeur McGonagall le laissa devant la tente et Harry entra à l'intérieur.

Fleur Delacour était assise dans un coin, sur un tabouret de bois. Le front moite, elle avait perdu son air assuré et paraissait plutôt pâle. Viktor Krum semblait plus renfrogné que jamais,


ce qui devait être sa façon d'exprimer son appréhension, songea Harry. Cedric, lui, faisait les cent pas.

Lorsque Harry entra, il lui adressa un petit sourire. Harry sourit à son tour, mais il en ressentit une certaine raideur dans les muscles de son visage, comme s'ils n'étaient plus


habitués à ce mouvement.

- Ah, mais qui voilà ! Harry ! s'exclama Verpey d'un ton joyeux en se tournant vers lui. Entre, entre, fais comme chez toi !


Au milieu de tous ces champions au teint livide, Verpey avait l'air d'un personnage de dessin animé haut en couleur. Cette fois encore, il était vêtu de sa vieille robe de l'équipe des Frelons.

- Ça y est, tout le monde est là. Il est donc temps de vous mettre au courant ! dit Verpey d'un


ton enjoué. Lorsque le public se sera installé, je vous demanderai de piocher à tour de rôle dans ce sac.

Il leur montra un petit sac de soie pourpre qu'il agita devant eux.


- Vous y prendrez chacun un modèle réduit de la chose que vous devrez affronter tout à l'heure ! Il y en a différentes... heu... variétés, vous verrez. Il faut aussi que je vous dise autre chose... oui... voilà... votre tâche consistera à vous emparer de l'œuf d'or !

Harry regarda autour de lui. Cedric hocha la tête pour montrer qu'il avait compris et recommença à faire les cent pas. Il avait le teint légèrement verdâtre. Fleur Delacour et Krum


n'eurent aucune réaction. Ils craignaient peut-être que le seul fait d'ouvrir la bouche les rende


malades.

C'était en tout cas ce que Harry lui-même ressentait. Mais eux, au moins, s'étaient portés volontaires pour le tournoi...

Et soudain, des centaines d'élèves affluèrent au-dehors. On entendait le martèlement de leurs pas devant la tente, leurs conversations surexcitées, leurs rires, leurs plaisanteries... Harry se sentait si loin d'eux qu'il avait l'impression d'appartenir à une autre espèce. Entre l'arrivée du public et le moment où Verpey ouvrit le sac de soie pourpre, il lui sembla qu'il s'était écoulé tout juste une seconde.

- Les dames d'abord, dit Verpey en présentant le sac à Fleur Delacour.

Elle y plongea une main tremblante et en retira un minuscule modèle miniature de dragon, parfaitement imité - c'était un Vert gallois. Le chiffre « deux » était accroché autour de son cou.

Devant l'expression de Fleur, qui ne manifesta aucune surprise mais plutôt une détermination résignée, Harry sut qu'il avait vu juste : Madame Maxime lui avait dit ce qui


l'attendait.

Il se produisit la même chose avec Krum. Il sortit le Boutefeu chinois aux couleurs écarlates. Le chiffre « trois » était accroché autour de son cou. Krum n'eut même pas un battement de cils, il se contenta de regarder le sol.

A son tour, Cedric glissa la main dans le sac et en sortit le Suédois à museau court, aux couleurs gris-bleu. Il portait le chiffre « un » autour du cou. Sachant ce qui restait,

Harry plongea la main dans le sac et prit le Magyar à pointes, qui portait le numéro « quatre ».


Lorsque Harry le regarda, le dragon miniature étendit ses ailes et lui montra ses crocs minuscules.

- Eh bien, nous y voilà ! dit Verpey. Vous avez chacun tiré au sort le dragon que vous devrez affronter et le chiffre que chacun porte autour du cou indique l'ordre dans lequel vous allez accomplir cette première tâche. Maintenant, il va falloir que je vous quitte car c'est moi qui fais le commentaire. Mr Diggory, vous êtes le premier. Lorsque vous entendrez un coup de sifflet, vous sortirez de la tente et vous entrerez dans l'enclos où vous attendra le dragon, d'accord ? Harry ? Est-ce que je pourrais te voir un instant ?

- Heu... oui, dit Harry en se demandant ce qu'il lui voulait.


Il sortit de la tente avec Verpey qui l'amena un peu à l'écart, parmi les arbres, puis se tourna vers lui avec une expression paternelle.

- Ça va, Harry, tu te sens bien ? Je peux faire quelque chose pour toi ?


- Comment ? dit Harry. Je... Non, rien...


- Tu as un plan ? demanda Verpey en baissant la voix d'un ton de conspirateur. Si tu as besoin


de quelques tuyaux, n'hésite pas... Tu es l'outsider..., poursuivit Verpey en baissant la voix encore davantage. Si je peux t'aider...

- Non, répondit Harry si précipitamment qu'il eut conscience d'avoir été impoli. Non... Je...


J'ai déjà décidé ce que j'allais faire, merci.

- Personne n'en saurait rien, Harry, insista Verpey en lui adressant un clin d'œil.


- Je vous assure que je vais très bien, dit Harry.


Il se demanda pourquoi il s'obstinait à donner cette réponse à tout le monde et se demanda également s'il s'était jamais senti aussi mal.

- Je sais déjà ce que je vais faire, répéta-t-il. Je...


Il fut interrompu par un coup de sifflet.

- Mon Dieu, il faut que je file ! s'exclama Verpey qui s'éloigna en toute hâte.

Harry retourna vers la tente et vit Cedric qui en sortait, le teint plus verdâtre que jamais. Harry


essaya de lui souhaiter bonne chance en le croisant mais il ne parvint à émettre qu'une sorte de grognement rauque.

Harry rejoignit Fleur et Krum sous la tente. Quelques secondes plus tard, ils entendirent les acclamations de la foule, ce qui signifiait que Cedric venait de pénétrer dans l'enclos et se trouvait face au dragon, qui n'avait plus rien d'une miniature, à présent...

C'était pire que tout ce que Harry avait imaginé. Assis là, immobile, il entendait la foule crier... hurler... pousser des exclamations... retenir son souffle au spectacle des efforts de Cedric pour passer sans dommage devant le Suédois à museau court. On aurait dit que les spectateurs ne formaient plus qu'une seule et même entité aux têtes multiples qui réagissaient toutes d'une même voix.

Krum continuait de regarder le sol. Fleur, elle aussi, s'était mise à


faire les cent pas autour de la tente, sur les traces de Cedric. Et les commentaires de Verpey ne parvenaient qu'à rendre les choses plus terribles encore...

D'horribles images se formèrent dans la tête de Harry lorsqu'il entendit : « Oh, là, là ! C'était tout juste, vraiment tout juste...


On peut dire qu'il prend des risques, celui-là ! Très belle tentative. Dommage qu'elle n'ait rien


donné ! »

Enfin, un quart d'heure plus tard, Harry entendit le rugissement assourdissant de la foule qui


ne pouvait signifier qu'une seule chose : Cedric avait réussi à passer devant le dragon et à s'emparer de l'œuf d'or.

- Bravo ! Vraiment très bien ! hurlait Verpey. Voyons maintenant les notes des juges !


Mais il n'annonça pas les notes. Harry supposa que les juges devaient les écrire sur des panneaux qu'ils montraient au public.

- Encore trois autres concurrents, à présent ! s'écria Mr Verpey tandis que retentissait un autre coup de sifflet. Miss Delacour, s'il vous plaît !

Fleur tremblait de la tête aux pieds. En la voyant sortir de la tente la tête haute, la main crispée sur sa baguette magique, Harry ressentit plus de sympathie pour elle qu'il n'en avait éprouvé jusqu'à présent. Krum et lui restèrent seuls, chacun de son côté, évitant le regard l'un de l'autre.


Et tout recommença...

- Oh, voilà qui n'était peut-être pas très prudent ! entendaient-ils Verpey crier d'un ton ravi. Oh, là, là... presque ! Attention, maintenant... Mon Dieu, j'ai bien cru que ça y était !

Dix minutes plus tard, Harry entendit une nouvelle fois la foule exploser en un tonnerre d'applaudissements...

Fleur avait dû également réussir. Il y eut un silence pendant qu'on


montrait les notes qu'elle avait obtenues... puis de nouveaux applaudissements... et enfin, un


troisième coup de sifflet retentit.

- Voici à présent Mr Krum ! s'exclama Verpey.
Krum sortit de son pas traînant, laissant Harry seul dans la tente.


Il avait une plus grande conscience de son corps qu'à l'ordinaire : son cœur battait plus vite, ses doigts étaient parcourus de fourmillements, comme si la peur circulait dans ses veines...


pourtant, il avait en même temps l'impression d'être ailleurs, hors de lui-même. La toile de la tente, les réactions de la foule lui paraissaient très lointaines...

- Très audacieux ! s'écria Verpey.


Harry entendit le Boutefeu chinois émettre un horrible hurlement tandis que la foule retenait son souffle.

- On peut dire qu'il n'a pas froid aux yeux... et... Mais oui, il a réussi à s'emparer de l'œuf !

Les applaudissements retentirent avec tant de force dans l'atmosphère glacée de l'hiver qu'ils semblèrent la briser comme du cristal. Krum avait fini. A tout moment, ce serait le tour de Harry.

Il se leva avec l'impression d'avoir les jambes en guimauve et attendit. Quelques instants plus tard, le coup de sifflet retentit et il sortit de la tente dans un crescendo de panique.

Il passa devant le bosquet d'arbres, puis franchit une ouverture dans la palissade qui entourait l'enclos.


Tout ce qu'il voyait devant lui avait l'air de sortir d'un rêve aux couleurs aveuglantes. Des centaines et des centaines de visages le regardaient dans les tribunes qui avaient été dressées par magie depuis la nuit où il était venu ici pour la première fois.

Le Magyar à pointes lui faisait face, à l'autre bout de l'enclos. Le dragon - ou plutôt la dragonne - couvait ses œufs, les ailes à demi refermées, ses yeux jaunes, féroces, fixés sur lui. Tel un monstrueux lézard aux écailles noires, elle agitait sa queue hérissée de pointes qui imprimaient dans le sol dur des marques longues et profondes.

La foule s'époumonait dans un grand tumulte. Harry ignorait si ces cris lui étaient favorables ou hostiles, et peu lui importait. Le moment était venu de faire ce qu'il avait à faire... de concentrer pleinement, totalement, son esprit sur ce qui représentait sa seule chance...

Il leva sa baguette magique.


- Accio Éclair de feu ! cria-t-il.


Puis il attendit, espérant, priant, de toutes les fibres de son corps... Et si le sortilège échouait...


Si l'Éclair de feu ne venait pas...

Tout ce qu'il voyait autour de lui semblait déformé par une


sorte de barrière transparente, scintillante comme une brume de chaleur, derrière laquelle les


centaines de visages qui l'entouraient avaient l'air de flotter étrangement...

Enfin, il l'entendit, fendant les airs derrière lui. Il se retourna et vit l'Éclair de feu contourner


la lisière de la forêt, foncer vers l'enclos et s'arrêter net à mi-hauteur, juste à côté de lui, attendant qu'il l'enfourche. Le tumulte de la foule s'amplifia... Verpey cria quelque chose...

Mais les oreilles de Harry n'étaient plus en état d'entendre ce qu'il disait... Il ne servait à rien de l'écouter...

Harry monta sur son balai et s'envola aussitôt. Il se produisit alors un phénomène qui tenait du miracle.

Lorsqu'il s'éleva dans les airs, lorsqu'il sentit le vent ébouriffer ses cheveux, lorsque les visages de la foule ne furent plus que des têtes d'épingle au-dessous de lui, lorsque la dragonne se trouva réduite à la taille d'un chien, il se rendit compte que ce n'était pas


seulement le sol qu'il venait de quitter, mais aussi sa peur... Tout à coup, il retrouvait son élément familier...

Il s'agissait d'un nouveau match de Quidditch, rien de plus... Un simple match de Quidditch et cette dragonne n'était qu'une équipe adverse particulièrement repoussante...

Il regarda la couvée d'œufs que le Magyar à pointes protégeait entre ses pattes avant et repéra l'œuf d'or qui étincelait au milieu des autres, semblables à des pierres grises.

« Très bien, pensa Harry. Une petite tactique de diversion... Allons-y... »


Et il plongea en piqué. La tête de la dragonne suivit sa trajectoire. Il savait ce qu'elle allait faire et il remonta en chandelle juste à temps : un jet de flammes jaillit à l'endroit où il s'était


trouvé une seconde plus tôt... Mais Harry n'était pas inquiet... Ce n'était pas plus difficile que d'éviter un Cognard...

- Mille méduses ! Voilà qui s'appelle savoir voler ! s'écria Verpey, tandis que la foule poussait un hurlement puis retenait son souffle. Vous avez vu cela, Mr Krum ?

Harry reprit de l'altitude et vola en cercle. La dragonne le suivait toujours des yeux, sa tête tournant sur son long cou. S'il continuait comme ça, elle ne tarderait pas à avoir le vertige,

Mais il valait mieux ne pas poursuivre ce manège trop longtemps, sinon elle allait à nouveau cracher du feu.

Harry fondit en piqué au moment où la dragonne ouvrait sa gueule. Cette fois, cependant, il eut moins de chance. Il parvint à échapper aux flammes mais la queue hérissée fendit l'air comme un fouet et, au moment où il virait sur sa gauche, l'une des longues pointes lui érafla l'épaule, déchirant l'étoffe de sa robe de sorcier.

Il sentit la douleur, entendit les cris et les grognements qui s'élevaient de la foule, mais la blessure ne paraissait pas très profonde... Il contourna par-derrière le Magyar à pointes et eut alors une idée...

Apparemment, la dragonne n'avait pas l'intention de s'envoler, elle tenait trop à ses œufs. Elle se tortillait, se contorsionnait, dépliant puis rabattant ses ailes, ses horribles yeux jaunes toujours fixés sur Harry, mais elle avait peur de s'éloigner de sa couvée... Il fallait pourtant qu'il la force à s'en écarter, sinon il n'arriverait jamais à s'approcher de l'œuf d'or...

Il devait agir prudemment, progressivement. Il se mit à changer sans cesse de direction, en restant à distance pour éviter les jets de flammes mais en s'approchant suffisamment près pour qu'elle se sente menacée et continue de le suivre des yeux. La créature penchait la tête d'un côté, puis de l'autre, montrant ses crocs, ses pupilles verticales fixées sur lui...

Il prit peu à peu de l'altitude et la tête de la dragonne s'éleva en même temps que lui, son cou tendu continuant d'osciller comme un cobra devant un charmeur de serpent...

Dans les tribunes, Lily, n'osait pas regarder. Elle se cachait les yeux.. Et les entrouvrait de temps à autres, pour regarder. James et Sirius, debout, vociferaient des encouragements, et applaudissaient ses actions, tout en tentant de rassurer Lily.

Livide, Meredith observait la scène, tout en rassurant son amie.

Harry s'éleva encore un peu et la dragonne laissa échapper un rugissement exaspéré. Pour elle, il était un peu comme une mouche, une mouche qu'elle avait hâte d'écraser. Sa queue battit l'air à nouveau, mais Harry était hors d'atteinte...

Elle cracha un jet de feu qu'il parvint à éviter... Le monstre ouvrit une gueule béante...


- Allez, viens, dit Harry entre ses dents, en tournoyant au-dessus de sa tête pour l'attirer.


Viens, viens m'attraper... Allez, remue-toi...

Elle se dressa alors sur ses pattes de derrière, déployant enfin ses grandes ailes noires et brillantes, aussi larges que celles d'un petit avion, et Harry plongea. Avant que la dragonne ait


compris ce qu'il était en train de faire et où il était passé, il piqua vers le sol de toute la vitesse de son balai, en direction des œufs qu'elle ne protégeait plus de ses pattes aux longues griffes.

Harry avait lâché le manche de l'Éclair de feu - et il venait de saisir l'œuf d'or...

Il remonta en chandelle puis, dans une nouvelle accélération fulgurante, s'envola vers les tribunes, l'œuf d'or serré sous son bras indemne. Ce fut alors comme si quelqu'un avait


brusquement mis le volume à fond. Pour la première fois depuis qu'il avait pénétré dans l'enclos, il prit conscience du bruit de la foule qui hurlait et applaudissait aussi fort que les supporters irlandais de la Coupe du Monde...


- Regardez ça ! Non mais regardez ça ! hurlait Verpey. Notre plus jeune champion a été le plus rapide pour s'emparer de son œuf ! Voilà qui va faire monter les paris sur Mr Potter !

- C'EST MON FILS ! Hurlait James, C'ESTON FILS ! LILY, IL A RÉUSSI. IL EST EXTRAORDINAIRE !

Harry vit les gardiens des dragons se précipiter pour neutraliser le Magyar à pointes. Là-bas, à l'entrée de l'enclos, le professeur McGonagall, le professeur Maugrey et Hagrid se


précipitaient vers lui avec de grands gestes de la main et des sourires si larges qu'on les voyait de loin. Il fit demi-tour au-dessus des stands, le vacarme de la foule résonnant à ses oreilles, et atterrit en douceur, le cœur enfin léger... Il avait accompli la première tâche, il avait survécu...

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