huitième chapitre 🍃

Nyck ne termine pas la course dans les points.

Il s'en veut énormément et n'a envie d'en parler à personne. Il garde son casque le plus longtemps possible pour le faire comprendre à toutes les personnes de son écurie, et même Yuki, un soldat courageux d'habitude, ne dit rien en le voyant passer devant lui.

Il finit par l'enlever et enfile une casquette avant de se rendre aux impératifs de fin de course.

-T'es trop moche quand t'es triste, de Vries, lui lance Daniel en passant à côté de lui après les interviews, et c'est tellement inattendu que ça fait rire Nyck.

-Merci, Daniel, toi aussi.

-Je suis jamais triste. Donc toujours beau.

-Tu fais des raccourcis, là.

L'australien passe son bras sur ses épaules.

-La course est finie. Débrief et on n'y pense plus jamais. T'as d'autres préoccupations pour ce soir.

-Ah bon ?

Daniel sourit.

-Ben, oui. Dernière soirée, dit-il en haussant les sourcils plusieurs fois, peut-être des vraies dingueries, cette fois.

-Faut vraiment que tu te trouves une occupation, toi, ça devient compliqué.

-Je t'ai jamais dit que je cuisine un peu ?

Nyck rit.

-Pas assez, visiblement, pour avoir encore le temps de mettre ton nez dans mes affaires.

Daniel sourit.

-Je suis juste un homme de plusieurs combats. Allez, à plus, de Vries !

L'Australien s'éloigne, et Nyck soupire. Daniel a raison. Inutile de ressasser la course indéfiniment. Il se fait la promesse de ne plus y penser dès qu'il quittera le motorhome de l'écurie pour le week-end, et c'est ce qu'il fait. Il est content d'avoir pris le temps de prendre une douche lorsqu'il trouve Téo l'attendant devant, un grand sourire aux lèvres.

-Bravo pour ta P13 !

Et sans que le pilote n'ait le temps de comprendre, il l'encercle de ses bras. Nyck est surpris de voir qu'ils font à peu près la même taille, et que s'il le voulait, il pourrait poser sa tête sur l'épaule de Téo et être bien. Il en a très envie, mais quelque chose l'en empêche. ll n'a pas le temps d'y réfléchir plus longtemps que le français relâche son étreinte.

Nyck ne peut pas s'empêcher de lâcher un rire nerveux.

-J'ai rien fait d'exceptionnel, il hausse les épaules, et Téo secoue la tête.

-Bah, t'as fini 7 places devant la dernière. C'est déjà une célébration. En plus, t'as perdu qu'une place depuis hier. T'as eu plusieurs fois des menaces derrière toi, mais t'as bien défendu. Des trucs exceptionnels, il n'y en a pas tant que ça dans une course, c'est pas forcément ça qu'on vient chercher en tant que spectateurs.

Nyck ne sait pas quoi répondre. S'il a appris quelque chose sur Téo, c'est qu'il sait être très sérieux dans ses propos et défendre son point de vue. C'est la première fois qu'il invite quelqu'un qu'il ne connaît pas sur un circuit, son seul point de comparaison étant toutes ces stars qui viennent sur le paddock sans connaître grand-chose du sport. Il se rend compte que la comparaison n'a pas lieu d'être. Il est content d'avoir choisi quelqu'un qui semble apprécier le sport, il n'avait aucun moyen de se savoir juste en regardant un design de casque et il trouve qu'il a fait le bon choix.

-T'es prêt ? lui demande Téo, et Nyck hausse les épaules.

-Prêt.

-J'ai prévu un truc, vu qu'il est encore tôt.

Nyck fronce les sourcils. Il n'a aucune idée de ce à quoi il peut bien faire référence. Il suit Téo loin du paddock, se demandant bien où ils vont.

-Il faut marcher combien de temps ?

-Pourquoi ? demande Téo avant de froncer les sourcils. Ah, j'aurai peut-être dû te demander si ça va pour marcher ou pas après avoir été assis comme un Playmobil pendant la course...

Le pilote rit.

-Mais oui, ça va.

-On y est dans trois minutes. C'est juste tout droit, et à l'angle.

En arrivant à l'endroit indiqué, Nyck sourit en voyant la devanture.

-C'est un truc de bowling et de karting, réalise-t-il.

-Je te laisse imaginer qu'on va pas faire du karting, j'ai quand même réfléchi à ça. Mais on peut faire une partie de bowling, si ça te dit.

Nyck sourit.

-Evidemment que ça me dit.

Nyck prend les devants et s'adresse au monsieur du guichet dans sa langue natale. Quelques minutes plus tard, ils sont devant la piste, et Téo semble plongé dans ses pensées.

-J'ai peut-être oublié de préciser que j'avais jamais joué, si le jeu sur la Wii ne compte pas.

-Oh, t'en fais pas, vu mon niveau, on est à égalité. C'est moi qui dois commencer, observe l'absence totale de talent !

Nyck s'approche de quelques pas et lance sa boule... qui touche une quille.

-Voilà.

-T'as fait exprès, l'accuse Téo, et Nyck rit.

-Non, pas besoin. Je suis naturellement nul. A toi !

Téo semble hésiter, mais il finit par s'exécuter. Il éclate de rire en voyant sa boule rejoindre directement la gouttière.

-Téo contre Nyck, concours du plus nul, pouffe ce dernier, et le français sourit.

-Comment ?

Nyck fronce les sourcils avant de se remettre en question : il a probablement mal articulé. Peut-être qu'il a aussi parlé trop vite. Il oublie parfois que Téo n'a pas un niveau d'anglais de type langue maternelle.

-Téo et...

Il n'a pas le temps de finir : le sourire de Téo s'agrandit, et Nyck s'interrompt lui-même, confus.

-Le e avec un accent. Ça se prononce "é". Pas "i". Téo.

Nyck le dévisage. C'est la première fois du week-end qu'il se fait corriger là-dessus. Il a mal prononcé son prénom à chaque fois qu'il l'a utilisé.

-Daniel m'a fait répéter sans me corriger, marmonne-t-il, réalisant qu'il savait. Téo rit.

-Ça t'étonnes de lui ?

Nyck sourit, gêné.

-Non... mais ça se fait pas trop de me laisser mal prononcer.

-Ça restait totalement compréhensible, vraiment.

Nyck est tout retourné de cette nouvelle information, ce qui n'améliore pas son jeu. Ils jouent en silence jusqu'à ce que Téo ne frappe ses deux premières quilles, ce qui leur provoque de la joie et les fait célébrer comme les joueurs de football lorsqu'ils marquent un but. La partie se termine sur des pauvres scores des deux côtés, et ils se mettent d'accord pour dire qu'il n'y a pas de gagnant mais bel et bien que des perdants.

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