Obscurs méandres épidermiques
Média : Disturbed - The sound of silence
Bonsoir ténèbres, mon vieil ami,
I've come to talk with you again
Je suis venu discuter encore une fois avec toi
Because a vision softly creeping,
Car une vision s'insinuant doucement en moi,
Left its seeds while I was sleeping
A semé ses graines durant mon sommeil
And the vision that was planted in my brain, still remains
Et la vision qui fut plantée dans mon cerveau, demeure encore
Within the sound of silence
A l'intérieur, le son du silence
In restless dreams I walked alone,
Dans mes rêves agités j'arpentais seul,
Narrow streets of cobblestone
Des rues étroites et pavées
'Neath the halo of a street lamp,
Sous le halo d'un réverbère,
I turned my collar to the cold and damp
Je tournais mon col à cause du froid et de l'humidité
When my eyes were stabbed by the flash of a neon light,
Lorsque mes yeux furent éblouis par l'éclat de la lumière d'un néon,
That split the night and touched the sound of silence
Qui déchira la nuit et atteignit le son du silence.
(Paroles de la chanson en média)
•
Sur sa peau dansaient de longs méandres encrés, emplissaient sa peau, la rendaient authentique. Ils faisaient partie intégrante de sa peau chaude et laiteuse, parsemée d'infimes tâches encrées .
Mais au fur et à mesure que sa vie défilait, plus une seule de ses lignes ne lui correspondaient.
Certaines lui rappelaient ce Robin, son fiancé qui ne lui avait jamais dit oui.
Celles qui dataient de l'époque où elle était encore à la fac de droit lui remémoraient ces soirées alcoolisées, les déguisements ridicules et les humiliations qu'elle avait subies ...
Cela ne faisait qu'une dizaine d'années mais les souvenirs ne s'étaient pas évaporés.
Lorsqu'elle avait la force de se voir nue devant une glace, un angoisse incontrôlable l'envahissait et rien n'était plus important que de retirer cette enveloppe sombre et salissante. Elle saisissait alors la brosse à ongle, inspirait et frottait la brosse de toutes ses forces et ses larmes coulaient contre sa peau.
La douleur physique n'était rien face aux regrets liés à ses tatouages. Le sang s'exhibait de ses couches de peau, et elle aimait penser que l'encre avait imbibé ses veines, que son organisme l'éliminait, comme si cette période sombre de sa jeunesse n'avait jamais existé.
*
Charly avait connu Saly bien avant qu'elle fasse l'erreur de se tatouer, il y a quelques années.
Les réverbères des ruelles grésillaient alors pour éclairer toute la ville qui ne tarderait pas à tout éteindre, laissant alors se déverser les quelques dernières larmes de lumière dans l'agglomération. Apeurée, la jeune femme impressionnée par la nuit qui s'écroulait sur la vie humaine, n'était pas parvenue à trouver son chemin.
De son côté, Charly déposait dans la benne du restaurant où il travaillait une poubelle remplie d'épluchures de fenouil, et de mauvaises pensées inspirées par son patron psychorigide. Saly, ne sachant plus où aller pour rentrer chez elle, l'aperçut et lui demanda où se diriger.
- Monsieur ? demanda -t-elle simplement. Charly se retourna vers elle et fût comme ému en voyant cette chrysalide de femme merveilleuse.
- Heu oui ? Je peux vous... t'aider ?
- Est-ce que tu sais où je dois aller pour retrouver Cotham Street ? Je ne sais plus où je suis, avoua-t-elle un sourire enjôleur aux joues faisait ressortir ses paumettes saillantes.
Il se présentait à Charly l'occasion de démissionner de son travail.
« - Si ça ne te dérange pas, je vais rendre mon tablier parce que mon patron n'est qu'un escroc qui sous-paye ses employés, et je reviens pour te montrer le chemin », dit-il d'une seule traite.
Saly ne s'attendait absolument pas à une réponse pareille. Elle sourit et fit signe de revenir vite.
Tel un éclair, le jeune déboula quelques instants plus tard à toute vitesse de l'arrière-cuisine, en courant jusqu'à la belle.
- Dépêche toi ou on risque de se prendre une douche de jus de tomates et d'insultes, ricana le freluquet, ses baskets à la main ainsi que son pantalon et un sac à bandoulière.
Il attrapa la main de Saly, qui surprise par la tournure des événements n'avait le choix que de le suivre.
- Eh sale garnement, reviens ici, tu me dois beaucoup ! J'ai eu la générosité d'engager un incapable comme toi. Tu devrais t'en contenter ! Bon vent! » geignait alors un gros bonhomme à la moustache rêche et honteusement sale.
-Retournez à vos pizzas ratées et laissez-moi profiter de mon vendredi soir, connard ! Je ne me suis pas engagé dans ce travail pour devoir terminer quatre heures plus tard, sans être payé honnêtement ! » répondit Charly Edwards avec le plus grand des sourires hautains et moqueurs que Saly avait vu dans sa vie.
Et dans l'euphorie la plus totale, les deux chenapans s'en allèrent main dans la main vers Cotham Street.
Arrivés devant la porte de l'appartement de la jeune femme, elle le remercia. Sans qu'aucun signe ne prévienne un de nos deux personnages, il s'installa un silence que rien ne semblait pouvoir combler.
- Donnes moi un de tes poignées, dit-il en cherchant un feutre dans son sac.
Sur le poignet posé dans la paume de main de Charly, il écrivit son numéro de téléphone et son nom puis reboucha le feutre noir.
Il avait immédiatement remarqué l'odeur de fleur de coton qui émanait des cheveux blancs d'une lune scintillante de Saly.
C'était ce qu'il aimait le plus la concernant à ce moment précis.
Les mois passèrent. Leur relation changeait en même temps. Il ne fallut pas plus de six mois pour qu'ils parlent de leur amour respectif. Charly aimait la peau douce et satinée de la jeune fille. Et il lui répétait à tue-tête. Puis le chemin sinueux de la vie les avaient éloigné petit à petit.
Saly l'avait recroisé au hasard d'une rue pendant le marché. Elle l'avait invité à prendre un café chez elle. Dans sa robe ciel d'orage, les tatouages de la jeune fille nuançait cette couleur vive en un bleu triste et sans vie. Charly la trouvait très belle, mais il est vrai qu'il trouvait la peau de sa belle moins attrayante, et il lui avait dit.
Cela causa à Saly un chagrin immense car elle avait souhaité raviver une moindre émotion dans le cœur du grand brun. C'est ainsi qu'elle avait saisi la brosse et qu'elle s'écorchait la peau, les larmes aux yeux.
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