Chapitre 19 : Le dernier acte

La fin de l'année s'approchait à grands pas, et avec elle, les concours traditionnels organisés par l'école. Théâtre, chant, dictée, poésie... L'excitation était palpable parmi les élèves. C'était un événement que tout le monde attendait, mais peu imaginaient à quel point cette édition serait particulière pour Léo.

Pendant des jours, les discussions à la cantine, dans les couloirs, dans la cour de récréation, tournaient autour de cet événement. Léo avait hésité longuement avant de s'inscrire. Les années précédentes, il avait toujours pris part aux concours de théâtre ou au chant, mais cette fois, il avait décidé de participer au concours de poésie. Un concours de poésie ? Lui, le blagueur, celui qui fuyait les émotions ? Il n'aurait jamais imaginé faire ça.

Mais après avoir lu et relu les poèmes d'Anna, après avoir vu à quel point ses mots étaient puissants, il ressentait un besoin irrésistible de partager ses propres pensées. Ses peurs, ses douleurs, ses regrets, tout ce qu'il avait caché sous des canapés de rires et de blagues.

Mais il s'était attendu à ce qu'Anna participa également. Après tout, elle avait écrit des poèmes. Elle les partageait même avec lui parfois, comme une sorte de langage secret entre eux. Mais quand les inscriptions furent fermées, il se rendit compte qu'Anna ne s'était s'était inscrite au concours de dictée, un choix qui ne fit qu'ajouter à la confusion du jeune homme.

Le jour du concours arriva, et avec lui, l'angoisse qui lui tordait le ventre. Léo avait l'impression de ne pas pouvoir respirer correctement. La salle était pleine, les participants en poésie étaient redoutables : des élèves qu'il connaissait bien, des élèves brillants, toujours au sommet de la classe. Lui, un simple adolescent qui avait plus l'habitude de faire rire les autres, n'était pas à sa place ici.

Les autres participants passèrent avant lui. Chaque poème était impressionnant, poignant. Ils parlaient de l'amour, de la vie, de la guerre, de la perte, des rêves. Des poèmes longs et puissants, livrés avec une émotion pure et sincère.

Poème d'Emma :

« Sous la lune, la mer danse,
Ses vagues murmurent des secrets.
Sous les étoiles, l'espérance
Éclaire la nuit d'un feu discret.

Mon cœur, porté par l'ombre douce,
Cherche un chemin pour s'élever.
Dans ce silence où tout se pousse,
Je veux encore tout espérer.

Même si le monde se brise,
Sous le poids d'un ciel tourmenté,
Je garde en moi cette balise :
Un rêve, un souffle, une clarté. »

Poème d'Alex :

« Dans tes yeux, le soleil s'éveille,
Un feu qui réchauffe mes jours.
Chaque, sourire chaque merveille,
Dessine les contours de l'amour.

Ton souffle est une douce brise,
Un murmure au creux du silence.
Ton regard, une tendre surprise,
Où je me perds, où tout a sens.

Même l'ombre cède à ta lumière,
Chaque nuit s'efface à ton éclat.
Tu es l'étoile qui éclaire,
Le chemin où je tend mes pas.

Et si l'amour est une errance,
Un voyage sans fin ni retour,
Je veux que ta main, en confiance,
Soit mon guide pour toujours. »

Poème de Léa :

« La pluie tombe, lourde et froide,
Sur des terres rougies de sang.
Les crises se perdent dans l'émeraude,
Des collines où gisent les absents.

Je pense à toi, dans cette nuit,
Ombre chérie que la guerre efface.
Chaque bombe détruit un morceau de vie,
Mais ton souvenir ne s'efface jamais.

La boue colle à mes bottes usées,
Le ciel s'effondre, noir et cruel.
Mais ton sourire, comme un baiser,
Lutte encore contre l'éternel.

Des éclats sifflent, le sol tremble,
Les hommes tombent comme des feuilles mortes.
Mais au fond de moi, une étoile assemble,
Un espoir, même si tout m'emporte.

Alors je marche, parmi les ruines,
Ton visage gravé dans mes mains.
La guerre vole tout, elle assassine,
Mais elle ne prendra pas notre lien. »

Léo écoutait, mais il n'arrivait pas à se concentrer. Tout ce qu'il entendait, c'était le bruit de son cœur qui battait fort, trop fort. Il n'avait pas le temps de s'imprégner de leurs mots, car son tour arrivait. Bientôt, ce sera à lui de prendre la parole, de dire ses mots, ceux qui s'étaient accumulés au fond de lui.

Lorsqu'il monta sur scène, il balaya la salle du regard. Il aperçut les visages familiers. Les autres élèves le regardaient avec une curiosité presque moqueuse, mais aussi avec une forme de respect.

Son regard se fixa sur le dernier rang, là où il espérait voir un visage familier : celui de sa mère. Mais il n'y avait pas d'Isabelle. Il se sentait à la fois déçu et furieux. Depuis leur dernière dispute, ils ne s'étaient plus vraiment parlé. Elle ne l'avait pas soutenu, ne l'avait même pas encouragé à participer à ce concours et il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir pour cela. Mais il aurait espéré, tout de même, qu'elle soit là. Même si elle n'avait pas compris. Il pensait qu'elle serait là pour lui, en silence.

Puis, au dernier moment, son regard se posa sur lui visage, qu'il n'avait pas vu tout de suite. Il était là, assis tout au fond de la salle, le regard à peine visible derrière une rangée de chaises.

Les yeux de Léo s'embuèrent un instant, mais il les effaça rapidement.

Son poème était court. Il l'avait écrit la veille, en écoutant le bruit de la pluie contre sa fenêtre. Ses mots n'étaient pas aussi raffinés que ceux des autres, mais ils étaient le reflet de son âme. Léon inspira profondément, se redressa et commença à lire.

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