Chapitre 21. LES DELEGATIONS ETRANGERES
– Weasley, redressez votre chapeau, dit sèchement à Ron le professeur McGonagall. Miss Patil, ôtez de vos cheveux cet accessoire ridicule.
Parvati fit la moue et enleva le papillon qui ornait sa natte.
– Suivez-moi, s'il vous plaît, dit le professeur McGonagall. Les première année, passez devant... Ne poussez pas...
Ils descendirent les marches qui menaient au-dehors et s'alignèrent devant le château en rangées successives. La soirée était fraîche et lumineuse. Le jour tombait lentement et une lune si pâle qu'elle en semblait transparente brillait déjà au-dessus de la Forêt interdite.
Cassandra qui se trouvait au quatrième rang entre Ron et Hermione, aperçut, dans la file des première année, la silhouette minuscule de Dennis Crivey qui tremblait littéralement d'impatience.
– Il est presque six heures, dit Ron en jetant un coup d'oeil à sa montre, puis à l'allée qui menait au portail.
- Comment tu crois qu'ils vont venir ? En train ?
– Ça m'étonnerait, dit Hermione.
– Alors, comment ? Sur des balais ? suggéra Harry en levant les yeux vers le ciel où commençaient à briller des étoiles.
– Je ne crois pas... Pas de si loin...
– Avec un Portoloin, peut-être ? dit Ron. Ou bien ils pourraient transplaner. Chez eux, on a
peut-être le droit avant dix-sept ans.
– On ne peut pas transplaner dans l'enceinte de Poudlard, combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? répliqua Hermione, agacée.
Ils scrutèrent le parc qui commençait à s'obscurcir, mais rien ne bougeait. Tout était tranquille, silencieux et presque comme d'habitude. Harry avait un peu froid. Il aurait bien
aimé qu'ils se dépêchent... Leurs hôtes préparaient peut-être une arrivée spectaculaire... Il se souvenait de ce que Mr Weasley avait dit au camping, avant la Coupe du Monde de
Quidditch : « Toujours pareil, on ne peut pas résister à l'envie d'épater le voisin quand on est tous ensemble...
– Ah ! Si je ne m'abuse, la délégation de Beauxbâtons arrive ! lança Dumbledore, qui était au
dernier rang avec les autres professeurs.
– Où ? demandèrent avidement plusieurs élèves en regardant dans toutes les directions.
– Là-bas ! s'écria un élève de sixième année en montrant la Forêt interdite.
Quelque chose de très grand, beaucoup plus grand qu'un balai volant — ou même que cent
balais volants — approchait du château, dans le ciel d'un bleu sombre. On voyait sa silhouette
grandir sans cesse.
– C'est un dragon ! hurla une élève de première année, prise de panique.
– Ne dis pas de bêtises... C'est une maison volante ! répliqua Dennis Crivey.
Dennis était plus proche de la vérité... La gigantesque forme noire qui avançait au-dessus de la cime des arbres fut peu à peu éclairée par les lumières du château et il distinguèrent alors un immense carrosse bleu pastel tiré par des chevaux géants. Le carrosse avait la taille d'une grande maison et volait vers eux, tiré dans les airs par une douzaine de chevaux ailés, tous des
palominos, chacun de la taille d'un éléphant. Les élèves des trois premiers rangs reculèrent en voyant le carrosse descendre du ciel à une
vitesse terrifiante. Enfin, dans un fracas si impressionnant que Neville fit un bond en arrière et
retomba sur les pieds d'un Serpentard de cinquième année, les sabots des chevaux, plus grands que des assiettes, se posèrent sur le sol dans un nuage de poussière. Un instant plus tard, le carrosse atterrit à son tour, rebondissant sur ses roues démesurées tandis que les chevaux
couleur d'or agitaient leurs énormes têtes en roulant des yeux flamboyants.
Cassandra eut tout juste le temps d'apercevoir des armoiries, deux baguettes d'or croisées qui
lançaient chacune trois étoiles — gravées sur la portière du carrosse avant que celle-ci ne s'ouvre.
Un garçon vêtu d'une robe de sorcier bleu clair sauta à terre, se pencha en avant, tripota maladroitement quelque chose sur le plancher du carrosse puis déplia un marchepied d'or. Il fit respectueusement un pas en arrière et Cassandra vit briller une chaussure noire à haut talon qui
émergea du carrosse — une chaussure qui avait la taille d'une luge d'enfant. La chaussure fut presque immédiatement suivie par la plus immense femme que Harry eût jamais vue. La taille
du carrosse et des chevaux s'expliquait mieux, à présent.
Quelques élèves étouffèrent une
exclamation de surprise.
Cassandra ne connaissait qu'une seule personne aussi grande. C'était Hagrid. Tous deux devaient
avoir exactement la même taille. Pourtant — peut-être parce qu'il était habitué à la silhouette
de Hagrid — cette femme (qui avait maintenant descendu le marchepied et regardait la foule des élèves aux yeux écarquillés) lui semblait d'une taille encore plus considérable, encore plus surnaturelle.
Lorsqu'elle pénétra dans la clarté que répandait la lumière du hall d'entrée, tout le monde put voir son beau visage au teint olivâtre, ses grands yeux noirs et humides et son nez
en forme de bec d'oiseau. Ses cheveux tirés en arrière étaient noués en un chignon serré qui brillait sur sa nuque. Elle était vêtue de satin noir de la tête aux pieds et de magnifiques opales scintillaient autour de son cou et à ses doigts épais.
Dumbledore se mit à applaudir et les élèves l'imitèrent avec ardeur. Nombre d'entre eux s'étaient dressés sur la pointe des pieds, ce qui était sans nul doute la meilleure façon de
regarder cette femme.
Celle-ci eut un sourire gracieux et s'avança vers Dumbledore en tendant une main étincelante
de bijoux. Bien qu'il fût lui-même très grand, Dumbledore n'eut presque pas besoin de se pencher pour lui faire un baisemain.
– Ma chère Madame Maxime, dit-il, je vous souhaite la bienvenue à Poudlard.
– Mon cheur Dambleudore, répondit Madame Maxime d'une voix grave, je suis ravie de constateu que vous aveu l'eur en parfeute santeu.
– Ma santé est parfaite, en euffeut... heu... en effet, assura Dumbledore.
– Je vous preusente meus euleuves, dit Madame Maxime en agitant d'un geste désinvolte l'une
de ses énormes mains par-dessus son épaule.
Harry, dont l'attention avait été entièrement occupée jusqu'alors par Madame Maxime,
remarqua qu'une douzaine de filles et de garçons — tous âgés de dix-sept ou dix-huit ans —
étaient sortis du carrosse et se tenaient à présent derrière leur directrice. Ils frissonnaient, ce
qui n'avait rien d'étonnant quand on voyait les robes de soie fine qu'ils portaient sans aucune cape pour les protéger. Quelques-uns d'entre eux s'étaient enveloppé la tête d'écharpes ou de châles et d'après ce que Harry pouvait voir de leurs visages (ils se tenaient dans l'ombre immense de Madame Maxime), ils contemplaient le château d'un air anxieux.
– A queul moment Karkaroff doit-il arriveu ? demanda Madame Maxime.
– Il ne devrait pas tardeu... heu... tarder, répondit Dumbledore. Souhaitez-vous l'attendre ici
ou préférez-vous entrer à l'intérieur pour vous réchauffer quelque peu ?
– Meu reuchauffeu queulqueu peu, queulle bonne ideu, mon cheur Dambleudore, approuva Madame Maxime. Meus qui va s'occupeu de meus cheveux ?
– Vos cheveux sont coiffés à la perfection, assura galamment Dumbledore.
– Dambleudore, queul pleusantin vous feutes ! s'exclama Madame Maxime en pouffant de
rire. Je vouleus parleu deus cheveux de mon carrosse...
– Ah, vos chevaux ! Oui, bien sûr, notre professeur de soins aux créatures magiques sera ravi
de veiller à leur bien-être, déclara Dumbledore. Dès qu'il aura réglé les petits problèmes que lui ont posés certains de ses... heu... protégés...
– Les Scroutts, murmura Ron à l'oreille de Harry avec un grand sourire.
– S'occupeu deus meus eutalons neuceussite, heu... une grande force musculeure..., avertit
Madame Maxime qui semblait douter qu'un professeur de soins aux créatures magiques de Poudlard soit à la hauteur de la tâche. Ils ont une vigueur peu ordineure...
– Je puis vous assurer que Hagrid saura s'y prendre, dit Dumbledore en souriant.
– Treus bien, répondit Madame Maxime en s'inclinant légèrement. Vous voudreuz bien preuciseu à ceut Agrid que meus cheveux ne boivent que du whisky pur malt.
– Nous ferons le nécessaire, assura Dumbledore qui s'inclina à son tour.
– Veuneuz, vous autres, dit Madame Maxime à ses élèves d'un ton impérieux et ceux de Poudlard s'écartèrent pour leur permettre de gravir les marches du château.
– À votre avis, ils vont être grands comment, les chevaux de Durmstrang ? demanda Seamus
Finnigan en se penchant vers Harry et Ron, derrière le dos de Lavande et de Parvati.
– S'ils sont plus gros que ceux-là, même Hagrid n'arrivera pas à les tenir, dit Harry. Mais
d'abord, il faut qu'il arrive à se débarrasser de ses Scroutts. Je me demande où il en est avec eux.
– Ils se sont peut-être échappés, dit Ron avec espoir.
– Ne dis pas ça ! s'exclama Hermione, parcourue d'un frisson. Imagine qu'ils se promènent en liberté dans le parc...
Ils restèrent là, grelottant dans le froid qui s'installait, et attendirent l'arrivée de la délégation de Durmstrang. La plupart des élèves regardaient le ciel, pleins d'espoir. Pendant quelques instants il régna un grand silence que seuls venaient troubler les bruits de sabots et les
hennissements des immenses chevaux de Madame Maxime.
– Tu entends quelque chose ? demanda soudain Ron.
Harry écouta. Un bruit étrange, sonore et inquiétant, leur parvenait dans l'obscurité. C'était une sorte de grondement étouffé auquel se mêlait un bruit de succion, comme si on avait passé un gigantesque aspirateur au fond d'une rivière..
– Le lac ! s'écria Lee Jordan en le montrant du doigt. Regardez le lac !
De l'endroit où ils se trouvaient, au sommet de la pelouse en pente douce dominant le parc, ils
voyaient nettement la surface lisse et noire de l'eau qui, soudain, ne fut plus lisse du tout. De grosses bulles se formèrent et des vagues vinrent lécher les rives boueuses du lac. Enfin, un tourbillon apparut en son centre, comme si on venait d'ôter une bonde géante, au fond de l'eau...
La forme noire d'un long mât s'éleva lentement au milieu du tourbillon... et Cassandra distingua le
gréement...
– C'est un bateau ! dit-elle à Ron, Hermione Harry et Ethan.
Lentement, majestueusement, un vaisseau émergea alors de l'eau, dans le scintillement argenté du clair de lune. Il avait quelque chose d'étrangement spectral, telle une épave sauvée d'un naufrage, et les faibles lueurs qui brillaient derrière ses hublots, comme enveloppées de
brume, ressemblaient à des yeux de fantôme. Enfin, dans un bruit de cascade, le vaisseau apparut entièrement, tanguant sur les eaux tumultueuses du lac, et glissa vers la rive. Quelques instants plus tard, ils entendirent l'ancre tomber dans l'eau et le bruit mat d'une passerelle
qu'on abaissait sur le rivage.
Les passagers débarquaient, défilant à la lueur des hublots. Tous semblaient avoir été bâtis sur le modèle de Crabbe et Goyle, remarqua Cassandra. Mais lorsqu'ils approchèrent de la lumière qui s'échappait du hall d'entrée, il vit que leurs silhouettes massives étaient dues aux capes de
fourrure épaisse et compacte dont ils étaient vêtus. L'homme qui était à leur tête portait une fourrure différente, lisse et argentée, comme ses cheveux.
– Dumbledore ! s'écria-t-il avec chaleur en s'avançant sur la pelouse. Comment allez-vous, mon cher ami, comment allez-vous ?
– Le mieux du monde, merci, professeur Karkaroff, répondit Dumbledore.
Karkaroff avait une voix suave et bien timbrée. Il était grand et mince, comme Dumbledore, mais ses cheveux blancs étaient coupés court et son bouc (qui se terminait par une petite boucle de poils) n'arrivait pas à cacher entièrement un menton plutôt fuyant. Lorsqu'il fut devant Dumbledore, il serra ses deux mains dans les siennes.
– Ce cher vieux Poudlard, dit-il en regardant le château avec un sourire.
Il avait des dents jaunâtres et Harry remarqua que, en dépit de son sourire, ses yeux restaient
froids et son regard perçant.
– Quelle joie d'être ici, quelle joie, vraiment... Viktor, venez donc vous réchauffer... Ça ne vous ennuie pas, Dumbledore ? Viktor est légèrement enrhumé...
Karkaroff fit signe à l'un de ses élèves de le rejoindre. Lorsque le garçon passa devant eux,
Harry aperçut un nez arrondi et d'épais sourcils noirs. Il n'eut pas besoin du coup de coude que
lui donna Ron pour reconnaître aussitôt ce profil.
– Harry... C'est Krum ! murmura inutilement Ron à son oreille.
– Je n'arrive pas à y croire ! dit Ron, abasourdi, tandis que les élèves de Poudlard remontaient les marches du château derrière la délégation de Durmstrang. Krum, Harry ! C'est Viktor Krum !
– Pour l'amour du ciel, Ron, c'est un simple joueur de Quidditch, répliqua Hermione.
– Un simple joueur de Quidditch ? s'exclama Ron en la regardant comme s'il n'en croyait pas ses oreilles.
- Hermione, c'est l'un des meilleurs attrapeurs du monde ! Je ne me serais jamais douté qu'il faisait encore ses études !
Alors qu'ils traversaient le hall en direction de la Grande Salle, Cassandra vit Lee Jordan sauter sur place pour essayer de mieux voir la tête de Krum qui lui tournait le dos. Plusieurs filles de sixième année fouillaient frénétiquement dans leurs poches.
– Oh, non, ce n'est pas vrai ! Je n'ai pas la moindre plume sur moi !
– Tu crois qu'il accepterait de signer mon chapeau avec mon rouge à lèvres ?
– Non, mais vraiment... dit Hermione d'un air hautain en passant devant les deux filles qui se disputaient à présent le tube de rouge à lèvres.
– Moi, je tiens à avoir son autographe, si je peux, dit Ron. Tu n'aurais pas une plume, Harry ?
– Non, elles sont toutes là-haut, dans mon sac, répondit Harry.
Ils allèrent s'asseoir à la table des Gryffondor. Ron prit soin de s'installer du côté qui faisait
face au hall, car Krum et ses condisciples de Durmstrang étaient toujours regroupés à côté de
la porte, ne sachant pas très bien où s'asseoir. Les élèves de Beauxbâtons s'étaient installés à la
table des Serdaigle et regardaient la Grande Salle d'un air maussade. Trois filles avaient gardé sur la tête des écharpes et des châles.
– Il ne fait quand même pas si froid, dit Hermione en leur jetant un regard irrité. Elles n'avaient qu'à emporter des capes.
– Ici ! Viens t'asseoir ici ! dit Ron d'une voix sifflante. Ici ! Hermione, pousse-toi un peu, fais de la place...
– Quoi ?
– Trop tard, dit Ron avec amertume.
Viktor Krum et ses camarades de Durmstrang s'étaient assis à la table des Serpentard. Harry vit Malefoy, Crabbe et Goyle afficher aussitôt un petit air supérieur. Malefoy se penchait déjà vers Krum pour lui parler.
– C'est ça, vas-y, Malefoy, essaye de te faire bien voir, dit Ron d'un ton acerbe. Je suis sûr que Krum a tout de suite vu à qui il avait affaire... Il doit être habitué aux flatteries... Où crois-tu qu'ils vont dormir ? On pourrait peut-être lui faire de la place dans notre dortoir, Harry... Moi,
je veux bien lui donner mon lit, je dormirai sur un lit de camp.
Hermione haussa les épaules d'un air dédaigneux.
– Ils ont l'air beaucoup plus contents que ceux de Beauxbâtons, remarqua Harry.
Les élèves de Durmstrang avaient ôté leurs grosses fourrures et contemplaient d'un air
intéressé le plafond étoilé. Deux d'entre eux, apparemment impressionnés, examinaient les
assiettes et les gobelets d'or.
Rusard, le concierge, était occupé à ajouter des chaises autour de la table des professeurs. Il avait revêtu pour l'occasion son habit râpé à queue de pie. Harry fut étonné de le voir apporter quatre chaises supplémentaires, dont deux de chaque côté de celle de Dumbledore.
– Il n'y a pourtant que deux personnes en plus, dit Harry. Pourquoi est-ce que Rusard ajoute quatre chaises ? Qui d'autre doit venir ?
– Hein ? répondit Ron d'une voix distraite.
Il continuait de regarder Krum avec des yeux avides.
Lorsque tous les élèves se furent assis à leurs tables respectives, les professeurs firent leur entrée et allèrent s'installer autour de la grande table. Le professeur Dumbledore, le professeur Karkaroff et Madame Maxime fermaient la marche.
Lorsque leur directrice apparut, les élèves de Beauxbâtons se levèrent d'un bond, déclenchant quelques éclats de rire dans les rangs de
Poudlard. Ils n'en ressentirent apparemment aucune gêne et ne se rassirent que lorsque
Madame Maxime eut pris place à la gauche de Dumbledore. Celui-ci resta debout, et le silence se fit dans la Grande Salle.
– Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chers fantômes et, surtout, chers invités, bonsoir, dit
Dumbledore en adressant aux élèves étrangers un sourire rayonnant. J'ai le très grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue à Poudlard. J'espère et je suis même certain que votre séjour
ici sera à la fois confortable et agréable.
L'une des filles de Beauxbâtons, qui avait toujours un cache-nez enroulé autour de la tête, éclata d'un rire ouvertement moqueur.
– Personne ne t'oblige à rester ! murmura Hermione, exaspérée.
- Hum, dit Cassandra, je sens que je vais les détester, celles là.
– Le tournoi sera officiellement ouvert à la fin de ce banquet, annonça Dumbledore. Mais pour l'instant, je vous invite à manger, à boire et à considérer cette maison comme la vôtre !
Il s'assit et Cassandra vit Karkaroff se pencher aussitôt vers lui pour engager la conversation.
Comme d'habitude, les plats disposés devant eux se remplirent de mets divers. Les elfes de la cuisine s'étaient surpassés. Harry n'avait jamais vu une telle variété de plats, dont certains appartenaient de toute évidence à des cuisines d'autres pays.
– Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Ron en montrant une grande soupière remplie d'un mélange de poissons, à côté d'un ragoût de bœuf et de rognons.
– Bouillabaisse, dit Hermione.
– A tes souhaits, dit Ron.
– C'est français, précisa Hermione. J'en ai mangé un jour en vacances, il y a deux ans. C'est très bon.
– Je te crois sur parole, répondit Ron en se servant une bonne part de ragoût bien anglais.
Il semblait y avoir beaucoup plus de monde que d'habitude dans la Grande Salle, même si l'on ne comptait guère qu'une vingtaine d'élèves en plus. Peut-être était-ce en raison de leurs
uniformes colorés qui se remarquaient davantage à côté des robes noires de Poudlard. Sous les
fourrures qu'ils avaient ôtées, les élèves de Durmstrang portaient des robes d'une intense couleur rouge sang.
Le banquet avait commencé depuis une vingtaine de minutes lorsque Hagrid se faufila à l'intérieur de la salle en passant par une porte située derrière la table des professeurs. Il se glissa à sa place et salua Harry, Ron, Cassandra et Hermione en agitant une main entourée de bandages.
– Les Scroutts vont bien, Hagrid ? lança Harry depuis la table des Gryffondor.
– En pleine forme, répondit Hagrid d'un air ravi.
– Rien d'étonnant, dit Ron à voix basse. Apparemment, la nourriture qui leur convient le mieux, ce sont les doigts de Hagrid.
A cet instant, ils entendirent une voix demander :
– Excusez-moi, vous avez fini avec la bouillabaisse ?
C'était la fille de Beauxbâtons qui avait ri pendant le discours de bienvenue de Dumbledore.
Elle s'était enfin décidée à retirer son cache-nez, libérant une cascade de cheveux d'un blond argenté qui lui tombaient presque jusqu'à la taille. Elle avait de grands yeux d'un bleu foncé et des dents très blanches, parfaitement régulières.
Ron devint écarlate. Il la regarda, ouvrit la bouche et bredouilla :
– La bouba... la boubaliaisse... La bailloubaisse..
– Bouillabaisse, rectifia-t-elle.
– Bouba... boubia..., balbutia Ron.
– Tu n'as pas l'air très doué pour les langues étrangères... s'impatienta la fille aux cheveux blonds. Alors, vous avez fini, oui ou non, avec cette bouillabaisse ?
– Oui, dit Ron, le souffle coupé. Oui, c'était..., c'était excellent.
Elle prit la soupière et l'emporta avec précaution à la table de Serdaigle. Ron continuait de la regarder les yeux exorbités, comme si c'était la première fois de sa vie qu'il voyait une fille.
Harry éclata de rire et Ron sembla redescendre sur terre.
– C'est une Vélane, dit-il à Harry d'une voix rauque.
– Bien sûr que non ! coupa sèchement Hermione. Personne d'autre ne la regarde d'un air idiot !
Mais elle se trompait. Lorsque la fille aux cheveux blonds traversa la salle, de nombreux garçons tournèrent la tête vers elle et semblèrent eux aussi perdre momentanément l'usage de
la parole.
– Je te dis que ce n'est pas une fille normale ! insista Ron en se penchant de côté pour continuer à la suivre des yeux. On n'en fait pas des comme ça, à Poudlard !
– On en fait des très bien, à Poudlard, dit Harry d'un air absent.
Cho Chang était assise un peu plus loin que la fille aux cheveux blonds.
- Je suis d'accord. Assura Ethan en couvant Cassandra des yeux.
Elle rougit.
– Quand vous aurez de nouveau les yeux en face des trous, tous les trois, dit Hermione d'un ton brusque, vous verrez peut-être qui vient d'arriver.
Elle montrait du doigt la table des professeurs. Les deux chaises restées vides étaient à présent occupées.
Ludo Verpey était assis à côté du professeur Karkaroff tandis que Mr Croupton, le patron de Percy, avait pris place à côté de Madame Maxime.
– Qu'est-ce qu'ils font ici ? s'étonna Harry.
– Ce sont eux qui ont organisé le Tournoi des Trois Sorciers, non ? dit Hermione. J'imagine
qu'ils voulaient être là au moment où il s'ouvre officiellement.
Lorsque les desserts furent servis, ils remarquèrent divers gâteaux qu'ils ne connaissaient pas.
Ron examina de près une espèce de crème blanchâtre puis la glissa vers la droite pour qu'elle soit bien visible depuis la table des Serdaigle. Mais la fille qui ressemblait à une Vélane
semblait avoir assez mangé et ne vint pas la prendre.
Dès que les assiettes d'or eurent été vidées et nettoyées, Dumbledore se leva à nouveau. Il régnait à présent dans la Grande Salle une atmosphère d'attente. Cassandra fut parcouru d'un frisson d'excitation en se demandant ce qui allait se passer.
Un peu plus loin à leur table, Fred et George, penchés en avant, observaient Dumbledore avec la plus grande attention.
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