Ante-Mortem
Bonjour à tous ! Comme vous le verrez ce chapitre est très long et m'a demandé beaucoup, beaucoup de travail, notamment au niveau de la concordance des évènements et des dates. Du coup, si vous remarquez des erreurs, n'hésitez pas à me le signaler ;D
Dans la mesure du possible, j'ai essayé de rester fidèle en priorité aux livres. Toutefois, comme je n'ai pas parfaitement tous les tomes d'Harry Potter en tête à la ligne près, il est possible que j'ai préféré la version des films à certains moments. Dans tous les cas, si vous remarquez des erreurs, encore une fois, dites-le moi ;D
Mais j'espère avant tout que ça vous plaira.
Bonne lecture !
Nat'
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« 5 juin 1991.
Je m'appelle Drago Malefoy, et j'ai onze ans.
C'est mon anniversaire aujourd'hui. C'est un jour important. Aujourd'hui, j'ai reçu ma lettre de Poudlard.
J'ai décidé de commencer ce journal, pour que si un jour, des gens veulent écrire l'histoire de ma vie, ils puissent la trouver dans ces pages. Je serai un grand un jour, je le sais. Je suis un Malefoy. Et des gens voudront tout connaitre de moi, écrire sur moi. On enseignera ma biographie à Poudlard, et j'aurai mon propre chapitre dans « L'Histoire de la Magie » de Battilda Tourdesac !
Je me couvrirai de gloire, et même Père sera fier de moi. Il dira que j'ai bien travaillé, que je suis un grand sorcier, que je suis digne de porter son nom et d'être son fils. Peut-être même qu'il me serrera la main, comme un homme. Peut-être qu'il me fera un compliment. Peut-être qu'il dira que je n'ai plus besoin d'aller dans la chambre noire... Oui, je vais travailler dur, et dans sept ans, Père me serrera dans ses bras, peut-être. Ou peut-être pas : peut-être que je ne devrais pas souhaiter ça, les câlins c'est pour les faibles.
Je serai fort pour Père. J'ai tellement hâte !! J'ai tellement hâte... »
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« 31 juillet 1991.
Aujourd'hui, Mère m'a emmené au Chemin de Traverse pour acheter mes fournitures pour Poudlard. Le temps passe tellement vite !! Mais la rentrée n'est toujours pas là.
Nous n'avons pas eu besoin d'acheter les livres : je les ai déjà tous et Père me les a fait lire trois fois depuis que je sais lire. Il fallait seulement m'acheter un bel uniforme, pour que tout le monde voie que je suis le fils de Lucius Malefoy et que les Malefoy sont une grande famille.
J'aime beaucoup aller au Chemin de Traverse : Mère m'achète toujours ces pommes d'amour souriantes que j'aime bien, et parfois elle me laisse regarder la vitrine de Pirouette et Badin, la boutique de farces, même si elle sait que Père n'aime pas ça. On a vu la boutique de Quidditch aussi ! Le Nimbus 2000 est tellement beau !! J'ai hâte d'avoir l'âge d'entrer dans l'équipe... Je gagnerai tous les matchs, j'en suis sûr ! Et Père sera fier...
Je suis quand même content que nous n'ayons eu que l'uniforme à acheter : Père me fait beaucoup travailler depuis que j'ai reçu ma lettre, et je suis un peu fatigué. En plus, je ne suis pas assez doué ni assez concentré, alors j'ai passé beaucoup de temps dans la chambre noire la semaine dernière. Mère a dû me donner trois fois la potion qui fait mal et qui guérit. Je sens toujours son goût dans ma bouche quand je mange de la soupe...
Mais je sais que c'est ma faute : je dois devenir plus fort et travailler plus dur. Père a raison. Un jour il me regardera et il sera content. Un jour il me serrera la main.
PS : chez Madame Guipure, j'ai rencontré un autre garçon qui va entrer à Poudlard lui aussi. J'espère qu'on pourra devenir amis ! »
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« 1er septembre 1991.
J'ai fait ma rentrée à Poudlard aujourd'hui. Le Poudlard Express était tellement grand ! Il y avait tellement de monde et il faisait tellement de bruit ! Je ne sais pas si j'ai le droit d'écrire ça, mais je vais l'écrire quand même parce que c'est mon journal : j'avais un peu peur ce matin, avant de partir. Je sais, un Malefoy ne devrait jamais avoir peur, et Père m'enfermerait une semaine dans la chambre noire s'il l'apprenait, mais... J'avais un peu peur. Mais je me suis conduit comme un grand je crois : je ne l'ai pas montré ! Père en tout cas ne s'en est pas aperçu. Je n'ai même pas fait de câlin à Mère avant de partir.
J'ai quand même dû aller aux toilettes pour pleurer un peu, mais pas trop longtemps, parce que Crabbe et Goyle attendaient. Je ne sais pas si j'ai déjà parlé de Crabbe et Goyle. Ils sont gros et bêtes comme leurs pieds, mais Père dit que je dois toujours les garder avec moi, parce que ce sont mes « vassaux ». Père m'a expliqué ce que voulait dire « vassaux » quand j'avais six ans, et je connais bien ce mot maintenant (même si je sais que les autres enfants de onze ans eux ne le connaissent pas). « Vassaux », ça veut dire que les familles de Crabbe et Goyle sont soumises à la mienne. Parce que je suis un Malefoy, ils me doivent loyauté et obéissance. Et donc (c'est là que ça devient vraiment cool !) ce sont mes serviteurs.
Ils m'ennuient un peu, parce qu'ils me regardent bêtement d'un air vide dès que j'essaye de discuter. Ils ne savent pas ce que veut dire « vassaux », eux. Mais au moins ils sont grands et forts, alors peut-être qu'ils me serviront de gardes du corps. Je suis sûr qu'aucun autre élève à Poudlard n'aura de gardes du corps !
Le reste du trajet aurait pu bien se passer, si je n'étais pas retombé sur le garçon de chez Madame Guipure. En fait j'ai appris que ce garçon n'était pas juste un garçon qui allait à Poudlard comme les autres. C'était Harry Potter !
Je suppose que je n'ai pas besoin de dire qui est Harry Potter. Le Garçon qui a Survécu... Je sais tout de lui, au moins autant que sur les vassaux et sur tous les livres que Père me fait étudier. Je sais tout de lui parce que Père parle de lui sans arrêt. Je crois qu'il me parlait déjà de lui avant même que j'apprenne à lire (et j'ai appris à lire à cinq ans !).
Harry Potter, c'est le garçon qui a vaincu le Maître quand il n'était encore qu'un bébé, et c'est à cause de lui si le Maître n'est plus là aujourd'hui. J'ai un peu peur en écrivant sur le Maître... Père l'appelle « Le Seigneur des Ténèbres », et même si je ne sais pas à quoi il ressemble, je me le suis toujours imaginé comme un homme grand, laid et sombre, avec de grands ongles et de grandes dents, un peu comme le monstre dont j'avais peur quand j'étais plus petit (mais je n'ai plus peur maintenant. Père m'a bien appris comme un Malefoy ne devait jamais avoir peur, même quand on l'emmène dans la chambre noire et qu'il va avoir mal....).
Ma famille sert le Maître, et c'est pour ça que Père déteste Harry Potter et parle de lui sans arrêt. Il dit que c'est sa faute si « notre famille et ses idéaux sont sur le déclin ». Je sais de quels idéaux il parle (je connais le mot « idéaux » aussi). Père et la famille Malefoy se battent pour préserver la pureté du sang sorcier. Parce qu'il ne faut pas se mélanger aux Moldus : ils sont sales et impurs, à peine plus que des animaux, et ils affaiblissent nos pouvoirs. Nous sommes presque uniques en Angleterre maintenant, Père, Mère et moi. Nous sommes 100% purs ! Crabbe et Goyle aussi, mais franchement ça ne se voit pas.
J'ai aussi croisé un autre Sang-Pur aujourd'hui : Ron Weasley. Mais lui ne mérite pas d'être un Sang-Pur. Père m'a bien parlé de sa famille : ils vénèrent les Moldus, alors ce sont des Traitres à leur sang. Mais qui trainait avec Ron Weasley dans le train, comme par hasard ? Harry Potter. Je crois qu'il y avait une Sang-de-Bourbe aussi avec eux.
Père m'a raconté que Potter n'était même pas un Sang-Pur : sa mère était une Sang-de-Bourbe elle aussi ! Et pourtant, il a vaincu le Seigneur des Ténèbres, alors peut-être qu'il n'était pas si fort que ça...
Père en parle tout le temps en tout cas, alors ça m'a mis en colère quand je me suis rendu compte que c'était lui dans le train. Ça m'a rendu jaloux, même si je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que j'aurais aimé avoir autant d'importance aux yeux de Père que lui semble en avoir... Père ne l'a jamais rencontré, et pourtant, il occupe toutes ses pensées.
Il occupe toutes mes pensées à moi aussi maintenant, et ça me met en colère. Moi je voulais juste un autre garçon avec lequel j'aurais pu être ami. Mais non, il a fallu que ce soit Harry Potter. Dans le train, je lui ai quand même proposé d'être mon ami, je lui ai même proposé de me serrer la main ! Je pensais que Père serait fier si je me rapprochais de Potter, qu'il me regarderait moi aussi un peu plus peut-être... Mais Potter et ses amis m'ont ri au nez ! A moi ! Drago Malefoy !
Jamais je n'ai eu aussi honte de toute ma vie, jamais je n'ai été aussi rejeté, je crois...
J'étais très en colère sur le moment, mais je crois qu'en fait, j'étais triste. J'aimais bien le petit garçon de chez Madame Guipure, moi. Je crois qu'en fait, je voulais juste qu'on soit amis. »
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« 2 septembre 1991.
Les cours ont commencé aujourd'hui. En cours de Potions, Rogue (mon parrain) a bien humilié Potter. C'était amusant de le voir enfin se faire rabattre le caquet. Ensuite en cours de Quidditch, j'ai eu envie de le bousculer un peu moi aussi. Je sais que je n'aurais pas dû et que c'était stupide, mais je n'y pouvais rien. Depuis hier, à chaque fois que je vois ou que je pense à Potter, ça me met tellement, tellement en colère... Je devais lui faire payer l'affront qu'il m'a fait. Je devais lui faire payer d'occuper toutes mes pensées...
Alors j'ai piqué le Rapeltout de ce gros lourdaud de Londubat, et j'ai mis Potter au défi de venir le chercher. Ça a bien marché, au début. Il a mordu direct à l'hameçon. Il m'a poursuivi, et j'ai pu lui montrer à quel point j'étais doué sur un balai : enfin, il allait voir ce que je valais, enfin, j'allais le forcer à me regarder à nouveau ! Je ne veux pas qu'il reste sur cette seule image de moi rouge de honte dans le train...
Mais là-dessus, McGonagall l'a vu attrapé ce stupide Rapeltout, et maintenant elle l'a recruté comme Attrapeur dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
Attrapeur !! C'est tellement injuste ! Ça fait seulement deux jours que nous sommes là, et Potter est déjà Attrapeur, et il a plein d'amis, et tout le monde l'aime !
Moi, qu'est-ce que j'ai ? Une humiliation dans le train, et Crabbe et Goyle qui me suivent à la trace.
Je ne suis pas bien ici. Je voudrais pouvoir rentrer à la maison et voir Mère, mais la maison me fait trop peur. »
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« 1er novembre 1991.
Un troll est entré dans le château hier soir ! Tout le monde a paniqué, et j'ai eu tellement, tellement peur ! Comme quand Père m'emmène dans la chambre noire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu aussi peur, je crois que j'avais perdu l'habitude... Je n'ai pas pu me contrôler, et j'ai honte maintenant. Père serait tellement en colère contre moi... Un Malefoy ne devrait pas avoir peur, jamais.
En plus, pour couronner le tout, ce sont Potter et ses amis qui ont arrêté le troll ! Tous seuls, à eux trois !
Je me sens définitivement mal, vraiment. Pourquoi a-t-il fallu que Potter aille à Poudlard en même temps que moi ? Pourquoi est-ce que je suis obligé de le voir tous les jours, en train d'afficher tout ce que je n'ai pas ? Pourquoi est-ce que je n'arrive même pas à l'arracher de ma tête ?
Ce n'est pas juste. Je sais qu'il me déteste. Et que lui ne pense jamais à moi. »
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« 25 novembre 1991.
Ce n'est même pas une surprise, mais je vais l'écrire quand même : Potter a gagné le match contre Serpentard aujourd'hui. Il a avalé le Vif d'Or !! Je suis super en colère rien que pour avoir pensé ça, mais c'était sacrément cool...
McGonagall lui avait offert un Nimbus 2000 pour le match !! Ce même Nimbus 2000 que j'avais vu avec Mère sur le Chemin de Traverse... J'aimerais bien savoir ce que ça fait de voler sur un Nimbus 2000... »
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« 17 décembre 1991.
Demain, je rentre à la maison pour les fêtes de Noël. Je ne verrai pas Potter pendant deux semaines, et peut-être que ça me fera du bien. Mais j'ai quand même peur de rentrer à la maison. Je sais que Père serait furieux s'il lisait tout ce que j'écris. Qu'un Malefoy ne devrait pas avoir peur, surtout pas de son père. Mais je sais aussi qu'il me fera travailler très dur pour voir si j'ai tout bien appris, et qu'il me demandera si j'ai pu me rapprocher de Potter. Je sais déjà que je l'ai déçu, et je ne veux pas voir ça sur son visage... »
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« 4 janvier 1992.
Je suis de retour à Poudlard. Je n'ai pas pu écrire pendant les vacances, parce que mes mains me faisaient trop mal et que Mère m'a dit que je ne devais pas trop bouger les doigts pendant que la potion agissait.
J'ai eu plein de cadeaux, bien sûr. Mais pas de Nimbus 2000. Je n'ai pas eu grand-chose de ce que je voulais en fait : seulement des trucs chers que Père m'a demandé de ramener à Poudlard, pour que tout le monde les voie.
Père était très déçu que je n'ai pas réussi à me rapprocher de Potter. Il a dit que si je n'étais même pas capable de faire ça, je ne servais à rien dans cette famille. Je suis sûr qu'il le pensait, et Mère n'a rien dit. Même moi je le pense. Je ne suis rien pour personne. Pas même pour Potter.
Lui a passé Noël à Poudlard avec Weasley. Je l'ai vu ce matin dans la Grande Salle : il avait l'air très heureux. Comme d'habitude.
Je sais que Potter n'a plus ses parents, et je pense que ça doit le rendre triste parfois. Je me demande si moi, ça me rendrait triste. Mais je ne devrais pas penser ça.
Je crois en tout cas que j'aurais bien aimé passer Noël à Poudlard moi aussi cette année. Il n'y a presque personne dans le château à cette période de l'année. Alors, peut-être que Potter et moi on aurait pu discuter, pour de vrai. »
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« 24 avril 1992.
J'ai surpris Potter et ses amis dans les couloirs hier soir. Je les ai suivis, jusqu'à la cabane de ce gros balourd de Hagrid. Je n'aime pas Hagrid. Il est pataud et stupide, il me rappelle Crabbe et Goyle. Et puis, Potter le considère comme son ami, alors que moi, il me déteste...
Bref. J'ai surpris cette bande d'idiots en train de faire éclore un œuf de dragon (de dragon !!). Bon, sur le moment, je crois que je n'ai pas vraiment réfléchi. Je suis directement allé les dénoncer à leur directrice, McGonagall. Quel autre choix j'avais ? Je tenais enfin une chance de forcer Potter à me regarder. A me considérer, pour une fois.
J'ai jubilé quand j'ai entendu McGonagall donner une retenue à ces trois idiots. Et puis elle m'a mis en retenue moi aussi. J'aurais dû m'en douter. Cette vieille bique serait forcément du côté de Potter...
Enfin bref, on nous a annoncé que la retenue se déroulerait dans la Forêt Interdite ! La Forêt Interdite !! Mais ils sont malades ou quoi ?! Et évidemment, c'est ce gros crétin de Hagrid qui était chargé de nous emmener...
Avant même d'entrer dans la forêt, j'étais terrifié. Je sentais ce sentiment familier qui montait par vagues en moi : une peur atroce. Et je m'en voulais d'avoir aussi peur...
La seule pointe de chaleur que j'ai ressentie, c'est quand Hagrid nous a mis ensemble pour explorer la forêt, Potter et moi. A ce moment-là, je me suis dit : « Sois courageux. Ne montre pas à Potter que tu as peur. Vous êtes enfin seuls lui et toi ! C'est l'occasion ou jamais de lui parler. De lui montrer qui tu es vraiment. De changer la fausse image qu'il a de toi ». Alors on a commencé à marcher (j'ai tenu à emmener Crockdur avec nous), mais je ne savais pas quoi dire. Je me sentais bête et maladroit, et je me haïssais pour ça, et je haïssais Potter pour ça. Pourquoi faut-il toujours qu'il me fasse perdre tous mes moyens ? Pourquoi est-ce que je rate toujours tout avec lui ?
Mais au bout d'un moment, on est tombés sur quelque chose de bizarre. On a trouvé la licorne qu'Hagrid nous avait demandé de chercher. Mais il y avait quelque chose d'autre avec elle.
Je ne saurais pas exactement décrire ce que c'était. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Plus qu'en entrant dans la forêt, plus que lorsque mes os éclatent et que je supplie Père d'arrêter et qu'il n'arrête pas...
C'était comme une lame froide et pointue, tout près de mon cœur. Quelque chose qui rentrait en moi pour me faire du mal. Tout le reste a disparu à ce moment-là : il ne restait plus que moi, tout petit et minable...
Mon esprit a disparu, mon corps a pris le dessus, et je me suis enfui en hurlant dans la forêt. En laissant Potter.
C'est terminé maintenant. Je suis sorti de la forêt essoufflé, en pleurant, et maintenant je suis au chaud dans mon lit à Serpentard. Je sais que Potter aussi s'en est tiré. Mais je l'ai laissé. Et j'ai tellement honte...
Moi qui voulais changer mon image auprès de lui... Moi qui voulais avoir une chance de lui parler, lui prouver qu'il avait tort, qu'on pouvait encore être amis... Je l'ai laissé. Je l'ai abandonné à la mort, face à cette créature monstrueuse...
Et s'il était mort cette nuit-là ? Et qu'est-ce qu'il doit penser de moi maintenant ?
J'ai peur de fermer les yeux, parce que je sais que je reverrai cette chose immonde dans mes rêves. Je pouvais presque l'entendre quand je sentais son regard braqué sur moi. C'était comme si elle me disait : « Un jour, Drago, tu seras à moi ».
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« 25 mai 1992.
Des choses horribles sont arrivées hier. Je ne sais même pas par où commencer tellement personne n'en revient encore... Mais Potter a failli mourir.
Apparemment, lui, Weasley et Granger se sont battus contre le professeur Quirell la nuit dernière. Sauf que ce n'était pas vraiment lui. Il y avait aussi le Maître...
Je ne sais pas comment c'est possible. Je ne sais pas comment Potter et ses amis ont su pour Quirell, ni pourquoi ils sont allés l'affronter tous seuls, ni ce qu'il s'est passé exactement...
Tout ce que je sais, c'est que le Maître est réel. Il existe, ce n'est pas seulement un monstre de conte de fées. Et il essaye de revenir... Et il veut tuer Potter...
Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi penser. J'ai l'impression que toute cette année, j'ai été aveugle. Pendant que Potter enquêtait sur Quirell, tout ce que je voyais c'était ma jalousie envers lui, et je ne savais rien...
Aujourd'hui il a encore sauvé le monde. Il est encore devenu le héros de toute l'école. Et moi, je ne compte pour rien... Pas même à ses yeux.
Je crois que j'aurais voulu l'aider, que j'aurais pu l'aider. Et puis je me rappelle comment je l'ai laissé dans la Forêt Interdite... Je ne vaux vraiment rien du tout. Et même en tant que Malefoy, je ne vaux rien du tout. Si Père apprenait que j'aurais aimé aider Potter contre le Maître...
Ce n'est pas bien, n'est-ce pas ? Potter est mon ennemi. Je devrais être heureux des efforts du Maître pour refaire surface...
Mais j'aime toujours le petit garçon de chez Madame Guipure. Et je sais que je ne me sens exister que quand Potter pose les yeux sur moi, même si c'est pour m'insulter. Le Maître, en revanche... Je sais que c'était lui dans la forêt à présent. Et je ne veux plus jamais croiser son regard... »
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« 26 juin 1992.
Gryffondor a gagné la coupe ! C'est tellement injuste ! C'était nous, Serpentards, qui étions censés gagner ! Nous avions travaillé dur pour ça toute l'année ! Mais Dumbledore, ce sale fourbe de Dumbledore, il a favorisé les Gryffondors, comme toujours ! Pourquoi est-ce que tout le monde nous déteste ? Pourquoi nos efforts ne devraient-ils pas être récompensés comme ils le méritent, pour une fois ?
J'ai vu Potter et ses amis rire et s'embrasser... Ils ne savent pas ce que cette défaite signifie pour moi... Ils ne savent pas que j'ai travaillé très dur pour faire gagner des points à ma maison toute l'année, et que si je rentre vaincu, mon Père me massacrera... Déjà qu'il doit être furieux que Potter ait vaincu le Maître, encore... Furieux que je n'aie pas amadoué Potter...
Je ne veux pas rentrer chez moi. Je ne veux pas. »
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« 18 juillet 1992.
Les vacances ne passent pas assez vite. Je suis épuisé à force de revoir encore et encore les leçons que Père veut me voir travailler. J'avais déjà englouti le programme de deuxième année avant même d'entrer à Poudlard. Mais à présent, Père veut me voir apprendre la magie plus sombre. Il dit que les livres d'histoire ne nous apprennent pas la vérité sur les Moldus et la nécessité du Sang-Pur, alors il me fait lire des livres de sa propre bibliothèque, et je dois les lui réciter par cœur. Je vais dans la chambre noire si je me trompe.
Mère ne fait rien, comme d'habitude. Même quand je craque et que je pleure devant elle, elle me caresse les cheveux et me dit de me taire. Je sais qu'elle m'aime, et moi aussi je l'aime. Mais pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'elle ne m'aime pas comme elle le devrait ?
Je suis un Malefoy, c'est normal d'avoir une enfance différente de celle des autres. Mais je sais que les autres enfants, même Crabbe et Goyle, même Potter, ne boivent pas la potion qui répare les os toutes les nuits. Je sais qu'ils ne sont pas torturés par leurs parents. Je sais que, rien qu'une fois, ils n'ont pas honte d'avoir envie qu'on les prenne dans leurs bras.
Je suis tellement seul... »
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« 1er août 1992.
J'ai revu Potter aujourd'hui. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que cela a fait comme un éclair dans ma vie ? Je me déteste pour ça, et je le déteste lui aussi.
Le pire, c'est que je crois que j'espérais le revoir, lorsque Père m'a dit qu'il m'emmenait au Chemin de Traverse. J'espérais le croiser par hasard, lui et ses lunettes débraillées, et son sourire permanant... Et je l'ai croisé. Chez Fleury & Bott. Je l'ai à peine vu qu'il m'énervait déjà : il paradait devant les journalistes avec cet imbécile de Gilderoy Lockhart. Toujours souriant. Toujours heureux. Toujours le centre de l'attention.
Je n'ai pas pu m'en empêcher : il a fallu que j'aille le provoquer. J'ai eu envie de me traiter de tous les noms à l'instant même où j'ouvrais la bouche. Mais comme d'habitude devant lui, je perds tous mes moyens. Il faut croire que je ne suis pas capable de lui dire autre chose que des méchancetés...
En plus, la fille Weasley a pris sa défense, et je lui aurais bien mis une baffe à celle-la... Pour qui elle se prend pour défendre Potter ? Je doute que Potter ait besoin de qui que ce soit, et certainement pas d'une Traitresse comme elle...
Je m'emporte. Je suis sûr que Potter n'aimerait pas ce que j'écris hahaha... Mais il ne lira jamais ceci, n'est-ce pas ?
Sur ce, Père est arrivé lui aussi. Il a remis Weasley père à sa place comme il convenait, et puis nous sommes partis. Père est préoccupé en ce moment. Je crois qu'il a un nouveau plan pour permettre au Maître de revenir. De revenir dans ses bonnes grâces peut-être... En tout cas, en rentrant à la maison, il avait l'air satisfait, et j'ai eu le droit d'aller jouer cet après-midi-là. »
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« 2 septembre 1992.
Potter et Weasley se sont encore fait remarquer. Ils n'ont rien trouvé de mieux que de débarquer à Poudlard en voiture volante tout en massacrant le Saule Cogneur. Je crois que si je ne trouvais pas ça pitoyable, ça pourrait presque être drôle...
Pourquoi faut-il toujours qu'il se fasse remarquer ? Pourquoi tout ce qu'il fait est-il toujours aussi... rocambolesque ? Comme s'il était le héros d'une série d'aventures, ou quelque chose dans le genre... Vue de l'extérieur, sa vie a l'air tellement palpitante, et le pire, c'est qu'il ne s'en rend même pas compte, non pire : il ne le fait même pas exprès. C'est peut-être pour ça que ça me met autant en rage... Parce que je l'envie... Lui et ses aventures ridicules avec ses amis... Potter n'a peut-être pas de vraie famille, mais il a bien plus d'êtres chers autour de lui que je n'en aurai jamais.
Même mon existence semble avoir retrouvé des couleurs maintenant qu'il a à nouveau débarqué dedans en fanfare dans sa voiture volante.
Je suis soulagé d'être rentré. »
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« 13 octobre 1992.
Ma première confrontation avec Potter a eu lieu ce matin. J'ai presque envie de dire « enfin ».
J'avais entendu dire que les Gryffondors comptaient s'entraîner sur le terrain de Quidditch aujourd'hui, alors j'ai demandé à Rogue de nous donner une dérogation spéciale. Je viens d'être recruté en tant qu'Attrapeur après tout. Père s'en est bien assuré.
Quoi qu'il en soit, je savais ce qui allait se passer. Je cherchais la confrontation, et comme d'habitude, Potter, tu y as répondu. Je n'en attendais pas moins de toi. Même si je déteste la façon dont tu me regardes, et à quel point je veux ce regard, malgré tout... J'aurais tout donné pour que cela dure plus longtemps. Mais Granger et Weasley s'en sont mêlés.
Il a fallu que Granger touche un point sensible, en fait. Elle m'a dit : « Aucun joueur de Gryffondor n'a payé pour être dans l'équipe. On les a choisis pour leur talent ».
Et si j'ai réagi, je crois, c'est parce qu'elle a vu juste. Elle n'a fait qu'exprimer tout haut ce que je pensais tout bas, et c'était insupportable...
Je suis bon au Quidditch, mais pas aussi bon que Potter. Et je sais que Père ne m'a fait entrer dans l'équipe que pour mettre son nom de famille sur le devant de la scène, et entretenir ma rivalité avec Potter... Je dois l'avouer, je suis pressé de l'affronter sur le terrain de Quidditch, rien que lui et moi... Puisque l'affrontement semble être mon seul moyen de communiquer avec lui, eh bien soit.
Mais j'ai vu rouge à cause de Granger, et je l'ai traitée de Sang-de-Bourbe...
Même si je connais ce mot depuis très longtemps, c'était la première fois que je l'utilisais en vrai. Même à moi, ça m'a fait mal, parce que c'est extrêmement grossier. J'ai eu honte de moi, d'utiliser un tel mot devant Potter... Je sais que je suis tombé encore plus bas dans son estime que je n'aurais pu l'imaginer.
Là-dessus Weasley s'est encore couvert de ridicule : il s'est jeté un sort à lui-même en voulant venger sa copine. Il s'est mis à dégueuler des limaces partout sur la pelouse... Et Potter a accouru vers lui, bien sûr. Vers le rouquin simplet et traitre à son sang. Et moi, dans tout ça ?
Moi, je suis toujours le connard. »
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« 31 octobre 1992.
Il s'est passé quelque chose d'étrange ce soir. Dumbledore, Rusard et la moitié de l'école ont intercepté Potter et ses amis devant une inscription faite sur le mur avec du sang. Ça disait : « La Chambre des Secrets a été ouverte. Ennemis de l'héritier prenez garde ». Et suspendue à une torchère, il y avait la chatte de Rusard, Miss Teigne, pétrifiée.
Bien sûr, Potter s'en est tiré avec une pirouette, et les professeurs ont envoyé les élèves retourner à leurs petites vies comme si de rien n'était. Mais moi je sais ce que ça signifie. Père ne me fait pas étudier l'histoire des Serpentards pour rien. Et je crois que j'ai peur, à l'instant même où j'écris ces mots, de ce que ça signifie...
Père m'a déjà parlé de la Chambre des Secrets. Je sais qu'elle a été ouverte du temps où le Maître était à l'école, et qu'elle contenait un monstre qui a tué une Sang-de-Bourbe. Cette légende est comme un conte de Noël, dans notre famille. Le triomphe des Serpentards et des Sangs-Purs appliquant leur loi...
Mais moi, j'ai très peur. Comme d'habitude. Je tremble à chaque fois que je sens le Maître se rapprocher de moi, devenir plus concret, plus réel. Je tremble devant chaque élément qui me force à me rendre compte que tout ce que mon père raconte est vrai. Que nos vies sont condamnées à être liées à tout ceci... »
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« 16 novembre 1992.
On a perdu le match contre Gryffondor. Sans surprise. J'ai perdu le match contre Potter. Je crois que j'ai perdu ce match depuis longtemps : depuis que je l'ai rencontré chez Madame Guipure. Je me suis blessé pendant l'affrontement : devant Père, et devant tout le public... J'ai pu sentir son regard désapprobateur depuis le haut des gradins.
Potter a été blessé lui aussi. Cet imbécile de Lockhart lui a littéralement dissout les os du bras. C'est bien plus grave que moi, et je le plains à l'avance, parce que je sais quelle potion on va lui donner et je sais qu'il aura mal toute la nuit. Quelque part, ça a quelque chose de réconfortant... De savoir qu'il va partager une expérience commune avec moi, sans même s'en rendre compte...
En tout cas, il a gagné quand même. J'ai essayé de jouer la comédie pour rester plus longtemps à l'infirmerie avec lui, mais ça n'a pas marché. Je suis sûr que je me suis juste rendu pathétique.
PS : il y a une fille de Serpentard qui me tourne sans arrêt autour depuis que je suis entré dans l'équipe. Elle s'appelle Pansy Parkinson, et elle commence légèrement à me taper sur les nerfs. Mais je la supporte, parce que Père dit que c'est une vassale, et que je pourrai en profiter un jour. Je ne sais pas vraiment ce qu'il a voulu dire par là. Pour l'instant, j'ai plutôt l'impression que c'est elle qui profite de moi : elle ne reste avec moi que parce que je m'appelle Malefoy, et qu'elle espère en tirer quelque chose. Je me demande si Potter ressent ça lui aussi parfois. »
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« 17 novembre 1992.
Colin Crivey a été retrouvé pétrifié lui aussi. Je ne peux pas vraiment le plaindre, il était insupportable. Mais je sens que les choses dégénèrent. Est-ce que Potter va encore se retrouver mêler à tout ça ? Le connaissant, ça m'étonnerait qu'il reste les bras croisés.
J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai fini par écrire à Père pour lui demander ce qu'il sait de la Chambre et de ce qu'il se passe ici, et de qui peut bien être le fameux héritier. Mais il n'a rien voulu me dire, et il m'a dit que je serai puni pour l'avoir dérangé. »
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« 2 décembre 1992.
Lockhart a eu une idée révolutionnaire : monter un club de duels pour entraîner les élèves à se défendre contre « l'héritier de Serpentard ». Pour une fois, j'avoue qu'il a peut-être été inspiré...
Ce qui était moins inspiré en revanche, c'était son duel contre Rogue : une farce ! Si qui que ce soit doutait encore que ce type est un incapable...
En tout cas, je crois que Rogue a lu dans mes pensées après ça, parce qu'il m'a désigné comme volontaire pour inaugurer le club. Contre qui ? Contre Potter. Evidemment. Parfois j'ai l'impression que la vie nous fracasse l'un contre l'autre comme des silex pour obtenir une étincelle...
Je me connais, je sais que je vais déconner, encore, alors je ne me retiens pas. Je l'ai envoyé valdinguer dans les airs, hahaha... La tête qu'il a fait n'avait pas de prix. J'avais enfin son attention, enfin...
Il a répliqué : il m'a fait mal, j'ai volé moi aussi... Mais ça m'a presque fait plaisir au final. Ça me donnait une raison de le haïr, d'alimenter ma colère. A défaut de pouvoir être son ami, je peux bien être un adversaire à sa taille, non ?
Je voulais un beau duel. Lui montrer qui était vraiment Drago Malefoy, et comment il peut se battre : tout ce que mon père m'a appris...
J'ai jeté un Serpentsortia, et c'est là que ça a dégénéré. Potter a parlé au serpent. Il a parlé au serpent. Un truc que même moi je ne peux pas faire. Qu'aucun Serpentard ne peut faire... J'ai regardé les élèves autour de moi, et j'ai vu ce qu'ils pensaient tous. La rumeur s'est déjà répandue dans toute l'école désormais. Tout le monde croit que Potter est l'héritier de Serpentard. Et c'est ridicule ! Complètement ridicule !
Il vous a sauvés l'année dernière contre Vous-Savez-Qui, bande d'imbéciles ! Et vous, vous l'accusez ? Vous croyez vraiment qu'il est l'héritier de Serpentard et qu'il a essayé de tuer Crivey ? Il est ami avec une Sang-de-Bourbe, bon sang de merde ! Ami avec Weasley !
Pourquoi est-ce que les gens sont-ils toujours aussi cons ? »
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« 14 décembre 1992.
Justin Finch-Fletchley et Nick-Quasi-Sans-Tête, le fantôme, ont été retrouvés pétrifiés. Encore une fois, Potter a été retrouvé pile au mauvais endroit au mauvais moment... La rumeur grossit. Comme d'habitude, ça me met en rage. Mais c'est assez amusant de voir que Potter sollicite encore toute l'attention générale, mais cette fois, dans le mauvais sens...
Je me serais attendu à ce que ce soit moi que l'on soupçonne, hahaha.
Qui sait. Avec un peu de chance, peut-être que la prochaine fois, ce sera Granger ? Et que ce sera pour de bon ? Je sais que c'est stupide. Je sais que ce n'est pas avec de telles pensées que Potter aura une meilleure image de moi. Mais est-ce que c'est si mal que ça de vouloir voler un petit peu de l'importance qu'elle a pour lui ? »
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« 17 décembre 1992.
Crabbe et Goyle se sont comportés bizarrement aujourd'hui. Goyle a fait une remarque intelligente !! Il a dit que Potter était peut-être la pire chose qui soit arrivée à Poudlard, avant même Dumbledore...
Une chose est sûre : il est sans doute la pire chose qui me soit arrivée à moi.
Les vacances de Noël arrivent : je rentre à la maison demain.»
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« 4 janvier 1993.
Enfin de retour à Poudlard. Je n'ai pas très envie d'écrire sur ces vacances. Père tient toujours ses promesses. »
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« 18 mars 1993.
Ça y est. C'est arrivé. Je sais que je l'ai souhaité, mais... Je n'arrive toujours pas à croire que c'est réel. Heureusement, elle n'est pas morte... Je n'arrive pas à croire que j'écris cela... Mais je crois que je ne me le serais jamais pardonné si elle était vraiment morte... Quelque part, je crois que cela m'aurait fermé Potter à tout jamais. Même si je n'ai rien à me reprocher...
Granger a été retrouvée pétrifiée aujourd'hui.
Comment vas-tu, Potter ? J'aimerais bien pouvoir te parler. J'aimerais être ce qu'est Weasley pour toi : un compagnon de tous les instants, un partenaire d'aventure... Et un ami sur lequel t'appuyer, peut-être, en ce moment...
J'aimerais que tu me parles de Granger. Que tu me dises pourquoi elle est une si bonne amie pour toi. Et comment c'est d'être ami avec une Sang-de-Bourbe. Je n'en ai jamais vraiment fréquenté, en fait. Evidemment, mon père me tuerait s'il me voyait faire ça... Mais de temps en temps je me dis que ses mots ne sont que des mots, et que je n'ai aucune preuve de tout ce qu'il m'apprend.
Je ne devrais pas parler comme ça. Ça ne m'a jamais aidé de réfléchir à ce genre de choses. Je suis un Malefoy, et je sais très exactement ce qui m'attend quand je rentrerai à la maison, aux prochaines vacances, et encore aux prochaines, et toujours jusqu'à la fin de ma vie. Parfois, je me sens prisonnier de mon nom. »
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« 1er mai 1993.
Ils ont arrêté ce gros balourd de Hagrid et l'ont envoyé à Azkaban. Non mais est-ce qu'ils sont sérieux ? Le pire, c'est que je sais que c'est Père qui a orchestré cela. Ça et la « démission » de Dumbledore. Je ne sais pas ce qui se prépare, mais je n'aime pas ça.
Père est venu à Poudlard en personne, et il ne m'a même pas rendu visite. »
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« 16 juin 1993.
Potter a sauvé le monde. Encore. Et moi, une fois encore, je reste tétanisé, pétrifié par tout ce que j'ai manqué cette année, par à quel point j'ai été aveugle... Mais cette fois, c'est différent. Mon père est directement impliqué. Je sais désormais que c'est mon père qui est responsable de tout cela...
Il n'y a pas de preuve, mais je le sens. Cette histoire de vieux journal ayant appartenu au Maître... Combien de fois ne l'ai-je pas vu dans notre bibliothèque, au milieu de toutes les reliques que Père conserve ?
Père est responsable de tout ceci : il a directement tenté de faire revenir le Maître, mais surtout, il aurait pu tuer Crivey, Granger, tous les autres, et il aurait pu tuer Potter... Il le ferait s'il se trouvait seul dans une pièce avec lui, j'en suis sûr...
J'en tremble rien que d'y penser. Parce que je sais ce que Père pourrait lui faire. Oui, je le sais...
Je n'arrive toujours pas à croire que la clé de tout ceci était Ginny Weasley. Cette petite sotte de Weasley... Potter l'a sauvée, bien sûr, et maintenant il est son héros, plus que jamais... Heureusement qu'il semble aussi indifférent envers elle qu'il l'est envers moi... Il n'y a que lui pour ne pas voir la façon dont elle le regarde.
Bref.
J'ai eu treize ans il y a un peu plus d'une semaine. J'ai eu droit aux cadeaux très chers, bien sûr. Au défilé des sous-fifres : Crabbe, Goyle, Pansy... Mais pourquoi est-ce que je me sens déjà aussi fatigué ? Je suis censé prêter allégeance au Maître et à ma famille, à Père, et pourtant je suis soulagé que Potter s'en soit tiré. Je suis fatigué de ne pas savoir où je suis. Et bientôt, il faudra rentrer... »
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« 30 juin 1993.
C'est le dernier jour à Poudlard. Tous les pétrifiés ont été guéris. Potter et Granger se sont fait un énorme câlin au beau milieu de la Grande Salle. Je ne m'imaginerais jamais enlacer Crabbe, Goyle ou Pansy comme ça...
Hagrid est revenu, et il a eu droit à sa standing ovation... C'était à vomir, vraiment. Potter a même réussi à faire libérer notre elfe de maison, Dobby. Sur ce coup-là, j'avoue que ça m'a fait un peu rire. J'imagine la tête de Père lorsqu'il a compris qu'il s'était fait avoir...
En tout cas, grâce à Potter, tout est bien qui finit bien. Encore. Sauf pour moi. »
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« 31 août 1993.
Je n'ai pas écrit pendant ces vacances. Je l'avais fait, au début. Mais j'ai arraché toutes les pages. Je ne vois pas l'intérêt de raconter ce qu'il m'arrive ici. Qu'est-ce que je pourrais bien raconter ? Faire la liste de toutes les raisons pour lesquelles j'ai mal ? De toutes les connaissances que l'on bourre de force dans mon crâne pour que je sois le meilleur, en tout ?
Alors que ça ne sert à rien... Je n'ai jamais réussi à battre Granger, et je sais que je n'y arriverai pas davantage cette année... Et que je serai puni pour cela... Je te hais, Granger, si tu savais à quel point... Si tu savais ce que tes bonnes notes m'infligent... Père ne supporte pas que son précieux fils Sang-Pur se fasse battre à plate couture par une Sang-de-Bourbe. Mais qu'est-ce que j'y peux ? A force de me répéter sans arrêt que je ne suis bon à rien, je finis par le croire...
Ces vacances ont été un cauchemar en tous points, exactement comme je l'avais prévu. Au début, je pensais que tout épancher sur le papier me permettrait de me faire du bien. Mais je crois que ça revient seulement à pleurnicher, alors... vivement demain.
Je suis pressé de revoir Potter.
PS : il y a quelques semaines, Sirius Black s'est échappé d'Azkaban. Je sais qu'il est censé avoir été un partisan du Maître pendant la guerre, mais je trouve cela étrange, parce que Père n'en parle jamais. Il n'a pas l'air de le considérer comme l'un des nôtres. Je commence en tout cas à me demander si je pourrai passer ne serait-ce qu'une année à Poudlard sans l'ombre du Maître sur le dos... »
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« 1er septembre 1993.
Cette histoire d'évasion est plus sérieuse que je ne le pensais. Le Ministère a carrément envoyé des Détraqueurs fouiller le train. Je hais ces créatures (à peu près comme tout le monde). Quand elles s'approchent de moi, je vois mon père. Je vois la crypte dans laquelle il me laisse moisir pendant des heures depuis que je suis tout petit quand je fais quelque chose qui ne lui plait pas (et que j'appelais la chambre noire, parce que « crypte » c'était trop effrayant). Je vois toute la déception et le dégoût qu'il ressent pour moi. La crainte que je ressens pour lui. Je vois ma mère qui ne fait rien, ce qui revient à approuver. Je vois Potter qui ne me regarde pas, ne me parle pas, ne m'insulte même pas : Potter qui ignore tout simplement mon existence. Je vois le Maître qui m'attend dans l'ombre, et à quel point je suis seul et lâche.
J'ai entendu dire que Potter s'était évanoui devant le Détraqueur dans le train. Je me demande ce que lui voit lorsque le Détraqueur s'approche de lui. Je me suis moqué de lui pendant le festin, je n'ai pas pu m'en empêcher. Après tout ce temps, il fallait que je lui parle... »
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« 4 septembre 1993.
Dumbledore a nommé ce gros lourdaud de Hagrid professeur ! Professeur !!
Je ne comprends pas ce qui a pu lui passer par la tête. Je veux dire, je comprends que certains (comme Potter) puissent le trouver sympathique, avec son molosse, son parapluie rose et sa cabane en pain d'épices... Mais c'est un incapable ! C'est évident qu'il n'est pas fait pour être professeur !
Et le premier cours m'a donné raison...
Comme d'habitude, Potter a fait des siennes. Qui a réussi à dompter l'hypogriffe et à faire un petit tour sur son dos ? Potter.
Bon, évidemment, avec Crabbe et Goyle, je n'ai pas résisté à lui refaire le coup des Détraqueurs dans le train... Je n'aurais pas dû, je le sais. A chaque fois, je me dis ça : « je n'aurais pas dû »... Et je le fais quand même. Pourquoi ? Parce que je savais que ça marcherait. Je savais qu'il me regarderait et qu'il réagirait. C'est tout ce qui compte pour moi. Pathétique, n'est-ce pas ?
Bref. Comme le coup du poulet géant m'avait bien énervé, j'ai essayé de me faire remarquer moi aussi. Je ne sais pas si j'espérais vraiment être blessé en fonçant vers cette bestiole à toute allure... Mais j'ai réussi mon coup en tout cas. L'espace d'une seconde, j'ai vu une lueur de surprise, une lueur d'inquiétude, dans les yeux de Potter.
C'est son complexe du héros qui parle, je le sais. Mais c'est déjà ça.
Maintenant que je suis à l'infirmerie, je me dis : « Est-ce que c'est ça ma vie ? Est-ce que je suis devenu masochiste au point de me blesser volontairement pour attirer son attention ? Oui. Je n'ai rien d'autre dans ma vie après tout. »
PS : j'ai raconté à tout le monde que je ne pouvais pas écrire, mais de toute évidence, c'est faux. J'en ai assez de trimer comme un malade pour me faire de toute façon tabasser à la maison. Je crois que je vais m'offrir quelques petites vacances. Père avait raison sur un point : Pansy peut servir à quelque chose. »
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« 10 septembre 1993.
Père est furieux. Il a intenté une action en justice pour que l'hypogriffe qui m'a blessé soit décapité. Je sais bien qu'il ne le fait pas pour moi, bien sûr que non. Il faudrait plus qu'une entaille au bras pour l'inquiéter, et lui-même m'a déjà fait bien pire... Non, ce qu'il veut, c'est laver l'honneur de son nom. Comme d'habitude, il estime que je l'ai déshonoré. Un Malefoy qui se laisse blesser par un poulet géant, alors que le grand Harry Potter, lui, l'a maîtrisé...
Potter, je te hais vraiment dans ces instants...
Mais j'ai peur de ce qu'il va se passer. Quelque chose me dit que ça ne se finira pas bien. Et que j'ai eu tort de provoquer cet animal. Ça pourrait bien signer la fin entre Potter et moi, si tant est qu'il y ait eu un début... »
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« 19 octobre 1993.
Quelqu'un s'est introduit dans le château. Il a lacéré le tableau d'entrée du dortoir des Gryffondors. Evidemment, le premier nom qui vient sur toutes les lèvres est Sirius Black...
Je ne sais pas quoi en penser. Je ne sais pas si je dois me sentir en danger ou pas, ou m'inquiéter pour Potter... Je ne lui ai pas parlé depuis l'incident avec Buck. »
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« 5 novembre 1993.
Poufsouffle a battu Gryffondor au Quidditch. En temps normal, ce serait tellement ahurissant que ça mériterait effectivement de figurer dans les annales de l'histoire...
Mais ce n'était pas une victoire à la loyale. Des Détraqueurs sont entrés sur le terrain, et Potter s'est encore évanoui au beau milieu de la partie...
Qu'est-ce que tu vois, Potter ?
Et pourquoi mon cœur est-il resté suspendu quand je t'ai vu t'écraser vers le sol, inéluctablement, de plus en plus vite ? Pourquoi je n'ai pas réagi ? Pourquoi est-ce que c'est Dumbledore qui t'a sauvé la vie ?
Tu es en vie. C'est tout ce qui importe. »
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« 3 décembre 1993.
Il m'est arrivé quelque chose d'étrange à Pré-au-Lard aujourd'hui. J'étais tombé par hasard sur Weasley et Granger, et je crois que j'étais frustré de ne pas voir Potter avec eux (Potter n'a pas l'autorisation de sortie pour se rendre à Pré-au-Lard). Du coup j'ai commencé à m'en prendre à eux, devant la Cabane Hurlante, et là, quelque chose... m'a fait tomber et m'a tiré dans la neige.
Sur le moment, j'ai eu très peur. Weasley et Granger riaient à gorge déployée, bien sûr, mais ils ne savent pas ce qui peut se cacher dans des maisons telles que celle-ci. Ils n'ont jamais dû descendre dans la crypte, ou affronter la nuit et le froid pendant des heures...
Je sais par expérience qu'il ne faut pas jouer avec les monstres et les fantômes. Pourtant, celui qui s'en est pris à moi aujourd'hui avait quelque chose de familier. »
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« 10 janvier 1994.
Comme pour cet été, ne parlons pas de ces vacances, d'accord ? Mon père a obtenu gain de cause pour l'hypogriffe. Il sera exécuté bientôt. Et c'est ma faute...
J'ai beau n'en avoir rien à faire de cet animal, je sais que ce n'est pas la même chose pour Potter, et qu'il me tiendra à tout jamais pour responsable de ce qui va se passer... Est-ce que ça va être ça désormais ? Est-ce que je suis condamné à être associé à l'exécution de ce stupide oiseau ?
Si seulement j'avais fait marche arrière... Au lieu de ça, tous les jours je me pavane dans les couloirs en faisant tout mon possible pour lui rappeler que mon père a gagné... Parce que je suis un connard, et que je ne sais pas comment lui parler autrement... Il est trop tard de toute façon.
Je suis fasciné par ma capacité à m'enfoncer toujours plus loin dans les ennuis, à aggraver encore un peu plus mon cas, même si mon esprit me crie le contraire... »
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« 20 mars 1994.
J'ai surpris Potter pendant notre nouvelle sortie à Pré-au-Lard. Evidemment, je l'ai dénoncé à Rogue. L'opportunité était bien trop belle. L'opportunité de faire quelque chose qui aura une influence sur sa vie...
Je suis vraiment atteint, n'est-ce pas ?
Bref, en tout cas je ne crois pas que ça ait servi à quelque chose : Rogue ne l'a même pas puni. Il me semble que Lupin est intervenu... Un coup pour rien. »
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« 6 juin 1994.
J'ai eu une altercation avec Granger aujourd'hui. Potter et Weasley étaient présents. Pour coller à mon image de Malefoy Serpentard infect, j'avais amené Crabbe et Goyle près de la cabane de Hagrid, pour voir l'exécution de l'hypogriffe (et parce que je savais que Potter viendrait sûrement...).
Ça n'a pas manqué. Mais l'explosion n'est pas venue de là où je l'attendais. Granger m'a surpris sur ce coup-là, je dois l'admettre. Elle a du cran, cette fille. En d'autres circonstances, je crois que j'aurais aimé être son ami. Elle est jolie, intelligente. Bien plus intelligente que Pansy...
Mais bon, si je devais faire la liste de ce que je souhaiterais pouvoir changer, on n'en finirait pas.
Granger m'a donc menacé de sa baguette. Et puis Weasley a lâché les mots qui tuent : « Il n'en vaut pas la peine ». Bien vu, Weasley. Dix points pour Gryffondor. Je n'en vaux pas la peine.
Alors Granger a baissé sa baguette, et au lieu de me jeter un sort, elle m'a balancé un coup de poing en plein visage. Littéralement.
Je l'ai vu venir, en vérité. J'ai pris suffisamment de coups dans ma vie pour savoir les anticiper. Mais je ne l'ai pas fait. Pourquoi ? Parce que je voulais être frappé, peut-être. Peut-être parce qu'au fond de moi, il y a quelque chose qui savait que je le méritais. J'aurais voulu que Potter me frappe... Mais non, je n'ai pas suffisamment d'importance pour ça pour Potter.
PS : l'hypogriffe s'est échappé. Il faut croire qu'il y a peut-être une puissance supérieure qui me veut du bien finalement. »
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« 7 juin 1994.
Cette école est un vrai bordel. Sirius Black a été capturé, puis s'est échappé à nouveau. Pourquoi est-ce que j'ai le sentiment que Potter est mêlé à tout ceci ? Je ne sais pas. Il est vrai que j'ai tendance à le voir partout. Il occupe toutes mes pensées, après tout. »
PS : J'ai fêté mes quatorze ans il y a deux jours. Joyeux anniversaire Drago. »
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« 31 juillet 1994.
J'ai couché avec Pansy aujourd'hui. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai fait. Peut-être parce qu'elle me harcelait depuis tellement longtemps. Peut-être parce qu'elle était offerte et facile. Peut-être parce qu'à défaut d'autre chose, profiter de mon statut de Malefoy est tout ce qu'il me reste. Peut-être parce que c'est l'anniversaire de Potter...
Je comprends maintenant ce que Père voulait dire quand il disait que je pourrais profiter d'elle un jour. Au final, je ne suis pas vraiment sûr de ce que ça m'a fait, si ça m'a fait quelque chose. C'était agréable, comme on me l'a toujours dit. Et vide. Je crois que je hais Pansy encore plus qu'avant.
Mais bon, Père a consenti à ce que je passe la majeure partie des vacances chez elle cette année (pour resserrer nos liens avec nos vassaux, je pense), et c'est toujours mieux qu'être à la maison. Je crois que cette fois, Père ne sera pas déçu de mon travail.
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« 22 août 1994.
Père m'a emmené à la Coupe du monde de Quidditch. Heureusement, il n'a pas emmené Pansy. Bien évidemment, nous avions les meilleures places, dans la loge du ministre lui-même : monsieur Cornelius Fudge...
Et pourtant moi, je gardais les yeux fixés vers le bas, dans l'espoir d'apercevoir Potter...
Un fan de Quidditch tel que lui... Il allait forcément venir, non ? Et en effet, il est venu. Toute la fratrie Weasley était là, et aussi Granger. Je n'ai pas pu m'empêcher de les narguer, évidemment. Mais l'instinct qui criait en moi était satisfait. Je l'ai vu. Je me suis nourri de son image, abreuvé de son image... Je vais peut-être pouvoir tenir jusqu'à la rentrée maintenant. Ce sera moins dur que l'été dernier où j'étais totalement privé de lui...
Que penserait-il à propos de moi et Pansy ? Rien, probablement. Du dégoût peut-être. Moi aussi je me dégoûte.
Mais bref, ce n'est pas ça le plus important. Un incident s'est produit pendant la Coupe du Monde. Quelqu'un a fait apparaître la Marque des Ténèbres dans le ciel. La marque de Voldemort... Est-ce un signe de rébellion de ma part, d'écrire enfin son nom en toutes lettres ? Je suis bien placé pour savoir qu'on ne doit pas plaisanter avec ces choses-là pourtant...
Des Mangemorts s'en sont également pris aux gens pendant que tout le monde s'enfuyait. J'ai perdu Père pendant que je courais dans la forêt. Je ne veux pas croire qu'il faisait partie de ces créatures munies de masques qui tiraient sur tout le monde... Même si au fond de moi, je le sais déjà. Tout comme je sais que les choses changent. Cette marque n'était pas là par hasard. C'est un appel. Et bientôt, Père me demandera de porter l'un de ces masques, moi aussi.
Combien de temps avant que nous ne soyons forcés de nous retrouver face à face, Potter ? »
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« 1er septembre 1994.
Ça y est, la grande nouvelle est tombée. Grâce à Père, j'étais déjà au courant, bien sûr. Poudlard va accueillir le Tournoi des Trois Sorciers. Enfin un peu de distraction dans cette école... Même si j'ai peur que Père n'en profite encore pour planifier quelque chose... »
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« 31 octobre 1994.
Les délégations sont arrivées hier. Et aujourd'hui, les champions ont été tirés. Devinez-quoi ? Surprise ! Il y a un quatrième invité non convié à la fête... Et cet invité, évidemment, c'est Potter.
Potter... Pourquoi faut-il toujours que ce soit toi ? Pourquoi dois-tu systématiquement te retrouver au centre de l'attention, alors que ça me torture ? Et voilà qu'à présent, pendant toute cette année, je vais être condamné à te regarder risquer ta vie dans des tâches toutes plus absurdes les unes que les autres, alors que le monde est en train de sombrer dans le chaos là-dehors, et que mon père en est responsable...
Je suis fatigué, je suis fatigué... Je ne supporte plus Pansy. Je ne sais pas comment je vais tenir cette année...
Je crois que tu comprends ce que je ressens, Potter. Comme en deuxième année, te voilà de nouveau sous le feu des projecteurs, mais dans le mauvais sens. Tout le monde croit que tu as triché et t'insulte déjà derrière ton dos. Moi je n'en crois rien. On se connait mieux que ça, pas vrai, toi et moi ? »
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« 10 novembre 1994.
Potter a fait la une de la Gazette la semaine dernière. Pour le coup, je le plains sincèrement. Je préfèrerais affronter un dragon à moi seul qu'une interview avec Rita Skeeter. Et c'est quoi ce délire sur Granger ? Même moi je peux voir qu'elle est dingue de la belette (personne n'est parfait).
Bref. Heureusement, on peut dire qu'il n'a pas été le seul à avoir été tourné en ridicule aujourd'hui. Je n'ai pas pu m'empêcher d'ouvrir ma grande gueule, comme d'habitude. En moi-même, je voulais parler à Potter. Si j'avais été l'ami que je voudrais être, je l'aurais épaulé, rassuré, consolé si nécessaire. Maintenant que ce salopard de Weasley l'a lâché... J'aurais voulu lui dire que je suis présent pour lui, et j'aurais essayé de le tirer deux secondes de toutes ces pensées qui l'absorbent, et de tous ces gens qui se moquent de lui...
Mais non. Je suis Drago Malefoy, après tout. Alors j'ai fait ce que je sais faire de mieux : je m'en suis pris à lui. Je me suis moqué de lui, comme tous les autres minables autour de moi, juste pour qu'il me regarde. En moi-même, je pensais que peut-être, une bonne vieille dispute avec son vieil ennemi Malefoy, ça lui ferait du bien ?
Malheureusement, Maugrey était là. Ce sale enfoiré... De quel droit est-ce qu'il est venu s'interposer entre Potter et moi ? Qu'est-ce qu'il connait de notre passé ? Absolument rien !
Cet enfoiré m'a métamorphosé en fouine, et je crois bien que j'ai touché le fond du ridicule, cette fois... Enfin, au point où j'en suis... »
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« 25 novembre 1994.
La première tâche a eu lieu hier. Quand je repense à mes notes, je trouve assez amusant d'avoir prophétisé le tête-à-tête avec un dragon...
Potter nous en a encore mis plein les yeux, évidemment. Je dois reconnaitre que c'était bien joué. Bien joué, Potter. Evidemment, à la surface du monde, je porte un badge qui soutient Krum. Mais si tu pouvais lire dans mes pensées, j'aimerais que tu voies que je te soutiens.
PS : Rita Skeeter ne cesse de m'amuser avec ses spéculations matrimoniales. »
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« 25 décembre 1994.
Hier, nous avons eu droit au Bal de Noël. Une tradition ridicule s'il en est... Mais je suppose que je peux remercier le Tournoi, qui me donne un prétexte pour ne pas rentrer chez moi...
C'était mon premier Noël à Poudlard, et, par extension, mon premier Noël avec Potter (profites-en bien Drago, car ce sera sûrement le dernier...).
Potter a invité Parvati Patil au bal. Et son copain Weasley a invité Padma Patil, sans doute parce qu'il n'avait pas le cran d'inviter Granger, ce qui ne m'étonne absolument pas venant de lui (je me sais pas s'ils se rendent compte d'à quel point c'est de mauvais goût, d'inviter ainsi les deux sœurs jumelles...). Granger quant à elle est sortie avec Victor Krum. Comme quoi, Skeeter n'avait pas totalement tort !
Soit dit entre nous, je crois que Potter aurait préféré inviter la petite Chang. Une jolie friandise, celle-là, mais dommage : Diggory est déjà passé par-là... Quant à Ginny Weasley, ma foi, je crois que ça me rassure de voir quelqu'un d'aussi pathétique que moi quant il s'agit de Potter... Rien que pour être invitée à la fête, elle a consenti à y aller avec Londubat ! Londubat, quoi ! Et tout ça pour quoi, au final ? Potter ne lui a même pas jeté un regard...
Quant à moi, n'en parlons pas. Je suis allé au bal avec Pansy, mais je crois que ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai rompu au beau milieu de la soirée. Après ça, j'ai sérieusement bu, et je crois que j'ai décidé d'enfin aller explorer cette mystérieuse attirance que je ressens pour Potter...
Cette question m'a toujours perturbé, je crois. Même quand j'avais onze ans. Même quand j'étais trop jeune pour poser des mots sur ce que je ressentais. Aujourd'hui, j'arrive à l'âge où j'ai besoin de poser des certitudes sur ce genre de choses...
J'ai jeté mon dévolu sur Blaise Zabini. Peut-être parce que je sais qu'il est déjà sorti avec d'autres garçons, et qu'il me trouve à son goût. Blaise non plus est très loin d'être laid : sa mère n'est pas devenue célèbre pour sa beauté pour rien...
Bref. L'alcool aidant, ça n'a pas été très difficile d'obtenir gain de cause. J'ai donc fini la soirée dans un autre lit que le mien... Et j'ai couché avec Blaise.
Je ne vais pas m'attarder sur les détails. Disons simplement que comme avec Pansy, c'était agréable. Excitant, car il y avait ce petit côté de mystère et d'interdit... Non je ne vais pas le nier, c'était délicieux. Et j'ai peur de ce que j'ai réveillé en moi désormais. Je sais que je suis loin d'être la personne la plus stable qui soit, c'est le moins qu'on puisse dire... Et sombrer dans tous les travers possibles ne m'aidera pas, même si j'en ai terriblement envie...
En tout cas, j'ai peur parce que je sais désormais ce que je pourrais faire à Potter. Je sais que ce que je ressens pour lui est plus que de la jalousie, de la haine, du dégoût, de l'admiration, de l'affection... J'ai envie de lui. Et je viens de donner matière à nourrir mes démons. »
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« 24 février 1995.
La deuxième tâche a eu lieu aujourd'hui. Potter a fini dernier, mais pour sa soi-disant « force morale », Dumbledore l'a promu à la seconde place. Non mais quelle hypocrisie...
Est-ce qu'il aurait agi de la même façon, pour moi ? Je ne suis pas le genre de personne que l'on célèbre pour sa force morale. A vrai dire, pour être honnête, je ne sais pas si j'aurais eu le courage de plonger dans les eaux de ce lac... »
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« 14 avril 1995.
Il m'est de plus en plus douloureux de penser à Potter. De le désirer et de le haïr en même temps. De vouloir à la fois sa victoire et sa perte... Je souffre avec lui, je jubile avec lui... Et en même temps, ses souffrances me nourrissent. Sa haine envers moi me donne le sentiment d'exister. Quelle genre de malédiction est-ce là ? Comme si j'en avais besoin... Mais en même temps, je sais que si je n'avais pas Potter dans ma vie, ça ferait longtemps que je ne serais plus là.
Je continue à voir Blaise. Et d'autres garçons, parfois. Et Pansy. Je suis définitivement tombé au plus bas, même pour moi. Mais c'est toujours à Potter que je pense. A chaque fois. »
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« 24 mai 1995.
Barty Croupton est mort. Personne n'a l'air de savoir ce qu'il se passe dans ce foutu château. Moi, en tout cas, j'ai un très mauvais pressentiment. Et évidemment, Potter est encore sur le devant de la scène... »
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« 25 juin 1995.
Mes pires craintes se sont confirmées. Toute cette affaire, ce Tournoi, toute cette année, n'auront été qu'un prétexte pour permettre au plan du Seigneur des Ténèbres de s'accomplir, et à présent, il est revenu...
Voldemort est revenu...
Etrange, comme de simples mots peuvent faire basculer tout un monde... J'aimerais pouvoir les effacer. Remettre l'encre dans la plume et faire comme si rien de tout ceci n'était arrivé... Mais je ne peux pas.
Potter a participé à la troisième tâche du Tournoi des Trois Sorciers hier soir. Il est entré dans le labyrinthe avec Cedric Diggory, et seulement l'un d'eux en est ressorti vivant...
Je ne sais pas ce qui me rend le plus malade. Que Maugrey Fol-Œil n'ait été qu'un imposteur tout au long de cette année. Que je me sois tenu auprès de lui, ce Mangemort, sans même me rendre compte de rien. Que Père ne m'ait rien dit de tout ceci, alors que je sais qu'il y a participé. Que Voldemort soit revenu... Et qu'il s'en soit pris à Potter...
Je n'ai qu'une idée assez vague de ce qui s'est passé pendant cette troisième tâche. Je sais juste que dès que Potter est revenu, le corps inanimé de Diggory dans les bras, mon père s'est matérialisé auprès de moi et m'a attiré à l'écart, pour me dire très exactement ce que je devrais dire...
Que Potter était un menteur. Qu'aucune de ces allégations n'étaient vraies. Que le Maître n'était pas de retour et que les Malefoy n'avaient absolument rien à se reprocher. Tout cela me crie que mon père est coupable. Je ne sais pas exactement ce que Potter a subi cette nuit-là. Tout ce que je sais, c'est que ses hurlements étaient vraiment inhumains...
Le petit garçon que j'ai rencontré chez Madame Guipure est mort cette nuit-là. Comme moi, il a été brisé, il est devenu autre chose. Et j'en veux à mort à celui qui a brisé une chose aussi belle...
J'ai peur pour Potter désormais. Comme toujours, je ne peux pas lui apporter mon soutien. Parce que je suis trop lâche pour cela. Et parce que j'ai peur pour moi...
Tout va changer à présent. C'est inéluctable. Le Seigneur des Ténèbres n'est plus un mythe : c'est une réalité. Et je sens que très bientôt, il deviendra ma réalité. L'enfance est belle et bien finie à présent. Si j'en ai eu une un jour. »
X
« 26 juillet 1995.
C'est pire que tout ce que j'imaginais. Lorsque j'ai dit que ma vie allait changer désormais, j'avais tort. Je n'ai plus de vie. Elle est totalement détruite. La mienne, et celle de tant d'autres à venir...
Le Seigneur des Ténèbres, Voldemort, le Maître, n'est plus un monstre de fiction. Je l'ai vu, en chair et en os. Je suis sans doute l'une des seules personnes de ce pays à pouvoir affirmer que Potter ne ment pas...
Je sens que la situation m'échappe, et je n'ai aucune idée de comment retrouver le contrôle. Pas quand on fréquente un monstre d'aussi près... Je crois que pour l'instant, la seule solution qui s'impose à moi, c'est de garder la face.
Garder la face, comme je l'ai toujours fait. Au moins, je peux remercier mon père de m'avoir appris cela. Je suis un expert en la matière, grâce à lui.
Je ne sais pas de quoi cette année sera faite. Je ne suis pas dans le secret du Diable. Je sais juste que je me maintiendrai à flots comme je le pourrai... En surveillant Potter de loin...
Potter, j'espère que tu vas bien...
Je crois qu'il est temps que je commence un nouveau journal, et que je le cache. Je ne peux pas risquer que quelqu'un lise ces pages. Ce n'est plus un jeu désormais, ça ne l'a jamais été... Je ne mettrai plus de noms, plus rien : seulement des initiales... La solution la plus sûre serait encore d'arrêter d'écrire, tout simplement. Mais j'ai besoin de cet unique espace où m'exprimer. Où je peux être moi-même. Où je peux traduire ce que je ressens...
Une guerre se prépare, c'est inéluctable. Potter, je suis sûr que toi et moi sommes quasiment les seuls à le percevoir. Alors, nous allons bientôt mourir, pas vrai ? Nous allons nous affronter. Donc, puisqu'on en est là... Autant ne plus avoir peur. Autant tout envoyer se faire foutre. Je vais l'écrire, rien qu'une fois, une bonne fois pour toutes, avant qu'on ne me force à devenir un monstre.
Je t'aime, Harry Potter. »
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