Chapitre 15 : La découverte
Isabelle, se trouvait dans la chambre de son fils, en train de ranger ses affaires. Elle était une femme d'une quarantaine d'années, avec des cheveux blonds qui retombaient en un carré droit au niveau des épaules. Son visage était fin, avec des traits réguliers et des yeux bleus qui rappelaient ceux de son fils, Léo. Ce dernier, avait tendance à laisser traîner des objets, des papiers, des vêtements ici et là. Mais ce jour-là, alors qu'elle s'apprêtait à ranger la dernière étagère de sa chambre, quelque chose attira son attention.
Isabelle tomba sur un agenda, posé en désordre sur le bureau. D'abord, elle pensa que c'était un simple carnet de notes, un de ceux qu'il utilisait pour ses cours. Elle en avait l'habitude, Léo étant un étudiant plutôt distrait, mais qui parvenait néanmoins à maintenir de bonnes notes. Sans vraiment réfléchir, elle le prit l'ouvrit, espérant y trouver quelques devoirs ou des notes de révision.
Les premières pages étaient bien des notes classiques, des schémas, des listes, mais au fur et à mesure qu'elle tournait les pages, les mots se faisaient plus personnels. Ses yeux se posèrent sur un poème, écrit d'une écriture fluide mais sombre. Elle s'arrêta un moment. La plume de son fils était bien plus profonde, que ce qu'elle aurait imaginé.
« Mon père est loin, je le cherche en silence,
Ses pas se perdent, emportés par l'absence.
Je voudrais lui dire que je suis là,
Mais il ne répond pas.
Je vois son visage dans mes rêves,
Mais au matin, tout s'achève.
Il me manque.
Comme un écho qui ne répond.
Je voudrais simplement qu'il me serre,
Mais il n'est plus là, dans cet univers.
Chaque jour
Comme un fardeau plus lourd. »
Isabelle laissa échapper à un sanglot, la gorge nouée. Ces mots... ils frappèrent droit au cœur. Elle savait que Léo avait toujours eu cette image de son père, un homme présent mais distant, un homme qui ne savait pas comment s'ouvrir à son fils. Mais lire cela noir sur blanc, c'était comme si une fenêtre s'était ouverte sur la douleur qu'il avait endurée pendant des années.
Isabelle essuya ses larmes d'un geste brusque, son cœur battant plus vite. Elle n'avait jamais imaginé à quel point son fils avait souffert du silence de son père. Elle pensait qu'il allait bien. Mais ce poème venait de briser cette illusion. Elle prit conscience qu'elle n'avait pas vu combien ce manque de présence paternelle pesait sur lui.
Quelques minutes plus tard, alors qu'elle tentait de ravaler son chagrin, la porte d'entrée s'ouvrît, et le bruit des chaussures qui traînaient sur le sol annonçant l'arrivée de Léo. Il revenait de son cours de sport, vêtu d'un survêtement Adidas et d'une paire de basket usée. Ses cheveux blonds, encore humides de sueur et ébouriffés, portaient les traces de l'effort. Isabelle, le carnet toujours entre les mains, se leva précipitament pour cacher son émotion.
Mais Léo, qui avait remarqué la lueur dans les yeux de sa mère, se figea. L'expression sur son visage était préoccupante. Un silence lourd s'installa entre eux. Léo posa son sac, son regard se faisant plus sérieux.
__ Maman... tu... tu as lu ?
Sa mère resta silencieuse un instant, le carnet serré contre elle. Elle était partagée entre l'envie de protéger son fils et la nécessité de lui poser les questions qui s'imposaient. Puis, soupira, en s'imposant de contrôler l'émotion qui menace de la submerger.
__ Léo, ... je ne savais pas. J'ignorais que tu souffrais autant. dit-elle finalement, d'une voix brisée.
__ Maman, c'est rien. Je rigole, c'est juste de l'humour noir, tu sais. C'est ma manière de... de m'échapper un peu, de dire ce que j'ai sur le cœur sans vraiment le dire.
__ Non, Léo, ce n'est pas « rien ».
Elle s'approcha doucement de lui, son visage marqué par la tristesse.
__ Pourquoi ne m'as-tu jamais parlé de tout ça ? De ton père... de ce qu'il représente pour toi ?
Léo baissa la tête. C'était comme si un fardeau se déposait sur ses épaules, un fardeau qu'il avait porté en silence pendant trop longtemps. Il n'avait jamais voulu inquiéter sa mère. Elle avait déjà assez à gérer avec son travail, ses préoccupations. Et son père... il n'avait jamais su comment lui parler de ce vide qu'il ressentait. De cette absence qui planait autour de lui.
__ Parce que... je ne savais pas comment. Il est là, mais il n'est jamais vraiment là, tu vois ? Il parle, mais il ne dit rien. Il s'éloigne tout le temps, il m'échappe. J'ai beau essayer, je ne trouve jamais les mots pour lui dire.
Isabelle s'assit sur une chaise, son cœur se brisant un peu plus.
Ensuite, elle s'approcha de son garçon et posa une main sur son épaule, comme pour le réconforter. Sachant que ce geste ne suffisait pas.
__ Léo, je suis tellement désolée.
Léo la regarda enfin, ses yeux brillants d'émotion.
__ Ce n'est pas ta faute, maman. C'est juste que... papa, il me manque.
Léo se laissa aller contre sa mère, fermant les yeux, épuisé, mais soulagé aussi. Isabelle lui caressa les cheveux et décida qu'elle devait lui parler de son père. Ils avaient tous les deux encore beaucoup à apprendre.
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