Tempora Heroica

Et voilà la 7e année =)

Dites-moi ce que vous en avez pensé ;D

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« 3 juillet 1997.

Nous avons dû nous enfuir. Dans la précipitation, je n'ai pas eu le temps d'emmener mon journal. Alors je commence celui-ci...

Je ne sais pas par où commencer. Tout est allé si vite, et tout est tellement confus dans mon esprit...

Mais ça y est, je l'ai fait. Le plan a marché. Seigneur, le plan a marché...

Il y a trois jours, j'ai fait pénétrer des Mangemorts dans l'enceinte de Poudlard. Voilà, je l'ai écrit noir sur blanc. Que quelqu'un vienne m'arrêter maintenant, ce sont mes aveux...

Mais personne ne viendra m'arrêter. Plus personne ne viendra. Parce que D. est mort...

Je n'arrive pas à affronter ce qu'il s'est passé, mais il le faut. Il y a trois jours, je suis monté au sommet de la Tour d'Astronomie pour trouver D. et le tuer. Nous nous sommes retrouvés face à face, lui et moi... Mais au moment d'agir enfin, je n'ai pas pu. Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout. Je n'ai pas pu le regarder dans les yeux et le tuer de sang-froid, lui le plus grand sorcier du monde, lui le seul espoir de contrer V... Je suis resté paralysé, écorché sur la pointe de l'indécision. Une voix hurlait dans ma tête en boucle : « Je ne veux pas être un meurtrier ! Et certainement pas pour V. ! Je ne veux pas être un Mangemort, devenir réellement un Mangemort... ».

Et D. a lu en moi, et il m'a parlé. Il a décelé toutes mes hésitations, mes souffrances, mes doutes des derniers mois écoulés, il a vu le dilemme qui me possédait, et à quel point il m'était impossible d'en réchapper... Jamais je ne me suis senti aussi compris qu'à cet instant précis. Et cela faisait un bien infini... J'ai baissé ma baguette, je crois bien. Mais à ce moment-là, B. est arrivée... Elle n'était pas seule. Tous les autres étaient avec elle. En me voyant devant D., elle m'a embrassé sur la joue en me disant « Bien joué, Drago ». J'ai frémi d'horreur. Je crois bien que D. l'a vu... Tout comme il a vu que la situation venait de basculer. Moi aussi, je l'ai senti. Je venais de perdre mon unique chance de me rallier à lui et d'échapper à tout ceci... Mais il était trop tard maintenant que B. et les autres étaient là. Elle m'a dit : « Fais-le, Drago. Tue-le ». Mais je ne pouvais pas. Les autres ont commencé à s'impatienter, mes pires craintes étaient en train de se réaliser au grand-jour : tous savaient depuis le début que je n'en serais pas capable, que je n'avais pas ça en moi, et j'étais en train de le leur démontrer, en sachant ce que cela me coûterait...

Là-dessus, R. est arrivé. Je ne sais pas pourquoi, je me suis senti soulagé. Peut-être parce que R. m'a toujours sorti des mauvaises situations ? Peut-être parce qu'il avait promis de me protéger, même si j'ai toujours repoussé son aide ?

D. aussi lui a demandé de l'aider, ce soir-là. Il lui a demandé de l'aider, et R. l'a tué.

Je ne sais plus quoi penser... Je crois que quelque part au fond de moi, j'ai toujours voulu donner crédit aux rumeurs qui prétendaient que R. était un agent double à la solde de D. Mais son crime me force à admettre le contraire... Et je me sens vide. Pire que ça même : je me sens coupable à l'idée d'avoir un jour éprouvé de l'affection pour lui... Je suis en deuil, comme si je venais de perdre un de mes rares êtres chers. J'ai perdu plus que cela en vérité : j'ai perdu un mentor, un soutien, quelqu'un que j'estimais et que je respectais... R. n'est rien d'autre qu'un Mangemort de plus au service de V., en fin de compte. Et D. l'a payé de sa vie...

D... Je suis tellement désolé... Mais vous n'auriez pas dû mourir ! Vous n'auriez pas dû accorder votre confiance à R. ! C'est votre faute ! Comment pouvez-vous nous laisser maintenant ? Comment pouvez-vous mourir et laisser le champ libre à V. ??

Tout est perdu. Tout est perdu...

Plus rien ne se tient sur le chemin de V., désormais. Après la mort de D., B. a tracé la Marque des Ténèbres dans le ciel. Puis nous nous sommes tous enfuis. C'est là que j'ai vu P.

Je crois bien que cette vision m'a achevé... S'il y avait bien un visage que je ne souhaitais pas voir ce soir-là, c'était le sien... Je courais dans un brouillard aveugle, tout entier abandonné à ma confusion, à ma terreur, à mon désespoir sans nom... Et P. a surgi. Il a tenté de s'en prendre à R. B. a voulu lui régler son compte, et je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle l'avait tenté... Mais R. l'en a dissuadée. Il a dit que P. appartenait à V., et nous sommes tous partis. Je ne me suis pas retourné. Comment aurais-je pu ? Comment aurais-je pu affronter le regard de P., après ce qu'il venait de se passer ? Par ma faute...

Plus jamais je ne pourrai le regarder dans les yeux. Plus jamais je ne pourrai le regarder. »

XXX

« 15 juillet 1997.

V. n'a pas perdu de temps. Une de ses premières actions après la mort de D. a été de faire évader tous ses Mangemorts prisonniers d'Azkaban, ce qui inclut mon père... Depuis, nous sommes tous retranchés au Manoir, qui semble être devenu son QG officiel. Et depuis, c'est le défilé...

J'ose à peine l'écrire, tant les mots me manquent pour décrire de telles horreurs. Dire que j'ai rendu tout cela possible... Jamais je ne pourrai me le pardonner... Mais comme toujours, je suis trop lâche pour mettre un terme à ma vie.

Depuis la mort de D., V. a consolidé son pouvoir et commencé à placer tous ses pions dans les hautes sphères du monde sorcier. Ce n'est plus qu'une question de jours avant que le Ministère ne tombe à présent. Scrimgeour, malgré sa volonté de faire croire à tout le monde qu'il tiendra le coup, ne fera pas le poids. V. prépare une attaque massive, et ce sera pour très bientôt.

En attendant, il a donné carte blanche à ses Mangemorts et à tous ses chiens, pour répandre la terreur dans la population. Maintenant que D. est mort, il n'y a plus aucun danger, aucune mesure, aucune restriction. Des familles Moldues sont tuées pour le seul plaisir de les tuer, et de leur rappeler leur place dans la hiérarchie de l'existence...

Mais surtout, quand je parle de défilé, c'est le défilé des victimes que V. accumule sous mon propre toit...

Pour ces victimes-là, il prend son temps. Ce sont des invités de marque, après tout. Des gens importants. Des gens qui s'opposent à lui depuis le tout début, ou qui ont des renseignements. Des gens dont la mort est symbolique pour sa cause...

Aujourd'hui, je connaissais la victime que V. a assassinée juste sous mes yeux. Elle s'appelait Charity Burbage. Et c'était l'une de mes professeurs. Je la connaissais, je l'ai vu me reconnaitre, et reconnaitre R., et nous supplier... Mais nous n'avons rien fait. R. parce qu'il ne vaut guère mieux qu'un serpent froid, et moi... Moi, simplement par lâcheté. Je suis resté assis là sans oser la regarder, sans même avoir la décence d'affronter son regard... Et j'ai laissé V. la tuer.

Par moment, ma conscience me souffle : « Mais qu'est-ce que tu aurais pu faire, de toute façon ? Tout seul contre lui, contre eux tous ? Tu serais mort, et il l'aurait tuée ensuite de toute façon. En vérité, tu sais très bien qu'il n'attend que ça : que tu te rebelles, que tu lui offres une occasion de te descendre... »

Mais ces arguments sonnent faux à mes oreilles. Je suis un lâche, c'est tout. Je mérite ce qui m'arrive, je mérite ce que j'endure, je mérite d'être ici. La seule chose que je puisse faire pour me rendre un peu moins coupable, c'est de me rappeler de cette femme, et d'écrire son nom : Charity Burbage... A partir de maintenant, j'écrirai leurs noms à tous. »

XXX

« 21 juillet 1997.

Il est devenu extrêmement risqué pour moi de tenir ce journal. Mais je le ferai quand même. Ce sera mon unique acte de bravoure dans cette guerre... Et même celui-là, il est égoïste : je suis tout simplement incapable de vivre sans coucher tout ce qu'il m'arrive sur le papier...

V. prépare un plan pour capturer P. avant son dix-septième anniversaire. C'est dans dix jours. Après, la Trace ne le protègera plus. Nous savons que pour cette occasion, l'Ordre tentera probablement de transférer P. dans une maison sûre. Mais il y a encore des doutes quant à la date à laquelle aura lieu ce transfert. V. penche pour les informations de R. : le 27 juillet.

Moi, tout ce que j'espère, c'est ne pas devoir y prendre part... C'est que leur plan échouera... P., tu dois t'enfuir, je t'en supplie. Je compte sur tes amis pour te protéger. Puisque moi, je ne peux pas le faire... »

XXX

« 28 juillet 1997.

Le plan a échoué. Dois-je écrire que je suis réjoui ? Oui, je suis réjoui. Je n'ai plus beaucoup d'occasions de l'être ces temps-ci, alors autant les savourer lorsqu'elles se présentent...

Je n'ai pas fait partie du commando envoyé par V. pour intercepter P. Quelque part, peut-être que j'aurais aimé en faire partie : ça aurait été un bon prétexte pour me faire tuer sans avoir à me tuer moi-même... Et je serais peut-être mort de la main que celui que j'aime : y a-t-il une plus belle façon de mourir ?

Mais non, je n'aurais pas supporté d'ignorer le sort de P. Je dois résister à cette guerre aussi longtemps que possible, ne serait-ce que pour m'assurer qu'il reste en vie...

J'ai pris une résolution ce soir, je crois. R. n'était pas un agent double, mais moi je peux l'être. Après tout, je n'ai plus rien à perdre. J'ai coupé tous liens avec A. pour ne pas la mettre en danger, donc je n'ai plus personne. Je n'ai aucun avenir dans ce nouveau monde que V. est en train de façonner : je n'en veux pas. Alors, lorsque le destin nous confrontera P. et moi, et je sais qu'il le fera... Je le protègerai. Je mourrai en protégeant P. Voilà la résolution que j'ai prise. C'est le plus grand affront que je puisse faire à V., la plus belle mort que je puisse m'offrir, et l'unique moyen de laver mon honneur...

PS : Il va de soi que V. était fou furieux d'avoir laissé échapper P., mais il est trop préoccupé par l'attaque du Ministère pour s'y attarder. En plus, pendant le raid, Maugrey Fol Œil a été tué. J'ajoute son nom à la liste des victimes. »

XXX

« 2 août 1997.

Le Ministère est tombé. Encore une fois, j'ai assisté aux évènements de loin. Cela vaut sans doute mieux pour ma conscience, mais je crois que cette inaction commence à me rendre fou. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à regarder à travers le trou d'une serrure. Sans avoir le courage ou l'influence nécessaire pour modifier ce que je voyais, ou ne serait-ce que pour y prendre part. Non, la seule fois où j'ai osé agir, c'était pour permettre à toutes ces horreurs d'arriver...

V. a tué Rufus Scrimgeour et placé son pantin à sa place : Pius Thicknesse. Autant dire que c'est V. qui est aux commandes... Dès demain, il promulguera les lois qui rendront légale la chasse aux Nés-Moldus. Un nouveau régime est sur le point de naître...

Fort de son succès, V. en a profité pour lancer une attaque sur le Terrier, la maison de W., où P. était supposé se cacher. De ce qui m'en a été rapporté, les Mangemorts ont débarqué au beau milieu du mariage du frère de W., mais tout le monde s'était déjà enfui...

P. et ses amis sont dans la nature. La guerre est belle et bien déclarée à présent. »

XXX

« 13 août 1997.

V. a capturé Ollivander, le fabriquant de baguettes. Je n'ai aucune idée de ce qu'il peut bien lui vouloir, mais il le torture sans arrêt. Ma cave est devenue la maison des hurlements et des horreurs... »

XXX

« 1er septembre 1997.

V. a nommé R. directeur de Poudlard. Deux autres de ses Mangemorts ont obtenu des postes de professeurs : les frère et sœur C. La sœur enseigne l'étude des Moldus. Non mais quelle blague...

C'est la première fois que je ne prends pas le Poudlard Express cette année. Je n'ai jamais autant souhaité le prendre... Même si j'y ai immensément souffert l'année dernière, ce château a toujours été pour moi une protection, un refuge à l'abri de V. et sous la protection de D., et surtout, une maison, bien plus que tout ce que le Manoir a jamais représenté pour moi... A Poudlard, j'étais loin de mon père et de ses coups. J'étais loin de V., loin de la guerre (aussi loin que je pouvais l'être). A présent, je suis en plein dedans...

Mais je suis réaliste. Je sais très bien que la vie à Poudlard serait un enfer pour moi, comme en cinquième année. Je serais le Mangemort triomphant que tout le monde déteste. Je ne supporterais pas d'arpenter les couloirs en sachant que tous les regards me crucifient et m'accusent de la mort de D. »

XXX

« 10 septembre 1997.

P., ton visage est partout : à la une des journaux, des affiches, placardé dans toutes les rues... Impossible de faire un pas sans te croiser, sans croiser ton regard naïf et vaguement perdu, comme si tu te demandais toi-même toujours ce que tu faisais là, au milieu de cette guerre...

C'est une torture de t'apercevoir comme cela sans arrêt alors que ce n'est pas vraiment toi, et en même temps, c'est un soulagement... Tous les jours, je vis dans l'angoisse qu'ils ne t'arrêtent, que V. et ses sbires te retrouvent, qu'ils te raflent et te conduisent devant moi pour te tuer... Et à chaque nouveau jour qui passe sans nouvelle de toi, je suis soulagé. Survis, Harry. C'est ce que tu sais faire le mieux, après tout, pas vrai ? Le Garçon-Qui-A-Survécu... Survis encore une fois pour moi, s'il-te-plait. Survis. C'est le pire affront que tu puisses lui faire. »

XXX

« 2 novembre 1997.

Il y a eu un incident au Ministère aujourd'hui. P., tu es vraiment un inconscient...

Tu t'es montré au grand jour en plein cœur du Ministère, avec ces crétins de W. et G. ! Et tout ça pour quoi ? Pour agresser cette imbécile de D.O. ?

Je ne comprends pas ce qui t'es passé par la tête. Je ne comprends pas quel était ton but en faisant cela, même si je suppose que c'était important...

Harry, tu dois être plus prudent, d'accord ? Autrement, il te retrouvera, je te le garantis...

Y. a déjà fait son rapport. Il a vu l'endroit où vous vous cachiez lorsque G. vous a fait transplaner : le 12 Square Grimmaurd. Vous vous en êtes sortis de justesse cette fois, il n'y aura sans doute pas de seconde chance...

Où que vous soyez, j'espère que vous êtes bien cachés. »

XXX

« 8 novembre 1997.

V. a voyagé en Europe de l'Est ces derniers jours. Je sais qu'il est à la recherche de Gregorovitch, le plus grand fabricant de baguettes d'Europe. Le mystère s'épaissit... J'ai l'impression que P. et V. sont tous les deux devenus fous. Je ne supporte pas d'être spectateur d'évènements que je ne comprends pas. »

XXX

« 21 novembre 1997.

Jason et Allison Dunbright. Bella, Jake, Charlie et Madge Fowly. Joe Lawry. Elliot et June Masterson. Naomie Hotchkeith. Timothy, Juliet et David Chields. Tuck Davison. Ethan Smith. George Ducatis. Toby et Olivia Leaves. Jacob et Milly Erland. William et Brian Gallagher. Alba Philips. Elsie Valentine Shroeder. Jennifer Winston. George Youth. Scarlett Charles.

Je les écrirai tous, tous leurs noms, même si je n'ai plus d'encre et que je dois écrire les derniers avec mon propre sang.

Je les écrirai tous. Parce que je leur dois bien ça. C'est tout ce que je peux faire pour eux. Ne pas les oublier. Ecrire que leur mort compte... »

XXX

« 24 décembre 1997.

Joyeux Noël, Harry. Où es-tu ?

J'ai de plus en plus de mal à t'appeler P. dans ce journal. Peut-être parce que je sais que c'est bientôt la fin, et que j'en ai marre de prétendre... Et qu'est-ce que cela peut faire si on lit ton nom dans mon journal, après tout ? Son contenu à lui seul suffirait à me condamner sur le champ. Ce n'est pas quelques initiales qui me protègeront. Toi aussi, tu es une victime... Tu mérites d'avoir ton nom tracé en toutes lettres en haut de la liste.

Harry, c'est le réveillon de Noël, et je songe à ce Noël ensemble que nous avons eu pendant notre quatrième année. Ça ne t'a rien fait de particulier bien sûr, et tu ne l'as sans doute même pas remarqué, mais... Moi, ça m'a marqué. Je voudrais revenir en arrière, quand nous n'étions encore que des enfants qui se haïssaient comme des enfants. Libres de se haïr sans que cela fasse partie d'une guerre... Libres de se réconcilier aussi...

J'aimerais tellement être avec toi en ce moment-même. J'espère que tu vas bien. J'espère que tu es avec quelqu'un qui t'aime autant que je t'aime. »

XXX

« 4 janvier 1998.

Des gens continuent encore à se dresser contre V., et ils en payent le prix... Mais cette fois je dois dire, le prix est particulièrement dur...

Cela fait des mois que Xenophilius Lovegood reçoit des avertissements concernant les articles qu'il publie dans son torchon, le Chicaneur. Mais il n'a jamais donné suite. Alors, V. est passé à l'étape supérieure...

Lorsque Luna est rentrée à Poudlard à la fin des vacances de Noël, les frère et sœur C. l'ont enlevée et amenée au Manoir.

La cave des Malefoy se remplit de plus en plus...

Mais cette fois, c'est différent. Cette fois, je la connais. Elle est allée à Poudlard avec moi. Nous avons le même âge. Je l'ai vue soutenir P. dans les gradins du stade de Quidditch, je l'ai vue rire avec lui dans la Grande Salle, je l'ai vue à ses côtés dans toutes ses épreuves... Cette fille, ce n'est pas juste n'importe quelle fille. C'est une amie de P., une de ses plus proches amies. Et je la retiens en otage...

Seigneur, je suis définitivement un monstre... Qu'est-ce que je ferai si V. la torture ? S'il la tue ? Si j'avais un tant soit peu de courage, j'essaierai de la faire s'échapper... Ta vie contre la mienne, Luna...

Je t'en prie, il faut que tu te battes. Je ne veux pas avoir à ajouter ton nom à ma liste. Je ne veux pas endurer le regard de P. si je te laisse mourir sous mes yeux... »

XXX

« 9 février 1998.

J'ai essayé de faire entendre raison à Père aujourd'hui. Depuis sa libération d'Azkaban et tout ce que V. lui a fait subir : la disgrâce, les humiliations, il vit dans la terreur de son maître et ne lui obéit que pour épargner nos vies. J'ai essayé de le convaincre de relâcher Luna Lovegood, en faisant passer cela pour un accident, mais... Tel père, tel fils. Lui non plus n'en a pas le courage. Il craint trop les conséquences que cela aurait pour nous.

Quand je le regarde à présent, passer ses journées le regard dans le vide, à scruter sa Marque en redoutant qu'elle ne le brûle... Je me demande comment j'ai pu avoir un jour peur de cet homme. Je me demande comment j'ai pu le laisser gagner une telle influence sur ma vie. C'est ça, mon père ? Cette créature informe, infect, qui se traîne et se complait dans sa propre lâcheté ? Quand je le regarde à présent, j'ai honte. J'ai tellement honte d'être un Malefoy... »

XXX

« 19 mars 1998.

V. voyage à nouveau. Il est allé dénicher Grindelwald, dans sa prison du bout du monde... Dieu seul sait ce qu'il lui veut... Mais c'est Grindelwald : ça ne peut pas être bon. Plus le temps passe et plus je sens la catastrophe se profiler... »

XXX

« 22 mars 1998.

Le pire est arrivé. Tout ce que je redoutais, le pire est arrivé.

P. et ses amis ont été capturés par des Rafleurs.

Enfin, plus précisément... Des Rafleurs ont capturé un adolescent qu'ils ont suspecté d'être Harry Potter. Dans le doute, ils l'ont conduit au Manoir Malefoy avec ses deux autres amis. Et dans le doute, c'est à moi qu'ils l'ont présenté, pour que je tranche. Pour que je leur dise s'il s'agissait bien de Potter ou non.

Quand je suis entré dans la pièce... Quand je l'ai vu, j'ai cru que j'allais mourir... Il avait reçu un sortilège en pleine figure, mais c'était lui, je l'aurais reconnu entre mille. D'ailleurs, G. et W. étaient là. Je suis sûr que ce sortilège était un coup de génie de G...

Ma tante B. m'a forcé à m'approcher. A m'approcher vraiment. Je t'ai vu, Harry. Pour la première fois depuis des mois, je t'ai vu, j'ai croisé ton regard. J'ai senti toute ta peur, et ta colère... Et aussi la supplique. Je t'ai vu me supplier de ne pas te dénoncer. J'ai vu ta terreur à l'idée que je le fasse...

Evidemment que tu étais terrifié... Tu n'avais aucune raison de me faire confiance. Aucune raison de croire que je mentirais pour toi... Pour toi, je n'ai jamais été qu'un Mangemort qui a tenté d'assassiner D.

Pourtant, je n'ai pas parlé. Je me souviendrai de ce moment jusqu'à la fin de ma vie. Chaque battement de cœur est gravé dans ma mémoire, chacun de tes traits déformés, chaque seconde...

Mon père penché sur moi, à me murmurer à l'oreille : « Tout sera pardonné, Drago... ». Sur l'instant, j'ai eu envie de vomir. Ma cinglée de tante qui tentait de me cajoler... Et toi, bien vivant devant moi... Pris au piège... Ta vie suspendue à la mienne...

Je n'étais pas prêt, Harry. Pas prêt pour un tel renversement de nos situations. Depuis le temps que j'anticipais notre affrontement, je n'étais pas prêt. J'avais toujours pensé que ce serait toi qui serais en position de force. Que je n'aurais aucune chance, que je mourrais vite. Pourquoi es-tu apparu devant moi, faible et désarmé ? A ma merci... Pourquoi ?

Je ne t'aurais jamais dénoncé, tu sais. J'aimerais pouvoir te le dire. Ce qu'il s'est passé avec B. ensuite m'en a empêché. Elle s'est rendue compte qu'en capturant P. et ses amis, un des Rafleurs avait récupéré un objet qui n'aurait pas dû être en leur possession. Un objet qui aurait dû être caché dans sa chambre forte à Gringotts. L'épée de Godric Gryffondor.

C'est encore un élément qui s'ajoute à la longue liste des choses que je ne comprends pas. Vue la réaction de B., l'épée et le coffre doivent être extrêmement importants. Suffisamment importants pour relayer P. et W. à la cave...

C'est là que les choses ont vraiment mal tourné. B. a commencé à torturer G...

Hermione. Je peux écrire ton nom dans mon carnet, maintenant... Hermione, je suis tellement désolé. Tu es une fille bien. Intelligente, belle, courageuse. Je ne peux pas te dire combien je t'ai enviée et admirée. Combien je t'ai détestée pour ça... Pour ton amitié avec Harry, pour ta droiture, ta force morale... Combien j'aurais aimé mieux te connaitre...

Ce que B. t'a fait, je le vengerai, crois-moi. Cette femme est le pire être vivant qui ait jamais foulé cette Terre. Et un jour, elle le paiera. Je l'emporterai avec moi avant de mourir. Je suis désolé de t'avoir traité de Sang-de-Bourbe, Hermione...

Tu as pu t'échapper avec P., W. Luna et Ollivander, et même avec ce gobelin que nous gardions depuis des mois... Et tout ça grâce à notre ancien elfe de maison, si ce n'est pas ironique...

Quelque part, mes soucis de conscience s'envolent avec toi : Luna est libre, P. s'en est encore et toujours sorti... J'espère que vous allez bien. Je me moque du châtiment que V. nous infligera pour vous avoir laissé vous échapper. J'espère que vous allez bien.

PS : Pettigrow est mort. Et j'ai eu le droit à un des Expelliarmus de P. Entre nous, c'est quasiment un baiser... »

XXX

« 14 avril 1998.

Plus aucune nouvelle de toi Harry. V. en devient fou. Et moi aussi...

Je sais que dans ces circonstances, je devrais me réjouir de ne pas entendre parler de toi. Mais c'est impossible. Toutes les nuits je risque ma vie en écoutant les stations de radio clandestines. »

XXX

« 1er mai 1998.

P., W. et G. ont cambriolé la banque de Gringotts aujourd'hui.

P., tu es complètement fou !!

Moi-même en me relisant, j'ai du mal à y croire... Tu as cambriolé la chambre forte de B., et tu t'es enfui à dos de dragon...

Un dragon... Il n'y a décidément que toi pour faire des choses pareilles...

Mais tout ceci ne me dit rien qui vaille. V. était fou de rage en apprenant la nouvelle. Je me doute bien que cette effraction a un rapport avec le coup de sang de B. lorsqu'elle a vu l'épée, lorsqu'elle a cru que G. s'était introduite dans son coffre... Que pouvait-il y avoir d'autre dans ce coffre ? Quelle est cette chose si précieuse que V. a confiée à B. pour l'abriter dans le lieu le plus inviolable de tous ? Serait-ce une arme ?

Je prie de tout mon cœur pour que ce soit une arme. Ou un moyen de détruire V. Ou n'importe quoi qui puisse renverser la vapeur de cette guerre. P., je ne comprends pas ce que tu fais, mais je suis de tout cœur avec toi. Etant donné leurs réactions, tu les as bien eus aujourd'hui. Continue... J'aimerais te dire d'être prudent, mais... Je te connais. Tu n'es pas lâche comme moi. »

XXX

« 3 mai 1998.

L'Apocalypse a eu lieu. Comment décrire l'Apocalypse ?

L'Apocalypse, c'est la bataille de Poudlard, qui s'est déroulée hier. C'est cet affrontement ultime que j'ai redouté toute ma vie, et qui m'a finalement rattrapé... Voldemort est mort.

Il faut que je l'écrive, avant de raconter quoi que ce soit d'autre, parce que je n'arrive pas à y croire : Voldemort est mort ! Et je suis toujours en vie...

Le 2 mai 1998 restera sans conteste dans les mémoires comme une date historique. Le jour où le Seigneur des Ténèbres a été vaincu pour la deuxième fois, et cette fois pour toujours. Le jour où le bien a triomphé du mal, le jour où Harry Potter a accompli la prophétie qui lui était destinée, et où il nous a tous sauvés, tous, une fois de plus...

Harry, je suis bouleversé par les derniers évènements, ébranlé, épuisé, je ne sais plus quoi penser ni ressentir, et j'ignore totalement de quoi sera fait l'avenir... Mais à l'heure où j'écris ces lignes, de retour chez moi dans ma chambre – une scène surréaliste – je suis fondamentalement heureux. Plus heureux que je ne l'ai jamais été dans ma courte et misérable vie. Je suis heureux grâce à toi, Harry. Parce que tu es en vie. Parce que je n'ai jamais cru à une issue positive pour ce conflit, et pourtant, tu as réussi... Comme toujours, tu as dépassé toutes mes espérances, tu les as transcendées... Comme toujours, je t'aime à la folie, et je voudrais t'embrasser contre mon cœur et serrer très fort... Caresser chaque parcelle de ton corps pour m'assurer que tu n'as rien... Te guérir de tout ce mal que tu as dû endurer...

Peut-être vaudrait-il mieux que je raconte ce qu'il s'est passé. Il y a des centaines de témoins, mais c'est important pour la postérité...

Le 2 mai 1998, sans nous en expliquer la raison, Voldemort nous a déclaré que Potter était à Poudlard, et qu'il était temps de livrer notre dernière bataille. Mon ventre s'est noué à cet instant. Tout mon être, en vérité... Je me suis dit : « Ça y est, Drago. Prépare-toi à mourir. Essaye juste de le revoir, peut-être, une dernière fois... ».

Tous nos alliés ont transplané, mais à la dernière minute, Voldemort m'a retenu. Il avait une mission spéciale pour moi. « Pas tuer Potter », j'ai pensé. « Par pitié, pas tuer Potter... ».

Mais ce n'était pas ça. Il voulait que je me rende dans la Salle sur Demande pour y récupérer un diadème qui y était caché, le diadème de Rowena Serdaigle. Sur le moment, je n'ai pas osé poser de questions. Mais lorsque le bouclier du château est tombé, lorsque je me suis retrouvé dans l'enceinte... J'ai compris.

Toutes ces heures où Père m'a forcé à étudier la magie noire ne m'ont pas servi à rien. Des objets symboliques pour Voldemort ? Des objets puissants, qu'il souhaitait protéger à tout prix ? J'ai à peine osé formuler l'idée dans mon esprit, mais elle était bien là. Horcruxes.

Etait-ce possible ? Etait-ce cela que Potter et ses amis avaient compris bien avant moi, cela qu'ils tentaient désespérément d'obtenir depuis le début ? Voldemort avait créé un, voire des Horcruxes, et ils cherchaient à les retrouver et à les détruire ?

Une fois encore, je me suis senti aveugle. Et en panique. Je suis entré dans la Salle sur Demande, Crabbe et Goyle avec moi, mais Potter était déjà là. Il avait déjà trouvé le diadème. De toute façon, si je l'avais trouvé le premier, je crois que je le lui aurais donné moi-même... Si c'était cela le dernier obstacle pour anéantir Voldemort...

Mais là, nous nous sommes retrouvés face à face, pour de bon, enfin. Paralysés l'un et l'autre. Je m'attendais à ce que tu m'attaques, Harry, mais tu ne l'as pas fait. Enfin, si, tu l'as fait, mais pas avec ta baguette. Avec des mots. Tu m'as dit : « Pourquoi tu n'as rien dit à Bellatrix, Drago ? Tu savais que c'était moi ».

« Drago... »

C'était la première fois que je t'entendais prononcer mon prénom. Ça sonnait étrange, dans ta bouche... Je donnerais n'importe quoi pour t'entendre le dire encore...

Ton attaque a frappé juste, évidemment. A ce moment-là, j'ai été pétrifié, parce que je me suis rendu compte que tu avais su lire en moi. Tu savais que j'avais des doutes, et tu as appuyé dessus. Je ne peux pas t'exprimer l'espoir que cela m'a fait ressentir... J'ai toujours cru que tu me considérais comme un crétin sans cervelle et monolithique. Sans nuances, sans émotions. Mais non, tu as su voir le déchirement en moi... Alors peut-être, peut-être que tu ne me prends pas uniquement pour un connard... Peut-être que tu as su te mettre à ma place, ne serait-ce que l'espace d'une petite seconde...

Là-dessus, W. et G. sont arrivés, et ça a été la guerre. Ces crétins de Crabbe et Goyle ont lancé des Avada Kedavra contre des Stupéfix... Au final, Crabbe a commis la connerie ultime, et il a libéré du Feudeymon.

J'ai cru que c'était la fin. J'ai cru que j'allais mourir, et je me suis dit qu'au moins, je pourrais mourir sur une pensée heureuse.

Mais c'est là que l'impensable est arrivé. Tu m'as sauvé, Harry. Tu m'as sauvé moi. Sept longues années à désirer ton attention, sept longues années à ne vivre que pour le moindre de tes regards, et ce jour-là, c'est moi que tu as sauvé... Enfin pour la première fois de ta vie, toi, Harry Potter, tu as risqué ta vie pour moi... Ton plus vieil ennemi. Drago Malefoy.

Tu nous as fait sortir de la Salle sur Demande sur un balai, et je me suis cramponné à toi aussi fort que j'ai pu. C'est stupide je le sais, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être conscient de ton corps contre le mien, à ce moment-là... Sans doute parce que nous n'avions jamais été aussi proches. Sans doute parce que j'avais désiré ce contact depuis si longtemps. Il remplissait ma conscience... Même le danger n'avait plus d'importance. Le danger, ça te connait. Je me sentais en sécurité. J'étais celui que tu protégeais...

Au final, lorsque ça a été terminé, j'ai fait ce que je sais faire le mieux : je me suis enfui sans même plus penser au diadème. J'ai tenté de survivre au milieu du champ de bataille qu'était devenu le château. J'ai tenté d'apporter ma contribution à mon niveau, en trouvant Bellatrix et en lui réglant son compte une bonne fois pour toutes, mais avec tout ce chaos, c'était impossible... J'avais déjà du mal à empêcher les membres de l'Ordre de me tuer, hahaha...

Je ne peux pas décrire le carnage d'une telle bataille. Les blessures, les hurlements, les sortilèges qui fusent de toutes parts... Les morts, par dizaines... Des visages amis, ennemis. Tous se confondent. Tous gisent à terre dans les bras les uns des autres, et leur mort est absurde. La guerre semble aussi insignifiante que deux mouches minuscules se battant sur la voûte d'une cathédrale. Il n'y a plus de sens, plus de logique, plus rien. Seule compte sa survie, et celle de ceux qui nous sont chers... J'ai essayé de retrouver Potter pour le protéger de loin, mais là, Voldemort a lancé son appel. Il prétendait nous accorder un répit, le temps que nous nous occupions de nos morts, et qu'Harry décide de se rendre...

Jusqu'au dernier instant, j'ai cru que tu ne te rendrais, pas Harry. Tout ce que je connaissais de toi me criait que tu ne te rendrais pas. Mais tu l'as fait. Et lorsqu'Hagrid est revenu de la Forêt Interdite en te portant mort dans ses bras, j'ai cru mourir moi aussi...

Tous les espoirs, toute la lumière que tu venais de rallumer en moi s'est éteinte aussi brusquement qu'elle était apparue. J'ai cru mourir, et lorsque Voldemort m'a demandé d'approcher de lui, lorsqu'il m'a pris dans ses bras et qu'il m'a félicité, j'ai fermé les yeux, j'ai ignoré l'instant présent, en visualisant la corde à laquelle je me pendrais en rentrant chez moi... Cette fois, je savais que j'en aurais le courage. Parce que tu étais mort. Et donc, je n'avais plus aucune raison de vivre... Le pire scénario s'était réalisé : V. avait gagné, il t'avait tué...

Et puis soudain, tu es revenu d'entre les morts. C'était un miracle, Harry. Pour la deuxième fois, tu as été le Garçon-Qui-A-Survécu. Quand je revois l'horreur sur le visage de Voldemort... Ça aussi, je m'en souviendrai toute ma vie. Mère m'a contraint à fuir la bataille avant que tout ne soit terminé. Mais je savais que c'était gagné, Harry. Les Mangemorts désertaient par dizaines...

Je n'étais pas là quand tu as tué Voldemort. Je n'étais pas là pour voir comment ça s'est passé. Mais ça n'a aucune importance, parce que tu es en vie, et moi aussi. Parce que le monde va vivre...

Je ne peux rien ajouter en ce qui concerne le futur. Je me contenterai donc d'écrire les tous derniers noms dans mon carnet. Fred Weasley. Nymphadora Tonks. Remus Lupin. Colin Crivey. Vincent Crabbe, parce que je le connaissais depuis si longtemps, et qu'il n'était qu'un gamin fanatisé de plus, qui n'aurait pas dû avoir à mourir dans cette guerre. Bellatrix Lestrange, parce que je célèbre sa mort. Et Severus Rogue, parce qu'il était mon parrain, en dépit de tout.

Le dernier nom, je ne l'écrirai pas. Toute sa vie, il a voulu qu'on le craigne. Alors aujourd'hui, je le fais tomber dans l'oubli. »

XXX

« 5 juin 1998.

C'est mon anniversaire aujourd'hui. J'ai dix-huit ans. Une année de plus... Cette année que je croyais ne jamais pouvoir franchir...

Le chaos commence doucement à retomber, et même moi, j'arrive à y voir plus clair. Le monde se relève lentement. Il a enterré ses morts, commémoré leur mémoire. Harry, tu me trouveras peut-être cynique ou tout simplement pessimiste, mais moi je crois être lucide : le monde réclamera vengeance, très bientôt.

La plupart des Mangemorts se sont enfuis, mais quelques-uns ont déjà été arrêtés et pourrissent dans les geôles d'Azkaban dans l'attente d'un procès. Mes parents et moi n'avons été épargnés qu'en raison du rôle ambigu que nous avons joué lors de la bataille. Ambigu... S'il y a bien un mot qui me résume parfaitement...

En clair, je ne me fais aucune illusion : je me doute que c'est toi qui nous as obtenu un sursis Potter, mais ça ne tiendra pas. Il y aura un procès, très bientôt. Et je n'ai pas l'intention d'être là pour y assister.

Mes parents le savent eux aussi : ils ont d'ores et déjà entamé des préparatifs pour que nous puissions fuir ensemble tous les trois.

Je n'ai aucune intention de les suivre. L'issue de cette guerre m'a ouvert les yeux et libéré d'eux pour de bon. Plus jamais je n'accepterai de vivre dans l'ombre de Lucius Malefoy...

J'ai tenté de contacter Astoria, pour que nous prenions la fuite elle et moi. J'ignore si elle recevra mon message, étant donné que le Ministère intercepte probablement notre courrier. Harry, je crois que c'est ici que nos chemins se séparent... Pour combien de temps, je ne saurais le dire. Si je veux rester libre, je dois me résoudre à t'observer de loin pendant quelques temps. Tâche de te reconstruire, tu veux bien ? J'ai lu toutes les vérités que tu as révélées sur Rogue, et pour cela, je te suis infiniment reconnaissant... Je regrette de ne pas avoir pu lui dire que je l'aimais. D'avoir douté de lui. De ne pas avoir su voir l'homme extraordinaire qu'il était...

Je suis sûr que sur ce point, tu me comprends toi aussi.

Je pars demain matin. Je laisse ce journal derrière-moi au cas où quelqu'un se donnerait la peine de le trouver. A défaut d'être quelqu'un d'important, je crois que ce journal, lui, est important. Quand j'ai commencé mon premier carnet à onze ans, j'étais persuadé qu'on s'en servirait plus tard pour écrire mes mémoires. Ensuite, en cinquième et sixième années, avec toutes ces choses affreuses qu'on me demandait de faire, je pensais que cela me permettrait de me défendre face à la postérité. Que cela permettrait de faire entendre ma voix, mes remords...

Aujourd'hui, à la fin de cette septième année, je réalise que j'ai toujours eu tort sur le véritable but de ce journal. Tout cela n'a jamais été à propos de moi. Non, c'est un témoignage. Un témoignage de la guerre, et de toutes les victimes qu'elle a faites. Un hommage rendu à tous ces noms que j'ai consignés dans ce carnet page après page...

J'ignore de quoi mon avenir sera fait, mais je sais que je m'emploierai à les venger. Un jour, l'un après l'autre, je ferai entendre leur voix à eux aussi. Je m'inspirerai de ta force, Harry.

Pour l'heure, je m'en remets à la fuite... Je t'aime. Merci pour tout. Adieu. »

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