Roman de Gare


Point de départ,

Point d'arrivée,

Ma vie est jalonnée de ces trajets.


Je les vois aller, je les vois venir.

Entrer, sortir.


Des gens passent, l'air pressé,

D'autres flânent,

Mais c'est toujours le même défilé.


Défilés de shorts, d'appareils photos,

Et des bagages de plus en plus gros.


Certains vont à Nantes,

D'autres en Lozère.

Ah, ce n'est pas chez moi,

Il faudra voir mes congénères !


J'aime ces allées et venues,

Ces halls aux mille pas,

Cette atmosphère de départ.


Les gens courent, trottinent,

Se croisent sans se voir, se bousculent,

Se jettent sur les cantines,

Parfois s'insultent.


La caisse de la brasserie crépite,

A-côté, le marchand de journaux.

Plus loin, la boulangerie et ses viennoises aux pépites,

Puis le point renseignement qui distille ses infos.


Ah, le point change vient d'ouvrir,

Couvé du regard par ce bon vieux clochard.

Toujours au même endroit,

Plus fidèle qu'un Saint-Bernard.


Quel remue-ménage !

Et ces enfants qui ne sont pas sages !

« Papa, quand est-ce qu'on s'en va ? »

Ils ne veulent que ça !


Mais, chut ! Du calme...

Comment puis-je travailler avec ce vacarme ?

Même mes « beau Danube bleus » vous rendent nerveux.


Les gens partent, quittent d'autres gens.

Certains reviennent et en retrouvent.


Il y en a que je ne reverrai jamais,

D'autres qui partent toutes les semaines.


La famille Martin,

Qu'il a grandi, ce bambin !

Et Mr Schoeffer,

Toujours en voyage d'affaires.

Mlle Haversham,

Ses week-end à Amsterdam.

Et le couple Bertineau...

Tiens, ils attendent un marmot !


J'aime ces gens,

Je les veille avec tendresse.

Le soir, j'allume mes lumières,

Et réchauffe leurs cœurs indolents.


« Le train numéro 1846, à destination de... »

Le sifflet du contrôleur donne le la.

Dépêchez-vous, il s'en va !


Les gens se ruent en avant,

Les portes se ferment en claquant.


J'ai la nostalgie de ces instants,

Du souffle qu'ils exhalent en démarrant.

Tout juste je m'attendrais

À les voir faire « TCHOU ! » dans un nuage de fumée.


Ça y est, il se met en branle.

Il s'en va,

Traînant derrière lui ses wagons bringuebalant.


Ça me fait un grand vide, tout-à-coup.

Pas grave, un autre va combler le trou.


Puis les gens iront et viendront,

Les valises et le cœur chargés de souvenirs.


Mais moi, je ne vais nulle part.

Où peut donc bien aller une gare ?

Mais je ne regrette pas.


Car ce sont eux, mes souvenirs à moi.

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