Chapitre I

Je n'ai jamais été très bavard. Déjà au lycée, on me prenait pour le geek de service. Non seulement avec mon look mais aussi parce que j'adorais l'informatique. Je me faisais brimer sans cesse. M'enfin, j'aurais pu me défendre mais ce ne serait qu'une perte de temps. Je trouvais la vie ennuyante... alors un peu de piquant ne fait pas de mal. Je passais tout mon temps dans le labo informatique, ça m'occupait. Mais ce n'est pas ce que je cherchais. Je cherchais un truc qui devait m'hérisser les poils, un truc qui me réveille. Alors que je travaillais sur une petite farce informatique sur les escaliers de l'école, je n'ai pas remarqué qu'il y avait un type qui se reposait sur des marches, un peu plus haut. J'étais encore en première en ce temps-là mais lui, je crois qu'il était un terminale. Il fermait les yeux mais semblait écouter de la musique avec son casque, j'entends que des grincements d'où je suis.

Il se tourna vers moi et demanda avec un sourire : « Tu veux écouter ? ».

Je fais comme si je n'ai rien entendu et retourne à mon PC. Mais le type posa directement son casque sur mes oreilles. Ce que j'ai entendu... m'a complètement bouleversé. C'est comme si j'ai voyagé dans un autre monde. Ça y est, je l'ai ! La chose que j'ai toujours recherchée !

Je pose mon PC et lui demanda directement ce qu'était cette musique. Il ria.

« C'est ce qu'on appelle du rock, petit. En passant je suis Adam.»

« Colin. »

Et c'est comme ça que l'on s'est connu, moi et Adam, mon plus fidèle ami actuel. Depuis ce jour, cette musique illumina mon quotidien, elle m'a transformé : fini les lunettes et la coupe de cheveux salade avec la frange qui cache les yeux. J'ai fait pousser mes cheveux et changea complètement mon style vestimentaire. Le monde du rock et du métal ne m'a plus jamais quitté. Et avec Adam, nous avons monté un groupe, tout en continuant nos études.

Nous avons commencé dans de petits endroits reculés mais au fil des années, nous commençons à jouer dans des pubs ou clubs privés. Même des salles de concert mais quelques fois. Notre succès débute.

A la fac, évidemment, j'ai continué l'informatique. Je m'y suis même spécialisé. Un peu avant la fin de mes études, j'ai fait de petits boulots dans de petites entreprises. Cependant il était temps de trouver un emploi fixe. Faut dire que faire des va-et-vient ici et là fatigue. Je déteste perdre du temps. Je décidai de faire des recherches sur le web. Il y eut bien des offres intéressantes, je passai mon dossier vers les offres qui me plaisaient. Ensuite, je tombai sur un truc louche : une des très grandes entreprises de New-York, la Carter Corp., recherchait des stagiaires spécialisés en informatique, communication et gestion. Et en très grand nombre en plus ! L'offre me fait penser à une blague mais je leur ai quand même envoyé mon dossier. On ne sait jamais...

Une semaine plus tard, on m'appela pour une entrevue pour le poste à la Carter Corp. Je l'ai passée. Mais bon sang le type de gens qu'il y là-bas ! Je crois que cette entreprise n'est pas faite pour moi... mais vraiment, tout le type de gens que je déteste s'y trouve : des hypocrites, des snobs et des lèches-bottes. Enfin ce genre quoi...

A ma grande surprise par la suite, je fus reçu ! Je n'ai pas fait autant d'effort pour être accepté mais leur offre de contrat était vraiment pas mal... non, ça paraissait trop louche. Pourtant on affirme dans le contrat que si le stage est réussi, on aura une place fixe au sein de la corporation. De plus, le salaire augmentera. Je crois que c'est la première fois que j'ai une offre de salaire aussi élevée... pour un stage, en plus... je tente quand même le coup.

Le premier jour, quand je suis arrivé à l'accueil, je suis bluffé. Ce n'est pas pour rien que cette entreprise est internationale. Tout-est-gi-gan-tes-que. A commencer par le hall d'entrée...

Je remarque une file où seuls des jeunes gens font la queue.

« Ce doit être là. »

Vu en vrai, c'est carrément excessif. Je savais que Carter Corp. recherchait de nouveaux employés mais pas à ce point !

Cela doit bien faire 30mn qu'on attend, toujours rien, je perds patience. A mon encontre, les autres papotent déjà entre eux alors qu'ils ne se connaissaient pas il y a quelques minutes. Je croisai les bras, sourcils froncés, tapotant le carreau avec mon pied. Finalement, un homme vint.

Assistant : "Excusez-nous de l'attente. Veuillez-vous regrouper par section je vous prie, un responsable viendra à vous."

(Encore une attente, ça commence à me saouler...)

Je sentis quelqu'un venir à ma rencontre, juste derrière moi. Je me suis tourné et retrouva un ancien pote.

Matt : « Hey Colin ! Je ne savais pas que tu travaillais ici aussi. »
Colin : « 'lut. En fait je commence. »
Matt : « On est deux. Tu es admis dans quelle branche ? »
Colin : « Informatique. »

Je le regarde sans vraiment d'intérêt. Matt et moi sommes de vieux amis, je ne pensais pas le revoir, pas après si longtemps. Il fait partit des rares personnes avec qui je me suis entendu.

Colin : « Bon, j'y vais. »
Matt : « On se retrouve plus tard si tu veux. »
Colin : « Ouais. »

Je me dirige vers ma section. Rien qu'à voir les têtes de mes « futurs collègues », j'ai déjà l'impression que ça ne va pas me plaire. Tous des snobinards... à gesticuler avec leurs nouvelles technologies et se vanter d'eux-mêmes... ça m'énerve...

Je me pose dans un coin. Je ne tiens pas personnellement à m'entraider ou être en bon terme et reste loin d'eux. A un moment, l'homme de tout à l'heure revient.

Assistant : « Le manager du projet sur lequel vous allez travailler va arriver. Il vous expliquera tout. »

Le temps que ce fameux manager arrive, j'ai posé mon casque sur mes oreilles, le volume à fond. Soudain, la porte s'ouvrit. Un blondinet façonné à l'italienne entra : des cheveux bouclés bien arrangés mais virevoltant au vent, un large visage au menton carré, une posture droite, une démarche élégante, un costume parfait... et des yeux de dragueur qui se voient à un kilomètre de loin. Le type de mec que je blaire pas en gros. Il semble un peu plus âgé que moi de deux ou trois ans mais il est déjà manager. Piston je crois. Hmph !

Manager : « Bien le bonjour, je suis Gabriel Simons, votre manager. Je tiens immédiatement à préciser que ce que nous recherchons à la Carter Corp., c'est le top. Ce n'est pas que vous êtes les nouvelles recrues qu'on va vous ménager, au contraire. »

(Ça on le sait, monsieur le génie...)

Gabriel : « Alors, voici votre travail : vous devez créer un site web pour promouvoir le nouveau projet de la Carter Corp. : <<Pink Garden>>. La société vient de signer un contrat avec une ONG œuvrant pour la protection de l'environnement. Le projet en question est la construction d'un immense jardin, au nord de New-York, près de quelques quartiers défavorisés. Le but est d'améliorer le territoire tout en donnant un espace d'activités aux personnes habitant dans le quartier. Le délai de construction est d'un an. Vous avez donc un an pour promouvoir ce site et inciter le plus de monde possible à son inauguration : 2500 personnes minimum. »

(2500 personnes ?! Tu te fous de moi !)

Gabriel : « j'ai oublié... si vous échouez, vous serez tous licenciés. » Colin : « Quoi ?! »

Je n'ai pas pu me taire, sur ce coup. Comment ça si on échoue, on sera viré ? C'est quoi cette politique merdique ? J'avais les nerfs à bout.

Gabriel : « Ce n'est pas pour rien que nous avons engagés autant de personnel en une fois. Normalement, nous nous serons contentés de quelques personnes, trois maximums. Comprenez donc qu'il s'agit d'un grand projet à investissement de plusieurs millions de dollars. Le partenariat avec cette organisation est une opportunité pour Carter Corp. d'ouvrir ses portes vers de nouvelles zones de manifestation. »

(Alors ce n'était pas une offre d'emploi louche... c'est bien un gros projet mais Carter Corp., Carter Corp., il n'a que ça à la bouche ou quoi ?)

Gabriel : « Pour finir, un avertissement : si vous échouez ce projet, vous serez tous licenciés, non seulement de la Carter Corp., mais aussi de ses filiales. »

Et il le dit, comme ça, normalement. Ntsss... C'est notre vie entière qui sera gâchée, bouffon ! Je me demande quelle grande entreprise n'est pas encore liée à Carter Corp. de nos jours...

Ce « Mr. Simons » arrangea sa cravate et se remit à parler.

Gabriel : « Pour résumer : vous avez un an pour promouvoir un site web à propos du projet <<Pink Garden>>. Votre deuxième mission est pareille pour toutes les autres sections : faire en sorte qu'au moins 2500 personnes viennent à l'inauguration du jardin. Utilisez le site que vous avez créé pour le faire, ainsi que la publicité dans les journaux ou par des flyers, etc... bref, n'importe quoi pour attirer l'attention vers le projet. Il s'agit d'une cause environnementale après tout. Enfin, si le projet venait à échouer car vous n'avez pas été compétents, vous tous ici perdront votre travail au sein de la compagnie et aucune de nos filiales ne prendra en compte votre dossier, peu importe comment il est. Bon, je crois que j'ai tout dit, je vous laisse à votre travail, bonne chance. »

Tout au long de son discours, il n'a pas arrêté de sourire. A quoi je m'attendais, je bosse dans un des milieux de la « haute société ». Tout compte fait, rien n'a changé depuis le lycée, je suis dans de beaux draps...

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