:-18,41 ans-

     Cher carnet.... Nous ne sommes pas le 1 mars. Ce n'est donc pas mon anniversaire... Mais c'est son anniversaire à lui. A Martin.

Enfin, s'aurait dû...

Aujourd'hui il aurait dû avoir 14 ans. Il aurait du pouvoir se plaindre de Tonton Carl, le mari de tata Sandrine, parce qu'il lui avait offert, pour la neuvième année consécutive, un maillot d'une équipe de foot dont il ignoré jusqu'à l'existence deux minutes plus tôt. Il aurait du pouvoir rire avec Éloïse. Pouvoir avoir le sourire aux lèvres en racontant sa dernière rédaction de français... Pouvoir aller à ses cours de danse... Il aurait du pouvoir continuer à danser et nous, on aurait du pouvoir continuer à regarder ses spectacle....

Il aurait du pouvoir faire tellement de chose encore....

Mais cette conjugaison l'en empêche. Ce temps qui, dans chaque accord, rappelle qu'il ne pourra plus rien... a pars être oublié.

Et ça, ça fait mal, p'tit carnet.

Ce matin on est allé au cimetière, pour lui apporter des fleurs... Je n'aurai jamais cru que je lui en offrirais un jour pour son anniversaire, d'ailleurs... A pars peut-être à 50 ans, quand des bambins m'aurait tellement pris mon temps que je n'aurais pas eu d'autre possibilité qu'un arrêt au fleuriste du coin, histoire d'avoir un cadeau potable... M'enfin....

Il y avait le chauffeur du camion avec nous. Ça fait mal de le voir...C'est sa faute si Martin est mort. Mais je n'arrive pas à lui en vouloir... Tu le verrais, p'tit carnet... Il a l'air complètement dévasté, lui aussi. Il nous a dit qu'il avait une fille du même âge que Martin, d'ailleurs... Et qu'il ne pouvait même pas imaginer à quel point ça lui ferait mal de la perdre.... Qu'il se sentait tellement coupable... Et que si jamais on avait besoin de quoique ce soit-il ne fallait pas qu'on hésite à lui demander. Que ça ne réparerai pas ce qu'il avait fait, mais... Que ça serait nous soutenir.

Je ne sais pas si il se rend compte que c'est justement ce qu'il fait depuis ces 5 derniers mois... Depuis que la pédale de son camion à lâcher au mauvais moment.

C'est quand même triste de se dire que Martin serait encore en vie si la pédale avait fait son taf, non ? Ou s'il avait traversé deux secondes plus tard... Ou si le bus avait, comme d'habitude, eu du retard.... Ou s'il avait attrapé lui aussi l'épidémie de grippes se répandant dans sa classe avant les vacances....

Mais je crois que le pire dans sa mort, ce n'est pas sa mort en elle-même. Ce sont ses conséquences. Que le pire dans sa mort, c'est son absence pour toujours et à jamais. C'est drôle comme ça sonne exactement pareil qu'une fin de conte de fées, '' pour toujours et à jamais''... Sauf que là, c'est la fin de son histoire à lui. Et que ce n'est pas une fin au bonheur éternel....

La vie s'est bien foutu de lui, quand même.

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