Condemnant Quod Non Intellegunt
- Il faut qu'on parle ! répète Ron dès que j'entrouvre le battant.
Ses traits sont plissés, soucieux. Il a l'air contrarié, mais il n'ose pas encore m'attaquer frontalement. Je reste son supérieur et son meilleur ami, après tout... Du moins sur le papier.
Je m'écarte sans dire un mot pour le laisser entrer. Lui aussi se tait. Là où un flot de reproches menaçaient de franchir ses lèvres deux secondes plus tôt, je devine en lui une réserve, une hésitation : il a perçu ma froideur et n'en a pas encore deviné l'origine... Il se lance malgré tout :
- Tu m'as doublé ! s'exclame-t-il. Tu as obtenu des renseignements grâce à Drake, le légiste, et tu es allé interroger l'armurier sans moi, sans prévenir personne, sans autorisation officielle ! Tu as perquisitionné l'appartement de Malefoy ! Tu as...
Devant mon manque de réaction, il s'interrompt tout à coup, cherche ses mots. C'est un brin ridicule et j'aurais pu sourire, si ses paroles ne s'étaient pas contentées de glisser sur moi comme de l'eau.
- Tu as compromis l'intégrité des preuves ! reprend-il comme s'il cherchait désespérément un crime à me reprocher. Tu as agis dans mon dos, à l'insu du Ministère, tu... Tu en as fait une affaire personnelle !
- Ça l'était.
C'est ma première réponse. Je reconnais à peine ma propre voix. Visiblement, Ron non plus :
- Qu'est-ce que tu dis ?
- C'était une affaire personnelle. Et tu étais bien placé pour le savoir, n'est-ce pas ?
Ron fronce les sourcils, sur la défensive :
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- Je te trouve vachement culoté de te pointer ici chez moi pour me reprocher d'avoir fait de Malefoy une affaire personnelle, j'articule doucement, ignorant ses paroles.
Mais j'ai vu juste, je le sais : le teint de Ron se colore de rouge, sa colère gonfle, enfle en lui :
- Sois tu arrêtes tes insinuations, sois tu craches ton venin tout de suite, me lance-t-il. Je n'ai rien à me reprocher, contrairement à toi !
Alors je relève les yeux sur lui. Lentement, irrévocablement. Tout est glacé au fond de mon cœur. Lorsque je reprends la parole, je ne suis plus rien, je suis devenu autre chose : la voix de la rancœur, du désespoir et de la vengeance, qui maudit la vérité à l'instant même où je la prononce :
- Tu es le seul qui savait pour mon rendez-vous avec la Ronce.
Ron se fige. Sous mes yeux, je peux presque voir les rouages de son esprit s'aligner, et alors, enfin, il comprend. Il comprend la froideur de mon accueil et mon hostilité à son égard. Un éclair de peur passe dans ses yeux, aussitôt remplacé par de la haine, l'assurance d'avoir agi au mieux, et je l'interromps avant qu'il ne parle :
- La Ronce m'avait fait parvenir un mot, à moi, personnellement. Cela faisait plusieurs années qu'Hermione, toi et moi, nous soupçonnions Malefoy d'être la Ronce, pas vrai ? Alors quand j'ai reçu ce mot, je m'en suis ouvert à toi. Parce que je voulais avoir ton opinion. Parce que je te faisais confiance. Parce que tu étais mon ami.
- Je t'ai mis en garde ! se défendit Ron. Je t'ai supplié de ne pas y aller !
- Oui, et comme je ne voulais pas t'écouter, tu as choisi de prendre les devants par toi-même. Tu avais raison, Ron, j'ai mené mon enquête de mon côté. Drake m'a aidé : c'est lui qui m'a conduit sur la piste de l'armurier. Et tu sais ce que j'ai découvert, en remontant le fil des preuves, Ron ? Les journaux de Malefoy.
Je vois la surprise hausser les sourcils de Ron :
- Eh oui, il n'y en avait pas qu'un, j'articule lentement, comme si je me délectais de ce qu'il ignore. Il se trouve que Drago tenait un journal depuis ses onze ans. Je les ai retrouvés, tous. Je les ai tous lus. Tu sais ce qu'ils m'ont appris ?
Ron garde le silence à présent. L'ultime barrière des coupables... Il sait ce que j'ai lu dans ses pages : il sait que je sais, mais je le prononce tout de même à haute voix, pour que la vérité éclate entre nous, claire, tangible :
- En 2006, tu as reçu un rapport d'un de tes informateurs, William Duval, t'informant qu'Astoria Greengrass avait été vue à Londres. Tu as aussitôt envoyé tes hommes sur place, dans l'espoir de l'appréhender et d'obtenir des renseignements sur Drago. Mais tes hommes se sont montrés maladroits : ils ont blessé Astoria et elle n'a plus jamais refait surface... Tu n'as pas mentionné l'incident dans tes rapports. Tu ne m'en as pas parlé. Parce que déjà à l'époque, toi et moi avions des points de vue divergents sur Malefoy...
- Tu te montrais faible ! hurle Ron. Tu soutenais les agissements de la Ronce au fond de toi, même si tu refusais de le reconnaitre !
- Je ne les soutenais pas, je les comprenais.
- Tu refusais d'appréhender Malefoy parce que ça te perturbait de te retrouver à nouveau face à lui ! Tu n'arrivais pas à te confronter à ce qu'il était devenu, tu ne voulais pas l'accepter parce que nous l'avions connu étant enfant !
- Et c'était une raison pour outrepasser mes ordres ?! je réplique sèchement. C'était une raison pour agir sans rien me dire, en me maintenant dans l'ignorance ?
Ron ravale sa répartie.
- Le premier de nous deux à avoir doublé l'autre, c'est toi, je reprends d'un ton horriblement calme, presque détaché. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, pas vrai ? Pas vrai, Ron ?
J'avale ma salive. Les mots me brûlent la gorge à mesure que je les prononce :
- Plus tard, bien plus tard, au début de cette année, un de tes informateurs est entré directement en contact avec Drago Malefoy. Cet informateur s'appelait Henry Boyle. Grâce aux journaux, j'ai appris que Boyle connaissait Malefoy depuis plusieurs années en réalité : il ignorait à qui il avait affaire, c'est tout. Malefoy s'adressait à lui sous un autre visage et un autre nom. Mais Malefoy a fini par se dévoiler... Est-ce que ton informateur te l'a dit tout de suite, ou est-ce qu'il a attendu : je l'ignore... Est-ce qu'il a essayé de capturer Malefoy par lui-même ? Est-ce que Malefoy lui a filé entre les doigts ? Les réponses se trouvent dans le dernier journal, sans doute. Celui que tu n'as pas voulu que je lise.
Ron affronte mon regard, sans rien dire. J'en fais de même :
- Quoi qu'il en soit, je continue, au cours de cette année, tu as fini par être mis au courant. Tu savais. Tu as mis tous tes informateurs sur le coup, mais Malefoy s'est fait de plus en plus insaisissable : il savait qu'on l'avait trahi, que ses identités pouvaient être compromises, qu'il ne pouvait plus faire confiance à personne... Pendant tout ce temps, il t'a échappé, pas vrai, Ron ? Et tu ne pouvais rien me dire.
- Pourquoi est-ce que tu dis tout cela comme si tu m'accusais ? rétorque Ron. Malefoy était un criminel, c'était bel et bien la Ronce, toi-même tu en as la preuve à présent ! Je n'ai fait que mon putain de job : celui que tu semblais avoir oublié depuis des années !
- Tu étais le seul à savoir pour le rendez-vous ! je hurle tout à coup. Tu étais le seul : je te l'ai dit, à toi ! Quelle merveilleuse occasion ça a dû être pour toi, pas vrai ? Ce message, c'était tout ce qui te manquait : un lieu et une heure où tu étais sûr que Malefoy serait là, qu'il serait présent, que tu pourrais le trouver ! Mais il y avait un problème, pas vrai ? Pas vrai ?
Je ne peux plus contenir ma rage à présent. Je tremble, de tout mon corps :
- Si tu envoyais les Aurors pour l'appréhender, tu savais qu'ils tomberaient aussi sur moi. Comment leur expliquer alors ? Comment justifier que le directeur du service des Aurors se trouvait là en pleine nuit pour discuter tranquillement avec la Ronce, sans en avoir informé personne, sans rapport officiel ? Et comment justifier, à moi, l'arrivée de ces Aurors, sans que je comprenne ce que tu avais fait ? La réponse était simple. Au diable la gloire, au diable les honneurs : tu trouverais bien un moyen d'en récupérer une petite partie de toute façon. Tout ce qui comptait pour toi, depuis toutes ces années, c'était appréhender la Ronce. Appréhender Malefoy... Trainer son nom dans la boue à la surface du monde, enfin, pour ce qu'il était vraiment... Alors, tu as convoqué tes deux précieux informateurs : Boyle et Duval. Tu leur as donné l'heure, le lieu. Et tu leur as dit : « Tuez-le. Tuez Malefoy. Ne touchez pas à Potter. Et votre fortune sera faite. Vous toucherez la prime du Ministère, et tous, nous obtiendrons tout ce que nous avons toujours souhaité ».
La lèvre de Ron frémit. Il est devenu d'une pâleur de marbre, et ses prunelles se sont fixées droit sur moi.
- Dis-moi où est-ce que je me trompe, Ron. Dis-moi si j'ai fait une seule erreur dans mon récit.
Il garde le silence quelques instants. Et puis soudain, je vois la rage s'emparer de lui, se décider à se défendre, à tout avouer, enfin :
- Tu as parfaitement raison, crache-t-il. Tu te montrais lâche, et faible ! Il n'y avait aucun moyen de te faire entendre raison ! Tu donnais à Malefoy l'occasion de te tuer sans même songer à l'appréhender, sans mettre en place aucun plan, aucune protection ! Tu voulais simplement le revoir et lui parler, pour satisfaire ta conscience ! Tu n'agissais pas en Auror !
- Et toi si ?
- Il fallait bien que quelqu'un le fasse !
Ron flamboie devant moi :
- Et je ne supporte pas de me tenir là dans cette pièce avec toi, à devoir me justifier comme si j'avais commis un crime, alors que j'ai fait ce qui était juste ! Moi, j'ai fait ce qui était juste ! Toi, non ! C'est toi qui as commis un crime, Harry, un crime envers moi et envers le Ministère, mais surtout un crime envers la morale ! Envers la justice ! Envers toutes les monstruosités que Malefoy a perpétrées ces dix dernières années !
- Il traquait les Mangemorts !
- Il était un Mangemort !
- Il y a été forcé ! Tu ne sais pas ce qu'il a vécu, tu n'as pas lu ses journaux, tu ne le connaissais pas : tu n'as jamais cherché à le connaitre ! Tu n'as aucune idée de ce que sa famille lui a fait subir pendant que toi et moi menions notre petite vie tranquille !
- Notre petite vie tranquille ?!
- Parfaitement ! A côté de ce qu'il a enduré, nos années Poudlard, ce n'était rien ! Mon combat contre Voldemort, ce n'était rien ! Lui vivait avec lui quotidiennement ! Tu ne sais pas ce que Voldemort l'a forcé à faire, tu ne sais pas les horreurs qu'il a vues, affrontées, vécues, tu ne sais pas ce qu'il a dû faire pour survivre ! Personne n'était moins Mangemort que lui !
- Non mais est-ce que tu t'entends parler ? Bientôt tu diras qu'il avait raison de tuer tous ces gens sans autre forme de procès ? Les femmes ? Les enfants ?
- Il ne tuait pas les enfants, je réponds, plus acide que jamais. Quant aux femmes, elles étaient complices de leurs maris... Comme je te l'ai dit, je ne légitime pas leurs meurtres, mais je les comprends.
Ron ricane :
- Tu les comprends... Ça nous fait une belle jambe. En attendant, moi, j'ai fait ce qu'il fallait : j'ai traité Malefoy exactement comme lui-même traitait ses victimes, et l'histoire est réglée. Si tu n'es pas capable de comprendre ça, je ne vois pas l'intérêt d'en reparler.
- Il était Noah.
C'était tout juste un murmure. Ma voix s'est abaissée, sourde, basse, terrible... En face de moi, Ron a l'air de s'être pris un coup de poing en pleine figure :
- Quoi ? s'exclame-t-il.
Je le transperce à nouveau dans les yeux :
- Drago était Noah, je répète d'une voix claire, forte, puissante. C'était lui, pendant toutes ces années, sous Polynectar. Et je l'ai tué...
- Tu es sûr de... Comment est-ce que tu...
- Je l'ai lu dans ses journaux. Tout est là.
Pour la première fois, je désigne les copies que j'ai faites des journaux, empilées sur le bureau derrière moi. Le visage de Ron s'illumine en les voyant. Difficile de savoir qui de la méfiance ou de la curiosité se dispute ses traits... Puis, la réalité de ce que je viens de lui avouer le rattrape enfin :
- Alors pendant toutes ces années, ce fils de pute... Ce fils de pute était juste sous notre nez ! Et j'ai dîné avec lui, joué aux échecs avec lui, je l'ai invité dans la maison de mes parents, j'ai...
Il pousse soudain une exclamation et plaque sa main contre sa bouche :
- Tu as couché avec lui !
- Je l'aimais, je réponds simplement.
- Tu as couché avec Malefoy ! Tu as couché avec ce sale enfoiré de vipère que nous avons traqué pendant dix ans !
- JE L'AIMAIS !
A nouveau, j'ai hurlé. Les mots ont déchiré mes lèvres. J'ai l'impression que ma poitrine s'est ouverte en grand devant moi pour déverser mon cœur. D'un seul coup, tous mes souvenirs communs avec Noah me reviennent en mémoire, tous les mots de Drago dans ses journaux, tous les baisers, les disputes, les étreintes, l'amour échangé... Tout cela refait surface en moi comme autant de lames qui me poignardent toutes en même temps. Je voudrais m'effondrer, mais je ne peux pas... Le regard de Ron m'en empêche... Il ne comprend pas, il ne pourra jamais comprendre...
- Je l'aimais, je répète, des larmes dévalant mes joues. Et je me contrefous de ce que tu en penses. Je me contrefous de ton jugement. J'aurais dû te le dire il y a déjà bien longtemps... Mais maintenant, aujourd'hui, devant moi, je veux que tu reconnaisses ce que tu as fait et que tu comprennes qu'à cause de toi, l'homme que j'aimais est mort ! Drago est mort, Noah est mort : ils n'étaient qu'une seule et même personne ! Tu as eu ce que tu voulais pas vrai : tu les haïssais, tu les as toujours haïs tous les deux ! Mais moi, je les aimais... Je l'aimais... Et je l'ai tué, de mes propres mains...
Je baisse les yeux sous le poids de mes larmes. Ron, lui, n'ose plus rien dire.
- Tu m'as forcé à vivre avec ce poids sur mes épaules, je murmure doucement, à bout de forces. Tu m'as forcé à vivre avec la mort de mon amour sur la conscience... A cause de toi, je ne serai plus jamais heureux...
Ron reste immobile un long moment. Il me regarde pleurer. Je ne veux pas relever la tête pour contempler l'expression d'incompréhension et de dégoût qu'il doit arborer... Et puis, soudain, il s'approche de moi. Je vois sa main tendue vers moi, très lentement, comme vers un animal blessé :
- Harry, articule-t-il.
Je devine dans sa voix une profonde hésitation. Il sait que je ne suis plus moi-même à cet instant. Seulement ma douleur...
- Harry, je ne suis pas sûr de tout comprendre... Mais tu sais que je ne t'aurais jamais blessé sciemment, pas vrai ?
- Non, tu voulais le blesser lui !
Je me redresse brusquement :
- Tu n'as pensé qu'à toi, et à ta haine pour lui, ton désir de le voir mort !
Ron ne répond rien. Je sais qu'en son âme et conscience, il ne peut nier mes accusations. Mais je devine dans son regard une lueur, une connexion... Les vestiges de cette vieille amitié qui nous a unis depuis si longtemps... Ron voit ma souffrance, et pour l'instant, c'est tout ce qui lui importe.
- Harry..., articule-t-il. Il faut que tu me racontes tout. S'il te plait.
- D'abord, tu vas me laisser lire le dernier journal, je rétorque sèchement.
Ron semble un instant décontenancé :
- Quoi ?
- Le dernier journal. Je veux le lire.
- Tu sais que tu n'as pas...
- Je me contrefous de l'enquête ! Je me contrefous des autorisations : j'en sais déjà bien plus que toi de toute manière, admets-le ! Je veux le fin mot de l'histoire, Ron ! Je le veux, j'en ai besoin !
Ron doit percevoir le désespoir dans ma voix. Un éclat de pitié passe dans ses yeux, fugitif, mais insupportable. Son professionnalisme d'Auror reprend le dessus :
- Il faudra que tu me donnes les autres journaux, déclare-t-il d'une voix qu'il veut ferme.
Je suis forcé de l'admettre : c'est une marque de courage de sa part... Mais mon visage se tord simplement d'un sourire sinistre :
- Oh, tu peux les lire, j'articule. Je les ai dupliqués, ils sont tous là.
- Il me faut les originaux.
- Ça, tu peux toujours rêver.
- Mais...
- Que je te donne les originaux, pour que tu les détruises ? Pour que tu gardes tout par devers toi, comme tu l'as toujours fait pour tout ce qui concerne Drago ? Pour que tu ne répandes que des informations biaisées à son sujet ? Non. Je vais te donner la copie des journaux. Les originaux sont sous bonne garde, ne t'en fais pas. Et lorsque tu publieras les résultats de ton enquête, qui sait... Peut-être que je m'assurerai que la Gazette obtienne la bonne version des évènements.
Ron se récrie à nouveau :
- Tu ne vas pas publier les journaux intimes d'un Mangemort ?!
- Et pourquoi pas ?! je réplique d'un air de défi. Peut-être que c'est exactement ce dont le monde sorcier a besoin ! Peut-être que si nous avions pris la peine de comprendre Drago depuis le début, nous n'en serions jamais arrivés là aujourd'hui ! Peut-être qu'il est enfin temps de laver son nom, et de le révéler pour ce qu'il était vraiment !
Ron ne dit rien. Je sens toujours son esprit opposé au mien : son opinion ne changera pas, jamais... Mais son regard fait des allés et retours entre moi et les journaux. Il hésite, il bascule, je le sens...
- Très bien, décrète-t-il.
De la poche intérieure de sa veste, il sort le journal de Malefoy, soigneusement emballé dans une pochette scellée. Sans un mot, je lui tends les copies. Nous nous dévisageons quelques instants en silence, en chiens de faïence, deux amis divisés par un abyme insoluble, et qui ne savent plus quoi se dire à présent...
Les mots franchissent mes lèvres malgré tout :
- Sors de chez moi.
Ron s'exécute. Il y a de la colère, du ressentiment et de la pitié dans le dernier regard qu'il me lance... Quel avenir y a-t-il, pour nous deux ? Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. J'ai le dernier journal de Drago entre mes mains. Le dernier journal...
Drago, est-ce ainsi que je vais apprendre comment tu es mort ? L'entendre de la bouche de Ron ne m'a apporté aucun réconfort. Alors l'apprendre par tes mots...
Sans réfléchir, je presse le journal contre mon cœur et le serre très fort. C'est le dernier journal. Tout ce qu'il me reste de toi. Après cela, il faudra te laisser partir... Je ne sais pas si j'en serai capable. Je voudrais me laisser partir moi aussi... Je voudrais me fondre dans ces pages et ne plus jamais revenir...
Mais pour l'heure, il faut continuer. Un dernier journal, une dernière fois. Mon futur s'arrête là.
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