# Défi littéraire - Zénith

Voici un petit défi littéraire que je me suis imposé, juste pour le plaisir de jouer avec les mots. Je vous explique le principe : j'ai fais une liste de mots qui me plaisaient et les ai utilisé pour faire ce texte.

*

La mer ne se laissait jamais abattre par le mauvais temps ; le vent tortueux n'avait jamais raison de sa vie.  Elle continuait sa langoureuse danse, quelque soit les conditions que lui imposait la météo. C'était un âme à part entière...

Parfois, des bourrasques agitaient la mer qui remontait par-dessus la digue, dans un fracas éphémère puis l'eau s'échouait sur la grève, submergée par le clapotis des vagues qui remontaient par-dessus la digue bétonné.

Les promeneurs emmitouflés dans de grosses écharpes de laine bleue sursautaient pour éviter les éclaboussures des vagues défoncées.  Même les albatros, si téméraires à l'accoutumée, s'étaient éloignés du rebord de la digue. Peut-être ne voulaient-ils pas se mouiller les plumes ? C'était amusant de les voir râler, s'agiter et geindre au contact du liquide.

La digue commençait déjà à s'éffriter sous la force surhumaine des profondeurs océanes. L'érosion avait raison d'elle.
Quand la jetée était envahie, elle recrachait l'eau intruse vers la mer, comme une éponge imprégnée de sève. Car l'aquosité s'infiltrait dans les plus anciens méandres du mur, naturellement pour rejoindre les flots.

Une autre vague renaissait alors dans l'écume effondrée de la précédente, retraçant cet éternel charivari maritime.

C'était un paysage bucolique  dont la paisibilité était encore plus percevable alors que le zénith changeait les couleurs bleues qui se liaient merveilleusement au gris nacré des nuages, et les faisaient virer en un doux rose coton.

Parfois de drôles de personnages savouraient la scène. Il y avait eu une vieille sybille qui ne savait voir plus loin que son nez. Non pas que c'était une femme antipathique ! Elle n'avait que le malheur de perdre la vue. Malgré cela, elle se rappelait très bien de ce lieu. C'était un endroit où ses  fantasmes de jeunesse infiltraient sans retenue la mémoire de femme mûre, à la manière de l'eau saline dans le béton,

A l'époque, il n'y avait rien de rocambolesque dans ses pensée les plus intimes. C'était une pure romantique à la recherche d'un homme qu'elle pourrait enfin aimer de tout son être.

Elle le rêvait bien hardi, svelte et amoureux ; elle imaginait une odeur épurée d'homme et d'aubépine dans le creux de son cou. Mais rien était simple lorsque que l'on vivait dans une société qui haïssait les déviances.
Car elle était différente.
Dans la décadence de sa vie amoureuse inexistante, elle n'avait jamais connu les joies de la concupiscence.  Cela s'expliquait sans équivoque par son métier si incompris.

Elle s'était créé une pantomime de voyante schizophrène dont le métier consistait à déclamer des florilèges de sorcière décérébrée, pour échapper de ce rejet qu'elle craignait tant. Elle se fichait bien de gagner sa vie, son truc était le cynisme non justifié et la drogue ...

D'un  rire sardonique, elle  expédiait  ses clients hors de sa tente pour s'imprégner des voluptueuses vapeurs de cannabis.

Avec les années, ce cirque l'avait lassé, puis sa cécité rendait son numéro de voyante - qui apercevait l'avenir dans une boule de verre soufflé - avait fait son temps.

Elle ne pouvait voir en ce jour les puissantes teintes roses coton, bleu argon et noires cendrées qui l'entourait. Si ses yeux n'avaient pas cédé aux malices du vieillissement, elle aurait pris une photo du paysage. Ce jour là, la seule chose qu'elle fît, c'est de sauter par dessus la digue pour rejoindre ses rêves juvéniles.

*

Prenez soin de vous.
🌹
Hirondellis

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