Chapitre 11 : La vie d'Anna
À l'école, Anna marchait dans les couloirs comme une ombre discrète. Ses cheveux bruns, toujours un peu ébouriffés, retombant souvent en mèches désordonnées autour de son visage. Elle ne prenait pas grand soin, mais cela ajoutait à son allure naturelle.
Elle n'était pas du genre à suivre les tendances, mais n'était pas non plus marginale. Son style, comme elle, était entre deux mondes : discret, confortable et toujours un peu nostalgique.
Anna n'avait jamais cherché à se faire remarquer. Quand elle traversait la cour du lycée, elle ne se précipitait pas vers les groupes, ni ne participait aux conversations agitées sur les chansons de La Star Academy ou les derniers films à l'affiche. Et ne passait pas ses soirées à envoyer des SMS ou à jouer à Snake. Contrairement à beaucoup de ses camarades, elle préférait s'isoler dans sa chambre avec un bon livre ou un CD qu'elle écoutait en boucle .
Le vendredi après midi, quand elle rentra chez elle, ou plutôt chez eux : son père et sa belle-mère, Anna monta directement dans sa chambre. Là-haut, elle retrouvait son refuge. Sa chambre était l'un des rares endroits où elle se sentait encore connectée à elle-même, à ses souvenirs de sa maman, aux petits moments partagés avant que tout change. Les murs étaient recouverts de photos d'enfance, de dessins et de poèmes griffonnés à la main. Sur une étagère, ses livres préférés formaient une pile instable : des classiques comme Le Petit Prince , mais aussi des romans contemporains qu'elle dévorait en cachette.
Elle s'assit sur son lit, ouvrit son carnet et se mit à écrire tout en grignotant. Cela faisait des mois maintenant qu'elle écrivait chaque jour. Pas de dépression. Pas d'attente. Juste des mots qui coulaient, sans jugement, comme une forme d'évasion.
« La pluie tombe sur les vitres ce matin,
Comme un chagrin qui murmure en silence,
Elle éclate et me frappe le cœur soudain,
Comme un cri étouffé par l'absence.
Je cherche l'évasion dans chaque mot,
Un refuge où je m'évade enfin,
Loin des regards qui me rongent en écho,
Loin des promesses qui s'effacent, demain.
Chaque goutte m'emporte, me brise,
Comme un souffle qui me traverse et me tue,
Dans ce monde qui me déchire et me mise,
Je n'existe plus que dans les mots, et rien d'autre ne m'est dû. »
Anna se leva un instant pour regarder par la fenêtre. Le jardin était silencieux et vide, si ce n'était le bruissement des arbres. Même si la maison était grande, elle avait parfois l'impression de se perdre dans cet espace froid. Elle prit son manteau et se rendit à l'étang, un endroit où elle se sentait vraiment elle-même.
Le samedi matin arriva, et comme à son habitude, elle se leva tard. Sa belle-mère, Sandrine, préparait déjà le déjeuner dans la cuisine. Elle était une femme calme, mais il y avait toujours quelque chose de trop... parfait chez elle. Anna se demandait parfois si elle était vraiment heureuse. Sandrine était gentille, mais il lui manquait quelque chose pour se rapprocher de l'adolescente. Elle donnait le sentiment de s'efforcer à être la « belle-mère parfaite ».
Anna s'assit en silence à la table, observant sa belle-mère préparant la viande avec une sorte de grâce. Ensuite, sa belle-mère tourna les yeux vers elle.
__ Anna, je voulais te dire que ton père et moi avions prévu ce week-end de nous rendre à la montagne. Ce serait bien que tu te joignes à nous, ça nous ferait plaisir.
Sa belle-fille la regarda un instant, avant de secouer la tête doucement.
__ Non, je préfère rester ici, j'ai des choses à faire. répondit-elle.
Sandrine ne cacha pas sa déception, mais n'insista pas. Anna savait qu'elle aurait voulu que la famille passe du temps ensemble, mais elle n'arrivait pas à se forcer. La montagne, les activités de groupe, les sourires forcés... cela ne l'attirait pas. Elle préférait rester seule, comme à son habitude.
Après le déjeuner, elle décida de sortir. Elle n'avait pas vraiment envie de voir la maison vide et silencieuse, ni de rester là avec sa belle-mère qui la regardait comme une étrangère. Le silence était lourd.
Elle s'assit au bord de l'eau, en silence, et sortit son carnet. Elle avait écrit beaucoup de poèmes ces dernières semaines, mais ce samedi matin-là, c'était un poème spécial, un poème qu'elle n'avait jamais partagé avec personne. Un poème qui parlait d'elle, de son passé, de sa mère, et de tout ce qu'elle ressentait depuis la séparation de ses parents.
« J'ai perdu ma mère, emportée par le vent,
Comme une étoile filante, fuyant dans l'instant.
Chaque jour sans elle est une mer sans rivage,
Où mes pensées se noient, où je perds mon courage.
Le silence de sa chambre me brise le cœur,
Ses rires, sa voix, se dissipent en douleur.
Je cherche son parfum dans l'air, son souffle dans la nuit,
Mais tout ce que je trouve, c'est le calme qui me nuit.
Elle m'a laissé seule, seule avec le temps,
Et ce vide immense, où je me perds lentement.
J'ai beau crier son nom, le vent me ment,
Elle n'est plus là, je suis le dernier des enfants.
La vie continue, mais moi, je suis en morceaux,
Mon cœur déchiré, noyé sous les eaux,
Je porte son absence comme un fardeau,
Et dans ce monde sans elle, tout devient trop beau. »
Elle resta là, écoutant la nature autour d'elle. Un vent léger soufflé, la feuille des arbres frémissait doucement. L'odeur de la terre et de l'eau la réconfortait. C'était ici, dans ce lieu paisible, qu'elle pouvait vraiment se retrouver.
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