Hors de mon corps, je ne suis que spectatrice de ma triste vie.
Les choix se font, la vie va.
Je ne m'envolerai pas. Une ligne est déjà tracée sur le sable fin.

Je n'ai qu'à la suivre.

Mon esprit, étouffé sous les murs, à l'étroit, n'est plus. Lui qui jadis flamboyait et virevoltait en tout sens n'est plus que poussière nitescente.
Les restes de mes ailes sanglantes sont encore attachées à mon dos. Les plumes esseulées seront bientôt arrachées.

Je ne peux plus respirer.

Lassée, je marche et piétine les restes de mon âme décharnée. Je titube jusqu'à la boîte bien carrée, bien droite et toute petite. Je suis supposée rentrer là-dedans.

C'est écrit comme ça. C'est l'ordre.

Affaiblie et brumeuse, je m'y glisse.
Comme mon esprit d'autrefois, j'y suis à l'étroit.

Assise, en hauteur, je contemple ma tombe. Là où je serai enterrée vive.
Adieu, doux mots aux sonorités enivrantes que la plume grattait jadis sur papier, adieu belle incandescence !

Bonjour souffrance, bonjour mon égale.